Confession d'une NON-accro au shopping [pv Ez] /!\ osé

J

e me réveille sans pouvoir retrouver le sommeil. Il est tôt mais je n'arrive pas à me rendormir. Je n'ai pas pu vaincre les angoisses qui me tenaillent et cette fois, c'est le visage de Matthias qui est revenu me hanter sans ménagement. Il aurait presque plus être réel, ce visage cruel qui me fixait et, comme un fantôme, il m’apparaissait immortel. C'est bien ça ma pire angoisse, le voir "revenir à la vie" et venir détruire les bribes positives. Seulement, mes cauchemars étaient différents et nettement plus violent. Je l'entendais venir me susurrer que je n'étais qu'une inutile petite fouineuse et qu'il briserait chaque sourire, que je devrais avoir honte de ce que je faisais. Que je n'aimais pas réellement son frère, que je ne faisais que projeter l'image du passé à travers lui et que je finirais par le tuer... car je ne suis qu'un monstre. Je crois m'être éveillée ne serait-ce qu'une seconde avant de replonger dans le sommeil tant j'étais fatiguée mais je tourne mon regarde vers le mutant encore endormi à mes côtés en espérant ne pas voir un bleu. De ce que je vois, il n'a rien et dort comme un bébé. Soulagée, je me lève et aussi doucement que possible, je sors sur la pointe des pieds de la pièce pour ne pas le réveiller et vais faire une toilette du visage.

L'eau cache les larmes qui roulent doucement sur mes joues et je finis par tout sécher dans une serviette. J'ai envie de hurler dedans mais je ne fais que rester immobile, à attendre que cela passe. La journée devrait se dérouler calmement si j'enterre Matthias bien profondément dans ma mémoire. Il n'a rien à faire dans ma vie, il doit disparaître ! J'aimerais bien que cela soit aussi simple que de simplement dire ces mots mais je sais que tant que j'aurais un doute sur sa mort, je resterais angoissée à l'idée qu'il se retrouve sur ma route. Je veux commencer à penser à d'autres choses, d'autres personnes. Je veux profiter de l'accalmie de mes journées pour prendre un peu d'assurance. Je marche tranquillement vers la cuisine et prend un verre d'eau avant d'aller m'installer dans le canapé. Bon aujourd'hui, ... c'est censé être journée shopping. Ô seigneur, faites que j'y échappe ! Les filles adorent faire les boutiques ? C'est n'importe quoi, moi je déteste ça à moins que ce soit pour y voler quelque chose. Je me vois mal passer mon temps à essayer des fringues. Que ce soit dans des magasins ou encore pire, ici ! Ah, je suis déjà crevée et je ne sais même pas quelle heure il est mais le soleil n'est pas très haut donc je ne réveille pas mon camarade pour le moment. Je vais me concentrer sur le plafond en essayant de penser à du positif. Je sens le rouge me monter aux joues.

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B

on le plafond n’a rien de passionnant mais le baiser d’hier soir est un souvenir suffisamment récent et plaisant pour éviter de penser à tout le reste. Je commence à être vraiment bien apaisée, quand n’ayant pas entendu le fourbe, Ezekiel surgit sans crier gare avec un bonjour tonitruant auquel je réponds par un petit sursaut et un juron bien spontané. Je lui pardonne volontiers en déclamant un léger bonjour à mon tour. Je souris doucement et réfléchis à quelle boisson choisir. Vu comme j’ai du mal à me réveiller en général, enfin disons à me mettre d’aplomb, il vaut mieux que je prenne un peu d’énergie et puis il faut pouvoir supporter ce drôle d’oiseau chez qui je loge aussi. Et puis je préfère les boissons fortes en goût que les douceurs. Le sucre, ce n’est pas mon grand alié. Quant à lui, oui, je préfère qu’il ne boive pas un énergisant. Il est déjà largement trop énergique pour moi alors qu’il dormait pourtant bien quand j’ai regardé. Je ne pensais d’ailleurs pas le voir avant un petit moment en m’imaginant qu’il avait du être réveillé plusieurs fois dans la nuit et cela m’ennuie grandement d’être à ce point encombrant pendant mon sommeil. Enfin, il n’a pas l’air de m’en vouloir et puis je l’ai prévenu à l’avance de toute façon. Il savait à quoi s’attendre.

- c’est préférable d’éviter le drame c’est sûr ! Par contre, moi j’aimerais bien un café.

Je m’étire lentement, baille et me lève d’un pas un peu traînant. Je me rapproche de la table et m’accoude à la table. Comment il fait pour être si rayonnant dès le matin lui ? Rien que de regarder par la fenêtre et apercevoir la lumière du soleil me donne mal à la tête alors être pleine d’enthousiasme… Il faut me laisser émerger. Je me frotte doucement les paupières. Je regarde le mutant et me demande ce qu’il raconte soudainement. Et alors la première chose que je pense c’est juste quoi, il me reparle de ça alors que je suis complètement ailleurs. Ça démarre dur !  Je peine à m’asseoir sur une chaise déjà mais j’y arrive. J’ai envie de me rendormir ! Je regarde mon camarade et cherche un quelconque signe mais mes yeux décident brutalement de se voiler d’un flou dont je ne parviens pas à me débarrasser. Finalement, je lui demande.

