Save Me [Pv Byleist]

Save me...

Se réveillant tranquillement, Byleist s’assit sur le bord du lit, nu, s’étira, avant de se lever et de partir dans la salle de bain. Là, il fit couler de l’eau aussi froide que possible dans la grande baignoire de forme ronde avant de s’y plonger entièrement. Comme toujours, il profita de se moment agréable ou silence et fraicheur se faisait sentir. Les journées à New-York devenait de plus en plus chaude, pour son plus désarroi et il commençait à se demander sérieusement s’il ne devrait pas cesser ses recherches pour le moment et revenir à l’hiver midgardien. Sauf qu’à chaque fois il se souvenait que son peuple commençait à peine à se relever de cette misère qu’il connaissait depuis trop longtemps, qu’il guerroyait vaillamment contre Asgard et que par conséquent, rentrer les mains vides leur mettrait un méchant coup au moral. Il lui fallait à tout prix cette cassette de l’hiver pour redonner définitivement la splendeur à Jötunheim. Ceci dit, c’était démoralisant de ne pas parvenir à trouver Loki. Ce dernier avait probablement dû se trouver un autre nom, voire même carrément changé de sexe, pour se fondre dans la foule. Et le problème c’est que si ce dernier était son frère, il se souvenait à peine de son visage et ne le connaissait absolument pas. Difficile dans un pareil cas de traquer une rumeur.

Voulant quitter ces sombres idées, Byleist transforma l’eau en glace, restant tranquillement en dessous pendant un bon moment avant de se décider à sortir. Si au début il était du genre fonceur et à ne pas gaspiller ses forces, il avait rapidement compris que sa quête ne serait pas aussi simple qu’il avait bien voulu le croire au début. Déprimant… Mais bon, la chance finirait peut-être par venir de son côté ? S’habillant de manière classe comme à son habitude – ce n’était pas parce qu’il était sur Midgard qu’il devait négliger son apparence de roi – le jötun quitta l’hôtel dans lequel il « louait » une chambre depuis plusieurs nuits. Pas qu’il ait de l’argent à foison, en fait c’était même plutôt l’inverse, mais il avait su user de sa télé-empathie pour obtenir une des meilleures chambres sans verser un dollar. Manipuler les émotions des autres était décidément très jouissif, surtout que les humains étaient bien plus sensibles que les jötuns. Il suffisait souvent de toucher la corde sensible et ils vous donnaient ce que vous vouliez. Ceci dit, il ne fallait pas abuser des bonnes choses et Byleist devait souvent changer d’endroit pour ne pas se faire repérer.

Une fois dehors, le géant des glaces regardait d’un œil lugubre le soleil qui brillait déjà dans le ciel. Et dire que ce n’était pas encore le moment le plus chaud de la journée… ça promettait d’être encore une journée lassante à cuir à moitié sous ces rayons chauffants. Dépêchant de se mettre à l’ombre, Byleist avait fini par faire davantage des balades dans la Grosse Pomme que de réelles investigations. Du coup, il se dirigeait là ou ses pas voulaient bien le mener et totalement au hasard. C’est comme ça qu’il finit par se retrouver dans un quartier résidentiel de Brooklyn alors qu’il aurait pu être complètement ailleurs. A moins que ce ne soit ce que certains appelait le destin ? Oui parce que là, à peine eut-il mis un pied dans une rue qu’il ressentit de vives émotions aussi bien de peur que de haine. Ça, depuis qu’il était sur Midgard, il ressentait souvent ces émotions-là et il n’eut pas à chercher bien loin pour savoir ce qui se passait. A tous les coups, c’était sûrement des membres de la Purge qui devaient s’en prendre à un mutant. Toujours la même rengaine, c’était lassant. Si au début Byleist avait voulu ne pas se mêler de cette guerre et se montrer indifférent, à force d’être lui-même enquiquiné et de voir des personnes se faire matraquer devant lui, il avait fini par ne plus supporter et dès qu’il le pouvait, il exterminait ceux qui étaient sensés représenter la Loi. Il ne dérogerait pas à la règle aujourd’hui.

