Parfois, la meilleure technique d'attaque, c'est la bonne vieille fuite, surtout lorsque l'on affronte des dindes enragées en talons aiguilles.
14 Février 2015, 15h. Journée romantique pour plus d'un, soirée des dépressifs pour les autres, pour moi elle n'est que l'ennuyant synonyme d'une journée banale – une de plus à passer –, même si mes journées typiques ne sont certainement pas celles de tout le monde. Du coin de l'oeil, je regarde amusée deux amoureux en train de se bécoter, collés serrés l'un à l'autre sur la banquette de cuir rouge rembourrée, leurs cafés fumant devant eux, leur intimité collante débordant largement sur le brouhaha qui m’entoure. Impossible de trouver un endroit calme et chaud en cette foutue journée pluvieuse, je pense en soupirant, reportant mon regard sur le cadavre de ma tasse de thé vide. Si vous pensez que je suis en ce moment une vieille fille aigrit, vous vous trompez. Je n'ai que dix-huit-ans, presque dix-neuf dans trois jours, et si je suis d'une humeur à massacrer un pissenlit c'est juste que j'ai perdu l'inspiration. Je me lève, consciente que ce n'est pas dans le starbuck que je la retrouverais, laissant la monnaie sur la table avant de sortir, me préparant à affronter l'eau froide et mordante qui dégouline dehors. Bien évidement, je n'avais pas prévue la pluie ce matin, mon radar ne s'étant mis en marche qu'il n'y a une petite heure, dix minutes avant que des trombes d'eaux ne me tombent dessus. Juste le temps d'entrer dans le café le plus proche, en somme. Je secoue la tête, m'ébrouant. Où aller ? La pluie s'arrête peu à peu, ce n'est plus que de fines gouttelettes qui m'arrosent. Un coin tranquille … Je souris. Pourquoi pas après tout ? Cela fait un moment que je n'ai pas vu Vic', même si à cette époque ci, elle est enceinte – j'ai donc une chance sur deux de la trouver. C'est d'un bon pas que je me dirige donc vers son échoppe chaude, m'arrêtant au passage dans la pâtisserie de Rick pour acheter deux parts de crumble. Les futures mamans ont toujours faim, c'est connu.
Je dégouline encore un peu d'eau lorsque je me présente devant la noble pancarte « ouverte » de la librairie. Je pousse la porte doucement, faisant sonner la clochette d'entrée, et l'employée de Victoire me souhaite la bienvenue du derrière de son petit comptoir. Je me contente de lui sourire et de hocher poliment la tête avant de lui faire un petit signe – ratée, Victoire n'est pas là aujourd'hui. Tant pi, me dis-je, ce sera pour une prochaine fois … et ça me fera une part supplémentaire (restons positifs, il pourrait pleuvoir de nouveau). Je n'attends pas une seconde de plus pour partir me perdre dans les rayons – enfin un seul en réalité, celui tout au fond, à la recherche d'un je ne sais quoi. Quoi que … Si, peut-être. Je commence par chercher Neil Gaiman, l'un de mes auteurs favoris, caressant du regarde ses volumes. Stardust, American Gods, Neverwhere … Je les ai tous dévoré. La clochette du magasin retentit à nouveau, mais je n'y prête pas attention, préférant m'orienter vers un nom qui m'accroche la rétine. Un nom que je connais bien, et que je ne porte plus depuis longtemps. Donovan. Nom de famille de mon père, que ma mère, écrivaine célèbre, avait embrassée en l'épousant. Je caresse les quelques volumes présents du bout des doigts, nostalgique, avant qu'un tintamarre de ne perturbe et ne me sorte de mes pensées – je n'ai même pas entendu la sonnette retentir une seconde fois. « Je suis certaine qu'il est entré ici ! » crie une jeune femme. « Oui, moi aussi ! On est trois, ça devrait être facile de le retrouver dans un endroit si petit ! » atone une seconde, et je sens la migraine poindre faute de leur voix aiguës. Je fronce les sourcils, sortant ma tête du rayon alors que Maddie – l'employée, leur demande de baisser le volume gentiment. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Je vois, proche de la pancarte trois grandes gourdes à l’affût, et l'image de dindes déguisées en raptors me viennent à l'esprit. « Heureusement que je venais ici pour être au calme » je murmure pour moi-même avant de faire demi tour. Mais au moment même où je me retourne pour faire quelques pas, me voilà à butter contre quelque chose – quelque chose de chaud et dur, semblable a un torse d'homme musclé – et manquer de me casser la figure royalement sans lâcher mon paquet de crumble, trébuchant simplement sur mes pieds. Je n'ai que le temps de lâcher un couinement de surprise étouffé en me retenant au rayon, avant de remarquer que l'homme tient entre ses mains l'un de mes bouquins préférés – que je venais par ailleurs chercher – et que cette personne n'est autre que … « Steve Rogers ? » je souffle, surprise, mes yeux s'écarquillant sans y croire. Non … Si ? Mais .. Qu'est-ce que ? Alors ça veut dire que ses femmes sont en fait … Eh merde.
