Statut du sujet : Privé ft. Tommy M. Strange Date du rp : Flasback juste au début de la Purge. Météo & moment de la journée : Soyons fou, il pleut à torrent, il fait un temps pourri. Autre : Nous sommes dans le Sanctum Sanctorum quand celui-ci se trouvait encore à New York !
Stephen V. Strange & Tommy M. Strange
Stay with Me
nothing else matters
Seul dans son grand salon, le Docteur Strange buvait le thé, comme à son habitude. Dans un silence qui n'était rompu que par une douce musique classique dans le lointain, Stephen se reposait d'une très longue journée de méditation intense. Il avait perçu dans le monde de grands bouleversements. Des choses terribles allaient se produire, il en était persuadé. Rien que ce nom de "Purge" sonnait comme une véritable apocalyspe à tous ceux qui pouvaient l'entendre. Un véritable branle-bas de combat s'était organisé partout dans le monde, et lui se trouvait presque caché dans le salon. Pourquoi ne sortait-il pas pour faire le ménage dans toute cette folie ? C'était une très longue histoire courte, qui prendrait plusieurs timbres. Il y avait un certain dépit dans le refus qu'avait le Sorcier Suprême à se mêler de pareilles histoires. Il n'était pas le baby-sitter des humains et des mutants; mais ne servait qu'à lutter contre la fin du monde, la fin de toutes vies, la domination de l'univers par des créatures venus de dimensions sub-alternes et de plans astrales quasi-métaphoriques. Il ne pouvait prendre par la main le Président des Etats-Unis dans sa folie.
En l'occurence, des choses différentes s'emparaient de son esprit dès qu'il revenait sur Terre. Cela pouvait être considéré comme inconscient, mais le magicien songeait encore à l'océanologue. Voilà plusieurs semaines maintenant qu'ils s'étaient rencontré, peut-être même plusieurs mois -il avait perdu la notion du temps en ce qui concernait ce sujet, et ils s'étaient revus de temps en temps. Ils commencèrent par reparler de science et du sujet qui les fit se rencontrer dans cette conférence qui s'était avéré être un gala sans grand intérêt. Mais les conversations devinrent plus variés, parlant également de ce dont s'occupait Stephen, de sa propre vie. Il devint clair que Stephen peinait à retenir sa langue en compagnie de ce charmant jeune homme si fringuant. De plus, bien qu'il s'était juré de ne pas utiliser la magie pour en apprendre davantage sur lui, son instinct de sorcier se réveillait à chacune de ses apparitions, parfois même au plus fort alors que leurs regards se croisaient -ce qui arrivait bien plus souvent que prévu. Stephen ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il y avait quelque chose de plus particulier de prévu en la personne de Tommy. Ce dernier était pourtant très silencieux sur le sujet et bien qu'il fut ouvert d'esprit sur les mutants et les choses qui dépassaient l'humanité, il n'en disait jamais grand chose et changeait très rapidement de sujet. On n'imaginait pas, en le voyant, qu'il ait un si grand talent pour détourner les conversations.
Stephen ne pouvait pas être aveugle aux signes, ni même à cette puissante inquiétude et ce mauvais présentiment qui le tenaillait au fond de son corps. Il ne dormait plus très bien durant la nuit et se doutait que tout était lié. Peut-être était-ce pour cela qu'il doublait les heures de méditations. Wong le regardait en silence, se doutant du conflit intérieur qui habitait son maître depuis les premiers troubles de l'extérieur. Mais finalement, le Docteur Strange craqua son calme et son silence légendaire -il décrocha le téléphone, chose assez rare pour être souligner, et appela Tommy, dont il avait récupérer le numéro standard de téléphone portable il y avait de celà quelques jours; quand bien même Stephen ne supportait pas ces machines. Alors qu'il entendit la tonalité de l'autre côté du fil, il s'apprêtait à raccrocher, d'une impatience hargneuse, quand la voix de Tommy se fit entendre à l'autre bout. Sa propre voix fut rapide, clair et précise, d'une intonation sérieuse et posé.
- Chez moi, dans une heure, c'est important.