- … Je ne t’ai pas fait de mal à ce propos ? Je sais que ça n’a pas été de tout repos pour moi !

Volontairement, je ne réponds pas à sa question : ça lui fera une belle jambe vu qu’il joue les malins. Il aime bien m’embêter alors je dois bien trouver une parade pour me défendre. Je souris un peu puis j’entends mon estomac gargouiller. Oups !

- Tu as quelque chose de comestible ?

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J’

attrape le mug qu’il me tend en soupirant doucement parce que ça va me faire du bien de boire quelque chose de chaud et qui puisse me réveiller un peu car il peut trouver ça ridicule d’avoir autant de mal à se réveiller mais ça a toujours été le cas. De ce que je me souviens, j’étais exécrable le matin si ma mère osait m’adresser la parole, même pour dire bonjour. Il a donc énormément de chance de ne pas avoir reçu le moindre objet en pleine tête ou ma main aussi… je suis plus gentille qu’avant en fait quand j’y repense. Ou bien c’est uniquement parce que c’est lui et que je n’ai pas envie de me chamailler de la sorte avec lui tant que je n’ai pas bu ma boisson et manger un petit truc.  Il n’avait aucune séquelle de la nuit et j’en fus rassurée mais je grimace pour la suite. J’ai oublié qu’il profite de chaque petit oubli pour m’arnaquer au passage. Je souffle sur mon café avant d’y tremper mes lèvres pour tester la température puis, boire un peu. Je marmonne alors à son intention.

- Dès le matin, tu pourrais m’épargner un minimum, non ?

Je soupire mais je ne dis rien de plus car j’ai faim et les pains aux chocolats me font de l’œil. Je prends la viennoiserie entre mes doigts et la trempe dans mon café avant de mordre dedans. Je continue mon petit repas pendant qu’Ezekiel saute du meuble où il était perché. Eh bien non, il n’a pas oublié l’histoire de « garde-robe » et moi j’ai envie de m’assommer en me laissant tomber la tête contre la table. J’avale hâtivement ma bouchée et la fait glisser avec la boisson avant de me tourner vers lui avec inquiétude. Non, non, épargnons-moi un minimum. J’ai déjà le visage qui commence à rosir dangereusement. Je me lève donc pour déposer à mon tour mon mug dans l’évier.

- Non non, on sort c’est mieux…

Je le laisse aller s’habiller pendant que j’avale mon dernier bout de petit-déjeuner. Je râle un peu quand il m’appelle « ma petite » et réagit très vivement à sa proposition de me changer par un hors de question suffisamment clair pour le dissuader d’essayer. Malgré mes contestations, je me laisse guidée vers la chambre et avise mes vêtements sur le lit puis Ezekiel et reste plantée un instant à le fixer les bras croisés. Comment ça il regarde ! Hors de question ! Je l’attrape par l’oreille et le fais sortir de force de sa propre chambre en m’adossant ensuite à la porte.

- Laisse-moi mon intimité ! Voyeur !

Je me change tranquillement, observant par la fenêtre et en chantonnant légèrement. Chantonner parfois ça évite aussi de se laisser aller à ses pensées en se concentrant sur un air. Je mémorise assez bien les notes en général. J’ai peut-être un peu l’oreille musicale. Je finis de me vêtir et ouvre brusquement la porte. Psychologiquement, je ne suis pas spécialement prête mais bon ça ira.

- C’est bon.

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J

e ne m’attendais pas à ce qu’il se trouve derrière moi et accusa une petite tape. Je le regarde et fais légèrement la moue en le suivant vers la sortie. Embarquée de force dans une folle aventure, je redoute déjà le pire mais vu l’énergie dans laquelle il m’entraîne, je n’ai de toute façon plus le choix que de le suivre. Je ne suis pas du tout surprise à l’idée qu’il ne conduise pas et je crois que c’est mieux comme ça. Je ne sais pas… je crois que je n’aurais pas trop confiance en ses talents de conducteur. Je me demande s’il sait même conduire : peut-être pas en fin de compte. Le chauffeur, je me souviens bien de lui : un peu indiscret sur les bords. Je n’ai pas oublié, ça ne date pas non plus de Mathusalem et j’ai bonne mémoire quand il s’agit d’événements marquants comme celui-ci. La première fois que je rencontrais Ezekiel… pas forcément la meilleure de mes journées en sa compagnie évidemment. Qui aurait cru qu’après la violente frayeur qu’il m’a évoqué ce jour là, il deviendrait ensuite la seule personne que j’apprécie de fréquenter et de laisser s’immiscer autant dans mon passé et mon avenir.

-O.K. Capitaine… ah oui je me souviens de TON ami.

