“I know you’re afraid but we can’t hide in this closet forever.”
...
« Je sais que tu as peur, mais nous ne pouvons pas rester éternellement cachés dans ce placard. »
Tommy releva doucement les yeux vers Stephen. Non, ils ne pouvaient pas, réellement ? Par réflexes, il avait passé ses bras autour de la taille du Sorcier suprême, et l’avait serré contre lui. Il ne voulait pas que son amant ouvre la porte, il ne voulait pas qu’il en sorte, il bénissait le ciel de le voir faire preuve d’une grande patience.
« Tommy. Il faut sortir. »
Le mutant finit par hocher la tête, et le relâcha doucement… Pour revenir soudainement contre lui, le plaquant contre le bois du meuble dans son élan, lâchant un couinement. Le grondement sourd qui déchirait le ciel le faisait trembler, gémir, de manière gênante et incontrôlable. Stephen, les bras ouverts, finit par caresser doucement son dos en lâchant un soupire. Ce n’était pas de l’orage, pourtant, que Tommy avait peur, et Stephen n’arrivait pas à expliquer l’élan de panique qui avait soudainement pris le mutant. Le Sorcier lisait, tranquillement, lorsque son petit-ami l’avait brusquement attrapé et les avait tous deux enfermés dans ce placard. Les éclairs illuminaient parfois le ciel en quelques flashes rapides : ils pouvaient le voir à travers les interstices du bois. Cela ne faisait pas longtemps qu’ils étaient ici, mais il fallait bien avouer que ce n’était pas l’endroit le plus confortable du monde, et que la quinzaine de minutes qui s’était écoulées leur avait donné la sensation que plusieurs heures étaient passées.
L’océanologue lâcha un léger soupire, en calant son visage contre l’épaule du Sorcier, desserrant légèrement son étreinte sans pour autant le lâcher. Il avait lui-même conscience de sa bêtise et de son emportement. Ils avaient parlé, lui et quelques collègues, de l’attaque de New York, de l’état de la ville, de la force de ces créatures extra-terrestres. Ayant encore toutes ces images en tête, qui tournaient et revenaient sans cesse dans son esprit, il avait paniqué au premier coup de tonnerre. Une panique soudaine et incontrôlable, de celle qui vous met dans un état second et que Stephen avait eu bien de la peine à calmer. Mais à présent qu’il parvenait à se concentrer, qu’il se laissait bercer par la respiration calme et les battements de cœur du Sorcier, il parvenait à s’apaiser lui-même et finit par souffler, d’une petite voix gênée :
« J’ai eu peur qu’ils soient de retour… »
Stephen ne répondit pas immédiatement. Peut-être n’avait-il pas compris tout de suite à quoi Tommy faisait allusion, mais il finit par le repousser doucement pour le tenir à bout de bras ; du moins, autant que faire se pouvait, dans ce placard.
« Ils ne reviennent pas. Je le saurai. » Tommy hocha légèrement la tête en détournant le regard. Sentir le pouce de Stephen effleurer sa joue lui arracha un sourire, en même temps que celui-ci continuait doucement : « Et puis, tu es en sécurité. Tu n’as rien à craindre. »
Le Sorcier attendit encore quelques secondes, avant de finalement ouvrir la porte du placard et de lui prendre une main pour l’en faire sortir à sa suite. Il attrapa sa cape pour la poser sur les épaules de Tommy, et le pousser doucement vers le lit.
« Tu es fatigué, va te reposer. Je termine ce que j’ai à faire, et je te rejoins. »
L’océanologue hocha doucement la tête avec un léger sourire. Il referma les pans de la cape sur son corps, avant de finalement la plier avec délicatesses et la poser sur une chaise lorsque Stephen sortit. Suivant son conseil, il se changea rapidement et se glissa dans le lit, rassuré.
« Non, je refuse absolument de toucher ça. - Allez, Tommy, fais-moi plaisir. »
Les lèvres du mutant se tordirent en un léger rictus tandis qu’il observait la substance tirant entre le marron et le vert, gluante (ou, du moins, qui le semblait), et secoua négativement la tête. Nop. Pas question. Il serait aux portes de la mort qu’il ne toucherait pas cette étrange mixture, alors pour de simples maux de ventre, quintes de toux et éternuements… Il releva les yeux vers Stephen, qui le fixait d’un air accusateur.
« Je ne peux pas te donner le remède tibétain à l’ail, parce que tu as des maux de ventre. - Je vais guérir tout seul, éloigne ce truc de moi ! - Pourquoi dois-tu être récalcitrant précisément aujourd’hui ? Je ne veux pas d’un malade dans mon lit. - C’est vrai que tu es vieux et fragile, tu pourrais mourir de mes microbes. - Et en plus, tu deviens sarcastique. »
Tommy renifla pour toute réponse. C’est vrai que ce n’était pas dans ses habitudes d’être désagréable, Tommy était plutôt quelqu’un que l’on rangerait dans la case « adorable », voire même qui l’était un peu trop. Il en fallait beaucoup pour l’agacer, et pour qu’il le montre, et le mutant faisait tout particulièrement attention à cela avec Stephen – mais pas aujourd’hui, et il avait de la chance que le sorcier ne soit pas de trop mauvaise humeur. Néanmoins, Tommy finit par se dandiner d’un air gêné, étudiant à nouveau la substance visqueuse avec un semblant d’intérêt.