Il raccrocha aussitôt, n'ayant pas même donner son nom. Il n'y en aurait pas besoin. Son numéro s'affichait peut-être inconnu sur l'écran jumeau, mais il y avait une connexion plus intense, plus profonde, qui ne nécessitait aucun réseau. Il viendrait. Ce fut en faisant les cents pas que le Docteur Strange attendait dans son salon, ne finissant pas même son thé devenu froid. Quand il entendit des pas sur le devant de la porte, Stephen se dirigea vers la porte et ouvrit avant même que la personne en question ait pu frapper.
Ven 29 Déc 2017 - 1:33
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Tommy était encore à son bureau lorsque son téléphone sonna. Il était arrivé assez tôt, et comptait rester jusqu’à... Assez tard. Travailler et se consacrer entièrement à son métier était un bon moyen pour lui d’oublier tout le reste. Son mariage qui battait de l’aile, ses sentiments étranges qu’il ne parvenait pas à assumer et surtout... La Purge ; ce nom le faisait trembler, ferait trembler n’importe quelle personne un minimum censée. Sous le « beau » projet validé par le gouvernement, et qui ne tarderait certainement pas à être mis en place... Il devinait quelque chose de beaucoup plus sombre de tragique, de réellement terrifiant. Et tout ce qui lui faisait peur, Tommy le niait. Il fermait les yeux, tentait d’oublier. Technique qui fonctionnait généralement plutôt bien (il suffisait de voir avec quelle ardeur il fermait les yeux sur ses sentiments qui l’agitaient à propos de Stephen Strange – OUI, le Docteur Strange, celui-là même à qui il a refusé une danse des mois plus tôt) : mais sur ce coup-là, rester aveugle à ce qui se préparait pourrait lui coûter cher. Très cher. Peut-être même la vie.
Son téléphone sonna donc, alors que la pluie s’abattait contre les vitres de son bureau à l’Aquarium nationale de New York. La nuit tombait lentement sur la ville, mais son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il vit le nom de « Inconnu » apparaître à l’écran... Alors qu’il était intimement persuadé qu’il s’agissait de Stephen. Ce serait inhabituel : totalement inhabituel. Il n’avait pas l’habitude de recevoir d’appel de Stephen ; en général, ses visites se passaient de mots. Routine, instinct – appel magique ? – Tommy arrivait souvent chez Stephen un peu à l’improviste, mais sans jamais avoir l’impression de réellement déranger. Parfois un peu, peut-être ; mais il se sentait étrangement bien auprès de cet homme aux pouvoirs si étranges. L’amitié qui s’était développée entre eux lui était devenue chère ; indispensable, même. Aussi, après un léger temps de battement (de panique « qu’est-ce que je fais ? SI C’EST VRAIMENT LUI ? omg omg QUOI ? ») il finit par décrocher. Pas le temps de caser un mot, la voix de Stephen résonna à son oreille, douce et forte, désirée et attendu, et un grand sourire pris place sur son visage, oubliant un instant toutes les contrariétés de la vie... Et la Purge qui s’annonçait. C’était bel et bien lui, et il lui demandait de venir – d’être chez lui dans une heure. Que c’était « important ».
Beaucoup de questions se bousculaient dans l’esprit du mutant, alors qu’il avait sauté dans sa voiture pour se rendre chez le Sorcier aussi vite que possible. Il gara sa voiture dans la rue devant le Sanctum Sanctorum, et couru jusque sur le Péron en tentant vaguement de se protéger de la pluie. Il n’eut pas le temps de toquer à la porte que le Sorcier l’ouvrait déjà ; et il resta un instant coi devant cet homme qu’il admirait tant sans oser l’afficher ou le ressentir clairement. Tommy entra dans la demeure lorsqu’il l’y invita, et commença à défaire son manteau pour s’en débarasser ; non pas qu’il n’aimait pas l’eau, c’était même tout le contraire, mais... Bon, être trempé en intérieur et habillé, ce n’était pas forcément agréable, même pour une sirène.
