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❧ « There's no mercy, just anger I find » [PV : Neil Archer]

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Lun 22 Juin 2015 - 22:18
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« I will tear them apart »


La journée avait débutée comme toutes les autres. Levé à sept heures, un thé, quelques biscuits avalés plus ou moins de force pour éviter de me retrouver complètement claqué en milieu de matinée à peine, puis une douche. Une fois habillé, j'attrapai les clefs sur le guéridon dans l'entrée, refermai la porte à double-tour derrière moi, et descendis les escaliers. En sortant du hall de l'immeuble pour me retrouver dans la rue, j'eus un léger soupir. J'adorais mon nouvel appartement, à plus forte raison qu'il se trouvait dans un quartier tranquille et qu'il n'était pas loin de ma boutique de luthier, et que bonus des plus agréables, j'avais une grande véranda où mes plantes se plaisaient bien plus que dans l'ancienne. Cependant... Ce n'était pas pareil. Quelque part, rester là-bas me permettait de me raccrocher à mes souvenirs, ce qui était à la fois réconfortant et dérangeant. Un peu comme un objet dont on voudrait bien pouvoir se débarrasser mais qu'on ne trouve pas la force de jeter. Enfin, la question ne se posait plus, à présent. Suite aux plaintes des autres locataires quant à l'état déplorable de mon appartement, envahi par les ronces et végétaux en tout genre, j'avais été forcé de rendre les clefs et d'aller ailleurs. Au fond, ça m'arrangeait. Personne ne saurait où me trouver. Enfin, pas sans un minimum de recherches, tout du moins. Et quand bien même la Confrérie retrouvait ma trace... J'étais prêt à leur montrer de quel bois je me chauffe. Hors de question de me laisser marcher sur les pieds. Plus maintenant.

C'est un nouveau soupir que je m'arrêtai devant la porte de mon établissement. Presque comme un automate, je sortis le trousseau de clefs de ma poche, ouvris les volets métalliques, et commençai à remettre tout en place à l'intérieur. Une nouvelle journée de travail m'attendait, et il valait mieux l'aborder de bonne humeur, non ? Au moins de la meilleure possible...

Les minutes, puis les heures s'égrainèrent, lentement. Aujourd'hui, peu de personnes avaient poussé la porte de ma boutique. J'avais donc eu tout le loisir de travailler sur les instruments qu'on m'avait apporté à réparer la semaine précédente... Mais ce temps à rester seul avec moi-même était également une véritable plaie. Habitué à répéter les mêmes gestes encore et encore, je finissais toujours par laisser mon esprit divaguer. Et en général, je n'aimais pas beaucoup ce que pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de ressasser, encore et encore. Est-ce que les choses auraient été différentes si je lui avais dit plus tôt ? Si je n'avais pas été dans les rangs de la Confrérie ? Que ce serait-il passé si au lieu de fuir, j'avais décidé de rester, et de me défendre ? Tout un tas de questions qui me hantaient, et auxquelles je n'aurais jamais les réponses. A présent, je ne voulais même plus ne serait-ce que penser son nom.
Le cours de mes pensées fut interrompu par le tintement clair de la vieille horloge à pendule qui trônait contre l'un des murs de mon arrière-boutique. Dix-huit heures. Il était temps de remballer, et de rentrer. Une nouvelle journée de plus qui s'achevait, dans la monotonie.

De retour à mon appartement, mes activités ne furent guère plus passionnantes. Cuisiner le repas du soir, arroser et vérifier l'état de santé de mes plantes, aller jeter un oeil à ma boîte mail... Enfin voilà, quoi. Ceci dit, quelque chose vint perturber le train-train bien huilé de ma soirée.
Alors que je m'étais installé sur mon canapé pour lire tranquillement un livre, mon portable se mit à vibrer. Fronçant les sourcils, je jetai un oeil à l'heure. Presque minuit. Oui, la marmotte que j'étais en temps normal avait perdu le sommeil depuis quelques mois. Qui pouvait bien m'appeler à une heure pareille ? Je saisis mon téléphone. Billy. Il n'était pas en Californie, celui-là ? Enfin, que risquais-je à lui répondre, hein ? Au pire, s'il me sortait encore le numéro de l'amoureux transi, je pouvais toujours lui raccrocher au nez. Je décrochai donc.
... Je m'attendais pratiquement à tout. Sauf à ça. Billy avait eu vent qu'un petit groupe de Confréristes avait capturé un ancien soldat de la Purge, et l'avait emmené dans l'une des nombreuses planques que possède le groupe à travers tout New York. Cette information, d'ordinaire, je m'en serais fichu comme de ma première chemise. Mais là, je vous le donne en mille, l'homme en question... C'était Neil. Et Billy ne pouvait pas intervenir, étant effectivement comme je le pensais en Californie.

A peine avais-je raccroché que j'étais déjà sur mes pieds, fourrant le portable dans la poche de mon pantalon. Il y avait une nuance entre l'éviter, essayer de ne pas y penser de toutes mes forces, et le savoir en danger de mort. Car j'étais bien placé pour savoir ce que ces énergumènes avaient à l'esprit, lorsqu'ils refermaient leurs griffes sur un ennemi de ce genre... N'avais-je pas été ce même genre de monstre, après tout ?
Tandis que j'attrapai mes clefs puis dévalai les escaliers, je me mis à imaginer le pire. Et s'il était déjà trop tard ? Non. Je ne pouvais tout simplement pas l'admettre. J'avais besoin de le savoir en vie, quelque part, même si c'était loin de moi, pour continuer à respirer moi aussi. Peut-être parce qu'au fond de moi je gardais l'espoir un peu fou de le récupérer, un jour... Mais ce n'était pas le moment de me laisser aller à ce genre de pensées. Au contraire, je devais garder l'esprit clair. Cette nuit s'annonçait mouvementée.

Après avoir malmené plus ou moins sévèrement plusieurs de mes ex compagnons d'armes -plutôt surpris de voir débarquer un déserteur pile sous leur nez- je parvins finalement devant un petit immeuble abandonné, typique des années 50, dans un quartier presque désaffecté. La plupart des vitres étaient brisées, mais la porte principale paraissait étrangement solide. Renforcée de planches de bois clairement plus récentes que le reste. De plus, l'herbe folle qui poussait sur l'allée y menant avait été couchée par les pas de plusieurs personnes. Bingo.
La petite flammèche de colère qui s'était allumée juste après l'appel de Billy s'embrasa de plus belle. Là, j'étais franchement en colère. Comme le prouvait les quelques branches de ronces qui commençait à sortir de terre, dans le jardin en friche. La porte ? Réduite en cure-dents, ou presque. L'un des deux mutants qui montaient la garde n'eut pas le temps de réagir que je l'avais déjà égorgé, les épines d'un rosier sauvage déchirant sa chair. Le second, je lui liai les poignets et les chevilles solidement, avant de le plaquer contre le mur. Le tout à l'aide lierre. Puis, je m'approchai de lui, mes yeux droit dans les siens. Ce n'était qu'un gamin, lui aussi, pas plus de vingt ans. Les membres les plus expérimentés du groupe devaient être ailleurs dans l'immeuble, méfiance...

- Puisque tu ne te débats pas plus que ça, je suppose que tes pouvoirs ne te sont d'aucune utilité dans cette situation. Voilà qui m'arrange. ricanai-je sombrement en croisant les bras. Je te propose un marché. Vois-tu, je n'ai pas toute la nuit devant moi. Si tu acceptes de me mener là où vous retenez votre prisonnier, je te laisserais filer une fois que tout sera fini. Sous réserve que tu saches tenir ta langue, évidemment. Et si jamais tu devais dire un mot de ce qu'il s'est passé ici... Il se pourrait que je laisse malencontreusement tomber une goutte de mon sang sur ta peau.

Le visage du Confrériste vira soudainement au blanc. Bon, il avait donc percuté et savait qui j'étais. Ca pourrait servir. Il accepta d'être mon guide dans l'immeuble, et je relâchai donc ses chevilles, laissant cependant ses bras entravés. Sait-on jamais... D'autant plus que j'ignorais toujours la nature de sa mutation.
Nous marchions depuis environ deux à trois minutes, quand il m'indiqua une porte. Elle aussi solidement fermée. Pas de problèmes. Une nouvelle fois, je lançai une masse compacte de ronces s'écraser contre le bois, qui vola en éclats. Le battant pendait à présent, à moitié dégondé. Je pris le temps d'inspirer profondément... Avant d'entrer dans la pièce.

Totalement vide. Enfin, pas vraiment totalement. Solidement ligoté à une chaise, se trouvait Neil. A l'évidence, ses ravisseurs ne l'avaient pas ménagé. Prévisible. Le simple fait de l'avoir sous les yeux, là, juste là, me fit décrocher. Mon coeur fit un bond tel que j'aurais cru pouvoir le rattraper dans le creux de ma main, mon estomac se noua, et je me mis à trembler, sans qu'un seul son ne puisse sortir de ma bouche.
C'est le mouvement de mon otage, sur ma gauche, qui me remit les pieds sur terre. Je lui lançai un regard lourd de sens, en lui interdisant de bouger, tandis que j'allais défaire les liens de Neil.

- On a intérêt à faire vite, les autres doivent pas être bien loin. Et ils vont sûrement pas être ravis en voyant ce que j'ai fait à leur copain... Tu peux marcher, ça ira ?
- Non mais, t'es sérieux ? Je croyais que tu voulais lui faire la peau toi-même, moi ! Tu sais combien des nôtres il a tué, cet enfoiré ?!
- Je sais. Et tu voudrais pas gueuler plus fort ? Je crois qu'on t'a pas entendu du côté de San Francisco.

Le problème avec les extrémistes dans son genre, c'est qu'ils veulent rien entendre... Comme il allait se mettre à hurler -pour appeler les autres ou manifester son désaccord profond, allez savoir et je m'en tamponne le coquillard- j'attrapai une planche et l'assommai proprement, avant de m'approcher en sortant le petit couteau de poche qui me suivait partout. J'allais m'entailler un doigt... Mais j'arrêtai net mon geste. Je jetai un rapide coup d'oeil à Neil... Et remis la lame à sa place avec un léger soupir.

- On se bouge.
@ pyphi(lia)
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Mer 26 Aoû 2015 - 20:56
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There's no mercy, just anger I find
Allen & Neil
Il était en enfer.
S'il n'y avait pas eu le goût amer et aigre du sang dans sa bouche, inondant sa gorge, la douleur atroce qui perforait son torse, s'il n'y avait pas eu la sensation que même respirer était une action trop douloureuse et un mouvement contingent à éviter pour ne pas trop souffrir, il aurait pu croire qu'il ne s'agissait que l'un de ses cauchemars habituels. Plus de dix ans après son premier kidnapping et sa première expérience d'être incapable de se défendre, de faire quelque chose, de sauver la personne qu'il aimait, son cauchemar personnel le hantait encore, le faisant se réveiller en sursaut, en sueur, maudissant la nuit et le sommeil. Bien sûr, le fait de se réveiller au sein d'un foyer où l'homme qu'il aimait dormait paisiblement à ses côtés, où sa nièce encore enfant croyait son oncle assez fort pour la protéger des vicissitudes du monde avaient ajouté de nouveaux cauchemars - ceux où il échouait, où il les perdait, où il détruisait tout ce qu'ils avaient...ah tiens non ça c'était la réalité.

Sauf que Neil ne se souvenait pas qu'avoir des côtes cassées faisait aussi mal. Ce n'était pas la première fois qu'il était dans un sale état, mais c'était la première fois que cela faisait aussi mal, que la douleur ne le lâchait pas, plus intense que jamais et qu'il avait l'impression d'agoniser à chaque battement cardiaque, chaque respiration. La mutation d'un des mutants était sans doute en cause, et savoir que c'était une mutation qui le mettait dans cet état, que sa douleur ne provenait pas de ses blessures, mais de quoi au juste ? Une cause psychique ? Quelque chose fait à ses cellules nerveuses ? Cela le mettait hors de lui, de se sentir aussi faible et vulnérable, meurtri, sans que cela ait avoir avec sa propre résistance.

Mais apparemment, les mutants aimaient le voir souffrir. En théorie, ils n'auraient même pas eu besoin d'en venir à tel raffinement; le contact des liens sur ses poignets suffisait en tant que tel pour le faire sombrer au fond du trou et tomber dans la panique la plus profonde. Il n'aimait pas être attaché - c'était un euphémisme. Disons que cela tenait plutôt à de la phobie et il était présentement servi alors qu'il tentait de garder un calme relatif. Et de rester conscient tout court alors que la douleur envahissait chacun de ses muscles et que la panique lui coupait la respiration.

Il était tombé aux mains de la confrérie. Il n'était même pas surpris; plutôt surpris du temps que cela avait pris pour le mettre dans une telle situation. La partie cynique de son esprit  encore active dans son crâne ricanait, jugeant qu'il l'avait cherché, voire voulu. Bien fait pour sa tronche, et ne me dis pas que tu n'as pas voulu être capturé. Une part de lui l'avait voulu, surtout à une époque, mais Eilis, sa petite nièce adorée, la prunelle de ses yeux était une raison suffisante pour ne pas trop perdre les pédales et faire attention à revenir debout sur ses deux jambes;

C'était juste...surprenant, que cela arrive maintenant. Les premiers temps, il était persuadé qu'Allen allait se venger, d'une façon ou une autre. C'était bien loin de ce qu'il connaissait d'Allen, évidemment, mais le doux violoncelliste amoureux des plantes et de lui-même n'était devenu que la face immergée de l'iceberg. Après sa haine, sa colère et tout ce qu'il avait fait, voir soudain la Confrériste lancée à ses trousses - avec le soutien de son ancien patron, rien de moins - n'aurait pas été étonnant. Il s'était tenu sur ses gardes, avait envoyé son poing dans le visage de chaque foutu mutant qu'il avait croisé, voulant leur mort, exorcisant sa colère - et son chagrin. Mais ça, c'était venu plus tard. Voir ce visage qui le hantait penché au-dessus de lui lui au moment où on le rouait de coup aurait pu être une sorte de consolation. Tordue, certes, Neil aurait préféré voir Allen plutôt que ce gamin qui l'assénait de coups alors qu'il était lui-même attaché à sa chaise. Et pissant le sang et la culpabilité.

Neil Archer, vous êtes décidément pitoyable.

