Ils ont fait de moi quelque-chose que je ne reconnais pas. Ils m’emprisonnent à leur manière. Un tissu de mensonges. Un patchwork de conneries. Un truc un peu trop fragile. Je crois que j’ai peur. Je n’ai jamais eu peur avant aujourd’hui. Je ne suis pas cet être qui se brise. Au fond, ne cherchent-ils pas à nous mettre à genoux ? A nous asservir, eux aussi ? Laissez-moi voler !
New York call me a murderer..
Je fais la fermeture ce soir. Ici j’ai un peu l’impression d’être polyvalente. Tantôt serveuse, tantôt barman, tantôt en cuisine. C’est génial dans la mesure où ça m’occupe l’esprit, sinon c’est fade comme job. C’est fade comme vie. Je travaille au « Milk & Honey ». C’est un endroit très réputé à New York et tout le monde y passe, voilà pourquoi le SHIELD m’y a envoyée. Je suis sous couverture vous voyez. Mon but c’est de détailler les gens et d’intercepter leurs conversations pour renseigner mes « employeurs ». Pour être sincère, je m’en fous un peu. Seulement…Je suis bien obligée de le faire pour ainsi garder mon poste et ne pas être dénoncée à la police. Prisonnière de ma propre vie, moi qui voue un culte à la liberté. Je me demande encore comment j’ai pu tenir tout ce temps sans déchanter. Je me suis même dit que ce n’était pas si grave s’ils me jetaient derrière les barreaux après tout mais, quelque-chose me retient. Peut-être ma dernière once de bon sens ? Non, je n’y crois pas trop. Faut croire qu’on ne fait jamais ce qu’on veut. J’aurais pu naître dotée de pouvoir au moins ! Mais non, il a fallut que je ne sois qu’une faible humaine. Ça a tendance à me bouffer depuis que je suis consciente de tout ce qui m’entoure et des pouvoirs que certaines personnes possèdent. Tant pis, faut bien que je me plie à tout ça avant de trouver la super alternative magique. Croyez-moi, je prie tous les soirs pour qu’elle se présente un jour. Moi, prier, quelle amère ironie. Je saisis la pancarte « open/closed » qui se trouve dans un renfoncement du bar et la fait tourner entre mes doigts, pensive. Je suis un peu perdue ce soir. Je dois impérativement fermer mais dans un coin sombre de la brasserie, il y a encore une fille qui traîne. Elle a l’air complètement paumée et déphasée, elle bosse sur un mémoire qu’elle doit rendre, je crois. Je n’ai pas pour habitude de m’intéresser à la vie des gens. J’ai juste regardé distraitement par-dessus son épaule en passant lorsque je l’ai servie. Elle travaille en sirotant un verre de vodka. Je n’ai pas envie d’accrocher cette pancarte ce soir. Il ne faut pas que je me retrouve seule. J’ai le sentiment que je vais craquer et faire une connerie si jamais ça arrive. C’est pourtant si tentant, arrêter de jouer les gentilles et assouvir de nouveau mes pulsions de violence et de sadisme. Mes pulsions de folle ? Il me faudrait aussi un verre d’alcool, fort de préférence. Je n’ai pas vraiment le droit de me servir dans le bar. Mais…Le jour où je commencerais à respecter les interdits est encore loin devant moi. On va attendre un peu, si la fille termine son truc et part, alors je serais sage. C’est déjà trop normal d’avoir pensé à un truc comme ça. Je ne veux pas être quelqu’un d’ordinaire ! Ce serait me noyer dans une foule de gens qui se ressemblent tous, qui n’ont aucune autre utilité que celle de suivre comme des moutons ! Je serais incapable de le supporter. J’ignore comment ils font pour ne pas se trouver pitoyables. Les « méchants » doivent bien rire de nous, ils doivent trouver tellement facile de nous soumettre. Un dernier tour de pancarte entre mes doigts et je la repose délicatement sur le comptoir en bois massif. Je m’assois dessus en croisant les jambes et me perds dans la contemplation des trottoirs éclairés par les réverbères. Nuit pluvieuse et…malheureuse ?
made by pandora.