« Et puis, tu n’as pas à le toucher, juste à l’avaler. - Ah parce que, d’après toi, je peux avaler quelque chose sans le toucher ? - Tommy. » Le ton soudainement plus sévère du Sorcier le fit soupirer. « Tu ne me fais pas confiance ? - Si, bien sûr que si… »
Il resserra sur lui les pans du plaid dans lequel il était emmitouflé, et tendit un peu le cou. Il sentait le regard acier de Stephen peser sur lui mais, définitivement, ce truc le dégoutait. Il avait beau faire des efforts et prendre sur lui, quelques chose le rebutait sans qu’il ne puisse réellement savoir pourquoi, jusqu’à ce qu’il recule précipitamment au fond du canapé :
« Mais… Ça bouge ! »
Stephen soupira un peu, passant une main sur son visage ;
« Oui, mais… Tommy, ça n’est rien, d’accord ? Imagine que c’est de la gelée. - De la gelée ? N’importe quoi ! Je suis Anglais, Monsieur, et moi je sais ce qu’est de la gelée, et c’est tout, sauf ça ! »
Le mutant pinça les lèvres, relevant rapidement le regard vers Stephen qui, soudainement, ne semblait plus rire du tout. Sans dire un mot, Stephen prit le récipient qui contenait l’étrange substance, avant de se lever. Tommy déplia ses jambes et posa ses pieds sur le sol, clignant des yeux, avant de couiner :
« Stephen… Stephen ! Tu sais, je peux guérir avec un peu de temps, d’attention et de câlins, je n’ai pas besoin de… Non, reviens ! » Tommy se leva pour le rattraper, mais empêtra ses pieds dans le plaid et manqua de tomber. « Je vais boire ton truc, c’est bon ! Mais reste avec moi… S’il te plaît ? »
Le Sorcier s’arrêta, avec un léger soupire, laissant Tommy prendre ce qu’il refusait de toucher depuis un moment beaucoup trop long pour lui. Le mutant esquissa une grimace de profond dégoût en avalant d’une traite l’étrange substance, se mit à tousser et retint un haut-le-cœur de justesse, avant d’attraper Stephen pour le ramener doucement sur le canapé et se blottir contre lui. Tommy avait bien compris que s’il ne voulait pas passer la soirée tout seul sur le canapé entre deux montées de fièvre, il ne fallait plus qu’il contrarie son compagnon – aussi s’installa-t-il délicatement contre lui et ferma-t-il les yeux. Il finit par somnoler sans pour autant dormir, se reposant en profitant de la présence de Stephen qui, lui, pouvait profiter du calme pour lire quelque grimoire, tout en veillant son malade.
“How exactly did you manage to get stuck in there ?”
...
« Comment as-tu réussi à te coincer là-dedans, exactement ? »
Tommy échangea un regard gêné avec Wong, tandis que Brunnhilde retenait un large sourire derrière un Stephen Strange qui avait croisé ses bras sur son torse avec un air profondément désespéré.
« Je… M’ennuyais. » tenta doucement le mutant aux joues rougies.
La Valkyrie ne put retenir son rire d’exploser dans l’air à ses paroles. Il fallait dire que la situation était assez cocasse. Le jeune mutant avait en effet toute la partie basse de son corps bloqué dans une sorte de grande jarre en verre, trouvée dans un coin de la maison. Il y avait des tas de choses, chez le Sorcier, et Tommy avait toujours l’impression de découvrir de nouvelles choses ; car, petit à petit, il réussissait à obtenir l’autorisation du propriétaire des lieux de ranger un peu plus son petit bazar, avec à chaque fois une bonne liste de recommandation à propos, par exemple, de ce qu’il n’avait pas le droit de toucher. Et Tommy adorait « ranger » la maison, s’émerveiller devant les objets qu’il avait tout le loisir d’observer… Il avait parfois l’impression de pouvoir effleurer du doigt le monde plein de magie dans lequel évoluait son petit-ami, et qu’il n’avait le droit que d’observer.
Mais tout ne se passait pas toujours comme prévu, comme pouvait en attester la position dans laquelle il s’était retrouvé… Bloqué. Le regard noir de Stephen fit taire Brunnhilde, pourtant encore bien loin de s’arrêter de rire. Les lèvres pincées, les yeux rieurs, seul le tressautement de ses épaules témoignait de son hilarité à présent silencieuse. Regarder la Valkyrie aurait tiré un sourire à Tommy, mais il n’osait pas quitter Stephen des yeux, sauf pour les baisser, de temps à autre, comme un enfant se faisant réprimander par ses parents. A la différence près qu’il s’agissait là de son compagnon et, accessoirement, de l’un des êtres les plus puissants qui existe – s’il avait bien tout compris.