Se dirigeant d’un pas déterminé vers l’endroit qui dégageait ces mauvaises ondes, le jötun ne chercha pas à discuter et faisant venir une vague de froid, il glaça le sol, transformant le cul de sac en dangereuse patinoire de laquelle il fit sortir des pics pour empaler ses adversaires. Le combat – si on pouvait vraiment utiliser ce terme – fut fini en moins de cinq secondes. C’est là qu’il aperçut, au fond du cul de sac, un chaton qui était visiblement blessé. Sa nature de géant des glaces lui fit comprendre que c’était un mutant mais pour le coup, quelque peu étonné de cette transformation, il resta un instant immobile parmi les morts avant de s’approcher doucement. « Il n’y a plus de danger, vous pouvez reprendre votre forme humaine. » S’avançant encore un peu, il se pencha à hauteur de l’animal qui semblait avoir perdu du sang. « N’ayez crainte, je ne vous ferai pas de mal. Je suis comme vous. » Et usant une fois de plus de sa télé-empathie, il envoya une vague de sérénité vers le mutant pour le calmer et le mettre en confiance.

Save me...

S’approchant avec prudence de l’animal, le géant des glaces attendit quelques instants de voir si le mutant allait se décider à reprendre forme humaine ou s’il préférait le fuir, ce qu’il pourrait comprendre même s’il l’avait aidé. Ce n’était que grâce à la paranoïa que l’on pouvait vivre longtemps. Mais alors qu’il se tenait toujours là, usant de son pouvoir pour calmer le chaton, ce dernier finit par quitter sa métamorphose et Byleist eut alors la surprise de découvrir une jolie jeune femme blonde devant lui. C’était peut-être idiot mais sur le moment, il avait pensé qu’il aurait à faire à un homme et non à une femme. Du coup, une rapide expression de surprise parut sur son visage avant qu’il n’en revienne à l’urgence de la situation. La métamorphe le remercia avant d’afficher un léger sourire et de s’effondrer sur le sol. Les yeux du jötun se posèrent directement sur la blessure du bras de la jeune femme responsable de son évanouissement. S’il ne s’y connaissait pas très bien en matière d’humain, il savait néanmoins que c’était des êtres fragiles et que s’il ne voulait pas qu’elle se vide de son sang, il avait intérêt à agir vite. Se mettant à genoux devant elle, il laissa planer sa télé-empathie pour prévenir d’éventuels renforts puis attrapa doucement le poignet de la mutante pour jeter un coup d’œil à sa plaie. Bien que celle-ci ne soit pas très longue, elle était profonde, ce qui expliquait pourquoi la blessure autant. Improvisant totalement ce qu’il devait faire, Byleist généra une fine couche de glace qu’il plaça le long de la plaie pour stopper le saignement, après quoi il réfléchit à un endroit ou l’emmener. Sauf qu’il errait dans la ville depuis son arrivé et qu’il n’avait pas de pied à terre et porter une demoiselle blessée n’allait pas passer inaperçu et là, aucun magie ne pourrait l’aider. Il aurait toujours pu improviser un abri fait de glace mais pour autant qu’il sache, les humains n’aimaient pas bien le froid. Finalement, il fouilla dans les poches de la miss à la recherche de son portefeuille. Une des choses qu’il avait rapidement appris en venant ici, c’est que les midgardiens se promenaient tous avec une sorte de besace un peu plus complexe qu’ils nommaient portefeuille et dans lequel on y trouvait des papiers avec leur nom, leur adresse et de l’argent. Cette information-là il l’avait rapidement intégré parce qu’il tuait régulièrement les idiots qui se mettaient en travers de sa route avant de récupérer leur argent pour se payer de la nourriture, des vêtements et de temps à autre un endroit ou dormir. Voler ne lui posait pas plus de problème que ça mais quand même, en tant que roi, il préférait éviter. Toujours est-il qu’il devenait un expert en fouille de cadavres. Mais passons… Trouvant les papiers de la métamorphe, il apprit qu’elle s’appelait Chelsea Walker et qu’elle habitait à quelques rues à peine d’ici. Il ignorait si c’était une bonne idée de l’amener là-bas mais faute de mieux, il passa un bras dans le dos de la mutante et l’autre sous ses jambes pour la porter jusque chez elle.