Jeu 4 Avr 2013 - 18:46
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Les rues étaient désertes, l'atmosphère maussade. Ce n'était pas encore l'heure à laquelle les noctambules rentrent se coucher, et New Yorkais n'aiment pas la pluie. Loki marchait d'un pas tranquille. Le dieu n'était même pas mouillé; illusion, modification moléculaire et cheveux et complet étaient impeccables. Il ne s'abaisserait pas à être trempé comme une soupe. Loki poussa la porte du Milk and Honey. C'était un établissement bien connu, accueillant, qui faisait un peu de tout en fonction de l'heure de la journée. Il était tard, c'était plutôt un bar à cette heure-ci, restaurant aussi, peut-être. Loki n'en savait rien et s'en contre-fichait. Il n'était pas vraiment venu pour déguster un steak frite. Le sorcier psycopathe était plutôt végétarien, de toute façon.
Il n'y avait que deux personnes encore présentes ce soir-là, deux filles. Très différentes. L'une écrivait quelque chose dans un coin, comme si sa vie en dépendait. Elle devait penser que sa vie en dépendait, d'ailleurs. Loki arrêta son regard plein de mépris sur elle. Pauvre petite chose. Pauvre petite humaine, enfermée dans sa vie étrique et si fragile. Elle n'avait aucune idée des grands desseins qui agitaient les neuf royaumes et dont Loki était l'un des acteurs. Il avait la maîtrise de son existence, et de ceux qui l'entouraient. Elle, elle paniquait à propos d'un travail scolaire. Mais maintenant que Loki avait ses yeux sur celle, peut-être bien que sa vie dépendait de ce devoir. L'autre fille était assise sur le comptoir. Rousse, jeune, assurée, patiente, ou presque. Depuis quand les employées avaient le droit de s'asseoir sur le comptoir, hein ?
Il s'arrêta un instant sur le seuil. L'établissement semblait sur le point d'être fermé, mais ne l'était pas encore. L'heure était parfaite pour l'arrivée d'un dieu. Ce soir-là, Loki portait un habit asgardien, pantalon et veste de costume noirs, chemise blanche et écharpe de soie verte, il ressemblait fort à ce que les caméras avaient capturés de lui à Stuttgart. En outre, il ne se cachait pas; habituellement il étouffait l'intérêt qu'on pouvait lui porter grâce à un sortilège. Là, il était parfaitement reconnaissable. Il était Loki, le dieu fourbe et maléfique venu du ciel pour envahir New York des mois auparavant. Après tout, la personne qu'il venait voir ce soir était du SHIELD.
Le dieu s'avança vers le comptoir, le martèlement de sa canne frappant le sol du bar silencieux. La jeune fille qui étudiait sagement dans son coin releva la tête et posa son regard sur lui. Elle dût le reconnaître, car elle lâcha son style qui roula au sol. Elle ne se préoccupa pas de le ramasser, mais semblait plutôt prête à rassembler ses feuilles en vrac pour s'enfuir à toutes jambes.
« - Restez là, ne vous dérangez pas. »
Loki lui livra un sourire de requin; la moquerie cruelle et sadique qui s'exprimait au travers de ce sourire contrastait avec l'air grand seigneur avec lequel il lui fit signe de rester assise. Il jouïssait visiblement de la crainte qu'il inspirait. L'asgardien effleura le comptoir du bout des doigts et se tourna vers la rousse:
« - Vous servez encore, ou c'est déjà l'heure du couvre-feu ? »
Oui, il se moquait. Son sourire narquois s'agrandit. Adora Gressen, membre du SHIELD sous couverture. Comme tous les autres, elle avait les mains aussi rouges de sang que ceux qu'elle était censée abattre. Une bande de criminels reconvertis, dont Loki ne pouvait que se moquer. Ils étaient pathétiques, à essayer de se racheter une conscience alors qu'ils valaient pas mieux que lui. Un crime assumé est tellement plus jouissif à commettre. La rouquine semblait tout particulièrement tentée par la voie des psychopathes. Son dossier était sensible, ils gardaient un oeil sur elle. Le dieu du chaos entendait bien voir de quel bois elle était faite.
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