Ils lui étaient tombés dessus, bien décidés à lui faire payer ces actes des deux dernières années. Compréhensible, il avait tué ou envoyé en prison et à la torture des amis à eux.  C'était drôle, ils lui étaient tombés dessus au moment où il révisait son jugement sur eux, où il faisait lentement la paix avec les non-humains. Sa colère avait plus été contre lui-même, ou contre Allen que contre eux en tant que groupe. Il était humain, en serait toujours fier, mais il ne le haïssait pas. Il en aimait trop.  Ce kidnapping et les bleus qui violaçaient déjà sa cage thoracique, sa pommette et bientôt sa paupière étaient la preuve qu'il avait eu raison sur toute la ligne. Pile poil quand il était prêt à crever pour avoir tort.
C'était drôle, il y a encore quelques mois, le SHIELD l'aurait immédiatement cherché, envoyé une équipe d'extraction, mais avec ses conneries il était seul, les deux pieds dans la merde. C'était drôle, il y a encore quelques mois, il aurait été persuadé d'être une victime, et aurait été prêt à faire tout ce qu'il pouvait
A présent... Il avait autant de sang sur les mains qu'eux, Eilis pouvait se débrouiller seule et il n'avait pas vraiment d'amis à qui manquer.

Aussi, quand la porte... manqua d'exploser ou pas loin, malgré ses blessures Neil releva la tête, attendant un nouveau confrériste et se tint prêt à leur dire d'aller se faire foutre. Pour l'honneur et parce que à part leur cracher son sang au visage, il était plutôt démuni.  Re-dire précisons le pour des raisons narratologiques évidentes; une bonne vingtaine de minutes auparavant, il leur avait dit d'aller se faire foutre et que pour des mutants "si puissants" ils étaient bien peu créatifs, et que leur envoyer son poing au visage était aussi possible si on le libérait.  Sa clavicule portait encore la marque de la brûlure qu'il avait reçu en réponse et cela faisait un mal de chien.
Il l'avait cherché - la violence physique était un excellent exutoire, il le savait. Il le méritait.

Il ne s'attendait pas vraiment à voir Allen dans l'encadrement défoncé de la porte. Neil cligna des yeux, cherchant à remettre le monde à l'endroit, à y mettre un sens. Cela n'avait pas de sens et durant un long moment, le long moment où il croisa son regard il eut l'impression d'halluciner. Allen avait démissionné, quitté la Confrérie -  Billy n'avait pas de raison de lui mentir et si Neil avait caressé l'idée de s'en prendre à nouveau aux confréristes - sans joindre l'envie à l'acte ces dernières semaines - cela avait été dans l'idée que plus ils étaient morts, moins ils pourraient s'en prendre à lui. Allen ne pouvait être là.
Pourtant. Plus maigre que dans ses souvenirs, sa silhouette n'était pas conforme aux mémoires qu'il chérissait, mais c'était lui et lorsqu'il reprit la parole Neil décidé d'accepter ce fait. Même si ce n'était peut-être qu'une hallucination causée par la douleur ou la panique comme au bon vieux temps. Ou par des mutants, ce qui ne ferait pas la moindre différence au final.

- On a intérêt à faire vite, les autres doivent pas être bien loin. Et ils vont sûrement pas être ravis en voyant ce que j'ai fait à leur copain... Tu peux marcher, ça ira ? Neil hocha la tête malgré lui, avant même de vérifier si c'était le cas. Ses mains étaient libres, il était libre et il avait l'impression que les vingt kilos qui pesaient sur son thorax s'étaient fait la malle. Il inspira profondément l'air vicié de la pièce et se releva, chancelant.

- Non mais, t'es sérieux ? Je croyais que tu voulais lui faire la peau toi-même, moi ! Tu sais combien des nôtres il a tué, cet enfoiré ?! Je croyais aussi. La pensée, lancinante, poignarde son crâne et son coeur en rythme. En fait, si Allen décidait de lui en foutre une à l'instant, il ne pourrait pas lui en vouloir, pas alors tout ce qu'il avait envie était de se mettre à genou et de lui demander pardon. Et pas uniquement parce que tout son corps lui faisait mal. Mais ce fut le type qui se prit le coup et Neil fixa Allen au travers du brouillard de son crâne, tenant un couteau suisse en main pour le refermer presque aussitôt. C'était tellement surréaliste que l'anglais se contenta de fixer l'ancien confrériste, comme s'il ne l'avait jamais vu. Ou ne se remettait pas de le revoir.

"-Qu'est-ce que tu fais là ?"

Finit par demander Neil après un temps de retard. Il était encore capable de parler sans hurler et cela lui venait comme une surprise, que son ton puisse encore être calme et composé, quoique rauque. Il était loin d'être calme et composé. Parler, avaler sa salive tirait sur sa peau légèrement brûlait et lui rappelait que le sang perlait de sa lèvre, que toute sa mâchoire était ankylosée, sans doute bleue sous sa barbe de trois jours - il avait essayé, de reprendre les bonnes habitudes, mais n'était pas encore tout à fait frais. Aujourd'hui avait été une mauvaise journée dès le départ. Et ce n'était rien avec ce qu'il ressentait lorsqu'il regardait Allen.

Aujourd'hui avait été une mauvaise journée dès le départ. Et ce n'était rien avec ce qu'il ressentait lorsqu'il regardait Allen.  

"...Pourquoi tu es là ? Tu .. Si tu ne veux pas me tuer. Je croyais que tu n'étais plus dans la confrérie. "


Il avança d'un pas sans même s'en apercevoir, avant de s'arrêter, sans oser aller plus loin. Sans savoir s'il en avait envie ou s'il était capable. Il continua dans sa barbe, murmurant pour lui-même :

" Pas comme si j'étais censé être au courant de toute façon."

La panique à nouveau, la peur débilitante qui tort les entrailles, ne pas être à la hauteur. Un humain amoché face à un confrériste hautement dangereux. Dans un local plein de mutants qui veulent sa mort. Peut-être préférait-il être tabassé à mort par des inconnus, au final. On se bouge. Neil ne retient pas un rictus - ça allait être drôle tiens. Il tendit la main - sa main libre, remarqua-t-il soudain alors qu'il réalisait que son autre main s'appuyait au mur pour veiller à son équilibre - bloquer la douleur, bloquer les sentiments contradictoires qui l'envahissaient, se concentrer comme s'il était en mission avec l'envie de tuer. Il quitta enfin Allen du regard pour le poser sur le couteau, sur la porte, sur ce qui l'attendait. Et s'adossa finalement au mur, s'efforçant de garder un visage impénétrable et le ton nonchalant, malgré une grimace.

"- Je peux avoir le couteau au moins ?"


A tout hasard.
© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart


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Mer 26 Aoû 2015 - 22:45
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« I will tear them apart »


Je crois que personne ne me croirait, si jamais je racontais ça. Ou tout du moins, on aurait du mal à me croire suffisamment stupide pour accourir de cette façon au secours d'un homme qui m'avait plus ou moins littéralement brisé le coeur. Enfin, non. Pour être tout à fait exact, il faudrait que je dise qu'il avait arraché mon coeur de ma misérable carcasse pour le piétiner allègrement sur un sol couvert de verre pilé. Là. Avec une métaphore de ce genre, on approche déjà bien plus de la vérité, si vous voulez mon avis. Et vous voulez que je vous dise ? le pire, dans tout ça, c'est que je n'avais jamais voulu tomber amoureux. En fait, je ne voulais plus être proche de qui que ce soit, plus depuis ce malheureux accident... J'avais beau me répéter en boucle qu'au fond je n'y étais pour rien, qu'à l'époque je ne pouvais pas savoir que mon sang était devenu un poison mortel avec l'éveil de mes dons de mutant, au plus profond de moi... Je me sentais coupable du décès de ma mère. Empoisonnée pour le seul crime d'avoir soigné son fils qui, encore une fois, avait désobéit pour partir explorer... Tsss, je ne me rappelle même plus.
Alors, je n'avais plus jamais laissé la moindre personne m'approcher. Physiquement ou sentimentalement. Plus les gens restaient loin de moi, et mieux je me portais. Du moins, c'est ce dont j'essayais de me convaincre. Malheureusement pour moi, faire la connaissance de Neil -puis d'Eilis- ne fit que rouvrir cette vieille plaie, que j'avais fini par si bien maquiller que j'en avais oublié jusqu'à l'existence. Pour la première fois depuis des années, j'avais réalisé l'étendue de ma solitude, et à quel point ça me rongeait. Résultat des courses ? Moi qui d'ordinaire gardait bien solides pour les murs que j'avais érigé au fil des ans, avais décidé, pour une fois, de laisser quelqu'un les passer. Après tout, ça ne pouvait pas me faire de mal, n'est-ce pas ? Quelle naïveté de ma part...

Dans ce cas-là, qu'est-ce que je faisais là, hein ? Mais oui, c'est vrai. Qu'est-ce que je foutais là ? Cette question paraissait d'une telle évidence que ce furent même les premiers mots qui s'échappèrent des lèvres en piteux état de Neil. Et si seulement il n'y avait eu que ses lèvres dans cet état, bordel... Ce que je faisais ici ? Ah ! Il faut croire que j'étais suffisamment con pour risquer de me faire tuer, tout ça pour quelqu'un qui pourtant, m'avait jeté sans le moindre ménagement quand il avait appris ce que j'étais réellement. Je sais que je ne suis pas le plus doux des mutants -je laisse volontiers ce titre à d'autres, et je ne doute pas que le joyeux détenteur de la distinction se trouve dans les rangs des X-Men- mais, bon Dieu, lui avais-je jamais donné une seule raison de s'inquiéter de moi ? Je sais, je suis un monstre. Le fait que j'essaie de me racheter une conduite ne compte sûrement pas, n'est-ce pas ? Quitter la Confrérie... Voilà tout ce que j'avais fait de bien, en un an et demi.

Lentement, je pris une profonde inspiration. Avais-je vraiment envie de répondre à sa question ? Oui, et non. Je ne savais pas trop. Pourtant, il y avait cette petite voix, au fond de moi -ma conscience ? Si tant est qu'il m'en restait une- qui me murmurait que je lui avais trop menti. Que malgré tout ce que j'avais pu endurer à cause de lui ces derniers mois, je lui devais au moins ça. Et là, il ne pourrait plus me reprocher de le maintenir dans l'ombre.

- A ton avis, ça ressemble à quoi ? Je tire tes fesses d'abruti de ce guêpier, avant que tu ne finisses en mannequin d'entraînement vivant pour les jeunes recrues de la Confrérie. lâchai-je avec un soupir sec, agacé. Ce sont la suite de ses paroles qui me clouèrent sur place, trop surpris, trop choqué pour réagir. Pardon ? Moi, vouloir le tuer ? ... Etrangement, je sentis une vague de colère me submerger. Du moins, manquer de peu. Je serrai les poings et les mâchoires, me forçant au calme. Les ronces, qui jusqu'alors gisaient inanimées sur le sol, se mirent à se rétracter sur elles-mêmes, un peu comme les anneaux d'un serpent qui se tordrait de douleur. Jusqu'à preuve du contraire, ce n'était pas moi qui avais menacé de lui tirer dessus à bout portant s'il ne déguerpissait pas de l'appart', en me lançant à la tronche nombre noms d'oiseaux et pratiquement tout le mobilier du salon ! Lui coller mon poing dans les dents devenait soudain une perspective des plus agréables... Que je jugulai pourtant. Ce n'était pas le moment, et il était déjà en sale état.

- Non, je ne veux pas te tuer. Si j'avais voulu le faire, ce serait fait depuis longtemps. Et je ne t'aurais... Laisse tomber. grognai-je. Non. Non, je ne fais plus parti de la Confrérie. Je suppose que c'est Billy qui a vendu la mèche. Et tu sais ce qu'il y a de super drôle, dans toute cette histoire ? Mais de vraiment tordant, tu vas voir, tu vas pas pouvoir t'empêcher de rire... Contrairement à beaucoup de nos anciens membres, je me suis pas tiré comme un voleur, je l'ai dit à Magneto. Et tu sais quoi ? Il l'a bien pris, il m'a compris. Lui, il m'a dit qu'il me foutrait la paix, j'avais juste à me méfier des extrémistes comme les guignols qui t'ont embarqué, parce qu'ils ne sont pas fans des déserteurs. Et là, je te pose une question... A ton avis, il va réagir comment, Magneto, en apprenant qu'un de ses anciens lieutenants, qu'il a délibérément laissé filer, a attaqué et tué un groupe de ses bons vieux camarades, pour sauver la vie d'un ex purgiste dans ton genre ? Non, vas-y, devine...

Là, je préférais encore mieux me taire. Bordel, Neil ! Est-ce que tu réalisais un peu dans quelle merde j'allais être, moi, après ? Parce que même si je n'avais laissé aucun témoin en vie derrière moi, tu crois que les mutants qui manipulent les plantes comme moi je le fais ça court les rues ? Non ! Erik m'avait vu faire trop de fois pour ne pas reconnaître ma signature... Okay, préparez ma tombe et trouvez-moi un épitaphe respectable, parce que je n'allais pas survivre à cette vaste connerie.
J'arquai un sourcil en voyant Neil me tendre la main avec laquelle il n'était pas occupé à essayer de ne pas se casser la gueule. Comme je ne comprenais manifestement pas ce qu'il voulait, l'homme salement amoché s'appuya sur le mur. Son regard glissa vers ma poche. ... Mon couteau ? ... Bon Dieu, mais il est sérieux, là ? Pourquoi mon couteau ? Pour mieux me planter là maintenant et qu'on en finisse ? Ceci dit, au moins ce serait une question réglée...

Ceci dit... Je pouvais très bien m'en sortir sans cette lame. En témoignaient les nombreuses cicatrices qui couvraient l'intérieur de mes poignets, et qui elles, contrairement à celles plus larges et bien plus régulières marbrant mes bras et mon torse, n'étaient pas du fait des foutus laborantins de la Purge, mais bel et bien du mien. Lui, était désarmé. Le calcul était vite fait...
Avec un soupir, je sortis le couteau de la poche de mon pantalon, pour le mettre dans la main de Neil. Un rapide coup d'oeil à son état général m'informa que si je voulais qu'on sorte d'ici en vie... Il allait falloir que je donne un peu de ma personne. Bordel.

Rassemblant mon courage, je m'approchai de Neil jusqu'à pouvoir lui attraper le bras, que je passai par dessus mes épaules, et serrai sa taille d'un bras, de façon à pouvoir le soutenir aussi sûrement que j'en étais capable. Si je n'avais jamais été quelqu'un de particulièrement musclé, l'année qui venait de s'écouler n'avait rien arranger, au contraire. Si Billy n'avait pas été là pour me botter les fesses et me forcer à me reprendre, je me serais laissé dépérir. Manger et dormir avaient été des verbes inconnus de mon vocabulaire durant un bon moment... Alors là, je devais bien l'avouer, ma forme physique était franchement pas brillante. Mais qu'importe, j'allais devoir faire avec.

