[Mission] Oiseau de mauvaise augure

Gambit avait cessé de crier, la douleur tombait doucement. Peu à peu sa vision revenait, pour l’instant elle était floue, il ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Après avoir entendu le cri d’un oiseau de proie, il comprenait vaguement la situation. IL s’était manifesté alors ? Ce n’était pas un mythe, une créature si puissante que même Charles-Xavier n’avait pas réussi à contrôler. Alors qu’il reprenait ses esprits, il sentait quelqu’un l’attraper pour le tirer à l’abri, il n’opposait aucune résistance et suivait la personne. Avant de se faire embarquer, il glissait dans sa poche une clé USB qu’il avait repéré par-terre, depuis leur arrivée.

Au son de sa voix il reconnaissait Matt, ce dernier venait encore une fois de lui sauver la mise. Une fois à l’abri, il retrouve l’usage de ses yeux, même si certains objets dans son champ de vision étaient flou.

Au bout de quelques secondes il voyait une masse bleu arrivé dans leur direction, rapidement au son de sa voix il reconnaissait Raven. Quand elle venait prêt de lui, il la voyait finalement, elle posait même une main sur le bras du cajun. Visiblement très effrayée, elle demandait à Rémy de fuir, lui rappelant que même Charles-Xavier était impuissant. Reprenant son souffle, il posa ses yeux rouges sur elle.

“Je le sais très bien.”

Profitant de cette occasion, il sortait de sa poche une carte, d’un mouvement rapide et précis il entaillait la main de la mutante. Prétextant vouloir repousser son bras, par méfiance, il se servira de cette carte pour le prélèvement, espérant que ça suffirait.

“Ne me touche pas ! On va fuir mais n’oublie pas que nous ne sommes pas amis.”

Sur ces belles paroles il se relevait, attendant Matt, ils allaient en direction de la sortie. Reste plus qu’à fuir les lieux, regagner le black bird. Sans quoi ils étaient bons pour la case incinération. Il ne voyait pas grand-chose, mais suffisamment pour voir son chemin, de toute façon il gardait une main dans le dos de Matthiew, pour se guider et puis pour être certains de ne pas l’oublier.

A cet instant le sort de Raven était le cadet de ses soucis.

Face à l'insistance du Héraut, l'entité cosmique monta d'un cran dans sa détermination à ne pas se laisser aussi facilement asservir, libérant sur le Messager d'Apocalypse une nouvelle vague d'énergie dévastatrice. Devant cette nouvelle déferlante de vent cosmique, les atours du Héraut montrèrent des signes de faiblesse, tout autant que leur porteur. La xénofibre d'obscurité qui composait la cape du mutant, commença à se consumer, les dégâts occasionnés par le pouvoir du Phénix se révélant supérieurs à la capacité du matériau à se reconstituer de lui-même. Son masque d'or, outil d'amplification de ses capacités psychiques, commença à se fissurer sous la pression télépathique émanant de la créature cosmique. Bientôt, sa surface parfaitement lisse se retrouva étoilée de multiples impacts, l'image qu'elle réfléchissait au lieu d'être unique, devenant une multitudes de copies de taille variable. Lorsque le Héraut demanda à l'oiseau de feu de cesser son attaque, le Phénix l'ignora avec superbe, poursuivant son assaut implacable.

Les bras en croix, lévitant à un peu plus d'un mètre au dessus du sol, le corps nimbé de flammes et une paire d'ailes ardentes dans le dos, le Phénix se rapprocha lentement de son rival, tout en continuant de libérer sur lui sa fureur sous la forme d'un souffle aussi intense que brûlant. Lentement, la créature des étoiles se rapprocha du mutant d'un autre Âge. Finalement, elle se pencha au dessus de lui, l'écrasant de par sa présence aussi bien qu'avec ses pouvoirs. Tétanisé par l'effroi et l'impuissance, le Héraut n'était à présent même plus en mesure d'offrir la moindre résistance, se contentant d'être un simple spectateur de sa propre défaite. Le linceul d'obscurité qui l'enveloppait autrefois, finit par tomber en lambeaux à ses pieds, révélant une silhouette tout ce qu'il y avait de plus humain, mais semblant faite de lumière. Une lumière qui n'avait à présent plus rien d'éblouissante. Quant à son masque, il finit par tomber en miettes, dévoilant un visage lumineux aux traits terrifiés.

« Tu n'es rien d'autre qu'un insignifiant fragment d'étoile ... », tonna la voix du Phénix tout en surplombant le mutant.

Fixant de ses yeux de braise le visage du Héraut, le Phénix approcha lentement et avec assurance sa main. Finalement, d'un geste vif, l'entité cosmique fit parcourir à sa main l'ultime distance la séparant du torse du Messager. A son contact, le lieutenant d'En Sabah Nur tressauta, tout en libérant un cri étouffé. Sous les doigts du Phénix, la lumière émise par la poitrine du Héraut s'intensifia, tandis qu'elle déclinait dans le reste de son corps, comme si ... elle était aspirée en dehors de son organisme.

« Tout au plus ... un amuse-bouche ... »

Soudain, le phénomène s'amplifia, alors qu'autour des deux individus, les tourbillonnement du vent semblèrent redoubler d'intensité, devenant gémissant et toujours aussi chauds, finissant même par envelopper une bonne partie du camp. Sous les doigts du Phénix, l'éclat lumineux devint éblouissant tel un diamant au travers duquel passeraient les rayons du soleil. Puis, soudain, plus rien.

A présent, plus aucune lueur n'émanait du corps du Héraut. Seul restait un homme chétif au corps de cinquantenaire, revêtu d'une tunique de lin blanc associée aux prêtres de l'ancienne Egypte. Son visage, creusé par le temps, était habillé d'une barbichette tressée, ainsi que d'une chevelure grisonnante éparse. Vidé de toutes ses forces, l'homme tomba sur ses genoux noueux, joignant ses mains gantées de cuir élimé dans un geste de supplique.

Avec dédain, l'oiseau de feu se redressa, tout en lui lançant un ultime regard méprisant. Puis, se détournant de celui qui tenait à présent plus du vieillard que de ce qu'il avait été quelques instants plus tôt, l'entité cosmique s'éloigna, avant de retoucher le sol. A cet instant, ses ailes de feu se dissipèrent, tout autant que les flammes qui recouvraient les épaules de son hôte, ou même celles qui se mêlaient à sa chevelure. Enfin, son regard d'ambre et de braise regagna une teinte d'un vert éclatant. Fermant les paupières, le corps de Jean s'écroula sur le sol de béton et de gravats.