FICHE ET CODES PAR BROADSWORD & SHADOW.
Dim 13 Sep 2015 - 15:49
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Courage, fuyons.
La Saint Valentin, ce nom n'évoquait qu'un mythe à ses oreilles tandis qu'il fermait les yeux, se laissant tranquillement bercer par les douces secousses du métro qu'il avait emprunté. Steve tentait désespérément de se raccrocher au présent, de faire abstraction de cette envie de tout rapporter au passé. Sur ses traits fatigués se mêlaient la tristesse et l'incompréhension, comment en était-il arrivé à ce stade-là ? Ne plus dormir non pas parce que le sérum l'en dispensait mais parce que les cauchemars étaient trop nombreux, trop ravageurs pour qu'il ne puisse se réconforter dans les bras de Morphée. Il avait simplement besoin de se changer les idées et puisque, apparemment, cette journée était officiellement fériée pour ses coéquipiers, il allait faire un tour en ville en espérant ne pas regretter les missions qu'ils auraient pu avoir. Peut-être qu'un peu de tranquillité n'était pas à refuser après les récents événements, c'était d'ailleurs très certainement égoïste de sa part de vouloir continuer des batailles lorsqu'il n'y en avait pas. Lorsque les politiciens murmuraient d'une voix étranglée qu'ils avaient ramené la paix. Ça le faisait grincer des dents, la paix n'était qu'éphémère, le temps l'avait prouvé. Plus les décennies passaient, plus la population semblait sensible au déni, à la perte, à l'anarchie. Le gouvernement ne donnait que les braises d'un soulèvement et les civils s'enflammaient, ça le déchirait. Depuis l'enfance il n'avait aspiré qu'à l'entente entre tous mais malheureusement, plus il grandissait et plus il comprenait que ce n'était qu'une autre utopie qu'il fallait balayer pour ne pas sombrer dans de fausses idées. D'un geste léger il avait repositionné sa sacoche avant de faire glisser sur sa petite tête blonde une capuche. L'anonymat, c'était presque risible lorsqu'il repensait à la période où trop mince et trop petit, personne ne le remarquait. Il n'arrivait pas à décider entre ce qu'il y avait de plus frustrant. Le fait de toujours être oublié, mis de côté parce que les autres ne le pensaient pas apte à vivre correctement ou celui d'être adulé et remarqué à chaque pas qu'il faisait. Devoir se cacher n'avait jamais été une chose qu'il avait aimé faire sauf que grâce à son père, il avait été forgé. Baisser la tête, se taire et continuer.
