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❧ What if Allen is a total psycho ?

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Mer 2 Sep 2015 - 1:47
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« ... »


« Tu n'es pas un monstre, Allen. » « Tu sais, Allen, la plupart des Humains normaux ne seront jamais ne serait-ce qu'à moitié aussi gentils que toi, tu leur es vachement supérieur, rien que sur ce point-là ! » « Je ne connais pas plus doux que toi, Allen, c'est dingue ! »

Ces mots, ces phrases, elles tournaient encore et encore dans mon esprit. Sans discontinuer. Un peu comme ces vieux airs, ces vieilles comptines dont on n'arrivait plus à se débarrasser, lorsque nous étions enfants, à force de les chanter. J'étais fatigué d'entendre ça à longueur de journée. Qu'est-ce que vous en savez, de ce qui se passe dans ma tête, hein ? Rien du tout ! Je suis fatigué, en colère, perturbé au possible, déboussolé… Furieux, même. Contre quoi ? Contre qui ? Je ne saurais même pas dire exactement. Tout ce dont j'étais certain, c'est que j'avais ce désir de vengeance ancré au plus profond de moi. Au début, je l'avais délaissé dans un coin. Après tout, j'avais toutes les cartes en main pour être de nouveau heureux, à présent. Neil était revenu dans ma vie, Eilis aussi -bien que cette dernière passait la plupart de son temps avec Matt-, la Grande Purge n'était plus que de l'histoire ancienne grâce à ce nouveau gouvernement qui semblait vouloir intégrer les Mutants au reste de la population.
Est-ce que j'y croyais, à cette nouvelle chance ? … J'aurais voulu. Seulement, je ne pouvais plus. C'était comme si… Quelque chose s'était brisé en moi. Après avoir servi de cobaye pour les expériences de ces maudits scientifiques à la morale plus que douteuse, qui n'avaient jamais hésité un seul instant à me charcuter dès qu'ils en avaient besoin, après avoir entendu ce que ces soit-disant gens biens pensaient de moi et mes frères, et… Après avoir vu cet insoutenable dégoût, cette haine, dans les prunelles soudain si froides qui pourtant la veille à peine me paraissaient si douces de l'homme que j'aimais, après avoir supporté ses insultes et ses menaces, je ne pouvais plus faire confiance au genre humain. Oui, quelque chose était irrémédiablement mort.

Que j'aimais ? … Que j'aime ? … Je ne savais plus si je devais parler au passé ou non. Tout me semblait si confus. Seule la sensation de perdre pied, lentement mais sûrement, restait. Et vous pouvez me croire, avoir l'impression qu'on se noie au ralenti n'a rien d'agréable…
Alors, au fil des semaines, une idée commença à germer. D'abord, je l'écartai d'un revers de la main agacé. Non, ce n'était pas moi, ça. Je devais me montrer plus raisonnable que ces monstres qui osaient se prétendre des êtres « normaux ». Il fallait que je reste droit, irréprochable. Crimson Poison, c'était de l'histoire ancienne, de celles dont on a honte en y repensant, qu'on cache comme un secret calomnieux au plus profond d'un vieux coffre. Ce Confrériste avide de sang et de meurtres, ce n'était plus moi. J'avais changé. Et la vie que j'avais à présent me satisfait.
Du moins, aurais-je aimé m'en persuader.

