Fandral the Dashing at your service ! [Terminé]

« ...et nous voici alors aussitôt assaillis par des centaaaaiiiines de Géants des Glaces, grands et terriblement laids, qui courent à notre rencontre, brandissant leurs épaisses massues de givre en rugissant comme des bêtes dans la nuit de Jotunheim ! » La dizaine de paires d'yeux rivée sur moi redoubla d'attention alors que les gosses retenaient leur souffle, vivant mon récit comme s'ils y étaient. Il fallait dire que j'y mettais la forme, mimant les Jotuns avec mes bras, autant que j'avais pris peu après une position défensive épée en main, ne faisant que rejouer mon propre rôle. « Mais point de peur dans nos coeurs valeureux, car il en faut bien plus pour effrayer notre grand Prince Thor et son Trio Palatin ! Le combat est engagé, et je dégaine ma fidèle lame pour aussitôt pourfendre un, puis deux, puis trois et quatre Jotuns ! Et bien d'autres ! » m'exclamai-je en bondissant avec légèreté sur le tonneau non loin, mimant les gestes du parfait escrimeur que j'étais comme si j'étais attaqué par de véritables ennemis. Tout sourire, je feignis d'esquiver des frappes invisibles, poussant des cris dynamiques à chaque geste pour mieux donner de l'ampleur à mon histoire, sous les cris de joie des enfants qui suivaient mes déplacements avec avidité et admiration, comme un petit groupe autonome. « Les Jotuns sont lents et stupides, mais leur chair de glace est difficile à percer, cela demande doublement de force et dans un monde si froid nous nous épuisons plus vite ! Les heures de combat s'éternisent, plus nous ôtons de vies plus il en vient pour les venger, nulle échappatoire, mais nous tenons ! Volstagg l'Enorme écraaaase ses ennemis et brise leurs nuques de sa force brute ! » continuai-je en accentuant volontairement certaines syllabes afin de donner plus d'impact encore et de terreur autant que de suspense, serrant le poing devant moi avec détermination, ma chemise blanche volant au gré de mes rapides mouvements, remontée au niveau des manches pour en laisser mes avant-bras découverts et cerclés de mes bracelets de cuir marron. « Hogun fracasse de sa masse d'arme tous ceux qui osent le défier ! La fatigue nous ronge le corps mais non le coeur ! »

Je sautai soudainement sans prévenir sur la fine barrière de bois quelques courts mètres à côté. A l'aise comme un poisson dans l'eau, je cours en parfait équilibre le long de cette dernière tout en poursuivant mes combats invisibles sous les acclamations des gamins surexcités. Arrivant vite au bout de la barrière, j'effectuai une vrille après un élan pour mieux atterrir plus loin en roulade et frapper le vide avec la même adresse et conviction, revivant presque ladite bataille. Je feignis d'être projeté dos à terre par un faux ennemi, le repoussant d'un coup de pied pour mieux me remettre accroupi, face à la horde d'enfants déjà regroupés autour de moi. Je promenai mon regard joueur et mystérieux sur eux, les sachant dans l'expectative de la suite. « Un jour allié, un jour ennemi, le Fourbe Loki quant à lui, de sa magie use pour duper nos assaillants, armé de sa dague et de ses talents de magicien ! Retenez bien cela les enfants, il ne faut jamais accorder de crédit à la moindre parole du Dieu du Mensonge, car ses traîtres félonies tuent plus aisément qu'une lame en plein coeur ! » les avertis-je en pointant ma lame vers le coeur de l'enfant le plus proche de moi, prenant soin de ne pas le toucher évidemment. « Loki est un méchant ! Il a trahi notre roi et notre Prince ! » « Voilà qui est bien résumé, jeune homme ! Une chose fut sûre, nous nous retrouvâmes surpassés en nombre et alors que je terrassais vaillamment nombre de Jotuns aux côtés de mes frères d'armes... ARGH ! » Mon brusque cri de douleur, évidemment feint, m'amena à grimacer pour mieux porter mes deux mains à ma clavicule en signe de blessure soudaine. Je me laissai tomber dans le tas de foin à quelques pas de là près d'une des maisonnettes du village, devant le groupe d'enfants qui se précipita pour me secouer. « Non ! Non ! On veut la suite ! Réveille-toi ! Il faut combattre les Géants ! »

