[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Herr Führer ? Der Kampfer ? Nazi or not Nazi ?Pourquoi avoir peur de prononcer ces noms ? Simples appellations, mais nommons les choses telles qu’elles sont, voulez-vous ? Il ne faut pas avoir peur des mots, ils ne sont pas si terribles, il faut les manier avec élégance, savamment, les unifier selon les règles de la rhétorique, ma bonne amie. Les mots sont des êtres fragiles qui, une fois rassurés, manipulés à leur insu, deviennent les meilleures armes au monde. Les conséquences sont plus vicieuses que Tchernobyl. Testées et approuvées.
La langue est un outil offert à l’homme pour qu’il l’emploie sciemment, que ce soit pour diviser pour harmoniser. Opérations de sanglantes agonies mentales, dépressions, tortures et névroses : voici le pouvoir du verbe. Le gouvernement devrait avoir peur de sa propre ombre, la mienne. Je suis son pire ami qui agit avec la patience d’un prédateur. Je laisse les rumeurs vivre au quotidien. Je les laisse enfler doucement. C’est ainsi que je me construis, en stratège né.
Enfant, j’étais déjà ce petit monstre infernal, déstabilisant les adultes, les enfants, les mères, vos chers compagnons canins avec des paroles amères et déplaisantes. Une terreur dépourvue de sens moral. Brisant le cou des oiseaux dont l’inexorable gravité les ramenait au sol, dans mes mains, mes mains goûtant le sang de victimes faciles. La morbidité ne m’est jamais passée, allons bon. Tout le monde a ses vices cachés.
Tout le monde n’a pas eu le Père, le Noble, le Tyran pour héros de jeunesse. C’est Lui qui remplissait mes rêves de conquête. C’est le seul que j’ai aimé de toutes mes forces, le seul encore qui m’a donné un semblant de raison de vivre. J’ai écouté sa Voix de longues heures durant. J’ai assisté aux opéras de Wagner pour Lui faire plaisir. Je souhaitais le servir, ce que je me suis efforcé de faire.
Je n’ai jamais été le dernier. Jamais. Cela m’aurait crevé le cœur, vous comprenez. L’agressivité qui m’habitait ne se canalisait qu’en hurlant ma colère sur autrui. Ça c’était de la thérapie. Le cri. Le célèbre « Cri » de Munch. La mort promise, l’émanation du terrible courroux. J’exerçais ainsi ma voix, tel tsunami ravageant tout, tel épicentre d’un tremblement sacré de terre.
Du haut de ma solitude, je me faisais la réflexion que l’autre vous entraîne constamment dans sa chute. Vertige tentateur et inacceptable pour un être supérieur. J’ai toujours su que j’avais un don, reçu de Dieu ou non, qu’importe. Je l’effleurais sans m’en rendre compte. Et je savais que la trajectoire de mon existence était ascendante. Je ne commettrai pas les mêmes erreurs que vous autres.
Je suis devenu un fort. Celui que Nietzsche qualifie ainsi. Celui qui surpasse le Faible car ce dernier ne mérite pas de vivre dans ce monde inapproprié pour lui.
Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez encore un chaos en vous.Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche
Je brutalise la destinée. Je sculpte mes propres lois dominatrices. Je brûle les anciennes idoles. Mon Dieu est mort, mais je lui survis, encore, toujours, mes gènes ne vieillissent pas comme ceux d’un mortel. Je vais bien au-delà du rationnel commun. J’obéis à une logique implacable. Petit sourire par ci, une poignée de mains par là. Une belle gueule et de beaux discours. Manquerait plus qu’une moustache pour parfaire le tableau.
Je me tiens droit au ministère. Ils n’y voient que du feu. Ils transposent sur mon visage émacié l’image du sage, du type un peu ambitieux mais pas trop, le bien-né, le fils à papa, ce n’est pas un révolutionnaire celui-là, mais peut-être volage, en réalité on n’en sait rien, on suppute, on se demande s’il pèche par amour ou devoir, s’il est l’amant de plusieurs comtesses car il baise la main de chacune, échangeant un regard fauve, c’est un sauvage malin, on le croit sincère, on le croit aimable. Il n’est rien de tout cela. Ni crâneur, ni cancre, ni courtois hypocrite, ni ni ni. Indéfinissable dans le champ des possibles. Un aliéné sans doute qui vit avec sa mère, complexe d’Œdipe ?
Ils ont baissé leur garde. J’ai montré patte blanche et me voilà secrétaire à la défense d’un tas de bouffons qui passent leur temps à s’empiffrer. Mais moi j’ai des projets. Je suis prêt à saboter l’éthique et les valeurs de la République. BIG BANG. Ils crèvent de peur et je les noie dedans. Les mots servent mes intérêts de politicien têtu. Je ne laisse AUCUNE chance à mes rivaux.
Même ce…Magneto ne va pas faire long feu. Il ne peut rien contre nous. Tant d’échecs, tant d’épaves décevantes de la part d’un surhomme ! Ses pouvoirs ne m’impressionnent guère. Je respecte cependant sa verve, c’est finalement un homme selon mon cœur. Mais je ne puis tolérer un tel affront contre ma propre humanité supérieure. Je hais ces éloquents qui haranguent les foules toute la démone journée, alors que moi, suant et peinant sous l’effort de toute une vie, je sais comment déjouer les plans des grands dans la plus pure tradition du Secret. Je ne supporte pas ces revendications, ces belles paroles, ces envolées lyriques que la presse retranscrit chaque jour qui passe, un jour de plus pour moi vers l’achèvement de mon programme.
Qui, à votre humble avis, a fait passer les chartes, décrets etc. anti-mutants ? Qui a promulgué le vaccin ? Qui œuvre dans la tête de nos chers sénateurs et députés ? Qui s’est infiltré insidieusement, innocemment même, au cœur du problème final ? Qui va le résoudre ? Qui convoite une place encore plus influente depuis toutes ces années ?
Qui a enfin achevé son méfait ? LA GRANDE PURGE. Vous croyez que c’est un pur coup du hasard suscité par la peur du plus grand nombre ? Non. C’est le chef-d’œuvre d’un seul homme. Un homme pour les mépriser tous.