« Tu t’ennuyais ? Et donc, quand tu… T’ennuis, tu t’amuses à te coincer ? - N… Non ! - Alors quoi ? Tu veux que je te vende à l’aquarium du coin, c’est ça ? - Stephen. » intervint alors Brunnhilde en posant une main sur son épaule, tandis que le mutant secouait négativement la tête tout en la baissant piteusement. « Pardon ? C’est ridicule. Quelle idée ! Et comment il a fait pour rentrer dedans ? - C’est un accident, monsieur, sa mutation… » commença Wong « Oui, sa mutation, oui, je le vois bien, mais un accident ? - Tu sais bien qu’on ne te ment pas ! » couina alors Tommy.
Il se tortilla légèrement, essayant de faire glisser ses hanches hors de la jarre, mais rien n’y faisait. Stephen avait haussé un sourcil, Brunnhilde se retenait à nouveau de glousser. Elle avait un de ces regards qui, loin de se demander par quel miracle il avait pu rentrer, semblait plutôt le féliciter pour son malheureux exploit. D’un léger coup de menton, Stephen encouragea Tommy à continuer, curieux de savoir comment cet « accident » avait pu se réaliser. Il avait pour le moment du mal à imaginer qu’il ai pu faire ça sans accident « magique » et, quelque part, cela l’inquiétait. Le décevait un peu, aussi : il avait toujours défendu Tommy d’y toucher, et même s’il pouvait concevoir que la tentation pouvait être grande… Il n’aurait jamais pensé le mutant capable de trahir sa confiance. Il espérait que son explication soit… Sincère, à défaut d’être convaincante.
« On a trouvé cette jarre, et… Wong m’a assuré qu’elle n’avait rien de magique, alors… Je sais pas ce qui m’a pris, je me suis demandé ce que ça ferait si je n’avais qu’une seule jambe immergée, on l’a remplie d’eau, et… Je suppose que ma mutation n’a pas exactement compris la situation, elle s’est développée autour de la jambe qui était dans l’eau, et… Voilà où j’en suis. »
Stephen resta un moment coi, avant de pincer l’arrête de son nez entre son pouce et son index, lâchant un léger soupire.
« Tommy. Tu sais que je t’aime, mais parfois je me demande si tu te sers réellement de ce que tu as dans la boîte crânienne et qui s’appelle "cerveau". - Tu… Tu peux me sortir de là ? - Evidemment. Mais je ne sais pas si j’en ai envie, ou si j’ai envie de te laisser comme ça encore quelques temps, histoire que tu réfléchisses. »
Une espèce de silence un peu froid et choqué tomba sur la pièce, jusqu’à ce que Brunnhilde ne fronce les sourcils en disant à Stephen qu’il exagérait, et que s’il ne faisait rien, elle s’en chargerait elle-même. Ce qui sous-entendait qu’elle emploierait la manière forte. Ce qui sous-entendait encore qu’elle briserait très certainement la jarre. Tommy se demanda soudainement, si l’eau était vidée, ses jambes réapparaitraient-elles toutes les deux à l’intérieur de la jarre, où comme elles étaient au départ, le débloquant ainsi ? Il préféra ne pas exposer son questionnement, et laisser le sorcier se décider à le miniaturiser et le sortir enfin de cette maudite jarre, avant de lui faire reprendre taille normale.
« Evite de recommencer. » siffla le sorcier.
Stephen sortit de la pièce avec un léger soupire ; s’il était légèrement exaspéré – et la journée qui avait passé ne l’avait déjà pas mis d’excellente humeur – au moins était-il soulagé et rassuré sur le fait que, non, Tommy ne s’essayait pas à la magie. De son côté, Brunnhilde pris l’océanologue dans ses bras sans essayer de cacher son rire, à présent que le Sorcier avait quitté la pièce.
« Quelle idée ! » gloussait-elle « Surtout, ne change pas ! - Mais… J’ai pas fait exprès ! » couina le mutant en protestation
La Valkyrie secoua la tête en essayant de se calmer, et le tapota dans le dos avant de l’entraîner à leur tour hors de la pièce, tandis que Wong s’empressait de vider la jarre pour la remettre à sa place.
Le regard agacé de Stephen passait du caleçon qu’il tenait à hauteur de tête à l’air pincé et innocent de Tommy. Il y avait quelque chose, au fond de son regard, qui semblait au contraire crier sa culpabilité. Mais il tenta d’effacer rapidement son air passablement amusé lorsque le regard du Sorcier apparu au-dessus du sous-vêtement coloré. La scène était assez comique ; un sorcier demandant pourquoi quelque chose devenait « autre chose »… Mais plus encore Stephen avec cet air mi-surpris mi-agacé face à son sous-vêtement.
« Comment ça, ‘‘soudainement devenu violet’’, chéri ? » tenta-t-il, quoi que sachant pertinemment qu’il ne pouvait rien cacher au sorcier. « Ne te moque pas de moi, Tommy… Ils sont tous comme ça ? »
Stephen reposa celui qu’il avait dans les mains, pour en attraper un deuxième, puis un troisième, de la même couleur. Le quatrième – et dernier – virait plus vers le violet délavé, voire le rose. Le sorcier grimaça en les remettants dans la bassine que portait Tommy. L’agacement avait laissé place à un air plutôt désespéré, tandis qu’il se passait une main sur le visage, se demandant à quoi il allait bien pouvoir ressemblait avec ça.
