Pietro Maximoff ▬ Tu ne l'as pas vu venir celle-là !

Il ne peut pas être pire que le précédent, non ? Pour le moment, il respecte les droits des mutants et des hommes et ça me plait. Je ne m'intéresse pas trop à la politique si vous voulez tout savoir, je n'ai pas réellement de frontières et si je n'ai pas fui durant la Purge, c'est par devoir et honneur.

Où voyez-vous un problème vous ? Nous ne sommes pas un problème, nous ne sommes pas des envahisseurs venus pour prendre votre place et vous réduire en esclavage. Okay, okay, j'ai l'étiquette Confrérie et je devrais tenir un autre discours, mais voilà, ce n'est pas le cas.

Après qu'une brèche se soit ouverte au-dessus de cette chère ville de New-York, vous osez encore poser la question ?

  Les balles fusent au-dessus de ma tête, mais ça ne m'empêche pas de faire tomber les salauds qui tentent de s'en prendre à moi. Le hangar était bien surveillé et personne hormis les gens de mon espèce, comme ils le disent si bien entre eux, n'aurait pu entrer. Ils tombent, un à un, comme des mouches. Ce soir, je ne sers pas la Confrérie, ni personne. Je suis là pour moi, vous comprenez ? Une histoire personnelle à régler pour pouvoir avancer. Je ne porte pas de masque, pas de costumes, pas d'armes. Mes poings et ma vitesse suffisent pour les faire tomber, assommés sous le coup pour la plupart. Le dernier debout à moins de chance, je m'arrête face à lui et remet ma veste en cuir correctement.

« - Et bien, ça a été rapide, je pensais que j'aurais plus de problèmes. Je ricane, c'est purement ostentatoire, mais ça l'effraie.
- Mais t'es quoi, p****n ! Il ose demander, après ce qu'il a fait toute sa vie, après sa "chasse".
- Si tu veux tout savoir... J'arque un sourcil, narquois. Je suis ceux que tu as pris jusqu'à présent, et ceux que tu ne prendras plus. Je fais un pas, à une vitesse normale pour un humain. Il tire, de peur, son doigt presse la détente. Je me décale et tourne autour de lui. Une, deux, trois... Il vide son chargeur à tenter de m'arrêter. Des connards comme lui, j'en ai croisé toute ma vie, depuis ma naissance sur le mont Wundagore jusqu'à aujourd'hui. Ne me fait pas croire que tu as oublié ce que tu as fait il y a quelques temps, tandis que le monde tentait bêtement de "nous" supprimer.
- Ferme là ! Tu ne me fais pas peur ! Tout aussi bêtement qu'il a vidé son chargeur dans le vide, il tente de chopper le suivant dans sa poche et baisse les yeux. Une demi-seconde d’inattention et voilà que je saute vers l'avant et le plaque contre un mur, ma main enserrant sa nuque. Son arme tombe au sol, retentit dans un bruit qui s’amplifie dans toute la bâtisse vide. Je fais claquer ma langue.
-Pourtant, tu m'as tout l'air d'avoir peur... »

La vie, c'est un truc franchement pas drôle. J'en sais quelque chose, ma soeur et moi avons passé la plus grande partie de notre vie à avoir peur. Du moins, pas au début, pas sur le Mont Wundagore, là où nous vîmes le jour. Ma soeur... Mon univers. Je n'ai jamais été séparé d'elle, jamais. Elle est ma jumelle, mon sang. Je donnerais tout ce que j'ai pour la sauver, de types comme lui notamment, même si je n'ai pas le pouvoir dont elle dispose. Ma mémoire est limpide, elle se souvient parfaitement de comment nous avons été élevé, par Django et Marya Maximoff, nos parents, dont nous apprendrons par la suite qu'ils n'étaient que de braves gens qui nous sauvèrent lorsque notre véritable mère eut pris la fuite après notre naissance. Dans la fratrie, franchement, la personne intéressante, ce n'est pas moi. Après la découverte de nos pouvoirs, c'est sur elle que se sont braqués les regards, je pourrais vous en dire plus, mais ce n'est pas à moi de le faire. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'après cela, plus rien n'a été pareil.

Nous avons été obligés de fuir, fuir à cause d'un feu, à cause de la mort. Dans notre fuite, nous avons tout perdu. Pourtant, je ne devais pas baisser les bras, je ne le pouvais pas. Pour ma soeur, principalement. Je suis l'ainé des deux, alors c'était mon rôle, ça l'est toujours. Après la tolérance de ces gitans qui nous prirent dans leur famille, qu'elle fut âpre la découverte de l'espèce humaine loin du mont. La peur, ils avaient peur de ce que nous pourrions faire. Mais nous ? Nous qui n'avions jamais connu autre endroit que le mont Wundagore ? N'étions pas censé avoir peur nous non plus ? N'étions nous pas censé être réconfortés ? Quelqu'un n'aurait-il pas du nous dire que tout allait bien aller ? Ah, même aujourd'hui, ce souvenir éveille en moi ce qu'il y a de pire dans mon sang. C'est là qu'il est arrivé et que nous l'avons suivi. Lui, avec son beau discours sur le fait que nous soyons la prochaine étape de l'évolution. Lui qui avait parfaitement compris la situation et qui nous tira de notre vie de misère et de peur.