- Je ne veux entendre aucun grognement, on peut clairement pas se payer le luxe que tu clopines misérablement jusqu'à la sortie. Plus vite on sera dehors et loin, mieux ce sera. En espérant qu'aucun d'entre eux n'aient des pouvoirs qui rendent les miens totalement inutiles... sifflai-je entre mes dents alors que je passais ce qu'il restait de porte en supportant Neil comme je le pouvais.

Rien à gauche, rien à droite... Bon. C'était étonnamment calme, je doutais que ça dure... A vrai dire, je trouvais même ça louche. Mais je n'allais pas m'en plaindre. Nous nous trouvions au deuxième étage, il fallait donc rejoindre les escaliers. C'est tout naturellement que je me dirigeais dans cette direction... Jusqu'à ce que des voix me parviennent. Merde... La cavalerie venait d'arriver, avec ses gros sabots.
Réagissant au quart de tour sans vraiment réfléchir plus que ça, je reculai de quelques pas, pour finalement entrer dans l'une des vieilles chambres de la bâtisse, dont je refermai la porte aussi discrètement que possible. Je la bloquai aussi solidement que je pus, grâce à un mélange étroit de plantes grimpantes, après avoir déposé Neil à-même le sol, aussi délicatement que le permettait la situation. Je fis un pas en arrière, pour contempler mon travail. Ca ne tiendrait pas éternellement. Il nous fallait une autre solution.

- ... Les escaliers ne sont pas loin, tu crois que tu pourrais marcher jusque là, et sortir ? Je vais faire diversion, tu devrais en avoir le temps. Tu n'aurais qu'à te cacher dans le coin, je te retrouverai après. Honnêtement, je préférerais que tu ne sois pas dans le coin quand je... Paroles lâchées dans un souffle, sans même le regarder, lui tournant le dos, tandis que je remontai mes manches jusque mes coudes. Une goutte de sang, ça a vite fait d'atterrir là où il ne faut pas... Et si je le tuais, lui... J'allais devenir complètement dingue.
@ pyphi(lia)
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Mer 9 Sep 2015 - 23:05
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There's no mercy, just anger I find
Allen & Neil
Je connaissais ce visage par coeur, ces traits délicats, ce sourire que j'aimais tant et ces fossettes. J'étais tombé amoureux de lui et j'avais appris à le trouver à mes côtés à chaque fois que mes cauchemars me réveillaient. Puis je l'avais vu dans mes cauchemars, couvert de sang, mort ou pis, sans que je puisse y faire quoique ce soit. Puis, je l'avais cauchemardé, encore et encore, menaçant et m'emplissant de terreur. Me réveillant en hurlant de découvrir que la confiance n'était rien, qu'il m'avait menti, me tuer sans hésiter et sans difficulté. Le visage d'Allen ne m'avait pas quitté, demeurant sous mes paupières et dans mon coeur pendant plus d'un an. Un an et demi. Je l'avais noyé dans l'alcool et dans le sexe. Multiplier les visages et les corps, bousiller ma mémoire et mes sens pour essayer d'oublier ce visage. Et surtout l'expression que j'y avais dessiné la dernière fois que...je l'avais chassé comme un monstre.
Et pourtant, après un an et demi, je le reconnaissais toujours. Mais il était différent. Je ne pouvais le confondre avec un autre, je ne pouvais l'oublier, mais tant de choses avaient changé - dans son regard comme dans sa chair. Il était plus maigre que dans mes souvenirs et je n'aimais pas la lueur qui hantait ses yeux. Je n'avais aucun droit de ne pas l'aimer, pas après ce que je lui avais fait subir, pas après mes muscles fondus et le sang dégoulinant de mon visage. Et pourtant voir ses pommettes, le voir dans cette prison et ce cauchemar, à cause de moi. Voir les conséquences physiques de mon comportement. Cela me brisait le coeur, et me peinait. M'inquiétait.

Allen était venu en sauveur. C'était une idée aberrante, qui mis un temps affreusement long à faire jour dans mon esprit. Pas parce que je n'en avais pas l'habitude, pas parce que je le sous-estimais - au contraire, l'une des raisons pour laquelle je l'avais tant haï, chassé, c'était que je ne croyais que trop bien sa puissance et sa force, sa supériorité. Mais parce qu'elle n'avait pas de sens. Cela ne faisait pas sens dans mon esprit - qu'il me laisse là, à mon sort amplement mérité était plus logique. Pourquoi sauver l'homme qui avait été prêt à vous tuer, à vous déclasser de l'espèce humaine sans vous comprendre ou vous interroger plus avant ? Aujourd'hui, j'avais des regrets, si ce n'était des remords. Mais il y a un an, j'aurais peut-être détourné le regard en le trouvant dans les locaux du SHIELD. Non. Mon comportement face à Jack, mes paroles envers Billy...j'aurais peut-être pu me persuader être capable de détourner le regard, mais en aucun cas j'y serais parvenu. Mais Allen était un lieutenant de la confrérie, un mutant, dangereux, voué à notre domination, l'annihilation ou l'esclavage de la race humaine et débile.

Ou bien, Allen était toujours aussi bon. Toujours aussi sembable à l'homme dont j'étais tombé amoureux, éperdument, que j'avais admiré. Incapable de faire face à une araignée, mais tout aussi incompétent lorsqu'il s'agissait de me laisser mourir comme la merde que j'étais devenu, comme le purgiste cruel et sadique qui méritait chacun des coups que les mutants m'avaient donné. Qui avait sauvagement tailladé dans leur rangs, autant par plaisir que par devoir et qui ne parvenait toujours pas à le regretter tout à fait, dans tous les cas. Et pourtant, Allen se mettait en danger pour me sauver. Etait-ce un piège, une manipulation ? Le côté froid et calculateur d'agent en moi devait y penser, mais je ne pouvais croire. Et pourquoi faire ? Ils m'avaient déjà à moitié mort et attaché dans leurs locaux et je n'étais plus vraiment du SHIELD.

Je détestais me sentir menacé, impuissant à combattre la menace, puéril et victime. Mais être effrayé par sa moitié - ou son ex-moitié - ? C'était pire que tout. Et pourtant, je ne contins pas le léger mouvement de recul alors que l'ombre qui passait sur le visage d'Allen devint terrifiante. Ses mâchoires serrées, son regard dur, tout cela ne m'était pas connu, c'était une autre face de mon ancien amant. C'était le visage qu'il présentait dans mes cauchemars des derniers mois, et voir soudain mon cauchemar devenir réalité, et cette expression, réelle, m'être destinée, c'était comme se prendre un coup de plus dans l'estomac. Infinement plus douloureux que ce que j'avais subi, surtout alors que les ronces semblèrent prendre vie autour de nous.

"-Allen.."


Ma voix était faible, presque inaudible, un réflexe et un murmure autant qu'une prière. Elle n'avait pas d'objectif défini, pas de but et n'attendait pas de réaction particulière – la pitié autant que la mort verte m'étreignant, j'étais prêt à tout, mais mes tripes se nouaient à voir la végétation se mouvoir autour de nous. Allen ne fais pas ça. Même si je le mérite, même si tu promets de ne pas le faire, cette peur, je craignais qu'elle ne me quitte jamais, la monstrueuse.

Mais la mort et la douleur ne vinrent pas. A leur place, ce fut la voix d'Allen qui m'atteignit " Non, je ne veux pas te tuer. Si j'avais voulu le faire, ce serait fait depuis longtemps. Et je ne t'aurais... Laisse tomber. Non. Non, je ne fais plus parti de la Confrérie. Je suppose que c'est Billy qui a vendu la mèche. Et tu sais ce qu'il y a de super drôle, dans toute cette histoire ? Mais de vraiment tordant, tu vas voir, tu vas pas pouvoir t'empêcher de rire... Contrairement à beaucoup de nos anciens membres, je me suis pas tiré comme un voleur, je l'ai dit à Magneto. Et tu sais quoi ? Il l'a bien pris, il m'a compris. Lui, il m'a dit qu'il me foutrait la paix, j'avais juste à me méfier des extrémistes comme les guignols qui t'ont embarqué, parce qu'ils ne sont pas fans des déserteurs. Et là, je te pose une question... A ton avis, il va réagir comment, Magneto, en apprenant qu'un de ses anciens lieutenants, qu'il a délibérément laissé filer, a attaqué et tué un groupe de ses bons vieux camarades, pour sauver la vie d'un ex purgiste dans ton genre ? Non, vas-y, devine..."

Je ne devinais que trop bien. J'étais mort à l'intérieur et du feu liquide coulait dans mon coeur dans mes veines, sciant mes jambes. Je sentis ma gorge se serrer, en parfait accord avec mon coeur. J'avais envie d'hurler, de tomber à genou, de reculer le temps, de retourner m'asseoir sur ma chaise, d'y baisser la tête et de prier pour qu'il soit épargné. Il ne méritait pas de mourir pour mes conneries.
Je n'avais pas cherché, pas cette fois-ci, ce guet-apens là m'avait surpris dans une vie de doux citoyen bien élevé, mais tant de fois je l'avais cherché. J'avais cherché l'affrontement, mérité la colère des confréristes, enlevé les leurs.

Je ne vaux pas le coup, j'avais envie de le lui dire, de lui enjoindre de foutre le camp sans s'occuper de mes fesses de purgiste et de meurtrier. Je ne vaux pas le coup que tu retournes dans la Confrérie, encore moins que tes frères, tes amis et anciens camarades se retournent contre toi. Fous le camp et ne retourne pas, je suis désolé. J'en avais des sérénades pitoyables en réserve pour lui enjoindre de ne pas faire ça, de ne pas prendre ce risque, de ne pas me sauver la vie. Mais ma voix ne passa pas ma gorge, mes cordes vocales étaient bloquées, mortes. Et je me contentais de le regarder avec stupdeur et incompréhension, crainte pour lui, crainte pour moi, admiration et désir de le protéger mêlés. Souffrance aussi, alors que ma bouche, ma mâchoire réprimaient les mots que j'aurais voulu faire sortir, mais qui n'existaient pas hors de mon crâne.

Je ne retrouvais l'usage de mes membres – à défaut de la parole – que lorsque Allen se décida à me confier son couteau de poche. C'était tellement mesquin et inutile, mais une bulle de soulagement éclata dans ma poitrine lorsque ce poids métallique se retrouva dans ma main, lorsque mes doigts se refermèrent sur le petit outil froid et cruel. J'aurais aimé pensé qu'il s'agissait d'une marque de confiance de la part d'Allen, mais qui pouvait-on bluffer ici ? Je ne pourrais jamais le tuer, pas dans mon état actuel, même avec l'artillerie lourde. Mais pouvoir faire jouer la lame entre mes doigts, sentir sa réalité sous mes doigts, sa lame affutée, cela me faisait un bien. Me rassurait un tant soit peu quant à ma capacité à planter le prochain bâtard qui chercherait à s'en prendre à nous. A condition qu'il arrive à moins d'un mètre de moi, lentement, désarmé, et sans mutation.

Je lançai un coup d'oeil à Allen, inquiet et curieux quant à la suite, lorsqu'il se rapprocha soudain de moi – trop vite, trop près. Je n'eus pas le temps de me raidir avant son approche, mais lorsqu'il saisit mon bras, tout mon corps se tendit. Attendant le coup, manquant un battement cardiaque répandu dans tout le corps. Cela faisait tellement longtemps. D'être contre Allen ou d'être contre quiconque – mes étreintes de la dernière année ne comportait pas vraiment d'étape "dans ses bras". Encore moins " le porter au travers d'une planque confrériste pour lui sauver la vie". Son corps contre le mien, son odeur qui n'avait pas changé, la familiarité dans l'étrangeté et l'envie irrésistible de me blottir contre lui – mon corps douloureux n'y changeait rien, au contraire. La boule dans ma gorge se renforça, et je battit frénétiquement des cils pour chasser les larmes qui y naissaient. Je détournai la tête, cachant mes yeux pleins de larmes pour regarder ailleurs. "- Je ne veux entendre aucun grognement, on peut clairement pas se payer le luxe que tu clopines misérablement jusqu'à la sortie." L'envie de grogner sur ma virilité émasculée, ma dignité égratinée et mes ressentiment généraux vis à vis de me sentir dépendant de quelqu'un, je l'étouffai. L'envie de grogner de douleur alors chaque mouvement me faisait un mal de chien, c'était plus difficile et je serrais les mâchoires à m'en éclater les dents – réveillant d'autres douleurs, le sang dans ma bouche, ma mâchoire fracassée. Je transformai mon gémissement-grognement-toux-mort-imminente

"-Je suis trop lourd pour toi,"

C'était vrai, j'avais toujours été plus lourd que lui malgré ses centimètres en plus. Et ça ne s'était pas arrangé.
A part ça, je me laissais sagement trimballer d'un côté, puis de l'autre. Je n'avais pas la moindre conscience d'où nous étions, de la destination où il m'entraînait. Seuls subsistaient la chaleur contre moi et la douleur en moi, ainsi que l'irrévocable décision de ne pas me plaindre, de ne pas laisser filtrer un son et surtout de ne pas être un poids mort, de me faire le plus léger possible. Cela prenait toutes les forces qui me restaient et en bonus mon opiniâtreté caractéristique.

Jusqu'à ce qu'Allen me dépose et déballe son flot de conneries.

- ... Les escaliers ne sont pas loin, tu crois que tu pourrais marcher jusque là, et sortir ? Je vais faire diversion, tu devrais en avoir le temps. Tu n'aurais qu'à te cacher dans le coin, je te retrouverai après. Honnêtement, je préférerais que tu ne sois pas dans le coin quand je... Je secoue la tête avant même qu'il ait fini de parler. Les lèvres serrées, crispées à m'en faire mal - et j'ai mal, je sens le sang couler le long de mon menton et secouer la tête me donne le vertige, vrille mon crâne dans tous les sens. Pas ça qui va m'arrêter.

"-Hors de question."

Ma voix est dans un souffle, encore moins audible que les paroles finales d'Allen, mais elle n'est pas pour autant faible. Tout ce que j'ai de détermination est contenu dans ces trois mots. Va te faire, Allen, c'est non.Non, non. Je crois pouvoir marcher jusque là et sortir, je crois en être capable, oui. En être capable, c'est véritablement une question plus douteuse. Sujette à question. Pour ne pas dire problématique. Quant au fait que je me croye capable de le faire, moralement ? Hors de question. S

"Je ne pars pas sans toi."

Je relève le regard vers lui. Je dois avoir l'air d'un chiot pitoyable, mais mon regard ne vacille pas. D'un battement de paupières je chasse les dernières traces des larmes qui embuaient mes yeux. J'inspire profondément, soutenant son regard avant de le détourner. Je ne peux plus le fixer. Toute ma vie je suis parti, j'ai fui. Là, je refuse;

"- Je ne te laisserai pas me défendre pendant que je me casse. Je ne comprends pas pourquoi...pourquoi tu veux sauver mes fesses de là. Je ne vais pas aller beaucoup plus loin à ce rythme, et de toute façon, ça ne vaut pas le coup. Je ne vaux pas le coup."