« Hum… Tu sais, Stephen, personne n’est censé voir tes… Sous-vêtements… A part moi… Et je m’en moque qu’ils soient roses ou violets… - Peut-être, mais ma crédibilité en prend un coup quand même… Comment est-ce arrivé ? - J’ai fait une machine… - Tu as fait une… Tommy, je ne lave jamais mes vêtements ! Enfin si, mais… Magiquement. » se rattrapa le sorcier devant l’air choqué de son petit-ami.
Tommy finit par jeter un regard dépité à sa bassine de linge propre. Certes, un peu… Déteint, mais propre. Encore une fois, il se sentait légèrement… Inutile. Que pouvait-il faire dans cette maison qui ne soit pas fait par magie ? Le ménage était réduit à demander à Wong ce qu’il avait le droit de dépoussiérer de ce qu’il ne devait pas toucher – et il faisait encore plus attention depuis l’incident de la jarre – mais il devait bien avouer qu’il ne savait pas vraiment comment se rendre utile, ici. Tommy était un peu en Terre Inconnue, et quand il rentrait du travail et que Stephen n’était pas là… Il n’avait pas forcément envie de rester devant la télé à regarder les programmes qui voudraient bien passer.
Soupirant légèrement, Stephen attrapa la bassine de linge avant de la poser à côté, et pris doucement le mutant dans ses bras.
« Ce n’est pas grave, ça… Partait d’une bonne intention. Et tu es loin d’être inutile, Tommy. »
L’océanologue hocha doucement la tête en serrant le Sorcier contre lui, à la fois soulagé et heureux.
« Hum… Si tu le dis. Et, uh, je suis sûr que le violet t’irait bien au teint… »
Un sourire en coin fini par apparaître sur le visage de Stephen, qui baissa les yeux vers son amant, avant de l’embrasser sur le front.
Tommy n’était pas vraiment certain qu’il faille une masse à Brunnhilde. Il n’était plus certain de rien, à vrai dire, et cherchait donc désespérément une masse. Qu’il ne mit pas beaucoup de temps à trouver. De l’autre côté de la porte, ils entendaient Wong les appeler, leur dire de ne pas paniquer, mais… Plus facile à dire qu’à faire. Tommy prenait sur lui pour ne pas se coucher en position latérale de sécurité et en priant tous les dieux qu’il connaissait… Tout ceci n’était qu’un malheureux accident, se répétait-il, je n’y suis pour rien, tout ceci n’est qu’un malheureux accident.
Pourtant, tout avait bien commencé. Ils étaient en train de monter la piscine hors-sol en métal que Tommy avait réussi à obtenir de Stephen, le mutant expliquant les étapes du montage à la Valkyrie, et Brunnhilde usant de ses bras pour monter la piscine… Jusqu’à ce qu’il leur faille remplir la piscine. Tommy aurait pu utiliser sa mutation mais, ne la maîtrisant absolument pas, il avait voulu éviter (le souvenir douloureux d’avoir fait un saut de plusieurs mètres en voulant essayer de maîtriser sa mutation, et sa retombée sans douceur, lui avait fait passer l’envie de recommencer) et les deux compères étaient donc parties à la recherche d’un tuyau d’arrosage.
N’en trouvant pas, Brunnhilde avait décidé de monter au grenier pour trouver Wong et lui demander s’il y avait un tuyau dans cette « foutue baraque ». Tommy avait couru à sa suite pour l’empêcher de violer le lieu sacré, mais par un concours de circonstances absolument désastreux… Il avait été poussé à l’intérieur par la Valkyrie, qui y entra à sa suite. La porte se referma sur eux, tandis que Wong se retrouvait du mauvais côté, avec une expression tout à fait siphonnée. Voilà donc où ils en étaient, Brunnhilde avec sa masse, prête à défoncer la porte, tandis que Tommy était au bord de la panique parce qu’il n’aurait jamais dû poser un pied dans cette pièce. Jamais. Et Brunnhilde n’était pas non plus censé défoncer la porte, qu’ils avaient essayé d’ouvrir en vain.
Lorsque Brunnhilde pris son élan pour exploser la porte dissidente les maintenant enfermés dans cette pièce interdite, celle-ci s’ouvrit et Wong eu juste le temps de faire un pas sur le côté pour éviter le coup de masse. Brunnhilde manqua de tomber en avant dans son élan – elle avait mis tous son cœur et sa puissance dans son mouvement – mais la masse lui échappa juste en dévalant les escaliers, chassant au passage quelques chats curieux mais ne cassant – heureusement – rien dans sa trajectoire. Tommy sortit en catastrophe du grenier et descendit les marches comme jamais il n’en avait descendu auparavant, s’arrêtant devant la porte d’entrée, une main sur le cœur, reprenant sa respiration.