Magnéto.

Bien vite, l'extrémisme de celui dont toute la vérité n'était pas encore révélée et de ses partenaires nous obligea à faire profil bas, à nous détourner de notre façon de penser, de notre façon de vivre. Oui, l'humanité est corrompue et faible. Oui, nous sommes forts, nous sommes invincibles unis, mais est-ce pour cela que nous devons anéantir l'humanité ? Que nous devons prendre la vie à des gens, des hommes, des femmes et des enfants innocents ? Je ne le pense pas, pas plus que ma soeur. Et pourtant, nous y sommes, là, aujourd'hui, à les regarder faire, à les entendre propager leur venin dans les cœurs mutants. Je ne partais pas, cependant, je ne le pouvais pas. Magnéto avait sauvé ma vie et celle de ma soeur et c'est par le sang que je devais le remercier. C'est pour cela que nous y sommes toujours aujourd'hui.

La Purge n'arrangea rien et les pires atrocités furent commises durant cette période. Lorsque je ferme les yeux, je revois leur visage, je revois mon propre reflet dans les bâtiments d'acier et de verre. La haine, voilà tout ce qui comptait. La haine m'habitait, une haine que je ne contenait que grâce à Wanda. Aussi lourde que soit ma dette envers Magnéto, elle n'a jamais été qu'une poussière face à la vie de la Sorcière Rouge, ma soeur. Alors oui, mes poings ont frappé jusqu'à la mort.

Des monstres aux yeux des hommes. Des monstres aux yeux du monde. Peut-être le sommes-nous vraiment ? Qu'est-ce que j'en sais, je me contente de vivre ma vie et de veiller sur ma sœur jumelle. Tout changea durant cette période de trouble, notamment lorsque j'appris par Bova, celle qui nous éleva, une vache évoluée. Notre père, celui qui avait fait fuir notre mère, celui dont nous tirions nos pouvoirs n'était autre que notre "employeur actuel"... Magnéto. Je ne pu garder cela pour moi et aussitôt, j'avouais la vérité à Wanda. Peut-être est-ce la manière dont nous avons été élevés, peut-être est-ce autre chose, toujours est-il que le choix fut fait : nous allions rester au sein de la Confrérie des Mauvais Mutants et combattre pour notre père.

Plus les jours passent, moins je me sens à ma place au sein de la Confrérie et pourtant, je continue avec autant de hargne à défendre un idéal que je trouve stupide et, pour la soi-disante évolution de l'espèce, très archaïque. Petit à petit, tous seront mutants, mais en attendant que cela arrive, dans cent ans, deux cents ans, peut-être pouvons nous vivre en paix.

Pas mal pour un type qui en étouffe actuellement un autre, mais j'ai mes raisons. Une affaire personnelle, vous vous souvenez ? Je suis considéré comme un hors-la-loi pour mes actes au sein de la Confrérie, alors autant profiter de ce statut. Il y a six heures, j'ai fait une promesse. Une promesse à une mère. Le pourquoi et le comment ? Je n'en sais rien, un hasard. Toujours est-il que je ne fus pas assez rapide pour empêcher la petite de disparaitre dans le fourgon qui l'emmena loin de sa mère. Malgré ma vitesse, je n'ai pas pu sauver la sauver de ces monstres. La mère est humaine, la fillette aussi, mais ceux qui l'ont prise, je les connais. Ils étaient du côté de la Purge durant cette horrible guerre qui divisa le peuple. Ma main se serre un peu plus et le sang s'injecte peu à peu dans les yeux du monstre que je fixe de mon regard le plus noir.

Je n'oublierais jamais d'où je viens et ce que j'ai du faire pour en arriver là. Je n'oublierais jamais ce sentiment horrible qui poussa mes parents à m'adopter. Perdre un enfant, je n'ai jamais trouvé la moindre langue pour exprimer ce sentiment. Suis-je trop sensible ? Surement, mais cela ne m'empêchera pas de lui broyer les os pour obtenir les informations.

« - Alors, mon gars, prêt à livrer les informations que je veux ? Il me toise d'un sourire que je n'aime pas.
- Trop tard, son avion est parti pour Montevideo. C'est à mon tour de sourire.
- On ne t'a pas dit ? Je vais plus vite que vos avions. »

Avant qu'il ait plus souffler un mot de plus, avant même qu'il ne soit tombé au sol, je suis parti et je suis loin. Traite moi de monstre. Traitre moi d'erreur. Traine moi dans la boue, je n'oublierais jamais. Je resterais toujours là, aux côtés de ma soeur afin de la protéger, je resterais dans la Confrérie et si je peux, je ferais changer les choses, chose peut-être possible avec le départ de Magnéto pour ce projet gouvernementale. Tant que mes jambes me le permettront, j'avancerais. Tant que mon coeur battra, je protégerais ma soeur et ceux qui ont besoin d'être protégé. Le Vif d'Argent, comme on m'appelle si souvent.
   

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