Présentation de Juan Cubanista

Après tout ce que nous avons traversé, je me dis que je n'étais pas si mal au Brésil. Ce nouveau gouvernement a le mérite d'avoir arrêté les tueries, rapts et autres tortures ou traitements inhumains à l'encontre des « anormaux », mais embaucher d'anciens criminels ?? Je ne sais pas ce que cherche monsieur le Président, mais il y a anguille sous roche.

Le problème mutant, je n'en sais rien. Je ne suis même pas sùr qu'il y ait eu un problème mutant à un moment ou à un autre. Les « problèmes » ne sont que des prétextes que trouvent les gouvernements pour faire la guerre. Donc un problème qui n'a jamais existé ne peut être résolu. En tout cas, MON problème de mutant à moi est loin d'être résolu, ça c'est clair...

Comment dire... Des hommes volants, des femmes faisant fondre du métal avec des rayons sortant de leurs yeux et des adolescents prenant forme animal à volonté... Ne me faites pas croire que E.T. n'est pas un film historique après tout ça !

Je m'appelle Juan Cubanista. Mon père, Abraão Cubanista, était le commissaire général de Rio de Janeiro tandis que ma mère, Manoela Cubanista, travaillait dans un restaurant en centre ville. J'ai passé une enfance plutôt heureuse, ainsi qu'une adolescence semblable, en fin de compte, un début de vie normal, agréable.

Un jour, je m'en souviens comme si c'était hier, je me dirigeais vers un petit city-stade où j'avais rendez-vous avec mes amis, quand j’eus un vertige. Le temps de me rattraper à un mur, j'ai vu le monde se dilater. Le ciel bleu était zébré d'une teinte orange, les gens marchaient au travers de monstres hideux, ceux-là même ne se rendant même pas compte de la résistance qu'aurait dût produire la rencontre de ces deux corps. Les immeubles, tantôt intacts, étaient en ruines, quelques centimètres plus loin, avant de redevenir entier. L'air était par endroit saturé d'une dense poussière écarlate qu'on aurait dit faite de sang.
Je ne le savais pas encore, mais mon gêne mutant s'était réveillé.
J'ai cru être fou, moi qui avait toujours suivit les règles, jamais pris de drogues, j’hallucinais comme les gens que mon père arrêtait.

Je n'ai rien dis, le ciel orange, les créatures indescriptibles et les nuages de sang en poudre venant me hanter de temps à autres, gagnant en consistance. Jusqu'au moment où pendant mes « crises », notre monde s’effaça entièrement pour faire place à, je l'avais compris, l'enfer.
Les démons ne semblaient pas me voir, donc j'en profitais pour explorer pendant les quelques minutes que « m'offraient » ces voyages.
L'enfer est un lieu effrayant, pas étonnant que tout le monde en ait peur.
Un jour, alors que les limbes s'étaient imposées à moi une nouvelle fois, je contournais une fontaine en ruines quand une grande créature faisant le double de ma taille m'attrapa par l'épaule.
Habillée d'une armure gris/bleu et rouge, sa tête n'était qu'un crâne à peine humain au milieu d'un brasier et de ses mains jaillissaient des flammes. Elle se présenta à moi sous le nom de Dormammu et avant que ce dernier ne puisse dire quelque chose, j'étais de retour dans notre monde. Effrayé, je m'étais répété comme un mantra que je voulais rentrer, et ça avait fonctionné ! Juste une énorme migraine et le nez en sang comme contrepartie.
Et ainsi continua la vie, entre limbes et lycée.

A ma sortie du cursus scolaire, j'intégrais l'école de police, souhaitant suivre le parcours de mon père.
Ma carrière décolla vraiment en même temps que je rencontrais Amy MacAllan, jeune avocate en vacances au Brésil.
Mon amour pour elle me poussa à déménager à New-York.
Elle m'aida dans mes démarches pour prendre la nationalité américaine. J'étais convaincu qu'elle était l'unique.
Une fois que je fus naturalisé, elle utilisa même des détours juridiques et autres trous dans les textes de lois pour que je puisse intégrer la police new-yorkaise.
La crim' de New-York était à la fois similaire mais tellement différente de celle de Rio. Après les meurtres vite classés ou les enlèvements de gosses de riches, j'enquêtais maintenant sur les viols collectifs, les guerres de gangs et les morts « accidentelles » de dealers.
Tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes dans notre couple, bien qu'elle ne comprenait pas pourquoi je semblais parfois absent ou effrayé sans aucune raison apparente. Tout se passait tellement bien que pour une fois dans ma vie, je me décidais à le dire à quelqu'un, ce secret qui me rongeait. Elle qui était la seule chose qui me donnait envie de continuer et de faire abstraction du monde de Dormammu et ses semblables.
Je l'invitais donc dans un des restaurants les plus luxueux de New-York, vue sur l'Hudson, bague dans la poche, j'étais prêt à faire les deux choses les plus terrifiantes de ma vie : tout dire sur moi à quelqu'un et demander en mariage la femme de ma vie.
Pas de bol.
Elle m'a regardé comme un dingue, me demandant si je me moquais d'elle. Quand elle vit que j'étais sérieux, elle partit en me disant qu'elle viendrait chercher ses affaires. C'était une autre personne que la Amy que je connaissais. La bague resta dans ma poche.
Une fois l'appartement désert, je décidais de déménager, trop de souvenir dans ces murs qui auraient dû accueillir nos enfants.

Je me mis à la peinture, donnant vie au monde des limbes dans le nôtre, paysages chaotiques et monstres lovecraftiens apparurent au bout de mon pinceau. Personne ne vit ces toiles, stockées dans mon loft.
Le remède annoncé par le gouvernement fut une amère déception quand, après plusieurs jours sans voyages en enfer, les limbes me retrouvèrent, animées d'une énergie nouvelle. Elles paraissaient encore plus horribles, la poussière de sang me faisant suffoquer jusqu'à ce que j'accepte enfin mon état, comprenant que la vie, c'est de la merde, mais la mienne est pire encore.

La fabuleuse purge, retour en arrière de la pensée politique prouvant que le peuple américain n'avait rien appris de l'histoire de leurs voisins européens, me poussa une nouvelle fois dans mes retranchements.
Traqués et persécutés, les anormaux organisaient la résistance, quand moi je me cachais chez moi, ayant pris un congé jusqu'à ce que l'on frappe à ma porte.
Visiblement, un « informateur anonyme », j'avais vite compris que c'était cette salope d'Amy qui m'avait balancé, avait informé le S.H.I.E.L.D que je pouvais « détecter » les mutants.
Contraint de travailler avec eux, enfin contraint juste un peu, je pus continuer de travailler au sein de la police, informant le gouvernement lorsque je repérais un mutant.
Après tout, j'avais tout perdu, pourquoi pas les autres ? Pourquoi serais-je le seul à souffrir ?!
J'ai donc été un de ces indics que j'utilisais moi-même, me haïssant sans me l'avouer pour ce que je faisais.

Après la purge, et bien, rien ne changea sauf que, réalisant l'ignominie à laquelle j'avais participé, j'avais du mal à me regarder dans le miroir.
Et maintenant, Liesmith qui lance une politique pro-mutante, nous faisant presque croire que nous sommes bénis ?
Un type louche, pardon pour le pléonasme, c'est un politicien.

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