Je ne veux pas me cacher, le simple fait de devoir rester là et d'attendre qu'il me défende comme un preux chevalier me tue. En temps normal, je voudrais prendre les choses en main. Mais quoi, tuer une bande de mutants extrêmiste avec un couteau de poche ? A cloche-pied en crachant mes poumons ? Ce serait une mission suicide même en bon état, même avec un flingue ou un couteau de combat, mais je l'aurais fait ( n'était-ce pas la mort dans la figure d'Allen que je cherchais depuis tant de temps lorsque je me jetais à corps perdu dans l'extermination des siens ? ). Là ? Proposer d'accompagner Allen, c'était le mettre en danger.
Non, j'avais une bien meilleure idée.

"-Laisse moi là, va-t-en. Faufile-toi, fous le camp. N'attaque pas, ne tue pas tes camarades et tu auras une chance d'échapper à leur vengeance : si Magneto t'as laissé une seconde chance, de foutre le camp loin de.. ça, de ma merde, prend la. Je vaux certainement pas le coup : ils m'en veulent et ils ont raison. Tu as raison de m'en vouloir, tu ne me dois rien, certainement pas...ça. Meurs pas pour mes conneries."

Je me cale contre le mur, comme si cette position pouvait calmer la douleur qui me transperce, dans le coeur et dans le corps. Je serre le couteau à m'en blanchir les jointures, car je n'ose plus serrrer les dents, ni même fermer la bouche, laissant passer un souffle pénible.

"Ne m'oblige pas à t'insulter encore une fois pour te faire partir, ni à te rappeler le purgiste que je suis vraiment, celui qui a mérité que tu l'achèves. " Un sourire narquois, un rictus éclaire mon visage alors que je referme les yeux. "J'ai cru que j'allais te tuer. J'ai massacré des monstres, beaucoup, et avec plaisir, alors à part si tu veux me garder pour plus tard, je te conseille de les laisser faire. Ou, si tu veux redorer ton blason, je doute que ce couteau entaille beaucoup de ronces mutantes. "

Dites moi qu'il se sauve comme il me l'a conseillé.


© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart


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Jeu 10 Sep 2015 - 20:07
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« I will tear them apart »


Oh, à quel point j'aurais voulu pouvoir oublier… L'oublier lui, les moments qu'on avait passés ensembles, même les plus insignifiants, j'aurais aimé être capable de tirer un trait sur Neil, et sur toutes ces choses qu'il m'avait fait découvrir. Seulement voilà, je n'avais pas pu. Comme si tout s'était irrémédiablement gravé dans chaque fibre de mon être, encore plus efficacement que l'artisan ne taillait des lettres dans la pierre. Le temps érode la roche. Pas mes souvenirs. Pas mes sentiments. A vrai dire, chaque jour qui passait j'avais l'impression que tout me revenait encore plus fort qu'avant, chaque fragment de mémoire me paraissait plus lumineux, même dans les pires instants. Au risque de me rendre complètement fou. J'aurais tellement voulu avoir la force de tourner la page, bon sang… Mais tellement… Tout aurait été bien plus simple si j'avais pu m'en détacher. Mais comment aller de l'avant quand le visage de l'homme qu'on aimait -et qu'on aime encore malgré tout – ne cesse jamais de nous hanter ? Chaque inconnu aux cheveux bruns que je croisais prenait momentanément les traits de Neil, me torturant bien malgré moi, mon coeur faisant un bond dans ma poitrine à chaque fois.
Même maintenant, dans cette situation absolument pourrie, je ne pouvais pas empêcher ma mémoire de faire remonter de vieux souvenirs. Souvenirs d'une vie en commun paisible, qui me manquait. C'était la première fois de mon existence que j'avais goûté à ça, et bien qu'au début j'ai été assailli d'un certain nombre de craintes, j'avais rapidement trouvé ma place. J'étais heureux, comme je l'avais rarement été ces dernières années. Et même si Neil ne me disait jamais qu'il m'aimait avec des mots, il avait sa manière de me le faire comprendre, à travers des gestes et des regards tendres qui ne voulaient définitivement pas s'effacer de ma mémoire. Du moins, c'était ce que je croyais, à l'époque… Aujourd'hui, j'en étais venu à douter de ça. M'avait-il jamais réellement aimé ? N'avait-il pas fait qu'abuser de ma naïveté et de l'innocence qui était la mienne à cette période-là de ma vie ? Etait-il capable d'aimer quelqu'un d'autre que sa nièce, en fait ? Des interrogations qui me tuaient littéralement, et auxquelles je n'étais pas certain de vouloir des réponses… J'avais la sensation qu'elles ne me plairaient pas.

Tout comme je n'avais pas aimé lire la peur qui s'était installée sur le visage de Neil, lorsque j'avais cru céder à la colère. Comme si j'allais lui faire le moindre mal… Certes, ce n'était pas l'envie qui m'en avait manqué, autant être honnête, mais bon sang ! Est-ce que j'avais vraiment l'air d'être un monstre ? D'accord, j'en étais sûrement un, mais à ce point-là… Quel intérêt pour moi de venir jusqu'ici, de risquer ma peau, si ce n'était au final que pour le tuer de mes propres mains ? … Très bien, je n'ai rien dit, pour certaines personnes, ce genre de choses sont totalement compréhensibles, et même acceptables. Mais pas pour moi. Non, pas pour moi. Je valais mieux que ça. Au placard, Crimson Poison. Je n'avais pas claqué la porte de la Confrérie pour retomber dans mes vieux démons. Et peu importait pour qui.

Je mentirais si je disais que je n'avais pas « apprécié » de ressentir à nouveau le contact du corps de Neil contre le mien. Malgré la situation dans laquelle on était fourrés jusqu'au cou, j'avais senti mon estomac se nouer, et mon coeur s'emballer un peu plus. Combien de fois avais-je rêvé de retrouver la chaleur rassurante de son étreinte, exactement ? Combien de fois avais-je prié pour que ces dernières semaines, ces derniers mois, ne soient qu'un vaste mauvais rêve ? Un cauchemar dont j'aurais fini par me réveiller, pour constater que je me trouvais dans le lit de Neil, chez lui, et que ce dernier dormait là, juste à côté de moi. Que rien n'avait changé. Malheureusement, c'était la réalité, aussi détestable soit-elle. Et au lieu des retrouvailles idéalisées que je m'étais autorisé à fantasmer lors des tout premiers jours, c'était un Neil ensanglanté et brisé d'à peu près partout que je transportais au travers d'un véritable nid à ennemis. Tsss, tu parles d'une ambiance… Je ne tins évidemment pas compte de sa vague protestation. Trop lourd pour moi… Que je me souvienne, tu ne te souciais pas vraiment de ça, à l'époque, quand tu me faisais l'amour, hein, Neil ? …. Bon, là j'avoue que je suis vache. Passons.

"-Hors de question."

Ces trois petits mots suffirent à me figer sur place. Bon Dieu, mais il n'allait pas encore me faire le coup de son ego de mâle dominant mis à mal, non ? On ne jouait plus, là ! La situation était on ne peut plus sérieuse. A tel point que je n'étais même pas certain de pouvoir nous tirer de là en vie, maintenant que j'y pensais plus sérieusement… Lui tournant toujours le dos, n'osant pas reporter mon regard sur lui. Pas encore. Pourquoi ? Moi-même je n'aurais pas su le dire…

"Je ne pars pas sans toi."

Là, mon coeur réussit un beau paradoxe. Il bondit et se serra à la fois, tandis que, lentement, je me tournai pour enfin poser mon regard sur le visage de Neil. Qu'est-ce que je devais comprendre ? Dis-moi, ne  me laisse pas dans le flou, je ne le supporterai pas. Soudain, je remarquai les sillons que des larmes avaient creusées sur ses joues pleines de poussière et de tâches de sang, ses yeux rougis. Il avait pleuré… ? Mais pourquoi ? J'avais fait ou dit quelque chose ? Ou bien ses nerfs avaient-ils tout bonnement lâchés ? Mais si… Si c'était rapport à quelque chose que j'avais fait, est-ce que ça voulait dire que, quelque part, j'importais encore à ses yeux ? Bordel, si je continuais comme ça j'allais finir par devenir complètement dingue ! Quand bien même son affirmation me réchauffait le coeur et ravivait la petite flammèche de l'espoir au plus profond de moi (ce qui d'ailleurs toucherait au sadisme suprême si par la suite Neil soufflait ladite flammèche), je ne pouvais pas… Eh bien, je ne pouvais tout simplement pas bouger d'ici avec lui, et encore moins sans lui. L'abandonner derrière moi ? Plutôt crever. Il soutint mon regard quelques instants, avant de finalement le détourner, sans que je comprenne réellement pourquoi.

"- Je ne te laisserai pas me défendre pendant que je me casse. Je ne comprends pas pourquoi...pourquoi tu veux sauver mes fesses de là. Je ne vais pas aller beaucoup plus loin à ce rythme, et de toute façon, ça ne vaut pas le coup. Je ne vaux pas le coup. Laisse moi là, va-t-en. Faufile-toi, fous le camp. N'attaque pas, ne tue pas tes camarades et tu auras une chance d'échapper à leur vengeance : si Magneto t'as laissé une seconde chance, de foutre le camp loin de.. ça, de ma merde, prend la. Je vaux certainement pas le coup : ils m'en veulent et ils ont raison. Tu as raison de m'en vouloir, tu ne me dois rien, certainement pas...ça. Meurs pas pour mes conneries."

Okay, reste calme, Allen. Pense à de jolis champs de fleurs, un charmant après-midi de printemps… Loin, mais alors très loin, à des années-lumières même de toute cette merde. Est-ce que ça marchait ? Bof. Il fallait que je trouve une technique plus convaincante que ça. A la fois blasé et quelque peu agacé (il avait toujours eu un don pour ça, quand on était ensemble), je pris l'arête de mon nez entre deux doigts, fermant les yeux en prenant une profonde inspiration. Plus aveugle que lui, était-ce seulement possible ? Parce que là, j'avais de sérieux doutes. Est-ce que je lui en voulais ? Oui. Peut-être pas pour ce qu'il croyait, mais oui. J'avais été furieux contre lui pendant un bon moment, pour être parfaitement honnête. L'avais-je détesté pour autant ? … J'aurais voulu en être capable, mais non. Pas la moindre once de haine ne m'avait traversé le coeur, à aucun moment. Pourtant, j'en aurais eu le droit. Je voulais le haïr, et je m'y étais efforcé de toute ma volonté, sans succès. Quelque part, je le comprenais. Les mensonges que je lui avais sortis, les secrets que j'avais pour lui, rien de tout cela n'avait été correct, et j'en avais conscience aujourd'hui. Seulement, il était trop tard pour ce genre de choses. Aussi préférais-je garder le silence, et tant pis pour ce qui me brûlait la langue, et que je rêvais de pouvoir enfin lui balancer en pleine face. Ce n'était ni le moment ni l'endroit le plus approprié pour ce genre de choses. Une autre occasion se présenterait bien, après tout… Du moins, je l'espérais. Et au cas où, j'irais le trouver moi-même, s'il le fallait.

"Ne m'oblige pas à t'insulter encore une fois pour te faire partir, ni à te rappeler le purgiste que je suis vraiment, celui qui a mérité que tu l'achèves. J'ai cru que j'allais te tuer. J'ai massacré des monstres, beaucoup, et avec plaisir, alors à part si tu veux me garder pour plus tard, je te conseille de les laisser faire. Ou, si tu veux redorer ton blason, je doute que ce couteau entaille beaucoup de ronces mutantes. "

… Alors là, il venait de dépasser les limites. Tout le monde -ou pratiquement- s'accorde à dire que je ne suis pas quelqu'un de contrariant. Patient et conciliant, je suis le genre de personne auquel on peut sortir à peu près tout et n'importe quoi sans qu'elle ne s'emporte. Mais vraiment. J'encaissais presque tout en silence. Mais là… Là ! C'en était trop. Même pur moi.
Soudainement très en colère, je ne me maîtrisai plus vraiment. Ni une ni deux, je le saisis par le col pour le soulever et le plaquer sans ménagement contre le mur, l'adrénaline du moment me donnant plus de force que je n'en avais d'ordinaire. Mes yeux fichés dans les siens, mes doigts serrés autour de son vêtement si fort que les jointures en devenaient blanches, je me mis à articuler sèchement, d'une voix rendue presque rauque par la colère et la peine qui remontait bien trop brutalement à mon goût :

« Ecoute-moi, attentivement, Neil Archer, parce que je ne compte pas me répéter. L'époque où je t'obéissais bien sagement est définitivement morte, alors n'espère pas me voir agir selon le bon vouloir de monsieur, parce que tu serais foutrement déçu. Magneto me laisserait tranquille si je fuyais comme un chien la queue entre les jambes maintenant, tu crois ? Je ne crois pas, non. Le cadavre d'un de ses hommes gît déjà au rez de chaussée. Il est trop tard pour que je me dégonfle. Et de toute façon, je ne serais pas parti. Pourquoi je veux te tirer de là ? Mais parce que je t'aime encore, pauvre con ! Tu peux pas savoir à quel point j'ai rêvé de pouvoir tourner la page, à quel point j'ai supplié je ne sais quel force divine de me libérer de ce putain de fardeau qui me rongeait chaque instant un peu plus. Mais la triste vérité, c'est que je suis incapable d'oublier le salaud fini que tu es, et juste au cas où tu n'aies pas bien saisi ce que je viens de dire, je te la refais. Je ne t'abandonnerai pas ici. Ca te ferait plaisir de crever et d'avoir enfin la paix, hein ? Bah tu peux toujours rêver, je ne laisserai pas ça arriver ! Oh, et tu peux m'insulter autant que tu veux, vas-y, je t'en prie ! Il n'y a rien que tu ne m'aies déjà dit, de toute façon. J'ai fait la connerie une fois de prendre la fuite, je ne la ferai pas deux fois. Cette fois-ci, je reste, et je me bats. Tu n'es qu'un connard trop lâche pour avoir la force de t'éloigner toi-même, tu es tellement pathétique que j'en viens sérieusement à me demander comment j'ai pu avoir peur de toi. »

Pour être en colère, j'étais en colère. Furieux, même. Comment osait-il seulement me sortir des trucs pareils, à moi ? N'avait-il donc honte de rien ? De nous deux, qui était le véritable monstre, hein ? Après ce genre de paroles, j'avais de sérieux doutes. Pauvre abruti fini…
Sous l'impulsivité du moment et de mes émotions et nerfs mis à vif, j'eus cependant un geste que je ne m'expliquai pas. Mes lèvres se posèrent rudement contre les siennes, pour un baiser aussi abrupte qu'empli d'un désir que j'avais trop longtemps refoulé. Oh mon Dieu, j'avais oublié à quel point ça pouvait être bon de l'embrasser, de sentir le goût de ses lèvres (même si là il se mêlait à la saveur cuivrée du sang), d'avoir son odeur qui emplissait mes narines, et le contact presque rassurant de sa barbe de trois jours qui frottait contre ma peau… Un frisson me parcourut le dos sur toute sa longueur. Mon coeur allait finir par me lâcher avant la fin de cette histoire, si ça continuait comme ça. Lorsque je daignai enfin mettre fin à ce baiser, mes mains lâchèrent finalement le col de Neil pour se poser sur le mur, derrière lui, au dessus de ses épaules. Mon visage, quant à lui, se trouvait près, trop près du sien, presque joue contre joue.