Arrivé devant la porte, il tenta de l’ouvrir, en vain, avant de se souvenir qu’il fallait une clef. Pourquoi est-ce qu’il fallait que tout soit compliqué dans ce monde ? Une fois à l’intérieur, Byleist déposa la jeune femme sur le canapé avant de chercher ou était sa chambre et de la mettre dans son lit, sous les couvertures. Il espérait que ça suffirait pour qu’elle revienne à elle parce qu’il ignorait complètement comment soigner un être humain. Il se souvint tout de même de la blessure et partit chercher de l’alcool pour aseptiser la plaie avant de lui faire un bandage. Maintenant, il n’avait plus qu’à attendre mais tant que son cœur battait, c’est qu’elle avait possibilité de s’en sortir non ? Sur le seuil de la porte, prêt à partir, le géant des glaces ne put s’empêcher de se retourner une dernière fois sur Chelsea et de l’observer. Était-ce vraiment la meilleure décision à prendre ? Il allait vraiment la laisser là, sans savoir si elle se réveillerait ou non ? Pesant le pour et le contre, Byleist décida finalement de rester, au moins jusqu’à ce qu’elle se réveille après quoi il aviserait. Après tout, ce n’était pas comme s’il avait mieux à faire. Loki était introuvable et personne ne pouvait ou ne voulait le lui dire. Il fallait qu’il trouve un stratagème pour lui mettre la main au collet, mais il n’était plus à quelques jours près maintenant. Prenant une chaise qu’il installa au chevet de la miss, le géant s’y assit et attendit qu’elle ouvre à nouveau les yeux.

Save me...

Bien que perdue dans ses rêves, la jeune femme avait des émotions fortes durant son sommeil qui n’échappèrent pas au géant des glaces. Ce dernier, attentif à ce qu’elle ressentait, avait posé ses iris océans sur le visage de la métamorphe, se demandant dans quel méandre son esprit avait bien pu se mêler pour qu’elle se mette à verser des larmes alors même qu’elle dormait. Se penchant légèrement sur sa chaise pour être plus d’elle et mieux observé son visage, il se rendit compte qu’elle était en train de se réveiller et se relevant pour se caler dans le dossier de la chaise, il attendit qu’elle revienne totalement à elle, sans mot dire. Parler n’était pas franchement un trait dominant de sa personnalité et il est vrai qu’il pouvait rester des heures voire des jours sans prononcer le moindre mot. Généralement, il attendait toujours que ce soit l’autre qui commence. Ça lui permettait, entre autre chose, de juger la force de caractère de ses interlocuteurs. Ceci dit, la situation différait de d’habitude. Ne voulant pas affoler la jeune femme, il restait simplement en retrait et attendait qu’elle remarque sa présence. Nul doute qu’elle finirait par lui dire s’il pouvait rester ou à l’inverse, quitter rapidement les lieux. L’un comme l’autre ne le dérangerait pas outre mesure même si, il devait bien se l’avouer, il préférerait autant rester. On entendait les sirènes des voitures du gouvernement hurler plusieurs rues plus loin et il y avait fort à parier que le quartier allait être passé au peigne fin. Or, dans l’état actuel de la miss, il valait mieux que ce soit lui se charge d’éventuels enquêteurs qui viendraient fouiner ici. Il saurait faire preuve de calme et détourner les soupçons sans même se forcer. Quitte à sauver la jolie blonde, il aimait le faire jusqu’au bout.