« Qu’y a-t-il de si important, Stephen ? » demanda l’océanologue dont l’esprit espérait déjà mille choses mais n’osait les laisser s’exprimer, même à lui-même. Ses mains allaient presque d’elles-mêmes chercher celles de Stephen pour tenter de les presser doucement entre ses doigts afin d’être rassurant ; « J’ai fait aussi vite que possible. »
Quand il ouvrit la porte sans avoir entendu celle-ci être toquer, Stephen aurait pu s'être tromper et tomber sur le vide impersonnel d'une rue de New York. Mais il n'en était rien, bien entendu. Il y avait des choses qui se sentaient au delà de la réalité et que l'on appelait cette prescience, ce pressentiment parfois instinctif et direct. Ce fut bien Tommy qu'il vit, trempé dans son simple manteau. Dehors, il faisait en effet un temps épouvantable; le Sorcier Suprême ne pouvait s'empêcher d'y voir comme un ridicule présage. Cela ne lui ressemblait pourtant pas de se laisser aller à des suppositions de vieilles bonnes femmes qui regardaient dans le marc de café. Sans un seul mot, il laissa l'océanologue entrer dans la grande demeure et claqua à peine des doigts pour que le manteau s'échappe des mains de celui-ci pour s'accrocher à un porte-manteau non loin de l'entrée. Il n'y avait pas de temps à perdre pour des choses aussi simples et sans intérêt. Le magicien s'avança, l'esprit trouble, jusqu'au salon où il s'installa dans un fauteuil confortable. C'était le minimum pour parler de ce qu'ils avaient à converser. Joingnant ses mains sous le signe de la réflexion, Stephen se demandait comment débuter cette conversation. Ce n'était pas un sujet lambda, mais bien une thématique sensible et complexe, qui ne pouvait s'ouvrir comme une bouteille. C'était une question de vie ou de mort. Pire que tout, le temps jouait contre eux. Stephen poussa un profond soupir, alors qu'il jetait parfois de petits coups d'oeils à Tommy qui entrait à sa suite pour se rapprocher de lui. Le contact très léger et inquiet de ses mains contre les siennes, osseuses, lui rendit instinctivement un petit sourire, comme pour le rassurer. Tommy était d'un naturel si généreux, si aimable et qui ne voulait que le bonheur de son entourage. Stephen s'en aurait presque voulu de l'avoir autant alarmer, si la situation n'était en effet pas si alarmante en elle-même.
- Installes-toi, Tommy, cela risque de prendre un moment.
Le Sorcier Suprême appela son très fidèle Wong et lui commanda deux thés, lui proposant également d'en prendre un troisième pour s'installer avec eux. Peut-être que cette proposition rassurerait le Sir Summerfield si celui-ci s'était inquiéter de son ton intimiste et autoritaire. Il s'agissait là d'un cas de force majeure. La décision qu'il tenait à prendre impliquait tout autant son majordome que son ami. Il fronça alors les sourcils, songeant dans le vide: pourquoi aurait-il peur que Tommy prenne de travers son empressement ? Est-ce qu'il y avait un lien avec le battement de son coeur et son manque d'objectivité dès que le jeune homme entrait dans l'équation ? Strange était peut-être un homme borné, mais il n'était pas stupide. Il se savait parfaitement prendre en grande affection l'océanologue. Trop peut-être même pour que ce ne fut pas un problème dans son métier de tous les jours. Mais alors qu'il s'empara du thé que lui apporta très doctement Wong, Stephen s'empressa d'en prendre une gorgée. Il fallait se lancer au bout d'un moment, le magicien n'avait jamais manqué de courage, mais il tenait à ce que tout cela soit le moins brusque possible:
- Je tenais à te faire part de mes récentes... inquiétudes. J'ai beaucoup médité sur la situation actuelle, et je crains que nous soyons dans une impasse.
Stephen toussota et prit une nouvelle gorgée de thé, il ne faisait pas bon rester ne serait-ce qu'une seule seconde à l'affût du vent frais. Il se rendit alors compte de l’ambiguïté de sa parole et se maudit intérieurement d'être aussi laxiste dans son imprécision. Cela ne lui ressemblait pas pourtant. Il appréciait aller droit au but, quitte à se moquer des sensibilités de chacun. Mais Tommy n'était pas comme les autres, il voulait le préserver de ces erreurs.