« Je t'aime, pourtant, je t'aime à en crever, putain… Je t'ai jamais entendu me le dire, ne serait-ce qu'une seule fois, et pourtant je suis resté. Ce que j'ai pu être con… Tu as la valeur que je veux bien t'accorder, et si j'estime que tu vaux le coup, alors pour une fois dans ta vie tu fermes ta grande gueule et tu écoutes ce qu'on te dit, ça te changera. » lâchai-je dans un murmure, le souffle encore court, presque fébrile.

Puis, semblant soudainement reprendre du poil de la bête, je m'écartai, et sans lui accorder le moindre regard, je fis tomber la barrière de plantes que j'avais apposée sur la porte pour sortir de la pièce où nous avions trouvé refuge, refermant le battant de bois derrière moi, m'assurant que mon verrou végétal se remettait en place après mon départ. Tu ne voulais pas sortir d'ici ? Eh bien soit. Mais dans ce cas-là, tu ne sortirais pas de là tant que je n'aurais pas réglé la situation moi-même. J'espérais juste que les branchages tiendraient… Enfin, vu son état, il ne serait sûrement pas capable de grand-chose, même avec le couteau suisse qu'il avait en sa possession.

Après à peine quelques minutes de recherches, je parvins à trouver l'un des Confréristes présents ce soir. Lui, je le connaissais vaguement, et j'en savais juste assez sur lui pour savoir que son pouvoir ne lui serait d'aucune utilité contre le mien. En deux ou trois minutes à peine, il tomba sur le sol comme une poupée de chiffon, sans vie, des ronces encore étroitement enserrées autour de la gorge. Un de moins. Maintenant, au tour des autres… Et le plus vite serait le mieux, avant que Neil ne trouve à faire une connerie.
@ pyphi(lia)
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Dim 1 Nov 2015 - 23:58
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Allen & Neil

Littéralement armé en tout et pour tout d'un couteau suisse, j'étais donc face à face et seul à seul avec un mur de plantes. Bon côté : ces foutues plantes n'étaient pas fleuries et donc non porteuses de pollen et donc non-responsable de ma mort à très court terme. Autre joie profonde et exemplaire : mon ex-petit-ami mentionné plus haute était amoureux de moi et mes lèvres étaient encore rougies et douloureuse de notre baiser échangé.
A moins que cela ne soit des quelques (nombreux) poings dans la gueule que je m'étais pris dans diverses parties de mon visage ces dernières heures.
Je ne tenais sur mes jambes que difficilement, le dos encore à moitié appuyé contre le mur, tentant de reprendre contenance - mon souffle, mes esprits, mon impassibilité.

Quelque part dans mon dossier il devait avoir écrire en termes cliniques que j'étais 5 litres de sang froid. Que dans le feu de l'action je gardais la tête froide, un regard froid et clinique sur la réalité, que j'analysais les évènements pour les traiter sans émotion. Droit dans mes bottes et le revolver au poing. Allen avait l'habitude de me prendre par surprise ( qui a dit, sauter dans le bras par peur des araignées et puppy eyes à tort et à travers ? ) et fixant les nervures des feuilles qui me faisaient face, je tentais de reprendre le fil des images gravées dans ma mémoire. Comme écrites en lettres de feu, scarifiées dans ma chair.

L'idée qu'Allen puisse avoir peur de moi... A jouer avec le feu, on se brûle, n'est-ce pas ? Je l'avais voulu. Je l'avais menacé, je l'avais haï, chassé et je m'étais repû de cette peur - comme l'humain minable et faible qui se nichait sous mes prétendus forces et courage et qui se réjouissait de se croire supérieur à l'homo supérieur qui fuyait. S'il y avait bien une seule chose avec laquelle j'étais sur un total pied d'égalité avec les confréristes, c'était tout ce qui se trouvait au chapitre "torture, sadisme et violence". Mais lorsqu'il mentionnait sa peur de moi, qu'il puisse ( doive ? ) m'obéir ? J'avais le coeur au bord des lèvres, qu'Allen puisse penser cela de moi, qu'il puisse avoir peur de l'homme censé l'aimer et le protéger autant que j'ai pu le mettre en danger - qu'il soit irrémédiablement foutu pour être venu à mon secours - Je ne déteste rien de plus que d'être coincé, de voir mes options réduites et de n'avoir plus le choix. Et je ne voyais pas vraiment comment permettre à Allen de s'en sortir.

Je me dégoutais moi même et je ne sais quelles émotions avaient pu filtrer sur mon visage, si la rage blanche et froide que j'avais mimé s'était ébranlée. J'espérais être resté aussi bon menteur que j'étais censé l'être, même si je tremblais plus d'une colère contre moi que contre lui. J'ouvris la bouche, pour...je ne sais pas. Je ne sais pas vraiment les paroles que j'avais au bord des lèvres, mais ces mots furent promptement ravalés, mon souffle coupé lorsque Allen avait posé ses lèvres sur les miennes – violemment abruptement. A couper le souffle, à faire tourner la tête - littéralement. J'étais poussé contre le mur comme une vulgaire poupée de son brisée, et pourtant je n'opposais pas la moindre résistance. Pas le temps. Pas l'envie.

Mes doigts s'étaient crispés, se serrant en deux poings - étroitement refermées sur la veste que portaient Allen. Dans son dos, mais cela n'avait d'étreinte que le nom,alors que je l'agrippai comme si ma vie en dépendait. Mes doigts étreignaient le tissu, comme pour cacher leur tremblement soudain que personne ne pouvait voir, le saisissant comme si je ne voulais plus le lâcher. Je cessai de réfléchir, de penser pour me laisser embrasser, me jeter à corps perdu contre ses lèvres. L'envie de pleurer, de hurler alors qu'un désir, un besoin incontrôlable qui tordait mon ventre - rien à voir avec un désir physique ou sexuel, non. J'avais eu ma part depuis notre séparation. Cela aurait été trop facile. C'était au-delà. Cela faisait un mal de chien, physiquement et émotionnellement. Son visage était à quelques centimètres du mien, crispé de colère et prenant tout mon champ de vision. Tout mon univers. Mon coeur battait à tout rompre dans ma poitrine alors que j'étais jeté contre le mur comme une vulgaire poupée de son brisée.

Je l'avais rendu fou furieux, comme jamais je ne l'avais vu en colère. La colère, la violence, les crises, de nous, c'était toujours moi le salaud - le connard pour reprendre son terme, son mépris, sa haine. Le type qui envoie des mugs rencontrer la télé et qui fait quinze fois le tour du pâté de maison pour tenter de se calmer. Et qui rit vert à la tête de Captain America en personne quand on lui parle de yoga et autre méditations dont il aurait foutrement besoin pour apaiser ses relations avec autrui. Moi. Allen, le doux, le calme, au sourire qui le faisait fondre, dont les traits étaient soudain durs, et la colère blessante passant ses lèvres. Si cela n'avait pas été dirigé contre moi, j'aurais pu l'observer avec émerveillement, avec la même fascination que je l'avais observé à chaque heure, chaque minute de notre relation. Là ? J'étais irrésistiblement attiré par lui, comme une mouche dans les rêts d'une araignée, subjugué. Terrifié.

J'avais voulu qu'il me haïsse, qu'il se défoule sur moi et prenne la fuite, m'abandonnant à mon triste sort - m on ancien amant avait toutes les raisons de me haïr, et chacun des reproches était justifié. Mais les choses ne tournèrent pas exactement comme je les avais imaginé. J'avais sans doute sous-estimait le côté sombre de mon ancien amant, sa colère, son pouvoir de m'anéantir selon son bon vouloir. Surestimé mon courage et ma volonté d'en finir une fois pour toute. La peur, le monstre froid qui gelait chacun de mes muscles, me brisait de l'intérieur - lèvres encore entrouvertes, mon regard oscillant entre ses lèvres et ses yeux, je n'osais pas parler, pas bouger alors qu'il parlait. Et pourtant. Un baiser comme aucun de ceux que nous avions échangés par le passé. Ce n'était pas vraiment surprenant, rien n'était plus comment avant, tout était à reconstruire. Et je n'aurais pas du autant apprécier ce baiser au goût de sang et de violence où la peur, la colère et le désir se mêlaient. L'amour aussi, cela m'avait manqué, de le sentir contre moi, de l'aimer, de l'embrasse et même la colère qui grondait dans sa voix ou dans sa manière de l'embrasser ne parvenaient pas à surpasser l'impression laissée par le frisson qu'il m'avait communiqué comme si nous ne faisions qu'un, ni par le souffle qu'il laissait contre ma peau - j'étais habituellement si enclin à l'enlacer, l'embrasser, lui ou un autre, détestant perdre le contrôle, détestant me laisser aller aux sentiments.

Pourtant lorsqu'il me relâcha - me laissa en plan -, je restai pétrifié. Trop stupéfié - faible ? Ces paroles me faisaient plus mal que ma peau à vif, que mes bleus qui marquaient ma chair, que le sang qui tâchait ma peau livide. Je n'avais pas pensé que ses mots me feraient aussi mal. Pour la première fois de ma vie, je n'avais pas fuit la boule d'émotions qui me serrait l'estomac, me broyait le coeur. Pour ne rien gagner.

"-Tu crois..." J'empoignais le lierre qui me faisait face et tirait farouchement dessus " VRAIMENT" je m'interrompis pour reprendre mon souffle avant d'arracher vigoureusement une poignée de feuilles "que ça va m'arrêter ? " je rejetais ma poignée de végétaux contre la porte avec frustration avant d'envoyer mon poing frapper celle-ci. " Bordel !" Apparemment j'avais au moins un doigt de cassé, si la douleur qui lançait jusqu'à mon épaule était une indication fiable. " Comme si tu pouvais me laisser en plan. Comme ça. Après ça. Je ne suis pas lâche !"

Mais je gueule sur des plantes vertes, oui messieurs dames. Et enragé avec ça.
J'avais toujours fuit lorsque l'amour, les sentiments et surtout le concept d'engagement faisaient voir le bout de leur nez. Affronter des confréristes, des mutants, des super-vilains, souffrir, être torturé, manquer de mourir sans qu'un seul battement de mon coeur ne déraille par la peur, tatouer sur mon corps le nom de l'aimé une fois celui-ci perdu, ça je peux. Dire à l'homme de ma vie qu'il l'aimait ? Impossible. S'engager durablement, donner mon cœur en plus de mon corps ? Impossible. Fuir avant d'être blessé. Fuir avant d'être trahi. Comme les événements des derniers mois avaient donné raison à une vie passée loin de tout engagement sentimental, de toute relation impliquant des émotion réelles. Enchaîné sur place alors que tous mes sens me hurlaient de prendre la fuite. Me préserver d'abord, comme toujours. Bordel, il avait fait le contraire de ce qu'il avait toujours voulu – fuir et protéger.  Je n'avais rien offert à Allen finalement - un baiser volé, arraché, beaucoup d'insultes. Un semblant de bonheur, de vie normale, sans jamais lui avoir avoué ce que je ressentais - crois moi sur parole, je t'aime, je tiens à toi, mais je ne te le dirais pas. Je croyais dans les actions plutôt que les mots - et si je préférais mourir plutôt que d'arriver à m'extorquer quelque déclaration sentimentale, j'avais toujours pensé que mes actions suffisaient - ne pas fuir, l'aimer, le prouver, par des actes. Comme lui jeter des objets à la tête - quelle preuve d'amour que voilà !

Sauf que là, j'étais resté. Et alors que le couteau suisse pesait comme du plomb dans ma paume, je tentais de trouver une raison pour fuir. A part le fait que toutes mes cellules et mon instinct me hurlaient de fuir, d'obéir à Allen – non pas pour sauver ma peau, mais pour sauver mon coeur. Parce que si je restais, si on survivait, nous, "nous" devrions parler. Et j'étais désesperemment mauvais à ce jeu -  parce que je ne voulais pas voir la haine et le dégoût sur le visage que j'aimais. Parce que j'avais honte de chacun des mots que j'avais prononcé - honte aussi parce qu'ils comportaient tous une part de vérité, parce que je les pensais tous à un certain degré. Honte parce que ce qu'avait dit Allen, c'était vrai également. J'avais voulu qu'il me haïsse, en vain. Je ne sais à quel point il avait pu avoir peur de moi - mais s'il avait voulu me faire payer, il avait réussi.

Pour une fois dans ma vie, j'avais montré autant de courage face aux discussions douloureuses que face à l'adversité, et cela avait un goût plus âcre que prévu - j'étais lâche parce que je restais.

Hey. De toute façon hein. Présentement, je ne pouvais pas fuir. J'étais enfermé et comme un con devant une porte, abandonné comme une vieille chaussette incapable de se défendre, réduit en miettes, en une ombre d'homme, en une masse d'émotions qui ne demandaient qu'à s'effondrer. Sans un mot de plus, sans un regard de plus, il m'avait laissé luttant pour obtenir une bouffée d'air supplémentaire, un regard pour me sauver de la noyade et de mon cœur brisé. Fuck. Tu t'imaginais quoi, Neil, qu'il allait gentiment partir la queue entre les jambes parfaitement soumis et obéissant, terrifié par tes quelques insultes, après ce qu'il avait vécu ( par ta faute et celle de tous les tiens, ouais. Rappel douloureux. )

"-Ni pathétique," j'ajoutai dans un souffle.

Quoique. J'essuyai d'un revers de main le sang qui perlait de ma lèvre inférieure depuis notre baiser.

"Fuck !"