Un soupir s’échappa des lèvres de Chelsea, avant que celle-ci ne se redresse sous les couvertures pour regarder alentours. C’est là qu’elle le vit et sur le moment, elle eut un mouvement de recul. L’avait-elle déjà oublié ? Ou les meurtres auxquels elle avait assisté étaient encore bien vivaces dans son esprit ? Effectivement il n’avait rien d’un enfant de cœur et son comportement n’avait rien de chaleureux. Il dégageait tout naturellement une certaine distance glaciale, comme on pouvait s’y attendre d’un géant des glaces. « Que s’est-il passé ? Qui êtes-vous? » demanda-t-elle sans être effrayée, ce qui interpella le jötun. Rares étaient ceux qui se débarrassaient si rapidement de cette crainte qu’il inspirait. Mais il l’avait sauvée, ce qui expliquait sûrement ce qu’elle s’apaise si vite en sa présence. « Vous étiez encerclée par des policiers qui avaient repéré votre différence et je vous ai aidé. J’ai trouvé votre nom et votre adresse dans votre portefeuille et je vous ai donc ramené ici même si je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Ça va grouiller de policiers et de membres du gouvernement dans peu de temps. » annonça-t-il comme si c’était une chose banale en regardant vers la fenêtre. « Mais n’ayant pas d’autre option et devant quitté rapidement la ruelle pour ne pas se faire repérer, je vous ai ramené chez vous.  Et… si vous me l’autorisez, j’aimerais rester ici le temps que les tensions se calment. Après tout vous risquez de vous retrouver en danger par ma faute. » Il aurait pu utiliser d’autres moyens pour la sortir de là que de les assassiner mais il avait senti qu’un des policiers connaissaient son visage et qu’il aurait tout fait pour la retrouver. Elle aurait dû fuir toute sa vie ou jusqu’à la mort de ce policier. Il avait décidé de choisir pour elle. « Par exemple dans quelques heures ils frapperont sûrement à la porte en quête de renseignement, il vaudrait mieux que ce soit moi qui leur réponde. Si vous êtes d’accord bien sûr. Sinon je peux partir si vous préférez. » Il ne serait pas contrariant quoi qu’elle décide et tenait à le lui faire comprendre. Il n’était pas là pour lui faire du mal, ou pour lui demander quelque chose en retour. Il suivait simplement ce que son instinct lui dictait et là, il lui avait dicté d’aider la jeune femme et de continuer de le faire. Il ignorait pourquoi mais pour le moment, il sentait que sa place était ici. « Quant à savoir qui je suis, sachez simplement que je possède moi-aussi des capacités spéciales, comme vous l’avez sans doute remarqué. » Byleist détestait dire son nom aux gens, au « commun des mortels » et ça aussi il ne comprenait pas pourquoi. Il n’aimait pas non plus s’inventer un autre nom pour l’utiliser et duper les gens car il n’escomptait pas non plus s’intégrer dans ce monde. Pourtant, si sa quête de la cassette de l’hiver s’avérait longue, il lui faudra peut-être songer à s’installer durablement sur Midgard et pour ça, il faudra bien qu’il se décide à se créer une identité. Mais pour le moment, il allait continuer ainsi, c’est-à-dire garder son nom et ses origines pour lui. Après tout, personne n’avait à savoir que le roi de Jötunheim errait sur Midgard, ni les raisons pour lesquelles il le faisait. « J’espère que le bandage suffira à vous guérir, je ne suis pas expert dans ce genre de chose. » affirma-t-il, toujours monocorde, quant il remarqua qu’elle avait vu le bandage autours de son bras. Toujours très calme, d’apparence sereine, Byleist dégageait pourtant naturellement une aura dangereuse qui avait tendance à rassurer ceux qu’il protégeait mais à faire naître l’effroi chez ses adversaires. En ce qui concernait Chelsea, elle semblait avoir choisi d’être de la première catégorie et le jötun comptait bien être à la hauteur de cette confiance qu’elle plaçait en lui.