-Cette Purge peut détruire tout ce que nous connaissons du monde tel qu'il est. Leur science est puissante. Plus personne n'est à l'abri.
Le Sorcier Suprême s'en voulait d'ainsi inciter son ami à l'inquiétude. Le pousser ainsi dans ses derniers retranchements par la peur était une technique de manipulation méprisable. N'était-il pas plus simple de lui dire qu'il avait deviné sa réelle identité et qu'il lui offrait l'asile dans sa demeure ? Quel était ce soudain jeu pervers auquel sa fierté s'adonnait ?
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Lun 1 Jan 2018 - 1:57
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Le manteau s’échappa des mains de Tommy, comme s’il prenait soudainement vie, pour aller s’accrocher de lui-même au porte-manteau. L’océanologue le suivit ensuite dans le salon. Le ton pressant et sérieux qu’avait adopté Stephen au téléphone, et son l’air qu’il arborait actuellement, tout cela n’avait rien pour rassurer Tommy. Qu’est-ce qui pouvait être si important pour que le Sorcier Suprême (son... ami ?) lui demande de venir expressément. Il y avait de l’inquiétude au fond du regard de Tommy, mais il ne parvenait pas à comprendre pourquoi, ou ce qu’il se passait. Tout son être, tout son esprit était tendu vers Stephen, et ses craintes et ses questions s’accumulaient sans qu’il ne parvienne à formuler quoi que ce soit. Que se passait-il donc ? Le mutant espérait au moins que le Sorcier ne l’aurait pas fait venir pour simplement lui dire qu’il ne désirait plus son amitié. Non – il n’était pas comme ça : mais quoi alors ? Etait-ce si grave que cela, pour qu’il le fasse venir si vite ? Ses yeux cherchaient sur le visage de cet homme si beau qui – heureusement – lui offrit un petit sourire lorsqu’il posa ses mains sur les siennes, avant qu’il ne l’invite à s’installer.
Ils prirent tous deux places dans un fauteuil, et Tommy attendit la suite avec une impatience fort peu dissimulée. Il sourit à Wong lorsque Stephen lui commanda deux thés – voire trois, même, si Wong désirait se joindre à eux. Et Tommy ne savait pas s’il devait s’inquiéter un peu plus du fait que le Sorcier réclame la présence de son majordome ou si, au contraire, cela devait le rassurer ; disons qu’il était rassuré dans le sens où si Wong faisait parti de la conversation, cela ne les concernait pas uniquement eux deux. Pourquoi est-ce que cela inquiétait autant Tommy, d’ailleurs ? Il empêcha ses joues de trop rougir en remerciant le tibétain lorsqu’il lui tendit son thé. Quoi que lorsqu’il reprît la parole, Tommy se redressa un peu en cherchant le sens de ces paroles. Son esprit tournait à plein régime depuis un peu plus d’une heure, et il espérait des choses qu’il ne pouvait certainement pas voir. Et dont il avait honte. Pourtant, il ne s’était pas attendu à ce que Stephen évoque la Purge.
« Oh, je… Oui, certainement. Tu as raison. »
Tommy s’enfonça au fond de son fauteuil, tout penaud. Evidemment que Stephen avait raison – il n’y avait pas pensé, pas à ça, mais... Oui, certainement. Tommy était un mutant, il ne pourrait certainement pas le cacher éternellement à la Purge, et si Brittany trouvait un avantage à le livrer... Elle le ferait certainement. Il ne voulait pas y croire, mais il lui fallait ouvrir les yeux, au moins sur certaine chose. Alors, après avoir pris le temps de prendre quelques gorgées de thé, il releva les yeux vers Wong, puis vers le Sorcier, et finit par poser sa tasse sur la table basse.