Respire Neil. Respire. Foutre un coup de pied à ce stupide lierre ne servira à rien, même pas à te faire te sentir mieux. Je frictionnais mon visage entre mes mains, ravivant les plaies et bleus qui s'y trouvaient - la brûlure eut le mérite de me faire reprendre mes esprits et je me rapprochais de mon adversaire végétal pour le désagréger de façon plus méthodique. Coup de couteau après arrachage vigoureux, je dégageais la porte. L'ouvrant d'un geste un brin agressif ( juste un brin ) je tombais sur la solution à tous mes problèmes, sur ce dont je rêvais  un l'instant; Un abruti de confrériste qui venait voir d'où venait le barouf et où était passé leur victime du jour.

"-Pas si vite," je lâchai dans un demi-murmure, attirant le mutant contre moi, dans ce qui pourrait sembler une étreinte s'il n'avait pas les quelques centimètres de couteau suisse planté dans une artère.

Mouvement vif comme l'éclair, réflexe plus naturel que mettre en route une théière, aussi facile que parler une langue étrangère pour moi - et tout aussi vivifiant, jouissif. Si j'ai la tête qui tourne, je ne sais trop si ce vertige me vient de mon mouvement brusque ou de l'excitation, la libération qui traverse mon corps. Un poids de moins sur mes épaules, le sang coulant à vive allure dans mes veines. J'inspirais, expirais, un air nouveau. Une chose après l'autre. Le métal glissa sans un bruit hors de la plaie, répandant le sang sur nos vêtement avant que je ne le lâche et le laisse retomber au sol . Quelque chose crépitait dans sa paume, danger mort en même temps que son maître, s'évaporant dans l'air. Les mutations ne sont qu'aussi performantes que leur maître.

Le suivant porte une arme - mon coude rencontre son nez, il dégaine son revolver, son poignet est tordu, ma lame dans son abdomen, la séquence d'événements n'a pas le temps de se dérouler devant mes yeux que son corps s'effondre et que je réunis mes forces pour l'enjamber sans lui marcher dessus. Je dégringole l'escalier à la suite d'Allen, ignorant vertement les restes de végétaux qui s'y trouve - vertement avec un brin de panique dans le coeur. Je suis concentré, efficace - paranoïaque, comme si j'étais encore dans une mission commanditée par le SHIELD.  Le revolver dans ma seconde main tire sur mon épaule mais son poids est réconfortant alors que je pivote au détour d'un couloir.

Allen. Au milieu d'un tas de cadavres et de fleurs, y avait-il meilleure métaphore ?  J'appuyais ma paume ensanglantée au mur, reprenant mon souffle alors que le couteau rencontrait le plâtre dans un crissement désagréable. Joyeux pourtant, lorsque je hélais mon partenaire - à bien des égards et dans bien des domaines, il y avait une étincelle dans mon regard et un sourire dans ma voix - bordeline rire contenu slash hystérique, quelque chose semblait s'être brisé en moi et je ne parlais pas que d'os.

"-Tu as fini ?"


A nouveau, le mélange de désir et de terreur me noua l'estomac, mais cette fois ma voix ne tremblait pas - plus. Assurée, presque provocatrice, comme lavée dans le sang qui avait coulé et dans l'adrénaline qui, autant que la douleur faisait trembler mes doigts et me maintenait debout. Sombre, noire, rauque, alors que mon regard ne cillait pas face à la silhouette d'Allen dont je me rapprochais d'un pas trop vif, trop brusque, lancé par la douleur à chaque pas. Lorsque j'avais rencontré Allen, et lorsque j'avais commencé à essayer de le séduire innocemment - j'avais l'impression que c'était il y a une décennie -jamais je n'aurais envisagé cette situation.  Et une part de moi, celle qui noire et sadique torturait et tuait depuis près d'un an pour, paradoxalement, oublier les images que la vérité avait fait naître dans mon esprit, appréciait ça.

"Tu aurais du t'en aller."


Soufflai-je doucement d'une voix calme et basse, presque un lugubre murmure, calculant l'espace entre nous, alors que mes yeux s'attardaient sur son visage, détaillant ses traits, soudain proche à le toucher, à déposer mon souffle court sur sa joue, à devoir lever les yeux pour l'observer, effleurer ses lèvres des miennes, sentir ses cils contre mon front, et le vertige me ravir, pour tomber dans ses bras, à demi évanoui.

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart


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Jeu 10 Déc 2015 - 14:10
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« I will tear them apart »


Croyez-le ou non, mais je m'en voulais de le laisser en plan de cette façon. Pas seulement parce que c'était aussi brutal que dénué de sens -quoique pas pour moi à cet instant-là- mais aussi parce que j'avais peur pour lui. Et si jamais des confréristes lui tombaient dessus pendant que j'étais occupé ailleurs ? Dans son état, je doutais franchement qu'il puisse faire grand chose pour se protéger... Déjà qu'en bonne santé et en pleine forme j'émettais des doutes ! Loin de moi l'idée de le sous-estimer, après tout, il avait brillamment survécu à la Purge, et il avait réussi à éviter les blessures trop graves ou aux justifications trop échevelées pour que j'en vienne à soupçonner quelque chose quant à ses véritables activités. Ceci dit, peut-être avais-je tout bonnement été trop aveugle... Je n'avais pas voulu voir la vérité, peut-être. Sûrement... Je sais, faire l'autruche n'a jamais rien apporté de bon à qui que ce soit, mais que voulez-vous, il semblerait que ce soit de famille... Je tiens d'ailleurs à remercier au passage mon père, qui semble être la personne de qui je tiens ce charmant trait de caractère, puisque depuis le décès de ma mère, il nie en bloc avoir un fils. Bien sûr, c'est beaucoup moins humiliant et blessant de renier son enfant plutôt que d'admettre qu'il est un mutant, évidemment, évidemment. Mais je m'égare.

Alors que je m'éloignais de la pièce dans laquelle j'avais donc laissé Neil en plan comme un vacancier abandonne un chien devenu trop encombrant sur le bord de la route -navré mais je commence à fatiguer, aucune autre image ne me vient- les doutes commencèrent à m'assaillir. Et si nos ennemis étaient plus nombreux que je ne l'avais estimé ? S'ils avaient des pouvoirs et des capacités qui dépassaient de loin les miennes ? Qu'est-ce que je pourrais faire, si l'un d'entre eux avait déjà donné l'alerte au quartier général, et fait remonter l'information jusqu'au leader actuel, puis jusqu'à l'ancien ? Grand Dieu, je ne ferais pas long feu contre Erik... Mystique, en toute modestie, ce serait facile. L'avantage de mon caractère associable, c'est qu'elle ne pourrait pas utiliser l'apparence de grand monde pour tenter de me coincer, et je saurais rapidement déceler la tromperie. Je connaissais trop bien chacun de mes proches pour qu'elle puisse me mener en bateau, ayant un naturel observateur, et pouvant passer de longues minutes à détailler les moindres faits et gestes de ces personnes que je côtoyais de près.
Non, ce n'est pas le moment de penser à tout ça, on se ressaisit, Allen ! Lentement, presque comme si tout ceci n'était qu'une petite promenade en forêt un dimanche après-midi ensoleillé, je me mis à arpenter le plancher pourri de cette vieille baraque. Oreille tendue et attentif, j'essayais de repérer les bruits qui pourraient me donner une indication sur la direction à suivre. Bon, déjà, ces planches de bois qui passaient leur temps à grincer sous chacun de mes pas, ça commençait à sérieusement m'agacer. Je m'immobilisai donc, et ramenai ma respiration au minimum, afin de mieux écouter ce qui se passait autour. Hum... Si j'en jugeais les lointains bruits de pas précipités qui venaient d'en dessous de moi, et le silence qui régnait au dessus de ma tête, tout le monde devait se trouver en bas. Quoique, il n'était pas exclus qu'il reste une ou deux personnes à l'étage où je me trouvais, mais enfin... Le plus urgent restait de nettoyer le chemin menant à la sortie.

Aussi discrètement que je le pus, je pris donc la direction du rez de chaussée, presque sur la pointe des pieds. Mais essayez d'être discret quand chacun de vos pas fait craquer et couiner le plancher... C'est dans ce genre de moment-là que j'aimerais être capable de léviter ou de voler, ce serait tellement pratique. Encore que, l'agitation qui régnait en bas jouait en ma faveur. Debout au sommet des escaliers, je tendis l'oreille pour écouter ce qui se disait. Enfin, les ordres qu'on aboyait, plutôt. Un frémissement me traversa le corps. Je connaissais cette voix. Oh, elle n'appartenait pas à quelqu'un que je considérais comme un ami, non et heureusement, mais en revanche... Sa propriétaire était quelqu'un de dangereux, et à bien des égards, surtout pour moi. Kira manipulait le feu. Ce qui était d'ailleurs la raison pour laquelle je ne pouvais pas la supporter, étant un pyrophobe fini. Génial, évidemment, ilf fallait que ça tombe sur elle... Un léger soupir m'échappa, tandis que je songeais à Neil que j'avais laissé quelque part dans l'une des pièces derrière moi. Je priais pour qu'il ne lui vienne pas à l'esprit de sortir de là avant que je n'ai réglé le petit problème qu'on avait au rez de chaussée. Parce que je n'étais pas naïf au point de croire que Neil resterait bien sagement assis là, attendant que je revienne. Non non. Il sortirait, ça j'en étais certain. A moi de faire en sorte qu'il ne rencontre pas une sadique finie comme cette jeune femme sur sa route, voilà tout.

A peine eus-je le temps de terminer cette pensée qu'un choc en pleine poitrine m'envoya rudement dire bonjour au sol, quelques mètres en arrière. Bravo, Allen, ça t'apprendra à rêvasser, tiens ! Quand je relevai les yeux, essayant de faire le point du mieux que je pouvais, mon regard croisa celui d'un jeune homme que je ne connaissais pas. Dans le creux de sa main, une sorte d'orbe de vent tourbillonnait. Okay. Il semblait très fier de lui, avec son grand sourire narquois scotché au visage... Il le perdit dès que la branche de ronces que j'avais discrètement fait pousser dans son dos lui transperça le coeur de part en part. Un conseil pour ta future éventuelle réincarnation, ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Ni une ni deux, je bondis sur mes pieds et allai dévaler les escaliers, entraînant dans mon sillage tout un cortège de ronces et de végétaux en tout genre. Ce serait déjà ça en moins à faire pousser dans le feu de l'action. Le feu, ha ha...
Ils étaient cinq, quand je déboulais au pied des marches sans crier gare. Heureusement pour moi, leur inexpérience fut ma chance. Trois d'entre eux moururent la gorge réduite en charpie en l'espace de quelques secondes à peine, la stupeur les empêchant de réagir suffisamment vite pour se protéger de mes épines. Mais pour les deux autre, là, c'était autre chose... L'un était télékinésiste. Je le réalisai quand il m'envoya une chaise en pleine tête, que j'interceptai grâce à un mur de plantes qui s'érigea plus par automatisme que du fait de ma volonté propre. Pour le tuer, celui-là, ça n'allait pas être très simple... Le second, quant à lui, maîtrisait l'électricité, et je le sentis passer, le coup de jus dans ma jambe gauche, croyez-moi. Sous le coup de la douleur, je lui expédiai mon bouclier de végétaux en plein dessus, le broyant contre le mur derrière lui. Pour le coup, je crois que cette vision refila des sueurs froides au télékinésiste, puisqu'il fit volte-face pour prendre ses jambes à son cou. Des lianes le firent trébucher avant de l'envelopper totalement, dans une étreinte qui devint mortelle, lui brisant les os. Navré, mais je ne pouvais pas laisser repartir qui que ce soit d'ici en vie...
Grimaçant, je baissai les yeux vers la cuisse que la foudre avait touchée, quelques instants auparavant. Voyons le bon côté des choses. Je ne saignais pas, mais j'étais salement brûlé, et la douleur faisait trembler ma jambe. Mais au moins, j'étais vivant. Et j'espérais que Neil le soit aussi.
Alors que j'allais monter à l'étage vérifier que tout allait bien pour mon ancien amant, un détail que j'avais négligé dans le fouillis de l'affrontement me fit me figer sur place, la main encore sur la rambarde de l'escalier.

- Où est-ce que tu vas comme ça, espèce de traître ?

Et merde, je l'avais oubliée, celle-là... Lentement, je me tournai vers la jeune femme, avec un profond soupir. Elle me toisait de ses grands yeux noirs, comme si elle espérait me voir mourir là maintenant tout de suite de combustion spontanée. En fait, c'était sûrement le sort qu'elle me réservait. Seulement, je ne comptais pas finir en tas de cendres. J'avais autre chose à faire de ma vie. J'avais même des projets pour l'avenir, et ça faisait longtemps que je n'en avais plus eu. Cette sensation me faisait du bien. Je ne voulais pas mourir. Plus maintenant, du moins.
Très franchement, je ne pourrais pas précisément vous raconter ce qui s'est passé. Mon instinct de survie et mon désir de ne pas manger les pissenlits par la racine prit totalement le dessus. Je me souviens vaguement de flammes qui dansaient devant mes yeux, de feuilles et de ronces qui volaient en tout sens... Mais tout ça se passa vite. Trop vite pour que je puisse réaliser, en fait. Quand ma raison reprit le dessus, je me trouvais au milieu de grandes fleurs rouges, et Kira semblait suffoquer, à quelques mètres devant moi, le feu qu'elle avait créé se mourant en même temps qu'elle. Perplexe, mon regard glissa des plantes jusqu'à mes mains. C'était moi qui avais fait ça ? A l'évidence, oui. Selon toute vraisemblance, mon don avait pris un nouvel embranchement, et je comprendrai quelques jours plus tard que j'étais à présent capable de créer des bourgeons libérant du pollen empoisonné. Voilà qui achevait de me changer en plante toxique sur pattes, n'est-ce pas ?

Soudain, c'est le son du métal crissant contre le plâtre qui me ramène à la réalité. Je fais volte-face, reconnais Neil, et fais donc aussi rapidement que possible se flétrir les végétaux alentours. Par chance, la dispersion du pollen et de sa toxine semble chuter drastiquement dès les premiers instants de sa libération. Il ne serait donc pas empoisonné à son tour.
Je fronçai les sourcils en saisissant cette touche de... Joie, dans la voix et les yeux de Neil. Ah, je crois que les nerfs lâchaient finalement. Ceci dit, il fallait applaudir leur résistance. Il me demanda si j'avais fini, tout en s'approchant de moi d'un pas que la douleur rendait abrupte et parfois un peu -voire beaucoup- bancal. Encore trop choqué par ce que je venais de découvrir sur moi-même, je ne pensai pas à aller l'aider.

"Tu aurais du t'en aller."

