not one of our own (t'challa & ahsoka)

" not one of our own"

Demain, dans une semaine, un an, ou encore dans un putain de siècle, peu m'importe combien de temps ça me prendra... mais je te sauverai, maman ! - Ahsoka

    Je ne sais pas comment cela a pu aussi mal finir, j'étais simplement impressionnée par le courage et la force de l'une des rares femmes en ce monde que j'admire après ma mère. Et en cet instant, voilà que j'étais emmenée et traitée comme une potentielle menace, tout simplement parce que je n'ai pas tenue à révéler une vérité qui aurait dû venir de ma mère et non de moi. Ce n'est pas comme ça que je rêvais de poser les pieds au Wakanda, j'avais l'impression d'être une criminelle. J'ai sentiment d'être rejetée, un sentiment qui m'a toujours angoissée depuis que je suis toute petite. L'orpheline que j'étais, a grandi avec cette peur de ne pas être acceptée et même si j'ai retrouvé maman, j'ai toujours affreusement peur d'être seule. Je ne sais pas pourquoi je ressens cela, c'est un sentiment qui s'impose à moi quoi que je fasse. Et forcément, lorsque j'ai le sentiment qu'Okoye me rejette, ça devient alors très difficile de rester insensible.
    Des larmes se mettent à couler quand je tente d'être forte, de supporter, d'être indifférente, mais cela a l'effet inverse... Ils coulent toujours plus, tandis que le chagrin n'en est que plus intense. J'essuie aussitôt celles qui arrivent au fur et à mesure, quitte à ce que ma peau sous mes yeux en deviennent rouge. Je n'avais pas osé regarder dans leur direction et je ne sais pas si j'oserai encore les regarder à nouveau droit dans les yeux. Elle avait réussi à me faire sentir indigne de les regarder, d'être parmi eux ou même d'avoir le droit de parler en leur présence. Je voulais juste n'être qu'une ombre en cet instant, une ombre qu'on ne remarque pas tant l'existence n'a que très peu de valeur. Me voilà donc emmurée dans mon silence, j'y retrouve illusoirement une certaine sécurité à laquelle je m'attache fortement. Je ne voulais pas vraiment appréhender ce qui allait m'arriver, je n'en avais de toute façon pas le courage en ce fichu instant. Je me surprends à être fragile d'esprit plus que d'habitude, est-ce parce que j'ai affaire au peuple de maman ?    

    Lorsque je sens que le vaisseau se poser, la peur commence à revenir s'engouffrer progressivement à travers mon coeur, se mettant à battre de plus en plus rapidement. Je me lève, laissant toutefois mon regard baissé avant de les suivre à l'extérieur. Une fois hors du vaisseau, je m'arrête sous le paysage surréaliste qui se dresse devant moi : assurément impressionnée parce que je voyais, peut-être même aurais-je été émerveillée si la peur ne me rongeait pas le coeur à ce moment-là. Mais, très vite je sais qu'il me faut les suivre, leur silence, le fait qu'on ne m'attache pas ou que sais-je, me laisse perplexe. Je ne sais clairement pas à quoi m'attendre, ce qui est sûr c'est que mes pas deviennent de plus en plus lourdes au fur et mesure qu'on approche du trône comme si chacun de mes pieds traînaient un fardeau. Intérieurement, je suis incapable de réfléchir, toujours sous le choc d'être entraînée dans cette situation, c'est tellement soudain. Pire encore, je suis sous le choc d'apprendre la manière dont Okoye voit ma mère, elle n'est peut-être pas la seule ici.
    Une fois dans la salle, je relevais enfin mon regard et je me sentais agressée par les regards de ceux qui étaient présents. Je me revois encore petite au Tibet, entourée de jeunes Tibétains de mon âge qui se moquait de moi à cause de mes cheveux crépus à l'époque, ainsi que de la couleur de ma peau. L'hybride... C'est ainsi qu'on m'appelait, parce que je n'étais ni blanche, ni noire. Chantant ce surnom parfois en me donnant des coups, parce que selon eux, c'était comme ça qu'il fallait nettoyer l'impureté. En Asie, dans certaine culture du moins, plus ta couleur de peau est sombre, plus tu es impure. J'étais une étrangère pour eux, leur regard plein de mépris a eu le temps de briser la fillette de neuf ans que j'étais à l'époque. Les regards qui se posent sur moi, ceux des personnes présentes dans la salle du trône en plus du roi et d'Okoye, je les reconnais sans même avoir à me concentrer. Je peux y lire le mépris et l'aversion, je suis à leur yeux une étrangère qui s'apprête en plus à être jugée par leur roi. Mon regard finit sa course sur Okoye, puis T'Challa. Silencieuse, attendant que le roi prenne la parole.