Par un beau jour de début de printemps, où le soleil brillait haut dans le ciel et où la sève commençait à remonter dans les arbres, Brunnhilde fit atterrir Aragorn sur le trottoir, face à la maison du Sorcier Suprême, dans le but d’aller rendre visite à ses amis « réconciliés » depuis peu. Elle ordonna à sa monture de rester là (Aragorn pouvait paître dans le jardinet s'il le voulait), et se dirigea vers la porte d’un bon pas. Elle connaissait bien la maison, et était heureuse que Tommy soit enfin retourné voir Stephen. Elle avait même cru comprendre qu’il divorçait – enfin – de sa femme. Si elle n’avait jamais vraiment eu de détails, elle avait senti que quelque chose n’allait pas dans ce mariage lorsque Tommy lui en avait parlé à mi mots. La guerrière avait même rapporté un peu d’alcool Asgardien pour fêter tout ça. Mais pas trop non plus, elle ne voulait pas provoquer d’hécatombe…
Lorsqu’elle arriva devant la porte de la maison, elle ne prit pas la peine de frapper – parce qu’elle avait déjà une main prise par sa bouteille et que frapper en tournant la poignée n’était pas pratique – et entra dans le vestibule. Elle ne fit pas réellement attention au bruit qui provenait du salon. Un large sourire barrait son visage alors qu’elle s’imaginait les longues soirées qu’elle pourrait à nouveau passer avec Tommy à regarder des séries midgardiennes, celui-ci se plaisant à lui en faire découvrir. Et, peut-être, le Sorcier deviendrait un peu moins ronchon. Un peu plus sociable. De son point de vu, le déménagement vers Los Angeles avait été un retour en arrière fulgurant pour les deux hommes. Un peu comme si notre époque revenait subitement au Moyen-Âge. Heureusement, ils n’avaient pas mis autant de temps pour recommencer à avancer.
Elle sortit du vestibule et passa devant les escaliers, sans prendre garde à Wong qui, passant par-dessus la rambarde une tête étonnée, se précipitait vers elle pour qu’elle n’entre pas dans le salon – trop tard. Brunnhilde se figea un instant à la vue du corps de ses amis, qui semblaient bien s’amuser sur le canapé. Ce qui expliquait le bruit, soudainement. Mais, loin d’être gênée ou quoi que ce soit, Brunnhilde esquissa un sourire amusé en posant ses poings sur ses hanches, faisant attention à sa bouteille, et les observait en retenant un petit gloussement. Elle n’aurait quand même pas cru que cela irait si vite, mais peut-être était-ce elle qui se faisait vieux-jeu, après tout, depuis combien de temps n’avait-elle pas eu d’amant ?
Cela ne dura pas longtemps, cependant, une poignée de secondes tout au plus. C’est quand leur sensuel ballet cessa que Tommy, les joues rougit par l’émotion, se redressant légèrement pour serrer Stephen dans ses bras et enfouir son visage dans le creux de son coup, aperçu la guerrière et poussa un cri d’indignation. Tournant rapidement la tête, surpris et étonné, Stephen écarquilla légèrement les yeux et la réaction fut immédiate ; la guerrière fut repoussée de quelques mètres, retombant aux pieds de Wong qui était resté figé au bas de l’escalier. Brunnhilde réussit à sauver sa bouteille d’alcool, et releva le nez vers Wong ;
« Pas commode, hein ! »
Dans le salon, Tommy était plus rouge que jamais. Ils s’étaient tous deux rhabillés rapidement, et Stephen avait remis un peu d’ordre, écoutant distraitement les élucubrations de son amant et fort peu ravi par cette intrusion indésirable dans leur vie privée.
« On ne peut pas la renvoyer, hein ?... Brunnhilde est notre amie… On… Je… Tu… Tu ne peux pas lui effacer la mémoire, hein ? - Non. »
Tommy lâcha un soupire dépité, se passant les mains sur le visage.
« Qui aurait cru que Brunnhilde était une perverse ?... - Eeh ! » Brunnhilde refit son entrée dans le salon, comme les portes s’étaient rouvertes. « Désolé, mais vous savez, votre notion de pudeur me dépasse un peu, et puis vous êtes bien fait de votre personn- - Brunnhilde ! S’il te plaît, plus un mot ! » couina Tommy qui avait attrapé un coussin et le serrait contre lui ; « Serre plutôt de ton alcool ! »
Stephen, qui n’avait pas dit un mot (et il n’était pas dit qu’il adresse un seul mot à qui que ce soit le soirée, hormis peut-être à Tommy pour lui ordonner de ne pas finir ivre mort), leva les yeux au ciel en rejoignant son fauteuil, bras croisés.
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