M'en aller ? Peut-être que j'aurais du, oui. Pour ma propre survie, pour m'éviter des ennuis, et pour ne pas finir une nouvelle fois le coeur brisé, j'aurais du m'en aller, c'est vrai. Mais en aurais-je été capable ? Non, certainement pas. Même là, alors que Neil continuait de se rapprocher de plus en plus près, j'étais incapable de m'éloigner, même ne serait-ce que de reculer d'un pas. Je ne saurais pas vraiment comment décrire ça, c'était un peu comme si... Je ne sais pas. Je me sentais un peu comme un lapin devant les phares d'une voiture. Je savais que j'aurais mieux fait de bouger, que tout ça allait mal se terminer, mais je n'étais pas foutu de faire un seul mouvement, comme fasciné. Bon sang, ce que je pouvais me sentir bête. Et qu'est-ce qu'il était près, tellement près qu'il ne devait plus rester que l'épaisseur de quelques feuilles de papier entre nos visages. Si cette proximité ne me déplaisait pas, elle me déstabilisait aussi énormément. Ca faisait trop longtemps que je n'avais pas été aussi proche de quelqu'un, de lui. Et je réalisais à quel point ça m'avait manqué. Mon coeur se serra, tandis qu'un poing glacé paraissait serrer mon estomac. Ses yeux d'un bleu que je n'avais jamais retrouvé ailleurs, son odeur, sa seule présence éludait tout ce qu'il y avait autour de nous, et j'en aurais souhaité que le temps s'arrête là, que je puisse en profiter encore un peu. J'en oubliais les corps sans vie de ceux que je considérais autrefois comme des alliés, des camarades, qui gisaient dans des mares de sang.

Pourtant, l'urgence de la situation se rappela à moi quand, sans prévenir, son corps le trahit et qu'il me tomba littéralement dans les bras. Heureusement, j'eus le réflexe de le rattraper et parvins à tenir debout, bien que je chancelai dangereusement pendant quelques secondes. Un grognement étouffé m'échappa, la pression du corps de Neil contre le mien réveillant la douleur des quelques brûlures dont m'avait gratifiée Kira avant de rendre l'âme. Ceci dit, c'était loin d'être ma préoccupation première.

- Neil ! ... Et merde, manquait plus que ça... Okay, accroches-toi, je vais nous sortir d'ici. lâchai-je entre mes dents serrées en le soutenant du mieux que je le pouvais, pour me diriger vers la sortie de cette vieille bicoque que je serais définitivement heureux de quitter pour de bon. Une fois le montant de la porte que j'avais changée en cure-dents quelques longues et interminables dizaines de minutes auparavant passé; j'eus un temps d'arrêt. Si je laissais ça en l'état, la Confrérie remonterait jusqu'à moi, c'était certain. Il n'y avait qu'une seule solution pour qu'on me fiche la paix. Je plongeai la main dans la poche de ma veste pour en sortir un paquet d'allumettes qui traînait là depuis une éternité, en craquai une et la lâchai sur un tas de feuilles bien sèches, juste à l'entrée de la maison. Vu la quantité de plantes que j'avais fait pousser, et que j'avais ensuite desséchées là-dedans, je ne doutais pas que ça brûlerait en un rien de temps.

L'avantage avec les taxis new-yorkais, c'est qu'ils en ont tellement rien à foutre de leurs passagers que ça les dérange pas d'embarquer quelqu'un avec la tronche aussi décrépite que celle de Neil. Surtout au beau milieu de la nuit, c'est là que circulent les plus je m'en foutistes. C'est donc ainsi qu'une vingtaine de minutes plus tard, je me retrouvai à nouveau chez moi, en traînant du mieux que je pouvais Neil avec moi. Je ne vous cache pas qu'un gros soupir de soulagement m'échappa quand je le déposai enfin sur le canapé, et que je pus aller verrouiller la porte à double-tour. Bien maigre protection en cas d'attaque de mutants en colère, mais c'était déjà ça.
Maintenant que nous nous trouvions au calme, je me permis de jeter un oeil à mes brûlures, rapidement. Comme je l'avais estimé, rien de dramatique, je m'en remettrai très bien, avec les traitements appropriés. Mais je règlerai ça plus tard, le cas de Neil me semblait autrement plus préoccupant. Je filai donc dans ma salle de bain pour ramener tout l'attirail de premiers secours dont je disposais -autrement dit une infirmerie condensée dans une grosse trousse de soins, que voulez-vous je suis parano- et revins pour poser le tout sur la table basse que je décalai de façon à pouvoir tout avoir à portée de main, agenouillé devant le divan. Avec précaution, je commençai à nettoyer les plaies qui me semblaient les plus urgentes à traiter, tout en réfléchissant à voix haute.

- Tu es un état vraiment lamentable, mon pauvre Neil... Je vais faire ce que je peux, mais je ne suis pas médecin, je pense qu'il vaudrait mieux t'emmener aux urgences... Ou au moins appeler quelqu'un qui serait plus utile que moi.
@ pyphi(lia)
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Mer 9 Mar 2016 - 17:07
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     Allen & Neil

         
There's no mercy, just anger I find
C'était ça le coup de foudre ?

Le monde tournait, le monde était flou et un étable de sang et de couleurs, de tâches et de cris.  J'errais dans une demi-inconscience – la douleur qui brûlait ma chaire, la voix d'Allen comme une musique à mes oreilles, mon cœur qui battait la chamade, la chaleur de son corps près du mien. Je m'accrochais sans force à son épaule pour tenter de conserver un semblant d'équilibre, mais mon corps céder sous mon poids et la douleur. Tout tournait et je me laissais guider sans poser plus de question, le tissu de sa veste pressé par mes doigts sanguinolents, l'intégralité de mes forces consacrées à ne plus jamais le lâcher.  On ôterait mon corps de mon cadavre s'il le fallait, mais le contre-coup de l'adrénaline, des nerfs et de la douleur m'assaillait soudain, et j'avais l'impression de couler, de me noyer et de n'être plus qu'une poupée de chiffon sans dignité – mais cela ne m'empêchait pas de ressentir de la honte.

J'avais honte de me laisser ainsi aller contre lui, de peser bien trop sur Allen pour pouvoir faire un pas après l'autre, alors que j'avais une conscience aïgue de de lui devoir tout – la vie, la fuite, et la douleur perçante dans mon abdomen qui m'empêchait de totalement m'effondrer dans le noir et la douceur de l'inconscience, mes derniers moments d'inconscience et l'amour et le charme qui avait précédé mes pensées, et la raison pour laquelle j'avais été kidnappé et torturé en premier lieu.

Allen me déposa sur un canapé et disparu sans que je puisse le retenir – j'étais trop occupé à sentir autre chose que de la douleur pendant un instant. La vague somnolence entre coupée de vagues de douleur et moments d'inconscience qui m'avait pris alors que j'essayais de charmer à nouveau mon petit ami s'estompait peu à peu pour se transformer en autre chose. Maintenant que l'adrénaline avait reflué de mes veines et que j'étais en sécurité, je glissais lentement dans un amollissement bienheureux. Plus comme petite mort que la mort elle-même – l'arrêt de la souffrance est un bonheur en soi et, les yeux clos, je profitais avec culpabilité des sons d'Allen qui s'éloignait pour passer dans une autre pièce, de solidité confortable du canapé dans mon dos et sous mes fesses, de l'odeur de ses fichues plantes – que je détestais du profond de mon âme mais qui chatouillait mon estomac d'une sensation de familiarité oubliée.

Allongé et pissant le sang sur le canapé d'Allen, j'expirai lourdement sans même m'en apercevoir, ma poitrine s'abaissant brutalement – cela faisait mal, mais la sensation de mes muscles endoloris se détendant enfin surpassait toutes mes douleurs. Je refermais les yeux - je mourrais d'envie de sombrer dans l'inconscience. Je la sentais, essayer de m'attirer, et je mourrais d'envie de m'y laisser tomber, d'arrêter de lutter contre ce sommeil du mort qui m'entraîner.  Pas que pour fuir la douleur. Ni même pour fuir l'homme que j'entendais revenir à mes côtés – plutôt pour fuir la discussion qui allait forcément s'en suivre, et si, par bonheur je parvenais à ne pas mettre les pieds dans le plat et m'enfoncer plus que je ne l'étais déjà.... il y aurait une conversation que je n'avais envie d'avoir – peur de l'inconnu sans doute, puisque dans mes relations précédentes j'avais toujours réussi à me faire haïr ou à fuir avant.  J'étais lâche. Et il n'y avait rien dans cette conversation qui ne pouvait pas nous blesser.
Tu te rappelles quand il t'as traité de lâche et tu en as été offusqué ? Ou des derniers mots et de la misère dans lequel tu te traînais ? Bien alors serre les dents et prends ton courage à deux mains abruti. Je rouvris les paupières avec une grimace destinée à moi-même … et les refermais presque automatiquement en voyant Allen s'agenouiller à mon côté.  Mon cœur battait la chamade. J'avais envie de rouvrir les yeux, physiquement besoin de les rouvrir pour le voir et m'assurer qu'il était là.

J'entrouvris à peine les yeux, observant Allen à travers le rideau de mes cils et mes paupières mi-closes. Ne le lâchant pas du regard, mais n'osant pas bouger le moindre muscle, ni même ouvrir les yeux complètement et rompre le moment . Même si l'impression de « moment » était sans doute provoquée par mon état physique – et la stupide joie de le revoir, de le voir s'inquiéter sur moi, ne me gorger du contact de ses mains sur moi, même si elles alternaient avec le contact du coton et du désinfectant – plutôt que par la réalité.  Vrai ou faux, cela faisait toujours apparaître un vague sourire qui traînait sur mes lèvres, tandis que je tentais de rester concentré sur les mots d'Allen, penché au dessus de moi. Et pas sur la chaleur que sa voix faisait naître dans ma poitrine.« - Tu es un état vraiment lamentable, mon pauvre Neil... Je vais faire ce que je peux, mais je ne suis pas médecin, je pense qu'il vaudrait mieux t'emmener aux urgences... Ou au moins appeler quelqu'un qui serait plus utile que moi. » Cela eut le mérite de me faire rouvrir les yeux pour de bon et me tirait définitivement de ma langueur .

« -Non. » soufflai-je d'un ton déterminé, bien que ma position et allure flinguaient très certainement mon ton péremptoire. Etre convaincant et/ou charmeur, ça n'arriverait sans doute pas ce soir – juste au moment où j'en avais vraiment besoin, chouette. Je tentais de me redresser légèrement sur mon coude, et je parvins même à retenir la grimace que mon changement de position suscitait – au moins étais-je presque au niveau d'Allen et je pouvais le regarder dans les yeux pour exiger :  « -Pas de médecin, ni d'hôpital, ni des conneries mutantes. »Peut-être que « conneries » n'était pas le bon mot pour le convaincre, et peut-être que sur ce dernier point mon ton était devenu plus amer et sec – mais je ne pouvais pas, je ne voulais pas être soigné par ça. J'étais revenu plusieurs fois dans un sale état depuis notre rupture et j'avais toujours refusé l'aide d'Eilis - sans avoir peur de ne disputer avec elle.

Appelez moi masochiste si ça vous amuse, mais j'étais têtu pour ces conneries. J'étais humain, et si cela voulait dire crever comme un chien dans une ruelle ou souffrir le martyr, j'étais prêt à embrasser ses désavantages ; J'étais ce que j'étais. Et, accessoirement, je n'avais aucun amour pour les hôpitaux ou les médecins, le SHIELD ou moi-même suffisant pour m'empêcher de mourir depuis des années – la dernière fois que j'avais été à l'hôpital...je n'en étais pas fier. A ce souvenir, je me tendis, soudain – terrifié.  Ma main qui se trouvait au bord du canapé saisit son bras- chercha à saisir et à attraper son bras, mais tâtonnais stupidement alors que je me laissais retomber sur le canapé, pour murmurer, presque inaudible – sans le voir, je sentis son bras, ou sa main sous mes doigts et m'accrochais avec désespoir, le souffle court.

« - S'il te plaît. »

S'il te plaît ne me dépose pas à l'hôpital et ne m'y laisse pas comme un chien, ne m'abandonne pas à l'hôpital après avoir fait ta bonne action pour tourner les talons sans la moindre pitié. Soudainement, je comprenais qu'on puisse ouvrir les yeux dans un lit d'hôpital avec l'envie d'en mourir et ma respiration se bloqua dans ma gorge. Non, non, non. Mon habituelle assurance et allure étaient ébranlées – c'était le moins qu'on puisse dire. Je devais être pathétique – je me sentais pathétique et minable, du moins, mais c'était un sentiment relativement constant depuis qu'Eilis était revenue après m'avoir été arraché. Depuis que ma raison était relativement revenue à moi, en compagnie d'un tant soit peu de dignité. Dignité que je jetais bien volontiers aux orties s'il le fallait, je voulais bien me rouler dans le pathétique et perdre toute dignité, geindre, supplier. Mais pas ça. La panique me submergeait bien plus que lorsque j'étais torturé, éloignant la douleur pour la remplacer par pire  – mes tortionnaires, je pouvais les narguer, les provoquer et regarder la mort en face sans trop geindre. Là ? Les mots passaient mes lèvres sans suite, se bousculant pour parler dans une longue plainte, dans une supplique paniquée, où la détresse était plus audible que les mots. Je m'agrippais à lui, tentait de me redresser :

« - … Je m'étais promis de te demander à pardon à genoux s'il le fallait et je sais pas si je peux me relever après, mais je te promets, je veux... je suis... ramper, de tout faire pour que tu me pardonne, de, de te supplier, te dire que je t'aime, que... je suis désolé, foutrement désolé, j'ai merdé »
J'eus un rire sans joie, presque hystérique, amer , oui mais envers moi-même, bloqué dans ma gorge alors que je levais les yeux au plafond pour battre frénétiquement des cils et éloigner les larmes qui revenaient à mes yeux : « - Dieu sait que je mérite de dormir sur le canapé pour le restant de mes jours. J'étais.. la colère fait passer des choses stupides pour la vérité. »

Et oui, je parlais autant de mes insultes que de sa déclaration.
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Sam 25 Juin 2016 - 2:50
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« I will tear them apart »


J'avais oublié à quel point Neil pouvait être têtu. A vrai dire, j'avais même oublié à quel point sa présence avait pu me manquer. J'avais oublié le grain de sa peau sous mes doigts, l'odeur émanant de ses cheveux, le son exact de sa voix, les reflets qui animaient ses yeux, et même les contours de son visage avaient commencé à s'estomper, avec le temps. Le Temps... Il emporte tout sur son passage, celui-là, sans distinction, sans empathie, sans la moindre pitié. Comme les coulées de boues qui noient et ensevelissent des populations, voire des civilisations entières. Mais c'est ce que j'avais souhaité, non ? L'oublier, le rayer de ma mémoire. Bon, en même temps... J'étais suffisamment pathétique pour m'accrocher à lui désespérément, sans qu'il y ait pourtant la moindre chance que les choses reviennent à la normale. Les derniers événements me l'avaient une nouvelle fois prouvé. Mais quel idiot...
Alors là, me retrouver à nouveau si proche de lui, c'était à la fois un plaisir et une torture. Un plaisir, parce que tout ça m'avait manqué, et que je ne pouvais pas empêcher mon coeur de sauter dans ma poitrine à sa seule vue ; mais également une torture, car j'ignorais combien de temps durerait tout ceci. Après qu'il se soit remis sur pieds, disparaîtrait-il dans la nature comme il en était parfaitement capable ? Me rejetterait-il encore une fois ? M'abandonnerait-il sur le côté de la route avant de poursuivre son chemin comme si de rien n'était ? Je n'étais pas sûr de pouvoir survivre à un nouvel abandon, honnêtement.
Enfin... Pour le moment, la question n'était pas là.