Save me...

D’un calme olympien, le géant des glaces lui raconta toute l’histoire qu’elle semblait avoir momentanément oublié à cause du choc de l’agression des policiers d’une part et le froid qu’il avait provoqué d’autre part. Chelsea était en proie à divers émotions mais les explications qu’elle reçut parvinrent à la calmer un peu. Au moins savait-elle ce qui s’était passé durant son sommeil même si à présent, il allait lui falloir un peu de temps pour retrouver son aplomb naturel. Proposant à la jeune femme de rester jusqu’à au moins que les policiers dans la rue disparaissent et règlent l’affaire sur ces morts, cette dernière accepta. « Vous pouvez rester ici, aussi longtemps que vous le voulez. » Il se demanda alors si elle recueillait régulièrement des personnes comme lui ou si c’était exceptionnel avant de se dire que ça n’avait aucune importance. Ils restèrent alors plusieurs secondes sans rien dire, laps de temps durant lequel on put entendre distinctement l’agitation qui régnait dehors, quant bien même c’était plusieurs rues adjacentes. Finalement la jeune femme se rendit compte de l’existence d’un bandage à son bras et Byleist se contenta de lui dire qu’il espérait que ça suffirait. « Pour ma blessure ça devrait aller. » Le jötun ne dit rien et une fois de plus, ils se retrouvèrent l’un en face de l’autre, plongés en plein silence. Si quelqu’un arriverait à ce moment-là, il pourrait se demander si les deux anormaux-là étaient en train de jouer à celui qui se tairait le plus longtemps… Byleist n’était pas spécialement un bavard et le jeune femme semblait ne pas l’être non plus.

Ce fut finalement le tintement de la sonnette qui brisa cet étrange silence et le géant croisa le regard de Chelsea. Il fit signe à la demoiselle de ne faire aucun bruit en plaçant son index sur ses lèvres avant de descendre ouvrir la porte. L’allure calme et posée, il écouta l’agent du gouvernement lui poser des questions sur ce qu’il avait possiblement vu et entendu, ce qui amusa beaucoup le jötun qui n’était autre que le responsable de tout cela. Pourtant il fit celui qui n’était au courant de rien et grâce à son charisme intrinsèque et à l’abord agréable qu’il mit en avant, l’agent n’abusa pas de son temps et partit rapidement sans montrer le moindre signe de doute. Byleist referma alors la porte mais une fois qu’il eut fait ceci, il resta perplexe quant à ce qu’il devait faire maintenant. Il se décida finalement à remonter vers Chelsea pour lui expliquer ce qu’il venait de se passer. « C’était un agent du gouvernement qui fait du porte à porte pour glaner des informations sur ce qui s’est passé. Je ne pense pas qu’il reviendra. » déclara-t-il avec toujours cette simplicité désarmante. A le voir ainsi, rien ne semblait pouvoir le toucher et encore moins l’émouvoir. Il n’était vraiment pas du genre à laisser transparaitre la moindre once de ce qu’il pensait ou ressentait. Au moins, il n’était pas source de stress. Sauf qu’à présent, il ne savait pas quoi faire. Il n’était ni chez lui ni seul et ignorait complètement comment se comporter avec un midgardien, d’autant qu’il était un indécrottable solitaire. Il songea alors à partir et à la laisser mais d’un autre côté. « Je devrais peut-être vous laissez maintenant. En principe vous ne craignez pas de revoir un policier venir frapper à votre porte. » Et après une hésitation, il s’apprêta à tourner les talons pour quitter les lieux. Certes il avait demandé la permission de rester un temps indéterminé mais pour quelqu’un qui vivait des milliers d’années, sa perception du temporel était autre que celle que pouvait avoir les humains. Or maintenant qu’il l’avait mis à l’abri, il avait tendance à penser que sa « mission » était effectuée et qu’il n’avait plus de raison de rester. Il irait se chercher un autre endroit où passer la nuit et reprendrait ses recherches pour trouver Loki. Il était là pour ça et n’avait rien de mieux à faire pour le moment de toute façon.