Une plainte s'était échappée de ses lèvres rosées lorsqu'il était sorti de la bouche de métro, tendant une main incertaine tout en offrant sa paume au ciel couvert. Les quelques gouttes d'eau qui touchèrent son épiderme le firent jurer intérieurement. Forcément, c'était lorsqu'il se décidait de passer du temps en ville et qu'il n'y avait strictement rien à faire à la base que mère nature faisait des siennes. Un simple coup d’œil à la montre qu'il portait au poignet et un rapide balayage des alentours le firent douter de ce qu'il allait pouvoir faire, rayant immédiatement les endroits propices aux couples de la liste. C'était effarant de voir que désormais, cette fête ne consistait plus qu'au capitalisme. Le pouvoir d'achat, les grandes enseignes ne louant les mérites de cette journée que par envie de s'en mettre plein les poches. Lorsque sa mère le lui avait fait découvrir, ça avait une connotation bien plus réelle. Pas une sorte de niaiserie que l'on touchait pour de vrai en offrant compulsivement des cadeaux. Mais que connaissait-il ? L'amour ? C'était une blague, un manque dont il avait fait le deuil depuis bien des années. Ce fut absorbé dans ses songes qu'il bouscula quelqu'un, relevant la tête pour s'excuser avant de se stopper. Ses yeux s'étaient écarquillés et bon dieu, ce genre de moments étaient bien pires que ceux où il avait à affronter aliens ou tueurs enragés. Alors il s'était tout simplement précipité plus loin, priant intérieurement pour que cette demoiselle ne fasse pas d'histoire. Il s'était mainte fois retourné pour vérifier qu'il n'était pas suivi et avec soulagement, il avait constaté qu'il allait pouvoir marcher sans encombre.
Il s'était retrouvé à vagabonder entre les différents rayons, une moue concentrée plaquée sur le visage. Ce petit tour à la bibliothèque n'avait pas été prévu, sauf qu'il n'avait pas réellement résisté lorsqu'un véritable torrent avait éclaté et que l'enseigne s'était présentée à lui. Il avait tellement à rattraper que sur l'instant, il avait tourné, une pile dans les mains. Tout était trop tentant, et curieux comme il était, il ne comptait pas s'arrêter à un genre ou à un artiste. Il n'était pas encore certain de ce qu'il aimait mais on lui avait conseillé quelques noms.. Pourquoi pas s'était-il dit. Il avait alors attrapé le dernier ouvrage qu'il convoitait et s'était pressé en entendant les quelques mots qui lui avaient glacé le sang. Il s'en voulait, oh que oui, terriblement d'avoir amené ces trois grandes dindes dans un havre de sérénité comme celui-ci. Sauf que pour une fois, il n'allait pas jouer au héros et allait juste se contenter de passer au comptoir pour emprunter ce qu'il avait pris et partir. Il avait juste à se faire discret et.. pas de bol. On lui fonçait dedans. Sur le coup, il paniqua, l'observant silencieusement en guettant une quelconque réaction folle de sa part néanmoins, ce simple nom qu'elle prononça, le sien en l’occurrence, le fit douter. Elle ne semblait pas être avec les autres. Alors bien qu'il gardât cet air de brebis égarée, il acquiesça.
- Si vous pouviez juste ne pas y faire attention. Steve suffira.
Souffla-t-il en tentant vainement un sourire tandis qu'il l'entraînait délicatement avec lui grâce à sa main libre derrière une colonne. Bien qu'il était aux aguets et assez flippé, il n'en perdait pas son sens aiguisé de la politesse, il n'allait pas prendre ses jambes à son cou alors qu'elle venait de lui rentrer dedans.
- Vous allez bien ?
crackle bones
Dim 20 Sep 2015 - 22:51
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Courage, fuyons; Flashback, Feat. Steven Rogers
Parfois, la meilleure technique d'attaque, c'est la bonne vieille fuite, surtout lorsque l'on affronte des dindes enragées en talons aiguilles.