« Qu’est-ce que tu veux, Stephen ? » sa voix trahissait son angoisse. Il commençait à avoir peur de cette décision gouvernementale qu’il avait juste là mise de côté pour se concentrer sur son quotidien (et ce qu’il savait le mieux faire : être aveugle, obstinément). Avant de se mordre un peu la lèvre, avouant d’une voix fébrile : « Oui, je... Je suis un mutant. Je sais que ça va tout changer, je sais que si Bri-... »pourrait le faire, elle me vendrait. Il déglutit un peu, préférant oublier ça, et reprit : « Je sais que ça va devenir dangereux, même pour moi... »
Le thé était lègerement brûlant, mais tout juste assez tiède pour que l'on puisse en goûter le bord de sa surface. Descendant le long de la gorge dans son élan, il réchauffait sans brûler; un véritable plaisir. Stephen ne pouvait en dire autant de l'atmosphère qui pesait depuis à présent plusieurs mois sur la capitale, et qui le poussait aujourd'hui à intervenir dans la vie d'autrui. Il aurait pu laisser le temps suivre son cours, mais quand il s'agissait de sa nouvelle connaissance -pouvait-il à présent dire ami ?- le Sorcier Suprême ne voulait rien laisser au hasard. Ce dernier pourrait être bien trop destructeur, surtout au vu de l'environnement humain de l'océanologue. Cela se découvrait, au fur et à mesure des conversations, sans qu'il ait à proférer le moindre sortilège. Peut-être était-ce cela au final qui lui importait tant dans leur relation. Ils avaient appris à se connaître sans détour, sans triche. Trop facile il aurait été pour le magicien de connaître jusqu'au premier mot prononcé par le jeune homme dans sa vie. Où était l'excitation ?
Stephen avait bien entendu traversé des périodes de doute, où il lui déchirait le coeur de ne pas pouvoir ouvrir celui de Tommy, afin d'en extirper la vérité, sans faux-semblant ni jeu d'apparence. Mais se battre pour obtenir quelque chose avait été un acte depuis trop longtemps oublié par celui qui possédait tous les pouvoirs. Se sentir en danger à l'échelle de l'humanité était également quelque chose dont il n'avait plus l'habitude; car en cette soirée, il devait se l'admettre: son coeur battait une chamade terrifiée à l'idée que la haine de l'Homme puisse lui arracher la seule chose en laquelle il tenait plus que tout. Si Tommy avait pu lui prouver que le Sorcier avait eu tort depuis le début dans ses suppositions, tout aurait pu être si simple. Il n'aurait que hocher la tête, but le thé dans un sourire agréable et ils auraient conversé comme autrefois.
Mais les choses ne sont jamais aussi simple, bien au contraire. Ainsi, l'océanologue montra clairement des signes d'angoisses, alors qu'il répondait aux questions de Stephen. Ce dernier se doutait parfaitement que c'était ce qu'il se produirait. Il l'avait mit au pied du mur pour une excellente raison. Son silence en disait long, alors qu'il paraissait réfléchir à la meilleure façon de retomber sur ses pattes, pour ne pas avoir à se dévoiler. Mais le jeu était fini.
De toute la conversation, la question que Tommy posa était bien la première auquelle le Dr Strange se serait attendu. Au delà du stress qui s'échappait comme clairement visible du jeune homme, Stephen aurait souri de ressentir une pointe d'agressivité derrière. Peut-être qu'il n'en était rien, mais cela le fit plisser des yeux l'espace d'une seconde. Quand enfin il prononça les mots de délivrance pour le magicien, ce dernier poussa un profond soupir. Ce qui l'embêtait le plus, ce n'était pas le fait qu'il soit un mutant, mais l'idiotie de son ami qui semblait... contre toute attente, croire qu'il aurait pu s'en sortir dans le simple silence. Encore une fois, Tommy coupait ses phrases et n'allait pas juste qu'au bout dès que cette petite syllabe entrait en jeu. Sarcastiquement, il ricana à la dernière sentence de l'océanologue. Ce fut un regard noir qui pourtant suivit, profondément ancré dans le regard de son interlocuteur, fusse-t-il fuyant au sol ou au plafond. Il ne fallait pas plaisanter avec ce genre de choses, et la manière dont il avait de prendre cette information à la légère le mettait étrangement hors de lui. Si Tommy était bien au courant du danger, alors pourquoi ne demandait-il pas son aide ? Même un simple coup de pouce, un conseil, n'importe quoi ? Est-ce qu'il se moquait autant de sa propre vie, refusant de voir le danger pour ne pas avoir à en être victime ? D'un coup sec, il posa sa tasse sur le guéridon à côté de son fauteuil et ses mains se repositionnèrent jointes en face de son visage. Il ne riait plus.