Save me...

Reconnaissante autant que désemparée devant cette situation qui sortait réellement de l’ordinaire et sur laquelle elle n’avait aucune maitrise, Chelsea le remercia pour ce qu’il venait de faire et sourit même timidement. Byleist, lui, l’observait sans trop savoir quoi penser. Normalement il n’aurait jamais dû se mêler de cette histoire. La guerre entre normaux et anormaux ne le regardait pas, pas pour le moment en tout cas. Mais son sens de la justice avait néanmoins été titillé au point qu’il décide de donner une correction meurtrière à ces policiers. Et maintenant ? Faisant comprendre à la jeune femme qu’il allait s’en aller mais qu’elle n’avait pas à craindre de nouvelle visite surprise, il tourna les talons. Mais le jötun n’eut pas le temps de faire un pas en direction de la sortie qu’il sentit la panique s’emparer de la mutante et presque aussitôt, la main de la jeune femme s’agrippant à sa veste. Il resta d’abord là, immobile et silencieux, scène digne d’un manga, jusqu’à ce qu’elle lui demande de rester. « Vous pourriez rester ici cette nuit s’il vous plaît. » C’était plus une affirmation qu’une requête mais Byleist finit par hocher la tête après quelques secondes de flottement. « Je peux… faire ça. » dit-il à voix haute en voyant que la demoiselle ne le lâchait pas, comme si elle attendait une réponse claire et affirmative. Tournant la tête vers elle, il attendit qu’elle relâche le pan de sa veste mais sans montrer aucun signe d’agacement. En fait, il était assez étonné de constater que la mutante se sentait plus en sécurité avec lui qu’elle ne connaissait absolument pas, plutôt que seule avec l’hypothétique possibilité qu’un membre du gouvernement ne revienne alors que les chances étaient maigres. Lui faisait-elle confiance seulement parce qu’il l’avait sauvée quelques instants plus tôt ? Il fallait soit être courageux soit idiot pour faire confiance si vite mais ça ne put qu’attiser la curiosité du géant des glaces. Parce que, lui, c’était justement ça son problème. S’il était loyal à ses idées et à son peuple, il avait énormément de mal à donner sa confiance à qui que ce soit. Malgré ces deux milles ans d’existence, les personnes à qui il avait fait confiance se comptaient sur les doigts d’une main. Quoi qu’il en soit, Chelsea finit par relâcher sa prise tout en s’excusant après avoir remarqué ce qu’elle venait de faire. « Aucun souci. » Sa voix était si légère qu’on aurait pu croire qu’elle provenait de loin, ce qui n’était peut-être pas totalement faux puisque Byleist avait l’esprit occupé. Les midgardiens étaient fascinants à leur manière. A moins que ce ne soit juste celle-ci ?

« Bon, est-ce que vous avez besoin de vous reposer ? A moins que vous n’ayez autre chose à me proposer ? Comment occupez-vous votre temps libre ? » Une fois libéré de l’emprise de Chelsea, Byleist tenta de faire la conversation. Après tout s’ils devaient cohabiter quelques temps, autant créer un climat un temps soit peu paisible et chaleureux non ? Pas qu’il se plaindrait du silence ou de la solitude, au contraire c’était de vieilles amies qu’il appréciait, mais là en l’occurrence, le jötun n’avait pas envie de poursuivre le jeu de celui qui resterait emmuré dans le silence le plus longtemps. Sûrement parce qu’il sentait sur lui le regard interrogateur de la jeune femme et qu’il n’aimait pas être ainsi analysé. Il préféra alors détourner son attention en s’intéressant à sa vie, si on pouvait dire ça, et sur celle des humains en général. Et puis ça lui changerait aussi les idées et ça lui ferait du bien. Il se sentait un peu fatigué de ses recherches qui n’aboutissaient à rien.