Everybody has a first love, old memories from yesterday.
FIRST CHAPTER : Welcome
Sur la barque qui l'emmenait sur l'île mythique du Japon, Ashitaka ressentait encore le goût de l'Exode sur ses épaules. Il commençait à avoir l'habitude des voyages, mais c'était la première fois qu'il ressentait les embruns d'un océan différent sur sa peau. Loin était à présent la mer Méditérannée, et sa chaleur précoce. Le faune se souvenait de ce moment où il traversa les mers pour aller annoncer sa mort jusque sur les rives du Nil. Il lui fut alors d'une extrême facilité de remonter les côtes jusqu'en Inde. Le Dieu avait tant appris de son voyage dans les pays asiatiques. Reprendre une nature divine, un nouveau nom, pouvoir se ressourcer auprès d'une nouvelle façon de penser, plus subtile, délicate. C'était comme s'il était mort en Chine, dans les bras de son mentor. Un humain qui avait tout compris sur l'existence, et les valeurs élémentaires de la vie. Tant et si bien que Pan le soupçonnait encore d'être un héros bien caché sous ses allures de simple être humain. Un tel individu, possédant une sagesse si grande, ne pouvait être comme tous les autres hommes. Jamais son maitre ne répondit à ses nombreuses questions quant à sa réelle identité. Et maintenant qu'il avait décidé de voguer vers l'inconnu, jamais il ne le saurait. Mais c'était une ignorance qu'Ashitaka avait accepté, en tout sérénité. Il était un dieu nouveau, rempli d'une humilité rare. Un tel changement, en comparaison de ce qu'il avait été pendant tant de centaines d'années, le rendait pantelant et assourdi. C'était tout nouveau pour lui, et il goûtait à ce nouvel état d'esprit, à cette force de caractère, avec un appétit vorace -mais toujours contenu dans la plus pure des traditions de l'Asie.
Le satyre avait grande hâte de découvrir cette nouvelle terre. Ce n'était pas parce qu'une simple étendue d'eau les séparait qu'ils devaient penser différemment de leurs confrères de l'Asie. Rien ne serait plus beau que le Japon. Son mentor lui avait longuement parler des cerisiers en fleurs, de leurs Temples et des cérémonies spirituels. C'était un grand sage qui savait reconnaitre la splendeur de l'étranger. Ashitaka ne pouvait s'empêcher d'imaginer qu'un peuple aussi beau devait avoir une place pour lui sur son territoire. Après tout, les Indes l'avaient accueuilli avec tellement d'honneur, et les Chinois avaient sur répondre avec bonté à son appel, alors que son maître le présentait à ses autres displines et concitoyens. Rien ne pouvait être différent de tout ceci. Vêtu d'un immense capuchon noir qui trainait sur le sol, ce fut avec un élan d'enthousiasme qu'il améra à la première baie qu'il vit. Non loin, des pêcheurs se ravitaillaient à un pont. Ce ne fut pas sans crainte qu'ils lui indiquèrent le chemin vers le premier village au abord. Le Japon montrait déjà les prémisces de ce qui allait causer du tort au faune: son isolement. Voir ainsi une immense ombre sombre se détacher de l'horizon pour aller jusqu'à eux, telle la Mort en personne venue du néant, ne pouvait que les effrayer. Mais Ashitaka n'y pensa pas, se dirigeant aussi vite que possible dans cette nouvelle vie. Est-ce que l'apprentissage de sa nouvelle doctrice l'avait rendu plus sôt, plus naïf, en ce qui concernait le monde extérieur ? Peut-être. Cela était même fort probable, tant il avait vécu des siècles d'un doux bonheur apaisant, après ses tumultueuses années de crimes à sa prime jeunesse, et à la chasse de sa race. La Terre du Japon ne pouvait être que le hâvre final de cette errance, car isolée, elle était comme un paradis, le but à attendre après s'être lavé de ses fautes au sein des terres sages.
Dans le village, tout semblait transpiré la paix et le bien-être. Les enfants jouaient à se poursuivre tandis que chacun des adultes tenaient la place qui lui était dû dans ce monde. Tout paraissait incroyablement calme, et Ashitaka se dit alors pour pourrait peut-être avoir vraiment sa place. Il ne remarqua pas les regards en travers que certaines femmes lui offraient, ne voyant pas d'un très bon oeil qu'un homme ainsi voilé se promène dans les rues. D'autres se disaient que c'était l'un de ces guerries ermites qui passaient de temps en temps dans les villages. Ainsi, dans le doute, on le laissa vaquer à ses occupations. C'était plus simple ainsi.
Pourtant, un petit garçon s'approcha un peu trop près de lui, s'amusant avec une autre bande d'enfants. Celui-ci marcha sur la longue cape d'Ashitaka, et tout l'explication de sa trop haute taille se laissa à la vue des habitants. Ses longues cornes recourbés luisèrent à la lumière du jour. Le faune eut un cri de surprise mais finit par simplement affronter le regard des humains, tentant de s'incliner en toute honnêteté. Il voulut parler, se présenter, car il savait ne pas pouvoir faire machine arrière: il le lisait dans leurs yeux. Ce à quoi il ne s'attendit pas, ce fut l'agitation soudaine que sa présence occasionna. Tous les enfants furent récupéré par leurs parents et mis à l'intérieur, avec les femmes. Devant lui se mit en place une longue rangée d'hommes en armure, tenant diverses armes rustiques en main, les pointant vers lui en s'écriant: "Oni !". Ashitaka, sentant la panique s'infiltrer dans son coeur, leva les mains en signe de paix et voulut commencer une conversationa avec eux. Par chance, son mentor lui avait appris un peu de japonnais: "Je ne vous veux aucun mal. Pourquoi me nommez-vous Oni, qu'est-ce que cela signifie ?" L'un d'eux s'approcha avec une lance pour faire reculer le faune, en répétant plus clairement et définissant le terme. Démon. S'il avait eu la chance que les autres civilations aient des êtres cornus dans leur mythologie principal, il semblait évident qu'ici, il avait toujours fait parti des méchants. A l'instar de la chrétienté qui l'avait chassé comme un vulgaire animal. A cette seconde, le satyre ressentit une nouvelle émotion. Qu'il n'avait encore jamais ressenti de sa vie. Quelle était donc cette étrange rancoeur au fond de son âme, qui lui déchirait l'esprit ? Quand les chrétiens l'avaient chassé, il avait ressenti de la colère, de la nostalgie. Mais ici, c'était la déception qui lui faisait mal. Baissant les mains, le faune en posa une sur sa poitrine et tenta, une dernière fois: "Je me nomme Ashitaka...", avant de se faire couper sur le champ par des multitudes de voix: "Jour de malchance ! Jour de malchance !" en se répondant mutuellement par des échos et autres paroles qu'il ne parvenait pas à comprendre.
Il comprit que tout ceci était peine perdu. Son coeur ne ressentait pas de tristesse, aucun désespoir. Comme si quelque part en lui, il s'y attendait. Qui n'avait jamais vécu le rejet une fois dans sa vie ne peut reconnaître le sentiment, mais celui qui le toucha deux fois, pouvait appeler son enfant du sang de la déception. Reculant lentement ses sabots en arrière, il fit volte face et courut jusqu'à la forêt la plus proche. Ses longues jambes se tendirent tant et si bien que personne ne put le suivre. Quand certains eurent l'idée de prendre un cheval, il était déjà bien loin.