A mon sens, le Gouvernement a bien fait. Ils ont agi pour sauver le plus grand nombre - on sent ici l'influence de l'ex-URSS, hein?
J'étais au Japon au moment des faits, pansant mes plaies comme un animal blessé. Cherchant un objectif à atteindre, un sens à donner à ma vie. Ce changement drastique fut une aubaine pour l'épave que j'étais. C'est pourquoi je pris le premier vol pour rejoindre la côte Ouest des Etats-Unis dès que le plan de sauvetage fut lancé.
Et puis j'apprécie le climat de Los Angeles, qui plus est. Donc c'est tout benef' pour moi, ce petit déménagement impromptu.
Quelle opinion puis-je bien avoir à propos d'une femme qui a dissout les Dark Avengers ? Qui m'a mis au placard en me catapultant Shérif d'une petite bourgade paumée des États-Unis ? A cause de qui je me retrouve au milieu de nulle part, et où je suis obligé de me construire une nouvelle vie ? Je la hais. Du plus profond de mon âme, si tant est qu'il m'en reste encore une.
Je ne suis pas allé sur Asgard. Je le regrette, mais non, j'étais sur Terre. La présence des ces êtes venus d'ailleurs sur notre planète ne me fait ni chaud ni froid. Tant qu'ils ne se dressent pas sur mon chemin...
Peu importe la puissance, peu importe la foudre, peu importe le tonnerre ou les éclairs. Ils ne me font pas peur, tous autant qu'ils sont.
Il parait qu'ils ont une bonne descente. Donc à la limite, au lieu de se faire des ennemis... Pourquoi ne pas s'en faire des copains de beuveries? Oui, c'est mon côté russe qui parle, ici.
L'attentat contre Liesmith est un nouvel échec à ajouter à la longue liste des loupés qu'il y a eu dans ma vie. Je n'ai pas réussi à empêcher cela, alors que c'était la base même de mon travail. Je ... Je pense que cela ne m'a pas aidé, d'un point de vue personnel. Echouer encore. Peut-être même que c'est à partir de là que j'ai commencé à perdre pied.
- Monsieur Shostakov?
- Hum?
- Ça va être à vous...
- Je ferme mes bottes, et j'arrive.
- N'oubliez pas le bouclier.
- Non, évidemment.Le responsable Communication des Dark Avengers quitte finalement ce qui me sert de loge. On doit aujourd'hui me présenter au public. De ce que j'ai compris, je vais être le "Captain America" du groupe. Je ne porterai pas ce nom, bien évidemment, mais le clin d'oeil est bien plus qu'appuyé, au niveau de la tenue. Une sorte de drapeau sur la poitrine, le visage masqué, et comme déjà indiqué: un bouclier!
Au moins, j'esquive les petites ailes sur le casque.
Vous vous demandez surement comment et pourquoi un vieux russe de quatre-vingt-onze ans se retrouve mêlé à tout cela? Le maître-mot pour expliquer cette situation serait surement "trahison".
Toute ma vie, j'ai été le sujet de trahisons successives. De manipulations. De mensonges. C'est peut-être même encore le cas aujourd'hui, mais je n'en ai cure. Je vis maintenant au jour le jour, profitant de ce que la vie a à m'offrir. Bien qu'une petite voix dans ma tête ne cesse de me dire de me méfier. De tous. Partout. Tout le temps.
Comme j'aurais dû me méfier d'elle au départ. Qui ça?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Natalia Romanova. Mon épouse. Quand nous nous sommes rencontrés, il y a pas loin de 60 ans, j'étais pilote d'essai. Mais pas juste "un" pilote d'essai, non. J'étais le meilleur de ma génération. Rien ne me faisait peur. Rien ne me faisait plus vibrer que de piloter un nouveau prototype, une nouvelle machine infernale mise au point par un scientifique russe qui ne pouvait assurer que j'en sortirais vivant!
Natalia et moi nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Mon haut rang dans l'armée et sa renommée en tant que danseuse nous conduisaient à être invités aux mêmes soirées mondaines. J'ai même pu assister avec un plaisir non feint à plusieurs représentations que donnait C'est tout naturellement qu'une relation s'installa entre nous. Pour se consolider en un mariage joyeux. Joyeux, mais de courte durée.