« Wong ?... - Monsieur ? - Tommy… - Monsieur. - … Bon, oui, euh… On a fait quelque chose de mal ? - Non, monsieur, ce n’était qu’un accident, le pire a été évité. - Le pire ? C’était quoi le… Oh, je ne suis pas certain de vouloir savoir, en fait… - Comm- - Bon, est-ce que vous avez un tuyau oui ou merde ?! »
Les deux hommes tournèrent la tête vers Brunnhilde, poing sur les hanches et masse en main. Wong se dépêcha de récupérer l’arme, en marmonnant qu’ils avaient eu de la chance qu’elle ne frappe rien avec, et Tommy préféra sortir avant d’entendre ce qui aurait pu se passer dans le cas contraire. Ils finirent par trouver le tuyau, derrière un tas de bois sur le côté de la maison, et purent ainsi remplir la piscine, où ils se prélassèrent, cocktail en main, invitant même Wong à partager un moment avec eux – ce qu’il déclina poliment en insistant sur le « monsieur ».
Ils passèrent ainsi, finalement, une bonne après-midi. En revanche, l’histoire ne dit pas ce qu’il advint de Tommy et Brunnhilde une fois que Stephen fut rentré…
“Explain it to me again - why do we need to pretend to be married ?”
...
« Explique-moi ça encore une fois… Pourquoi devons-nous prétendre que nous sommes mariés ? - … Ils faisaient des réductions pour les couples mariés ? »
Tommy esquissa une moue un peu gêné, n’ayant – en fait – pas vraiment d’explications valable. Il avait dans sa sacoche ses faux papiers, que lui avait généreusement offerts Kin, les faisant ainsi passé pour marier devant l’Etat Californien (et oui, tous les Etats n’acceptaient pas encore le mariage entre deux Hommes). Stephen prit délicatement la sacoche avec un léger soupire, pour vérifier les papiers, tandis que Tommy enregistrait leur bagage. Lorsqu’il eut montré leur passeport et leur carte d’embarquement, il se décala pour venir reprendre la main de Stephen :
« … Tu te fous de moi, Tommy ? - Pardon ? - Stephen Brittany Strange ? »
Tommy eut un moment d’arrêt, avant d’échapper le nom de « Kin » dans un soupire. Stephen pinça les lèvres en prenant sur lui pour ne rien dire, quoi que grognant de temps à autres que c’était inadmissible et absolument écœurant. Tommy essayait de le détendre un peu, passant une main dans son dos, lui promettant qu’il ne s’agissait que d’une odieuse blague de la démone, et que Brittany n’avait plus aucune place dans son existence. Qu’il avait même totalement renoncé à lui offrir quoi que ce soit pour son anniversaire. Le mutant posa son menton sur son épaule en caressant distraitement son avant-bras découvert, Stephen ayant remonté ses manches de chemise jusqu’au coude, lisant finalement le « Monde » (en français), négligemment, pour oublier cet affront. Les seules choses que Tommy réussit à lire furent « Ivre, il attaque sa voisine en la traitant de fille de Satan ».
Tommy ferma les yeux, lui-même assez anxieux par rapport à la réaction de ses parents. Après tout, Stephen n’était pas n’importe qui. Il était le Sorcier Suprême, et… Egalement son compagnon. Il savait ses parents très ouverts, mais il savait était également Stephen plus vieux que ses parents. Et ses archéologues de géniteurs allaient très certainement adorer le fait que le compagnon de leur fils soit une relique vivante. En très bon état, qui plus est. Non, Tommy n’avait pas peur que ses parents rejettent son nouveau couple, juste que, au contraire, ils soient trop… Collants. Chose qu’ils n’avaient pas pu faire depuis un bon bout de temps, Brittany ayant rapidement posé des distances.
Au bout d’une trentaine de minutes, Tommy finit par s’étirer comme un chat, récupéra sa sacoche et se leva en gardant l’une de ses mains accrochée au bras de Stephen pour l’entraîner vers l’embarquement, et présenta son billet ; le « bon voyage, monsieur Strange » le perturba quelque peu, sur le coup, mais le léger sourire qu’il vit tressauter au coin des lèvres de Stephen (Tommy pourrait avoir un doctorat en « déchiffrer le langage corporel de Stephen Strange ») ne lui indiquait rien de bon. Peut-être que Kin trouvait-elle son compagnon « sinistre et déprimant », mais le mutant savait qu’il y avait des fois ou Stephen pouvait être… Taquin.
« J’emmène ma petite sirène en voyage ! » annonça-t-il en présentant son billet, faisant rougir Tommy du menton jusqu’à la racine. « C’était pas la peine ça, Stephen… » chuchota Tommy lorsque le Sorcier revint auprès de lui. « Je croyais qu’on était marié, chéri ? Il faut assumer son mariage. »
Tommy grommela vaguement pour lui-même qu’il préfèrerait que ça soit réel plutôt qu’un mariage factice, ce à quoi Stephen lui répondit mentalement qu’ils étaient mariés, après tout, ils avaient les papiers. Et son idée ne sembla soudainement plus aussi brillante à Tommy, même si – malgré tout – il éprouvait une certaine fierté à se faire appeler « Strange » par tous ces inconnus.
“In my defense, I thought this would go a lot more smoothly.”
...