- C'est tout ce que cela te fait ? Nous ne parlons pas de quelques actes isolés, du genre de choses "qui n'arrivent qu'aux autres", mais bien d'une mesure gouvernementale sans précédent depuis la seconde guerre mondiale.
Qui remontait à présent à plus de quatre-vingt ans. Stephen était déjà né, mais par chance, il était né du bon côté du globe; sa famille n'était pas non plus juive, mais il avait pu suivre à l'époque les informations par les journaux. Cela suffisait à faire peur, surtout quand les discussions à table ne cessaient de spéculer sur le sujet. De quoi pouvait-on parler d'autre en temps de guerre ? Même s'il fallait relativiser les choses. Cet évènement resta assez anecdotique aux yeux des Strange qui, comme le reste de l'Amérique, ne se sentait mis en danger par le Vieux Continent. Néanmoins, il fallait être stupide pour ne pas comprendre toutes les implications géo-politiques qu'une telle chose amèneraient à l'échelle de la superstition mutante. Si l'on partait du principe que tous les mutants devaient être tué ou examiné en cage, des dérives ne tarderont pas à être observé. Il ne donnait qu'un an aux humains pour s'entretuer dans la peur. Se mordant les lèvres, il finit par prendre une nouvelle gorgée de thé. Il souhaitait si fort que Tommy comprenne où il voulait en venir. Alors d'une voix plus sombre et sévère, il continua.
- Est-ce que tu comprends, Tommy ? Ou peut-être souhaites-tu avoir une liste non-exhaustive de toutes les choses qui vont arriver aux gens "comme toi" en moins d'une année ? La prison, les expérimentations, les meurtres de masse, bientôt, ils ne feront plus la différence entre humain et véritable mutant. Oh, et bien évidemment, j'oubliais la délation. Mais tu sais de quoi je parle... alors, es-tu toujours conscient de la "dangerosité" de ta situation ?
Il soupira profondément et prit une nouvelle gorgée de thé. Il aurait aimé en dire tellement plus, l'interroger encore. Mais Stephen avait peur que le jeune homme se bloque et refuse de voir la vérité en face. Le sorcier aurait par exemple aimé savoir pourquoi Tommy ne lui avait jamais parlé de sa femme, dont le simple nom semblait être une insulte à sa bouche refusant d'être prononcé. Ce n'était pas ce qu'il se passait d'ordinaire avec les couples au bon ménage. Mais il n'avait osé mettre le sujet en rapport avec la délation, pas tout de suite. Strange se refusait à blesser son ami, mais il savait que s'il ne lui faisait pas peur, s'il ne le mettait pas en face de toutes les horreurs qui allaient se produire à cause de son aveuglement, alors Tommy serait bien plus que blesser.
- "Même pour toi" ? Sauf ton respect, qu'as-tu de plus que les autres mutants pour être protéger ? Une couverture médiatique ? Tu n'es qu'un scientifique qui étudie des poissons et de l'eau. Les humains se moquent de cela, tu es un monstre que tu leur sois utile ou non sur le long terme. Ils ne voient que l'immédiat, et ce qu'ils ressentent immédiatement, c'est la peur.
Ses mains s'agitèrent sur la tasse, tremblant au rythme de sa voix qui peinait à garder son calme légendaire. Dans une grimace de douleur, Stephen reprit le contrôle de ses nerfs et calma ses membres. Lâchant la tasse pour fermer et ouvrir son poing gauche par intermittence, il tentait de remettre les choses en place aussi bien dans sa tête que dans son corps. Au départ, il n'avait pas invité l'océanologue pour lui faire la morale et l'engueuler sur son insouciance. Mais il disait les choses avaient tellement de naïveté, comme si le danger était un nuage, une vapeur que l'on peut éloigner. Et l'idée de le perdre pour quelque chose d'aussi stupide le mettait dans une colère noire dont Tommy ne voyait là que le sommet de l'iceberg.