Pour les besoins de mon pays, il fallait que je meure. Que je coupe les ponts avec toutes les personnes que je connaissais. Même Natasha. Ne croyez pas que j'ai fait ça de gaité de coeur. Mais que vaut le bonheur d'un seul homme face à celui d'une nation? Car c'est ce qui était en jeu! Et c'est pourquoi j'ai accepté de simplement... disparaître.
J'avais été sélectionné pour devenir le Garde Rouge. Une sorte de Captain America Russe. Comment refuser un tel honneur, une telle responsabilité? Impossible, vous le comprenez. On m'a alors injecté une version modifié du sérum administré à Steve Rogers. Si mes aptitudes physiques n'égalèrent pas les siennes, ma longévité fut grandement augmentée, par le biais d'un vieillissement extrêmement lent. J'ai ainsi pu être l'outil de propagande de mon gouvernement pendant des décennies.
Décennies au cours desquelles mes supérieurs hiérarchiques me... lavèrent le cerveau, en quelques sortes. On parvint à me convaincre que Natalia était passée à l'ennemi. Qu'elle bossait pour ces porcs d'américains. Qu'elle se faisait désormais appeler Natasha, et avait complètement renié le monde d'où elle venait. On me présenta des documents écrits, des vidéos, toutes sortes de preuves pour alimenter ma haine et considérer que cette trahison était la pire des choses qu'elle pouvait nous faire. A nous, les Russes.
Quelques semaines après la première attaque des Chitauris, j'eus enfin la visite que j'attendais! J'étais dans mes quartiers quand on vint m'informer que j'avais carte blanche pour éliminer la traitresse. Enfin! Enfin! Je traversai donc la planète pour rejoindre le Continent Américain, et m'installai donc à New-York City.
Il ne fut pas difficile de me mêler à la populace. Parce que mon arrivée concorda avec le début de cette espèce de... Purge. Faire profil bas. Profiter de l'agitation ambiante. Rien de plus facile pour moi. Comme remonter la trace de celle que le monde connaissait maintenant comme étant Black Widow - pour la discrétion, on repassera, d'ailleurs! Et ce qui devait arriver arriva: un affrontement sanglant, sans concession. J'avais l'avantage de l'effet de surprise, doublé d'un "retour d'entre les morts" auquel elle ne s'attendait pas.
Alors qu'on se battait, qu'on se frappait, que le sang coulait à flot, je lui crachais au visage toutes les horreurs qu'on m'avait transmis la concernant. Elle jurait que tout n'était que mensonge, mais je ne la croyais pas! Pensez donc: des décennies à entendre l'inverse, et avec quelques mots, elle allait me convaincre? Non.
Le vice fut poussé au point que j'agitai sous son nez l'alliance qu'elle avait passé à mon doigt des années auparavant. Et je pense que les choses auraient pu tourner en ma faveur, même si ce fut difficile, mais l'intervention du Soldat de l'Hiver compliqua les choses. Lui aussi essaya de me faire entendre raison, alors que je comprenais qu'elle et lui entretenaient une relation sentimentale forte.
Si j'avais un très léger avantage face à Black Widow seule - et encore! Sa formation de Veuve Noire faisait d'elle une combattante redoutable - face à elle est le Winter Soldier, c'était perdu d'avance. Je fus obligé de battre en retraite.
Le temps de me remettre, je fis la connaissance d'une jeune femme dont je tairai le nom. Tout ce que vous pouvez savoir, c'est qu'elle n'était pas du coin. Et quand je dis ça, je ne parle pas de la ville ou du pays... Mais de cette planète. Et croyez-moi, quand on dit "belle comme une déesse", on a du mal à réaliser combien on peut surestimer la beauté de certaines personnes. Car me tenant face à une Asgardienne pure, je peux vous assurer que... C'est autre chose.
Je ne sais pas pourquoi elle accepta de m'accompagner en Russie. Je voulais y retourner pour découvrir la vérité sur... Nat'. Quoiqu'il en soit, on a fait le voyage ensemble, et elle et moi nous sommes rapprochés. Un amusement pour elle, certainement. Quand on vit cinq ou dix mille ans... Que peuvent représenter les vies humaines? Bref, ce n'est pas important. Ça ne l'est plus. Car j'avais découvert que Natalia et le Soldat de l'Hiver avaient raison: on m'avait monté la tête. Endoctriné, manipulé. Une vie entière à haïr celle que j'avais un jour aimé!