Ce matin-là, près de trois ans après la fin de la Grande Purge, tout semblait normal. Comme tout les dimanches, je me levai vers dix heures, quittant la chambre pour traîner les pieds jusqu'à la cuisine. Eilis n'était pas là, évidemment. Son avocat l'accaparait tellement qu'elle ne passait plus qu'en coups de vent. Ceci dit, quelque part ça m'arrangeait. Sans elle dans les parages, il n'y avait personne pour me coller des bâtons dans les roues. J'agissais à ma guise, un sentiment de liberté que je n'appréciais que davantage encore quand je parvenais à mes fins. Et justement…
J'entendis la porte de la salle de bain s'ouvrir, et des pas approcher. Un sourire en demi-teinte étira mes lèvres, tandis que je me servais une tasse de thé encore chaud, préparé il y a peu. La silhouette familière de Neil, que j'avais trouvé si longtemps rassurante, entra dans mon champ de vision. Les papillons qui dansaient autrefois dans le creux de mon ventre à chaque fois que mon regard se posait sur lui ? Envolés depuis longtemps. Mais je feignais le contraire. Pas parce que j'avais peur de me retrouver seul, comme cela avait pu être le cas autrefois, mais parce que j'avais besoin de lui, et surtout de ses formidables instincts de tueur. Le tout était de l'amener là où je le voulais.
Affichant lui aussi un sourire, il s'approcha pour m'enlacer par la taille, et déposa un baiser au coin de mes lèvres. Quand je pensais à tout ce sang de mutants -souvent innocents- qu'il avait sur les mains, la seule chose que j'avais envie de faire était de vomir. Certainement pas de passer une main dans ses cheveux, la laissant glisser vers sa nuque le temps d'une caresse, et de l'embrasser du bout des lèvres. Pourtant, c'était ce que je faisais. Ce n'est pas violoncelliste que j'aurais du être, mais acteur. Ces simulacres de tendresse, devenus quotidiens, étaient tellement convaincants que parfois, je me prenais moi-même à vouloir y croire… Avant de me ressaisir. Terminé, le temps où je n'étais qu'une jeune pousse fragile et influençable, manipulable à volonté, qui se laissait marcher sur les pieds. A présent, il était temps que je mène la danse.

« Bien dormi ?
- Huhum.
Répondis-je avec un hochement de tête, pas encore tout à fait réveillé. Tu reviens de ton jogging, je suppose ? Ca allait ce matin ?
- Impeccable, j'ai retrouvé la forme.
- Ravi de l'entendre. Tu devrais tout de même faire attention de ne pas te surmener, je doute que le SHIELD puisse t'envoyer où que ce soit si tu n'es pas capable de tenir debout à force de courir à travers tout le quartier.
- Tu t'inquiètes trop, je suis suffisamment grand pour savoir ce que je fais.
- Je sais, je sais… »


Alors que Neil commençait à s'éloigner, je déposai ma tasse de thé pour lui attraper le poignet, l'attirant à nouveau contre moi. Chaque fibre de mon être détestait ce que je faisais, me criait de jeter ce traître contre le mur d'en face, de l'y clouer et de le laisser se vider de son sang là. Céder à mes pulsions aurait pourtant été la chose la plus stupide à faire, pour l'instant. Alors au lieu de ça, je passai mes bras autour de son cou, tandis que ma bouche venait chercher la sienne pour lui offrir un baiser passionné, qui sembla s'éterniser bien trop longtemps à mon goût. Puis j'allai lui mordiller doucement l'oreille, lui glissant quelques mots doux, qui précédèrent le plus gros des mensonges que j'avais jamais eu à dire de mon existence, et que pourtant je répétais chaque jour : « Je t'aime, Neil. »
Le grand brun que je tenais encore entre mes bras se mit à sourire, comme à chaque fois, sans ajouter un mot. Il me gratifia d'un dernier tendre baiser, avant de finalement s'écarter pour aller chercher quelque chose dans la chambre. S'il se doutait de quelque chose, alors je n'en voyais rien. L'amour rend aveugle, dit-on. Pour une fois, je crois que cette expression ne pouvait pas être plus vraie.
@ pyphi(lia)
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Mer 2 Sep 2015 - 12:53
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« ... »


Mon idée ? Oh, elle était très simple. User de mes charmes sur Neil pour mieux le mener par le bout du nez. Il m'avait fallu longtemps pour réaliser l'effet que je pouvais faire aux autres, mais à présent, c'était quelque chose que j'utilisais souvent. Pourquoi se fatiguer à devenir violent lorsqu'on pouvait obtenir tout ce que l'on voulait et même plus avec un peu de séduction et quelques caresses stratégiquement délivrées ? Une méthode que je n'avais pas réservée seulement à l'homme avec lequel je vivais, ces dernières semaines. J'avais besoin de certaines informations, avant de pouvoir lancer mon plan sur les rails en tant que tel. Des informations que j'avais eu certes un peu de mal à arracher à leurs détenteurs, mais qui figuraient maintenant presque fièrement sur mon tableau de chasse personnel. Voilà comment j'en étais arrivé à lancer la phase deux.
Au fil des jours, j'avais parsemé par-ci par-là quelques gestes et attitudes inhabituels. Je fis mine de devenir plus craintif, plus renfermé, moins souriant. Bien sûr, Neil ne tarda pas à s'en inquiéter. Lors des premières semaines, je lui répondais que ce n'était qu'une baisse de moral, rien de grave, que ça passerait. Inutile de préciser qu'au contraire ça empirait, n'est-ce pas ? Vous ne voyez pas où je voulais en venir avec ça ? Attendez un peu, vous n'allez pas tarder à comprendre.