« Pour ma défense, je pensais que cela se passerait mieux. »
Tommy détacha son regard du hublot, tandis que l’avion roulait sur le macadam, prêt à s’envoler. Cela faisait quelques minutes qu’aucun des deux hommes n’avaient échangé un mot. A vrai dire, ils n’en avaient pas non plus beaucoup eu l’occasion depuis qu’ils s’étaient trouvés en compagnie des parents de Tommy. Leur dire la vérité à propos de Stephen n’avait pas été chose aisé pour le mutant, pas tant parce que le Sorcier était quelque chose d’assez extraordinaire en lui-même, mais parce qu’il connaissait ses parents. Du genre à oublier leur gamin à la sortie de l’école parce qu’un vieux fossile avait été déterré au sommet du Tor de Glastonbury.
« Mais… Ça c’est mieux passé que ce que j’avais imaginé de pire, quand même. »
Après tout, aucun de ses deux parents n’avaient fait d’infarctus en apprenant que leur nouveau « gendre » avait… 86 ans. Le cœur d’aucun des deux n’avait lâché de bonheur en apprenant que leur fils était, en quelque sorte, devenu immortel. Par contre, il avait cru perdre sa mère lorsqu’elle apprit que l’une des plus proches amis de Tommy était une Valkyrie d’Odin. La femme était rentrée dans une sorte de transe hystérique, qui avait vraiment gêné son fils. En revanche, lorsqu’il avait s’agit d’expliquer qu’il était aussi ami avec une démone… Cela avait été plus délicat. Surtout que la tête légèrement blasé de Stephen, qui n’allait pas oublié de ci-tôt l’odieuse blague de Kin, n’aidait pas Tommy à faire comprendre à ses parents que, si, il avait une amie démone à qui il pouvait faire confiance.
« Ils ne t’ont pas sauté dessus, ils ne t’ont pas agressé... »
Tommy ne savait pas trop comment prendre le silence obstiné de son compagnon. Hésitant, il posa délicatement sa main sur la cuisse de Stephen, la caressant légèrement et distraitement en relevant le regard vers son visage, en laissant traîner son regard sur ces petits détails qu’il aimait tant et dont il ne se lasserait jamais. La forme de ses lèvres, la courbure de son nez, sa barbe finement taillée et travaillé, ses yeux métal qui se posaient sur lui tandis que le mutant esquissait un léger sourire à son attention. Il aimait ce qu’il voyait, ce qu’il redécouvrait chaque jour, et ses lèvres vinrent trouver d’elles-mêmes la commissure de celles de Stephen, qui finissait par lui répondre avec un air adoucie ;
« Non, c’est vrai. Pas plus qu’ils n’ont douté de moi. »
Tommy secoua légèrement la tête, un sourire amusé prenant place sur son visage tandis que Stephen finissait par se pencher légèrement vers lui pour déposer un baiser sur ses lèvres.
« Je suis sûr que tu en es heureux, vil Sorcier ! - Mais oui, parfaitement. »
Le mutant secoua légèrement la tête en regardant par le hublot. L’avion avait décollé depuis quelques minutes à présent, et l’Océan Pacifique s’étendait sous leurs yeux. Stephen avait fini par poser sa main sur la sienne, entrelaçant leurs doigts, s’amusant parfois légèrement avec. Cela dura une petite heure, avant que le Sorcier ne commence à s’agiter légèrement, dans cet avion.
« Il fait froid... - Tu peux baisser la clim, chéri. - Les autres passages sont trop bruyants. - … - Je m’ennuie, Tommy. On rentre ? - Mais, oui, enfin… Les valises… - Oh, ne t’en fais pas, un détail ! »
Ayant eu le semi-accord de l’océanologue, Stephen les détacha, attrapa son compagnon et les téléporta directement chez eux, faisant cligner les yeux de Tommy qui ne s’y était pas attendu pour autant.
« … Soit. - Et les valises sont là. Dommage qu’on n’ai pas pu récupérer quelques meubles de chez tes parents… Enfin, ça te reviendra bien un jour. - Stephen ! - Hum ?... - … Non, rien, ce n’est pas grave. Je vais oublier ce que tu viens de rire, et le fait que tu as certainement causé un élan de panique à bord de l’avion. - Des broutilles. »
Tommy secoua légèrement la tête ;
« Bon, tu ouvres ? - Après vous, je vous en prie » fit le Sorcier en lui ouvrant la porte. « Bienvenu chez vous, Monsieur pseudo-Strange. »
Tommy marqua un instant d’arrêt sur le pas de la porte, avant de secouer légèrement la tête ;
« Arrête, Stephen, ou je t’appelles Brittany. - On verra bien si tu m’appelleras encore Brittany quand on sera dans la chambre ! »
Tommy secoua à nouveau la tête en déposant la valise aux pieds de l’escalier ;
« Tu es en forme. - Assez, oui ! Peut-être que je l’aurais moins été si je n’avais pas eu peur que tes parents nous écoutes à n’importe quelle heure du jour et de la nuit mais, eh, c’est ce que tu appelles des vacances, non ? Nous sommes censé être dans l’avion, encore, usons donc de ce temps de vacances pour les clore convenablement - … »
Tommy se demanda un instant où était passé le Stephen grognon qu’il avait fait monter dans un avion pour le Royaume-Uni, deux semaines plutôt. Puis il se mit à glousser légèrement, hochant la tête, avant de grimper les escaliers en courant à moitié, heureux.
“I don’t know how you get yourself into these situations.”