Je fis le mort de longues secondes en m'amusant intérieurement de les sentir me pousser de tous les côtés pour tenter de me faire réagir pour avoir la suite de leur histoire, devenue légendaire à travers tout le continent Asgardien mais que les gamins de toutes les contrées hors de la cité ne cessaient de réclamer. Attendant le moment propice, je sortis de mon immobilisme en poussant un rugissement d'attaque qui les fit tous sursauter. Je me fis alors poursuivre par eux à travers tout le village, riant aux éclats de leurs vaines tentatives pour m'attraper ou me défier avec leurs bâtons de bois que je repoussai sans mal du plat de ma lame. Mais je n'eus pas le temps de jouer bien longtemps ni même de donner le fameux dénouement de cette fameuse aventure de Thor et de ses amis du Trio Palatin, car soudain, un cor retentit.

Je stoppai net, perdant mon air jovial au profit d'une expression sérieuse, les yeux rivés vers le Nord d'où provenait le son. Rangeant mon épée dans son fourreau, pendant à ma ceinture, je me rendis à l'entrée du hameau en courant, venant à la rencontre du messager à cheval portant les coutures et armures asgardiennes. « Seigneur Fandral ! » « Qu'y a-t-il ? » « Il vous est demandé de joindre la campagne en cours au Royaume d'Alfheim menée par Dame Sif et le Seigneur Hogun déjà sur place, il en va de rétablir la stabilité et la paix sur les terres du Père de Toute Chose ! Les Seigneurs Thor et Volstagg sont également en chemin ! » « Par Odin, je ne les laisserai pas commencer à s'amuser sans moi ! » m'exclamai-je en guise de réponse alors que je congédiai le messager pour courir vers la cabane de bois dans laquelle j'avais passé la nuit de mon arrivée depuis les contrées encore plus reculées du continent asgardien. « Vous partez ? » m'interrogea mon hôtesse improvisée sortant à peine vêtue d'un recoin de la bâtisse pour venir à ma rencontre. Quelle plus belle vision que celle d'une femme avec qui l'on a partagé quelques moments intimes après un long et harassant voyage. « Une nouvelle quête m'attend, un Royaume aussi fastueux que le nôtre ne dort jamais, il en va de même de ses gardiens, » dis-je avec un sourire tout en enfilant le reste de mes habits de cuir laissés dans la maison à mon réveil matinal pour faire le tour du village et de la forêt alentour afin de ramener du gibier en guise de remerciements pour l'hospitalité qui m'avait été offerte en tant qu'escale. Petite chasse dès l'aube qui à mon retour m'avait valu l'assaut des enfants réveillés à leur tour et assoiffés d'histoires du royaume et autres aventures. Une fois fin habillé et prêt, mon sac de provision pendant dans mon dos en bandoulière, aux côtés de mon arc et de mon carquois rempli de quelques flèches, j'approchai de ma jeune et ravissante hôtesse pour saisir sa main et y déposer mes lèvres en un délicat baiser. « Encore merci de m'avoir héberger. »