Tandis que je continuais à désinfecter du mieux que je pouvais les plaies les plus inquiétantes sur Neil, ce dernier eut une réaction à laquelle je ne m'attendais pas vraiment. Il tâtonna sur le coussin du canapé, à l'aveugle. Bien que je ne compris pas ce qu'il attendait exactement de moi, je déposai le coton et l'alcool à désinfecter sur la table basse, avant de placer ma main dans la sienne. Aussitôt que Neil sentit le contact de ma peau, il s'y accrocha presque comme un désespéré, en lâchant un murmure, quasiment une supplique à mes oreilles. ... Oh. Est-ce qu'il avait... Peur ? Mais de quoi, au juste ? Pas que je le tue, ça j'en étais persuadé. J'avais eu plus d'une occasion durant les dernières heures pour l'achever, et le ramener jusque chez moi pour l'assassiner, ce n'était pas définitivement pas une bonne idée. Et de quoi est-ce que j'aurais l'air si je m'étais mis toute la Confrérie à dos -ou presque, merci Billy- simplement pour le voir mort ? Absurde.
A moins qu'il ne craigne que d'autres mutants prennent d'assaut l'hôpital pour venir terminer le travail ? Ce qui, au fond, était effectivement une possibilité. Même s'il leur faudrait davantage de temps avant de réaliser que quelque chose n'allait pas et envoyer des renforts. Avec un peu de chance... Ils ne sauraient jamais ce qui est arrivé. Et je serais en sécurité. Nous serions en sécurité. Est-ce que je pouvais parler de "nous", d'ailleurs ? Bon Dieu, il valait mieux que je ne m'emballe pas, moi.
Comme pour le rassurer, je caressai sa main de mon pouce, doucement, le couvant du regard.

« - … Je m'étais promis de te demander à pardon à genoux s'il le fallait et je sais pas si je peux me relever après, mais je te promets, je veux... je suis... ramper, de tout faire pour que tu me pardonne, de, de te supplier, te dire que je t'aime, que... je suis désolé, foutrement désolé, j'ai merdé. Dieu sait que je mérite de dormir sur le canapé pour le restant de mes jours. J'étais.. la colère fait passer des choses stupides pour la vérité. »

Crétin. Voilà tout ce qui me venait à l'esprit, sur l'instant. Pauvre crétin. Je levai les yeux au ciel, un sourire amusé étirant légèrement le coin de mes lèvres. Bon, s'il était encore capable de faire de l'humour bancal, voire complètement nul, c'est qu'il n'était pas en si mauvais état que ça. C'est qu'il était dur à tuer, cet animal-là, mine de rien. Et je devais avouer que je n'en étais pas peu fier, alors même que je n'y étais pour rien.
Sans lâcher sa main, je me penchai vers lui pour déposer un baiser sur son front, sa joue, puis la commissure de sa bouche, avant de finalement chastement l'embrasser, du bout des lèvres. Si cet idiot avait pu croire que j'étais capable d'encore lui en vouloir après un baragouinage pareil, c'est que les coups distribués par mes anciens collègues de la Confrérie avaient été plus dommageables pour ses neurones que je ne croyais.

- C'est rien. Ne pense pas à ça tout de suite, ce n'est pas vraiment le moment. Je te rappelle que tu es plus ou moins en train de te vider de ton sang sur mon canapé, là. D'ailleurs, je vais aller appeler un médecin pour qu'il vienne te rafistoler. Et que tu râles ou non, le résultat sera le même. ajoutai-je en plongeant ma main libre dans la poche de mon pantalon pour en extirper mon téléphone portable. Trouver le numéro du chirurgien qui venait nous aider quand, avec les autres Confréristes, nous revenions de mission salement amochés, ne fut pas dur à retrouver. Je l'appelai immédiatement, appuyant bien sur le caractère urgent de notre affaire, lui décrivant les blessures dont nous souffrions, Neil et moi. Il raccrocha après m'avoir dit qu'il serait là dans peu de temps.
Et effectivement, il n'avait pas menti. Ceci dit, il ne s'écoula pas tant de temps que ça entre le moment où je lui avais ouvert la porte et celui où il s'éclipsa de mon appartement, une fois les soins administrés. Quelques plaies recousues, un ou deux os remis en place, des bandages soigneusement noués... Le reste serait l'affaire des anti-douleurs.

- Bon... Je te laisse sur ton canapé, ou tu préfères que je te traîne jusqu'au lit ?Promis, aucune vilaine fleur ne t'attaquera sur le trajet. glissai-je avec un sourire, bras croisés et debout à côté du grand blessé, attendant de voir ce qu'il aurait à répondre, et jusqu'à quel point il pousserait le masochisme.
@ pyphi(lia)
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Dim 11 Sep 2016 - 0:43
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There's no mercy, just anger I find
Allen Levy & Neil Archer
Mais quel pauvre con.
Ce n'était pas vraiment une réalisation que l'on aime avoir au réveil - je suis un pauvre con. Un pauvre crétin - qui n'a même pas ce qu'il mérite, en plus. Les yeux encore clos et l'affreuse conviction que cette journée serait aussi horrible que la précédente - pire peut-être, parce que la précédente avait fini comme dans un rêve induit par les médicaments. Ces mêmes anti-douleur dont l'effet s'était dilué dans son sang durant son sommeil, ne laissant à Neil plus que le contre-coup d'une séance de torture et d'adrénaline, d'un cœur brisé et des espoirs à moitié rendus fous par la dose de produits chimiques dans son sang.
Et la douleur, évidemment.
Le britannique n'avait encore ouvert les yeux qu'il sentait que le moindre mouvement serait une dramatique erreur. Et que la masse des erreurs de la veille lui plombait le dos plus sûrement qu'un six tonnes lui roulant dessus – et non, ce n'était pas la provocation des confréristes le problème.

La honte et la douleur. L'une et l'autre qui envahissait son corps au fur et à mesure que Neil reprenait conscience et que les souvenirs de la veille reprenaient d'assaut sa mémoire. Allen l'avait embrassé – Neil avait encore les yeux fermés et n'avait pas l'intention de bouger de sa position endormie, ses muscles protesteraient trop, mais un sourire étira ses lèvres tuméfiées.  Allen l'avait sauvé, Allen l'avait, sans doute pas pardonné, mais... quelque chose qui y ressemblerait un jour. Soigné. Il ne l'avait pas abandonné. Il l'avait embrassé. Peut-être. C'était un développement tellement burlesuqe et hors de propos que Neil n'était pas sûr qu'il ne l'avait pas inventé – sous la douleur, l'adrenaline. Le fantasme. Ses lèvres sur sa peau, son front, sa bouche, légères et irréelles comme s'il les avait rêvées – un rêve qui laissait autant de traces que les coups, alors qu'il avait encore l'impression de les sentir sur lui. De sentir le regard d'Allen, la pression contre sa peau – l'espoir qu'il y avait autre chose qu'un désir impensable ou de la pitié mal placée.

C'était ridicule, se morigéna Neil.
Etre à moitié crever dans un lit et repasser le baiser échangé avec son crush ? Il avait 30 ans de trop pour nier la réalité – même s'il en avait envie et qu'il y a encore quelques mois... il avait définitivement tenté d'oublier – en vain. Il se décida enfin à ouvrir les yeux. Même si une paupière lui faisait définitivement un mal de chien se propageant sur tout un côté de son visage.
Fixer le plafond. Blanc, sale, basique, immense. Terrifiant. Ce n'était pas son plafond.

Mais quel pauvre crétin. Deuxième essai.
L'espion de 42 ans et porteur de nombreux dîplomes académiques responsables se frotta le visage avec un soupire, s'asseyant au bord du lit. Du lit d'Allen.  Il était un pauvre crétin. Qui se sentait un peu comme un adolescent épris qui resasse les platitudes écervelées qu'il avait sorti la dernière fois qu'il avait croisé son crush - si on omettait le fait qu'il n'avait jamais été dans cette position. Il était bien plus assuré et séduisant lorsqu'il n'y avait rien en jeu. Là? Il avait un humour misérable, était pitoyable, et manquait d'éclater en sanglots dans les bras d'un homme qui devait le haïr – parce qu'il avait cru le haïr, parce qu'il se retrouvait comme un crétin face à une situation nouvelle qui le terrifiait, parce qu'il ne savait pas quoi faire de ce qu'il avait lu dans le regard d'Allen la veille, quand il l'avait trouvé, et...
Archer. Priorités, s'il te plaît. Tu as été passé à tabac par des confréristes, tu as mis en danger l'homme que tu es censé aimer et que, d'après tes derniers babillages, tu aimes toujours et désires protéger plus que tout au monde. Lève toi.

«  - Bon... Je te laisse sur ton canapé, ou tu préfères que je te traîne jusqu'au lit ? Promis, aucune vilaine fleur ne t'attaquera sur le trajet. » Il était trop jeune pour mourir d'un arrêt cardiaque – sans doute, j'espère, peut-être. Cela devait faire le même effet que d'observer Allen penchait au-dessus de soi. Grand, magnifique, le regard doux, intouchable, trop loin même si l'envie brûlait en lui plus fortement que ses blessures.  Il l'avait apparemment traîné, porté jusqu'à la chambre à coucher puisqu'il se réveillait dans un lit inconnu – quelques fleurs se trouvaient bien dans la pièce, mais il leur adressa aucun regard. Pas plus qu'il n'osa jeter un coup d'oeil à la place qui n'était pas creusé de son corps.  Seul – cela va s'en dire. Il secoua la tête, détourna les yeux. Qu'avait-il répondu ?

« -Je n'en ai jamais douté, mais.. je … si tu . C'est chez toi. J'aimerais. Beaucoup. »

Un sourire faible, qui tentait de se rattraper. Et après ? Sa mémoire était confuse, alors que la douleur refluait, noyée sous les médicaments. Confuse – et c'était pour être a peu près gentil. Il ne voulait pas dormir sur le canapé – il voulait entourer le mutant de ses bras, se recroqueviller autour de lui et cela lui étreignait la poitrine d'un manque inavouable. Il n'avait pas peur des fleurs – plutôt de l'opinion d'Allen - et dieu qu'Allen avait des raisons de ne pas dormir dans la même pièce que lui. Et  si Neil n'était pas un masochiste exemplaire, il n'allait certainement pas privé Allen de dormir dans un lit – il n'était pas en bon état non plus.

Est-ce que Allen allait bien ? Il tenait mieux debout que son médiocre humain d'ex petit ami hier, mais il avait eu fort à faire aussi. Mentalement et physiquement. Lentement, Neil se releva en se tenant les côtes – plus exactement ses multiples bandages qui lui servaient bien de vêtements actuellement. Il progressa lentement dans le petit appartement, jusqu'à trouver la cuisine – le thé, la bouilloire, Allen. Le sens des priorités et des cachets s'il vous plaît.
Neil remplit la bouilloire d'eau, pour deux et la mit en route, machinalement. C'était bête, de fouiller les placards jusqu'à sortir du thé et des mugs, c'était bête après qu'il en ait brisé plusieurs alors qu'il enchaînait les conneries et inquiétait tout le monde parce que l'homme qui lui avait sauvé la vie n'était plus dedans. Mais cela l'apaisait – donnait un iréel et stupide sens de familiarité. Factice.  « -   Ne pense pas à ça tout de suite, ce n'est pas vraiment le moment. » Le moment était arrivé. Comment était-il censé ne pas penser à ça ?

Il se retourna en entendant Allen pénétrer dans la pièce – resta immobile, en plan, un sourire hésitant à se former sur ses lèvres.

« - Hey, » souffla-t-il.

Ils avaient vécu cette scène des dizaines de fois, naturellement. S'approcher, déposer un baiser sur ses lèvres, lui tendre un mug … mais il n'osait pas. Le pire c'est qu'il n'avait même pas l'impression que quelque chose s'était brisé entre eux – juste des morceaux de son visage et de son torse, par leur relatiàon. Il aurait pu . Il le voulait faire un mouvement mais resta en place, observant le sol.

« - Je n'étais pas vraiment... présentable, hier, pardon. » Neil fit une légère grimace, lèvres pincées, mais continua  « - mais j'étais sincère. A propos de … merci. Et de nous. » - il … il avait dit la vérité hier. Et cela lui coupait le souffle, à moins que ce soient ses côtes cassées.

Neil inspira profondément, et leva légèrement le menton. Se préparant au pire Je ne me vide plus de mon sang sur ton canapé, parle moi, achève moi, pitié, empêche moi de fuir comme un crétin. Une moquerie envers lui-même. Ce n'était plus une tentative d'humour cette fois – juste un regard un peu désespéré contre ses conneries. Et sa capacité à s'enfoncer et à se montrer pitoyable face à son opposé. Face à Allen qui avait prouvé mille fois qu'il méritait d'être aimé et adoré, cajolé comme il se devait. Ou qu'il n'avait pas d'instinct de survie à se sacrifier pour un purgiste, à lui ordonner de fuir alors qu'il lui avait du mal. Neil n'était pas sûr s'il devait l'adorer ou s'inquiéter et c'était ce qui coupa ses propos dans sa gorge.

A la place il s'avança d'un pas, esquissa un léger mouvement, son regard bleu se posant avec une inquiétude sincère vers Allen. Hésitant sur où se poser – ses yeux, ses mains, son attitude. Chercher des traces des blessures d'Allen, de sa fatigue, de l'année écoulée, de ce qu'il pensait, si la façade qu'il avait présenté hier était réelle ou non. S'il allait lui crier dessus et le jeter dehors ou s'écrouler. Il voulait le protéger, bien faire – et était incapable de savoir quoi faire alors qu'il remonta son regard sur lui. Neil avala sa salive, et demanda d'une voix douce la question dont il avait besoin de connaître la réponse, même si une part de lui la craignait. N'avait-il pas décidé d'être suspendu à ses lèvres pour le meilleur ou pour le pire ?

« - Est-ce que ça va ? »

Réellement.

electric bird.
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