Finalement, après presque deux mois de ce petit manège, je choisis le moment qui me semblait le plus propice pour « m'ouvrir ». Larmes de crocodiles, regard suppliant, voix brisée, tout y était. Sérieusement, je méritais un putain d'Oscar. Entre deux sanglots que j'étouffais plus ou moins bien, je lui racontai que certains agents du SHIELD, en vérité des fanatiques d'Hydra, avaient réussi à retrouver ma trace, et qu'ils avaient menacé ouvertement de s'en prendre à lui et Eilis si je ne les aidais pas dans leur croisade contre Maria Hill et Fury. Comme je m'y attendais, il ne lui en fallut pas plus pour voir rouge. Intérieurement, je ricanais, particulièrement fier de moi sur ce coup-là. Faisant mine d'essayer de me reprendre, je lui donnai les noms de ces hommes quand il me les demanda. Des fidèles de Crâne Rouge ? Pas le moins du monde, puisqu'il s'agissait en réalité des hommes qui m'avaient autrefois arrêté et jeté derrière les barreaux. C'était à cause d'eux que j'avais subi l'Enfer, et dès le premier pas que j'avais fait en dehors de ma prison, je m'étais juré de les supprimer, un jour. Maintenant que j'avais quelqu'un pour le faire à ma place, à quoi bon me salir les mains ? Ainsi, je serais non seulement débarrassé de ces parasites qui me privaient de ma tranquillité d'esprit depuis trop longtemps, mais également de Neil, que je supportais de moins en moins. Combien de fois, alors qu'il dormait, paisiblement étendu à côté de moi dans le lit, en toute confiance, avais-je été tenté de lui ôter la vie ? Ce serait si simple, pourtant… Une goutte de sang sur sa peau, un coup poignard dans le coeur, une veine tranchée… Les méthodes ne manquaient pas, et semblaient toutes plus séduisantes les unes que les autres. A noter que j'avais une préférence pour l'empoisonnement. Ce serait lent, et atrocement douloureux sur la fin. Je connaissais parfaitement les effets de mon poison, pour l'avoir vu agir des dizaines et des dizaines de fois. Alors je dois avouer que si je devais choisir, ce serait cette façon-là qui primerait sur les autres. Mais là n'était pas la question. Neil n'allait pas mourir de ma main. Ou du moins, pas directement. Soit il se ferait tué par ses collègues, soit il se ferait pincer et juger pour trahison. Moi ? Oh mais moi, je serais déjà loin, voyons…

Bordel. Celle-là, je ne l'avais pas vue venir. Mais comment diable aurais-je pu savoir qu'un connard de fouineur du SHIELD me collait au train, hein ? Un ancien Purgiste, histoire de ne rien arranger. La situation avait tournée au vinaigre en l'espace de quelques instants à peine. Si au début Neil avait visiblement du mal à croire ce que lui racontait l'autre armoire à glace sur pattes, me suppliant du regard de lui dire qu'il mentait, que rien de tout ça n'était vrai, que ce n'était qu'une vaste mauvaise blague… Il ne put que se rendre à l'évidence quand le masque que je portais se fissura enfin, et qu'un sourire mauvais étira mes lèvres, un léger rire secouant mes épaules. Le visage de Neil semblait se décomposer alors qu'il comprenait enfin à quel point il s'était fait avoir.

« Dommage qu'il y ait toujours des trouble-fêtes pour tout foutre en l'air, j'étais si proche du but… Mais enfin, comme on dit, si on veut que quelque chose soit bien fait, il faut le faire soi-même. Au moins j'aurais eu la satisfaction de m'être bien amusé durant quelques temps. »

Les deux hommes eurent à peine le temps de dégainer leur arme qu'une épaisse branche de ronces les percutait de plein fouet, les envoyant dire violemment bonjour au mur. L'autre gisait inconscient, mais Neil ne l'entendit manifestement pas de cette oreille, se relevant en pestant. Je secouai légèrement la tête. Quelque part, je n'en attendais pas moins de lui. Bon, très bien. J'allais donc d'abord m'occuper de monsieur dur à cuire avant de me charger de l'autre rabat-joie. Eh puis, j'avais envie de jouer, aujourd'hui. Un peu comme un chat s'amusant avec une souris avant de lui délivrer le coup de grâce, si vous voulez une image un peu plus tangible.

