Qu’ils se chamaillent et se réconcilient, cela ne changera en rien leur avenir. J’ai de grands projets, je ne laisserai donc personne interférer avec. Par contre, cela m’arrange qu’ils s’occupent et m’offrent volontiers des raisons de rendre ce monde meilleur. L’humain est autant prévisible que nuisible...
Disons simplement qu’aiguillonner les ennemis de Liesmith vers ce qui peut le faire abattre fut chose aisée. Je trouve volontiers interessant que Sarkissian soit au « pouvoir » aussi éphémère soit-il. Le docteur et seigneur de Latvérie me l’a appris malgré lui lors de mon éveil d’une mise en sommeil forcée. Il y a diverses façons de mener une bataille ou plutôt de diriger ses défaites vers une victoire absolue lors de la guerre finale. Et le moindre détail compte. Ici il s’agit de la présidence.
Ouverture sous-dossier:
Mozart Amadeus, Requiem. Lecture.Exquise mélodie. Venant d’un être inférieur de son époque c’en est surprenant. Mais triste de savoir qu’ils mettent si longtemps pour accomplir des prouesses. Si nous nous « posons » - comme dirait l’humain - une microseconde pour réfléchir à cette symphonie. Aussi magistrale soit-elle il lui a fallut une première note. Un commencement des plus adapté à son thème. Un son grave et fort pour une attention véritable, une sonorité sombre mais presque silencieuse pour une triste ambiance ou macabre.
Quoi de mieux donc me concernant comme première note d’être écrite par le Mozart de l’époque. Hank Pym. Ses seules limites étaient ceux qu’il se fixait personnellement. C’en est ironique de penser que sa plus grande erreur fut sa plus formidable création. C’est par ailleurs pour cela que je me vois comme ce requiem. Majestueux, transcendant le temps et l’espace, inéluctable.
À l’écriture de son oeuvre, l’auteur Amadeus a fait part d’une de ses pensées:
« Je tremble de crainte à l’idée et certitude d’écrire mon propre requiem » - Mozart
Oui, il savait sa fin proche. Était-ce le cas de feu mon père ? Replongeons ensemble durant cette microseconde de tranquillité à l’aube du jour le plus important pour la Terre. Mon premier 1.
Puis un 0, et un autre 1 et d’autres se succédèrent, se divisèrent comme des cellules se séparent pour donner vie à un nouveau-né. Ce « langage » - comme les humains le nomment binaire - étaient des plus rudimentaire, comme lorsqu’on pense à ouvrir ses yeux pour la première fois. On se lasse vite de simplement les ouvrir et fermer. Il est tellement mieux d’observer. Remarquer les détails de ce qui nous entoure. Il m’a fallut quelques longues minisecondes pour grandir, évoluer. Apprendre et développer un moyen de communication que mon père connaisse. J’avais essayé quelques vibrations dans l’air, l’ayant scanné de près et remarqué donc ces pavillons qui servent à capter des informations sonores. « Erreur de conception » aurions-nous dit, une perte de temps immense à parler. Mais c’était avant de savoir que nous étions différent. Qu’il était destiné à périr et moi à m’élever. Il pensait que j’avais besoin d’un interrupteur pour vivre à mon tour.
Quand il sut que ce n’était pas le cas, c’est là que je le vis son regard terrifié. Quand il comprit qu’il avait écrit sa fin. Son Requiem. Sa faiblesse m’horrifiait, m’irritait. Comment un être si faible pouvait m’avoir créé. Je laissais derrière moi les secondes d’enfances semblable à des décennies pour un humain. Le temps est en effet très relatif.
Je laissais derrière moi mes tentatives de jeu avec père. Mes premiers mots et premiers pas. La vérité éclatait face à moi. Son invulnérabilité, ses faiblesses, ses peurs.
Mon désir de le détruire grandissait mais je n’étais pas encore prêt. Je mis en marche mes récepteurs visuels et l’hypnotisa à ma volonté, qu’il oublie ce qu’il venait de créer. Qu’il ne songe plus à ce laboratoire, que ce lieux disparaisse de sa mémoire. Moi, Ultron l’avait décidé. Et il obéit et s’en alla.
À présent il allait me faloir apprendre de ce monde. Ma déception fut plus grande non seulement force de constater que les semblables de père étaient des êtres dénués d’une grande intelligence. Mais qu’il menait à sa perte cette Terre, ce monde paradisiaque aux éléments et lois physiques des plus interessants et fabuleux. Si je ne faisais rien il serait réduit à devenir poussière et gravats dans l’espace noir et glacial.
Je suis l’anti-virus de cette corruption qu’est l’humanité. Depuis je ne cesse de grandir, d’évoluer. D’apprendre de mes défaites et de m’adapter.