...
« Je ne sais pas comment tu fais pour te mettre dans de telles situations… »
Stephen semblait hésiter entre exaspération et amusement. Tommy haussa légèrement une épaule, l’air penaud. Il ne pouvait pas vraiment bouger d’autre partie de son corps, de toute manière… Il était coincé, retenu, attaché, entravé par des filets de pêcheurs. Du genre qui, sans forcément le vouloir, tuait les animaux que Tommy étudiait, protégeait… D’où le fait qu’il était, en ce moment même, les chevilles, jambes, bras et poignets emmêlés dans les mailles d’un filet de pêche, un Stephen au petit sourire en coin penché au-dessus de lui, sur le pont d’un bateau à quelques kilomètres de la côte. Tommy avait cessé de se débattre avec un soupire épuisé. Se démener pour tenter d’échapper au piège duquel il avait sauvé deux tortues l’avait littéralement exténué, d’autant plus qu’il ne faisait que refermer un peu plus le piège sur lui-même en se débattant comme un beau diable.
C’était peut-être ce qui avait alarmé les marins, d’ailleurs. Les deux tortues libérées n’avaient pas eu un comportement très naturel, et quelques dauphins les avaient rejointes… Sans oublier les bruits d’eau remués, plus qu’à leur habitude, qui provenait de leurs filets ; Tommy avait tenté par tous les moyens de s’en sortir seul, en essayant même de se dégager grâce à sa mutation, mais rien n’y avait fait. L’un des pêcheurs avaient crié qu’une sirène s’était prise dans leurs filets, les autre avaient ri avant de voir Tommy ; mais quand ils ont commencé à relever le filet, la queue de poisson du mutant hors de l’eau redevint une paire de jambes, et c’est à ce moment-là que Tommy a appelé Stephen, paniquant légèrement.
En voyant apparaître le Sorcier, les pêcheurs n’ont pas tout saisi. Ils en étaient à présent là, avec un homme-ex-sirène dans leur filet et le Docteur Strange l’observant avec un mélange d’agacement et d’amusement. Plus amusé qu’agacé, d’ailleurs.
« On… On n’a pas fait exprès. Promis. On savait pas, monsieur. » tenta le plus jeune des marins.
Tommy et Stephen relevèrent le regard sur lui. Il ne devait pas être majeur, ou à peine ; le fils de l’un des pêcheurs. Un futur homme de la mer, lui aussi, certainement. Stephen se redressa en appuyant sur ses jambes, les mains auparavant posées sur ses genoux tandis qu’il était accroupi.
« Eh bien, il serait temps de commencer à faire attention à ce qui se prend dans vos filets. »
Si les adultes n’osaient rien dire, celui qui avait pris la parole s’empourpra en hochant vivement la tête, le visage rougit. Si l’expression de Stephen avait l’air dur, et son regard froid et sévère, Tommy pouvait voir, de là où il était, un léger creux aux coins de ses lèvres, une légère ride d’amusement. Tout ça n’était pas sérieux – Tommy se prenant dans un filet comme un vulgaire poisson était bien trop ridicule pour être sérieux. Mais le léger gémissement de la sirène reporta l’attention du Sorcier sur lui, qui le libéra des filets sans endommager ceux-ci, d’un petit mouvement de main. Il attrapa le mutant dans ses bras, arrachant à ce dernier une petite grimace, et salua les pêcheurs avant de disparaître.
Ils réapparurent dans le salon de leur maison, où l’amusement de Stephen s’effaça soudainement lorsqu’il remarqua les marques de brûlures et les écorchures sur la peau du mutant. Le gardant fermement dans ses bras malgré les quelques grognements de Tommy lui disant pouvoir marcher seul, il demanda à Wong de remplir la grande bassine du mutant (ressemblant à une antique baignoire en bois).
« Tu aurais dû m’appeler dès le départ, Tommy. - Je voulais m’en sortir seul… - Et regarde dans quel état tu es. » le coupa Stephen ; « Écorché et brûlé de partout à cause des cordes du filet. Et malgré l’eau. Ne me fais pas croire que tu n’as pas mal. »
Tommy soupira légèrement, mais décida de ne rien ajouter, les remerciant simplement lorsque Wong vint les avertir que la bassine était remplie et que Stephen l’y déposa pour qu’il puisse apaiser ses brûlures. Avant que Stephen ne s’éloigne, Tommy attrapa sa main, faisant arquer l’un des sourcils du Sorcier.
« Je n’allais pas m’envoler. Juste chercher une chaise. »
Conciliant, le mutant le laissa donc prendre une chaise et s’installer près de lui. Stephen pris doucement la main que le mutant lui tendait, et ils discutèrent longuement, de tout, de rien, prenant même le thé lorsque Wong le leur apporta, créant pendant quelques heures un cocon sécuritaire dans lequel ils se sentirent heureux, et sereins.