Code by Sleepy
Dim 28 Jan 2018 - 21:30
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Lorsque Stephen posa sèchement sa tasse sur le guéridon, cela fit sursauter Tommy, qui releva prestement les yeux vers le Sorcier Suprême. Il avait les mains jointes, les doigts liées, et un visage beaucoup trop sérieux qui ne rigolait plus. Ca se sentait, Tommy avait pris la parole, un peu légèrement sans doute, et Stephen réagissait en conséquence. Parce qu’il en fallait un, certainement, pour rappeler à l’autre les dures réalités de la vie – et pas d’une vie privée qu’il ne cessait de fuir. De la vie. Le ton, les paroles de Stephen le rende honteux, penaud. Il baisse les yeux, signe de soumission, de reddition. Cela faisait mal à l’océanologue : parce que le sorcier avait raison, parce qu’il ne soutenait pas son illusion, cette illusion que tout allait bien, que tout était parfait dans le meilleur des mondes. Le ton de Stephen sonnait comme un réveil bien matinal. Ou un réveil bien trop tardif, dans le stresse de l’heure ratée. Cela lui arracha un frémissement, faisant monter un nœud dans sa gorge.
« Je vois ce que tu veux dire, Stephen... »
Il aurait vraiment fallu être idiot pour ne pas comprendre à quoi le Dr Srange faisait référence. Les nazis, la déportation – ça faisait froid dans le dos. D’abord, on demandait aux mutants de se recenser. Ensuite, on les déportait, on le parquait, on... Quoi donc ? Il n’était pas clairvoyant, il ne pouvait pas savoir ; d’autant plus qu’il préférait fermer les yeux sur les problèmes. C’était son seul moyen de ne pas être trop malheureux au quotidien : et c’est un soupire chargé d’émotion négative qui lui échappa avant que Stephen ne reprenne la parole. Et il se contenta de l’écouter en silence, en sentant la boule grossir dans sa gorge, et ses yeux le picoter. Il n’osait même plus regarder Stephen, se contentant d’encaisser ses paroles. Qu’est-ce qu’il avait de plus que les autres ? Rien, justement. Il était banal. Il n’était qu’un océanologue à l’écoute, amoureux de son métier et des êtres vivants qui allaient avec. Hormis ça, il ne servait à rien. Il ne pu retenir une première larme de dévaler le long de sa joue.
« Je n’ai rien de plus que les autres... Ma mutation n’est même pas très intéressante... Je ne suis rien, je... »
Il hésita, un instant. Il se sentait tellement stupide, et abandonna sa tasse de thé pour poser ses deux paumes contre ses yeux. Aveugle, stupide, faible, sensible. Sa disparition ne serait pas une si grande perte, mais c’était plus sur sa banalité affligeante qu’il comptait pour passer entre les mailles du filet. Même si avec une femme comme Brittany, c’était certainement peine perdue. Il suffisait qu’on lui promette assez d’argent en échange d’un mutant, et le mari était bien vite oublié. Il en était persuadé, au fond de lui, qu’elle le vendrait contre presque rien : mais il fermait les yeux sur ça, encore une fois. Mais penser à Brittany lui fit réaliser une chose. Il renifla légèrement, et essuya rapidement ses yeux rougis.
« Ce que j’ai de plus, c’est... C’est toi. »
Ô innocentes paroles, profondément sincères. Il avait Stephen, et même si son cœur qui battait plus fort en réalisant que s’il se faisait engueuler à cet instant précis, c’est parce qu’on tenait lui, il ne pouvait encore se permettre de voir le Sorcier comme plus qu’un bon ami. Un très bon ami. Une personne chère à ses yeux, à sa vie, de laquelle il ne voudrait être séparée pour rien au monde : mais pas de l’amour, surtout pas. Pour un homme ? Ah ! Il était marié, à une femme, comment aurait-il pu ? Il secoua légèrement la tête en déglutissant pour tenter de chasser ses larmes et de reprendre contenance.
« Je ne sais pas quoi faire, Stephen. Je sais que c’est dangereux, mais comme tu le dis si bien, je n’ai rien de plus que les autres mutants, au contraire. Je ne sais pas quoi faire... »