… Depuis quand les souris étaient aussi combatives, exactement ? Merde, je l'avais sous-estimé. Ou bien était-ce moi qui m'étais cru plus fort que ça ? Peut-être un peu de deux, allez savoir… Un faux-mouvement, une erreur, un instant -à peine une demi-seconde- d'inattention. Et une balle se logeait dans ma poitrine, juste à côté du coeur. Celle-là non plus je ne l'avais pas vue venir. Les plantes que j'avais sorties de terre s'effondrèrent lourdement en même temps que moi. Etait-ce moi qui me faisais des idées, ou bien avais-je lu dans les yeux de Neil une certaine… Surprise ? Je l'avais forcé à tirer, c'était moi qui l'avais obligé à viser juste, mais je crois qu'il aurait voulu que j'arrête que cette balle, que je l'évite, peu importe comment.
… Et si mon erreur n'en était pas une ? Si… Si j'avais inconsciemment voulu qu'il me tue ? Allongé là, parmi les feuilles mortes et les épines, je commençais lentement à reprendre mes esprits. Etrangement, plus mon sang quittait mes veines pour se répandre dans la poussière, et plus le voile qui avait tout rendu si confus pour moi ces derniers temps se levait. Mon Dieu, mais qu'est-ce que j'avais fait ? Un jour, j'avais entendu dire que la vengeance était semblable à une forêt, et qu'il était facile de s'y perdre. A l'évidence, je n'avais pas fait que m'y perdre, je m'y étais enfoncé jusqu'à tourner en rond et devenir complètement fou.
Des larmes se mirent à creuser des sillons le long de mes joues. Bien joué, Allen, tu viens de jeter ta vie aux orties. La seule personne au monde qui t'aimait pour ce que tu étais, qui n'avait pas essayé de te changer, qui t'avait accepté auprès d'elle, voilà que tu venais très certainement de lui briser le coeur, et de la faire te haïr.
Respirer devenait de plus en plus difficile, et ma vue se brouillait. J'avais la sensation que mes membres se faisaient de plus en plus lourds, je ne les sentais déjà presque plus. Pourtant, je ne voulais pas renoncer à la vie, pas encore. J'aurais voulu vivre encore un peu. Ne serait-ce que pour avoir la chance de m'excuser, même si je savais que ça n'y changerait plus rien. Non, ce que j'avais fait était bien trop grave pour qu'on me pardonne. Moi-même je ne me pardonnais pas.
Je reconnus la silhouette floue de Neil au dessus de moi. Je ne voyais presque plus rien. Pourtant, cette simple vue suffit à m'arracher un faible sourire. Sincère, pour la première fois depuis trop longtemps. Mes entrailles se tordirent alors que je réalisais quel monstre et con fini j'avais été. Parler au passé, je n'aurais jamais du. Je t'aime, Neil, et je n'ai jamais cessé de t'aimer depuis la première fois où je me suis retrouvé dans tes bras, même si à l'époque ça n'avait été qu'un réflexe idiot de ma part après avoir vu une malheureuse araignée sous une table. Je t'aime tellement, et moi je ne suis qu'un abruti qui ne méritait pas que tu lui accordes une seconde chance. La preuve. Alors oublie-moi, garde de moi le souvenir d'un monstre qui t'a manipulé, haïs-moi, et passe à autre chose. Refait ta vie, tombe amoureux d'un autre, et surtout ne repense jamais à moi. Enterre moi dans un coin et ne me déterre jamais plus.
Pourtant, égoïstement, un murmure parvint à passer le seuil de mes lèvres, tandis que je me sentais glisser vers l'inconscience. « Je t'aime. » Il y avait tant de choses que j'aurais voulu te dire, mais ce sont les seuls mots que j'aurais la force de prononcer. La douleur avait disparue, à présent. Et alors que je lâchais enfin prise, accueillant la mort comme une délivrance pour mon coeur qui me mettait au supplice, j'eus l'impression d'entendre un « Moi aussi ». Mais je devais rêver, n'est-ce pas… ?
@ pyphi(lia)
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