« HEY TOI ! QUE FAIS-TU CHEZ MOI ?! DE QUEL DROIT APPROCHES-TU MA FILLE, GREDIN ! » Oups. Il semblerait que le patriarche soit revenu de son séjour de chasse en commun avec les autres hommes du village. Ni une ni deux, à peine eus-je aperçu la silhouette massive et rustre du paternel aux cheveux et à la barbe hirsutes, que je volai un furtif baiser sur la joue de ma gente damoiselle de la nuit en un dernier adieu avant de m'élancer en courant vers la fenêtre la plus proche, que j'ouvris en trombe pour mieux me faufiler dedans avant de subir les coups de hache du chef de famille furieux. Séduire la gent féminine avait toujours un prix mais je m'en accomodais toujours bien depuis des années, à vrai dire, cela m'amusait même beaucoup ! Détalant comme un lapin, sautant les obstacles de la petite rue du village sans perdre mon élan, je portai mes doigts à ma bouche pour siffler sans attendre. Mon fidèle destrier ne tarda pas à faire son apparition, trottant fièrement en remuant la tête à ma vue. Je montai sur la selle et d'un coup de talon, passai au galop au plus vite afin d'éviter les représailles néfastes non sans en rire aux éclats, fier de mon espièglerie et de mon incroyable capacité à me sortir avec classe de situations dangereuses dans lesquelles j'avais le don de me fourrer tout seul. Direction, la redoutable Dame Sif qu'il me tardait déjà de revoir ! J'espérais juste qu'elle n'ait pas avec Hogun déjà trop entamé la bataille sans moi !

Pendant de longs jours, je pris ainsi part à cette fameuse campagne ordonnée par Odin afin de rétablir l'ordre et la paix au sein de chacun des Neuf Royaumes. J'écoutai avec curiosité les récits de mon Prince et grand ami Thor au sujet des événements de Midgard. Les Avengers, les Mutants, la fameuse "Grande Purge"... Je devais avouer que j'étais peu intéressé par le sort de ce Royaume et par la logique qui l'animait au sujet de cette étrange discrimination que les humains portaient envers les Surhumains. Je trouvais cela révoltant autant qu'incompréhensible tant cela était si loin du mode de vie asgardien. J'avais déjà été plusieurs fois sur la "Terre" mais jamais assez longtemps pour réellement m'y attacher, ou chercher à en comprendre les coutumes. J'aimais bien trop mon monde, mes forêts, mes rivières, mes nuits à la belle étoile avec mes frères d'armes, pour avoir porté la même attirance que Thor à l'égard des humains. Cependant, la présence toujours plus grande de ce dernier sur Midgard risquait fort de m'entraîner à sa suite tôt ou tard, déjà que je percevais mes compagnons et surtout Dame Sif qui appréhendaient le même sort pour eux aussi du fait du lien indéfectible de notre groupe. Par chance, nous n'avions aucune attache qui nous empêcherait de suivre notre Prince, de le protéger, de l'épauler.

Il fallait dire aussi, que je n'étais pas vraiment du genre à rechercher une relation fixe, tant j'appréciais courir les femmes et déployer des stratagèmes toujours plus originaux afin de leur faire la cour dans les règles de l'art. Plus encore, j'avais renoncé à l'amour, mais non à y croire, dans la mesure où ma première attirance avait été ni plus ni moins que Dame Sif elle-même. On convoite toujours ce que l'on a sous les yeux, j'en prouvais la véracité, bien que la devinant éprise de Thor depuis des années, j'eus rapidement fait taire mes potentielles émotions à son égard pour me cantonner à l'amitié la plus pure qui nous liait depuis tant de batailles, de quêtes et de fêtes, sans jamais avoir rien laissé paraître de ces premiers sentiments, bien cachés sous mes rocambolesques aventures avec tous les jolis jupons croisant ma route. Peut-être trouverais-je la dame de mon coeur lors d'une prochaine aventure, quand je serais prêt à cela, je n'en reniais pas l'hypothèse. Mais pour le moment, seul comptait Asgard et mon entière dévotion à sa protection. Je ne m'inquiétais que rarement des choses, naturellement optimiste, car de toute façon, en bon aventurier, j'avais rapidement compris que la plus aventureuse des aventures, n'était autre que la vie elle-même. A partir de là, il n'y avait alors plus qu'à se laisser porter par ses courants, et advienne que pourra !
A coeur vaillant rien d'impossible !