Merde. Merde, merde, merde, merde. C'est bien lui. Il est comme sur internet, en civil je veux dire. J'ai pas rêvé, je suis pas folle, les filles qui courent dans les rayons sont donc bien les pintades que j'adore bouffer à noël. Oh pourquoi ? « Si vous pouviez juste ne pas y faire attention. Steve suffira. » Hein, quoi ? Je reporte mon attention sur Steve – donc – et cligne des yeux. … Wow. Il … On dirait un agneau tout blanc et complètement paumé … C'est ça un super héro en vrai ? Ah bah c'est sûr qu'il ressemble pas à Stark. Je secoue la tête doucement en signe de négation pour dire que je vais bien, encore scotchée, avant de me botter les fesses intérieurement. Les glouglous sont encore là, et c'est pas Thanksgiving donc … Va falloir s'en débarrasser. Bon. Un plan ?
Doucement, je pose un doigt sur mes lèvres en fixant le Captain America, pour lui faire signe de se taire ou, au pire, chuchoter, tout en rajoutant ensuite un signe lui quémandant de ne pas bouger de là. Ensuite, je sors ma tête du rayon comme une espionne de film, captant le regard inquiet de Maddie. Elle n'a pas l'air d'avoir tilté qu'une célébrité se tenait dans la boutique … Bah, tant mieux. Je lui envoie une grimace, faisant un petit geste vers la porte, et elle semble comprendre. Louée soit cette femme adorable. J'attends que le tintement de la cloche retentisse avant de m'éjecter rapidement du rayon et m'avancer vers Maddie à grande enjambées. Une fois sûre d'être assez éloignée de l'endroit où se cache Steve … je couine. Enfin je cri. … Non. Enfin – comment dire ? J'imite les pintades. Voilà. « Hiiiiiiiii ! Il est sorti de la boutique ! Viiiiiiiiiiiiiite ! » Putain tu parles d'un jeu affreusement embarrassant … Me tortiller en faisant de grands gestes et en prenant une voix de cresselle, qu'est ce que j'ai horreur de ça ! Surtout si c'est pour que l'Enfer accourt à grandes enjambées. « Par où est-il parti ? » « Vite il faut le rattraper ! » suivit de cris, piétinements et autres choses désagréables de furies flippantes. Brr. Je secoue la tête, attendant encore un peu que la voie soit totalement libre, avant d'aller remercier Maddie – qui ferme la porte en un nouveau tintement agréable – et retourner vers le rayon du fond. Bon débarras, je pense, espérant ne plus avoir à les voir de nouveau. Reste à savoir si le Captain est encore vivant.
« Hm … S … Steve ? » je chuchote, virant l'envie de rajouter un « monsieur » devant par simple politesse ancrée. Heureusement, il est encore là. Je lui adresse un sourire mi figue mi raisin, restant à bonne distance de lui malgré tout. « … Pardon pour … Vous avoir rentré dedans. Vous allez bien ? » Bon c'est pas comme ci je pesais trois tonnes, mais dans la confusion mes écailles auraient pu sortir et le blesser que je n'aurais rien remarqué. J'espère que non … Il ne me semble pas toujours, je ne les ai pas senties. Mes yeux se reporte sur les livres qu'il a choisi et dont ses mains son pleines, me remémorant qu'il en a qui m'intéresse. « Et je suis désolée pour les pintades folles furieuses. Vous … avez des goûts très variés … Vous aimez les romans d'Alice Archer ? Je ne pensais pas qu'une personne de votre trempe aimerait ce genre de livres … » Parce que ma mère, bien qu'excellente écrivaine et narratrice sadique avec ses personnages fantastiques comme imaginaires, restait au fond d'elle-même une véritable romantique, ce qui l'amenait à conclure nombre de ses histoires d'amour soit par un drame (crime passionnel, assassinat, abandon, suicide, etc), soit une fin heureuse mais mitigée (il fallait composer avec ce que la vie offrait, car aucun grand amour n'était jamais parfait) … Tout du moins lorsque les deux protagonistes ne disparaissaient pas mystérieusement. Je hausse les sourcils, curieuse malgré moi, espérant qu'il réponde même si il n'en est aucunement obligé. Monsieur Rogers se sentirait-il seul en ce jour horrible, pluvieux et monotone ? C'était la question à un million de chocolats.
FICHE ET CODES PAR BROADSWORD & SHADOW.
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