Dans un assaut suicide, je tentai de faire payer ces traitres véritables. Mais il m'en couta presque la vie. Sans la présence de mon ange-gardien d'Asgard, c'était une évidence. Mais elle me sauva. Un dernier cadeau avant les "au revoir".
Et il fallut que je remette les choses en perspective. Pour cela, nous partîmes au Japon, car j'avais des éléments à récupérer, afin de pouvoir évoluer mentalement.
Je gardais un oeil sur ce pays, loin d'un océan. Je découvris par le biais des journaux locaux les événements liés à Ultron. Cette abomination... n'était au final rien face à Thanos et sa seconde attaque. Des conséquences désastreuses en résultèrent. La population New-Yorkaise fut déportée vers la côte Ouest. Ce fut le moment parfait pour à nouveau s'infiltrer dans cette société en plein chambardement.
Et c'est toujours par l'intermédiaire de l'Asgardienne rencontrée un soir par hasard dans un bar un peu... olé-olé, que je me retrouve à "auditionner" pour le poste de "Captain America 2.0", alors qu'en marge de cela, Hydra renait encore une fois de ses cendres. De nombreux héros sont sur le coup, à ce que j'ai pu comprendre. J'espère vraiment que l'on ira se fritter contre eux - quand je dis "eux", je parle de "eux tous". Héros comme Hydra. J'ai besoin, j'ai envie de me battre avec n'importe qui, n'importe quoi. Assouvir ce besoin de vengeance, d'expier les trahisons subies.
Etant donné mes aptitudes, mon passé, mes facultés et mes motivations, j'ai eu peu de mal à convaincre l'homme - le Dieu? - qui tire les ficelles que j'étais la personne qui lui fallait pour parfaire sa version des Dark Avengers. Peut-être me trahira-t-il lui aussi, mais pour l'instant, même si cela attise ma paranoïa, je vais faire comme si cela ne m'atteignait pas!
Voila pourquoi, comme je l'ai indiqué au chargé de com' il y a quelques instants, je ferme mes bottes, j'attrape mon bouclier, et je me dirige vers la salle où se tient la conférence de presse prévue pour révéler au monde l'intégration d'un nouveau membre aux Avengers "officiels".
U.S Agent entre en scène! Alors que je monte la première marche qui doit me conduire à l'estrade pour la conférence ... mon réveil sonne.
Oui. Encore une fois, le même rêve - ou cauchemar, selon le point de vue.
Ma première journée au sein des Avengers de Liesmith. D'un mouvement violent, j'éteins le réveil, puis je m'assieds sur mon lit. Je pose ma tête dans mes mains, le temps de réaliser.
Je ne suis plus U.S Agent. Je suis le Shérif "Shost", fraichement "promu" par la présidente en personne. Comment Liesmith a-t-il pu perdre contre elle ? Peut-être que l'opération "Terre Brûlée" qui eut pour résultat de sacrifier New-York n'a pas plus à tout le monde.
Je me prépare pour aller au taf, cherchant encore aujourd'hui à comprendre comment j'en suis arrivé là. Bon sang. J'essaie maintenant de m'accommoder. Mais c'est pas simple. Quand on a touché la grandeur, côtoyé les Dieux ... Difficile de tomber aussi bas. Surtout quand on voit tout ce qui se joue d'un point de vue international, avec le Wakanda ou les Mutants, entre autres.
Toutes ces victimes, lors de l'explosion du train ... Quelle horreur. Est-ce que ma présence aurait changé les choses ? Je ne crois pas. C'est ce que je préfère me dire alors qu'en guise de petit-déjeuner, je me gave des restes de KFC de la veille au soir. Voilà. Combler ma frustration avec de la nourriture, c'est ... ma nouvelle vie.
Je finis de me débarbouiller, et je monte dans mon véhicule de fonction. Alex Shost, shérif de la petite ville perdue de "J'sais-pas-quoi" part au taf...
En roulant, j'écoute la radio. Enfin "ma radio" - petit avantage nature lors de mon départ des Avengers. Celle qui me permet d'apprendre que le S.H.I.E.L.D n'est plus indépendant et est désormais aux ordres du Conseil de Sécurité de l'ONU.
- Bien fait pour leur gueule.
Roulant fenêtre ouverte, je peux aisément cracher un joli mollard sur la route. Qui va me dire quoi que ce soit ? J'suis le Shérif, après tout.