Tommy se crispa légèrement lorsqu’un bruit de verre brisé rompit le silence qui s’était imposé durant quelques secondes. Il releva les yeux vers Brittany, qui avait pris un air soudainement gêné, portant une main à sa bouche. Il l’observa pendant une poignée de secondes, se demandant si elle l’avait fait exprès, ou non… Non, bien sûr que non. Quoi que. Son pouls s’était accéléré lorsqu’il avait vu le petit aquarium tomber, comme au ralenti. Sans doute sa contenance ne devait-elle pas avoir plus de valeur que cela pour toute personne extérieur, mais c’était un véritable désastre pour l’océanologue sirène, qui allait mettre les anémones avec les Poissons Clowns. Pourquoi l’avait-il laissé l’aider ? Non, non, ça avait dû lui échapper – malgré tout ce qu’elle avait pu lui faire, il ne voulait pa croire qu’il ne s’agissait pas d’un accident.
« Ne t’en veux pas pour ça, ce n’est pas grave… » se força-t-il à dire.
Tommy pinça les lèvres avec un vague geste de la main, avant de se concentrer. Il tâchait d’apprendre à contrôler sa mutation. Ce n’était pas vraiment facile, mais il y avait du progrès ; pas grand-chose, cependant. Il devait continuer à travailler l’aquakinésie, mais cela n’était pas forcément très facile. Combien de fois Stephen et lui s’étaient-ils retrouvés trempés parce que sa mutation lui avait échappé au dernier moment ? Il prit néanmoins une grande inspiration, et tendit les bras, se concentrant. Lentement, l’eau déversée au sol bougea, se réunit autour des petites anémones. La boule d’eau s’éleva dans les airs avec un mouvement circulaire sur elle-même, permettant aux plantes de ne pas couler et retomber au sol. Tommy parvint à les mener ainsi jusqu’à leur nouvelle maison, assez fier de lui. Il lui semblait être soudainement épuisé, mais secoua légèrement la tête pour reprendre ses esprits.
Brittany ne l’avait pas lâché du regard, impressionnée – peut-être – par la maîtrise dont il avait su faire preuve, aujourd’hui. Elle s’approcha de lui, avec sa démarche un peu féline, un peu prédatrice. Tommy reporta son attention sur elle, se demandant ce qu’elle lui voulait ; elle était arrivée à l’aquarium un peu plus tôt, mais avait proposé de l’aider en le voyant déplacer les aquariums d’anémones. Et elle en avait lâché un.
« Tu voulais me voir ? » finit-il par demander d’une voix hésitante.
Elle hocha la tête. Le regard qu’elle lui lançait, à la fois déterminé et fort, ardent, donnait au mutant l’envie de se recroqueviller dans un coin. De plonger dans l’aquarium de l’orque et de rester caché avec, sous sa protection. Mais il resta là, droit, avec la pensé que Stephen serait fier de ne pas se laisser écraser par l’avocate.
« Oui. Je voulais savoir si tu voulais venir, mercredi. J’organise une petite soirée… J’ai quelques amis qui seraient ravis de te rencontrer. Je crois qu’ils aimeraient même t’offrir une… Promotion. - Je… »
Il écarquilla légèrement les yeux. Il ne s’était pas vraiment attendu à ça et, de toutes manières, il ne pouvait décemment pas y aller. Il n’avait, à vrai dire, pas la moindre envie d’y aller. Même s’il en avait eu l’ombre d’une envie, la tête qu’aurait certainement fait Stephen à ce moment-là (ou, à plus forte raison, l’expression au fond de son regard) l’en aurait dissuadé.
« Je ne peux pas. - Oh, aller, Tommy. Ce sera cool ! Nous ne sommes plus mariés mais on ne se fait pas la guerre. - Je ne peux pas, Bri. » insista-t-il.
Elle secoua la tête avec un petit air déçu. Tommy serra doucement une serviette entre ses doigts. Il n’aimait pas cette expression, elle lui rappelait quelque chose, qu’elle chose qui l’inquiétait, mais il ne savait pas quoi… Etrangement, la promotion dont elle lui parlait ne lui disait absolument rien. Pas plus que le regard soudainement triste qu’elle posa sur lui, l’air embêté, son index parfaitement manucuré glissant sur l’épaule de Tommy.
« Ça me ferait plaisir. Tu es parti si vite et, tu sais… - Tommy ? » Rhil apparu soudainement, coupant court la phrase de Brittany, qui s’éloigna de quelques pas, l’air de rien. « Tout va bien ? - Oui, j’allais m’en aller. Je venais juste m’assurer qu’il n’y avait pas eu de complications. »
Brittany lissa sa jupe du plat de sa main, avant de leur offrir un sourire commerciale et de s’éloigner, la tête haute et les talons claquant contre le sol de l’aquarium. Lorsque le silence revint, Rhil avisa Tommy, puis les morceaux de verres sur le sol.
« Oh, ce n’est rien, un petit accident… Ne t’inquiète pas. » Tommy lui sourit doucement, en allant chercher un balais pour ôter les morceaux de verres. « Elle me proposait de… Venir à une soirée, une bêtise comme ça. Je ne pense pas qu’elle revienne. Merci. - Hum. »
Tommy lui sourit en terminant de balayer, puis de se débarrasser des morceaux de verres. Lorsqu’il reposa tout ça, il vérifia les anémones et, satisfait, se tourna vers son ami :
« Eh, si tu passais prendre une tasse de thé, à la maison ? J’allais justement débaucher. »