Bah ce n’est pas mon « pote », ça fait partie de ses relations à lui. Je monte dans la voiture en murmurant un tout petit bonjour et attache ma ceinture : un automatisme depuis la première rencontre encore. Oui, c’est la première fois qu’il m’a embrassé mais cela n’avait rien à voir car c’était de la pure provocation. Je sens bien qu’il y a une différence entre les blagues et le sincère mais c’est vrai qu’il m’est encore délicat de tout saisir. Je doute entre les deux cas parfois alors j’évite de trop me questionner. Nous sortons du quartier de Brooklyn, direction Manhattan. C’est vrai qu’il y a plus de chances de trouver là-bas qu’ici. La ville bouge bien plus quand on se rapproche de son centre que lorsque l’on farfouille dans les quartiers. En plein jour, les gens font moins attention à l’identité les uns des autres et j’aime bien être une anonyme parmi la foule sans devoir me soucier des regards. Personne ne s’attarde sur personne. Pas tant qu’il ne se passe rien. Je descends du véhicule en m’aidant de la main du manipulateur d’ombres et le suit sans grande conviction jusqu’à un magasin de vêtements bien sombres. Quel drôle de paradis vestimentaire et quelle torture pour moi. Tout se ressemble à mes yeux. Tout est pratiquement noir quand mon camarade me dit de me faire plaisir, je le regarde d’un air totalement perdue. Bon sang, j’ai passé ma jeunesse à cambrioler des magasins, à boire sur la plage et à me bagarrer avec ma bande de copains. Est-ce que j’ai l’air d’être le genre à m’intéresser à mon look et à sortir avec des copines pour aller faire les soldes ? S’il se rend compte à quel point c’est une torture pour moi. Je regarde à droite et à gauche, histoire de tout de même repéré le rayon femme.

- Tu as une notion très inquiétante du mot paradis…

Je me dirige du côté des habits pour les dames quand une vendeuse s’approche dans le but de gentiment offrir son aide gratuite mais terriblement hypocrite pour vous inciter dans vos achats. Avec une voix douceâtre au possible, elle me demande « je peux vous aider ?».Je déteste être harponnée comme cela dans les magasins comme une proie manipulable et généralement, c’est marqué sur mon visage mais elle n’a pas du voir. Enfin c’est en partie parce que je suis une voleuse et que je n’ai guère envie de me coltiner les commerçants en temps normal. Elle a l’air jeune en plus, peut-être une nouvelle qui doit prouver sa place dans son boulot…Sans ménagement, je lui réponds.

- Non, je viens d’arriver. Laissez-moi respirer.

Elle repart se poster debout à deux portants de vêtements, immobile comme un hibou qui vous observe avec ses grands yeux. Ça me donne froid dans le dos et en plus avec ses fringues on dirait une sorcière. Je fais mine de farfouiller dans les différents endroits mais en fait, je ne sais même pas quoi regarder. Je ne suis pas à l’aise avec le shopping, ce n’est vraiment pas mon univers. Désespérée, à l’idée de devoir de nouveau supporter la vendeuse, je regarde la sortie. J’ai envie de m’enfuir en courant et mes pas me rapproche de plus en plus de la porte même si je regarde les habits.

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e n’est pas de ma faute si je ne suis pas à l’aise dans un lieu où je me sens observée avec insistance de la tête au pied et où les habits sont tous d’un même style dont je ne connais absolument rien. Par contre, on reconnaît vite les habitués qui entrent ici et d’un seul regard savent plonger une main experte dans le tas et sortir juste ce qu’ils désiraient. J’aurais pu mettre les pieds dehors pour éviter la panique progressive qui montait peu à peu en moi, en plus de l’agacement cependant Ezekiel arriva pile au bon moment pour m’en empêcher. À croire qu’il avait vite compris mon intention car je fus directement éloigner de mon échappatoire et entraîner ver s une cabine d’essayage malgré mes faibles protestations dans le « non mais… hé … attends, je… ». Je regarde les tenues qu’il a sélectionnées et les tourne dans tous les sens en me disant que je ne vais jamais porter ces trucs car je ne vais ressembler à rien là dedans. Le côté sexy et rock’n’roll, on repassera… J’enfile une des tenues, en soupirant. En tout cas, la taille est bonne alors c’est que mon compagnon à l’œil pour ce genre de choses. Je ne connais même pas ma taille exacte et lui devine à peu près. Je n’ose pas sortir dans cette tenue tellement je n’ai pas l’habitude de ressembler à cela et c’est les bras croisés par la gêne que je sors un peu. Bon je ne dis pas que je ne suis pas à mon aise dans ce tissu puisque je peux bouger comme bon me semble mais quelque chose me dérange. Lui, il n’arrange rien car il m’observe et ne dit rien avant un long moment si bien que je commence à stresser pour de simples vêtements. Et là c’est le drame … J’ai le droit à un discours tellement édifiant sur les pensées charmantes du mutant que je rougis instantanément et essaie de le faire se relever immédiatement.

- Déconne pas ! Tu me fais honte, Ezy…

Tout le monde nous regarde maintenant et j’en vois même qui pouffe en ce cachant derrière les portants. Ce que les gens peuvent être curieux mais c’est vrai qu’il se fait bien remarquer lui aussi à se mettre à genou comme pour prier dans un magasin de prêt-à-porter. Je savais que la journée serait mémorable mais là, je ne sais pas encore avant combien de temps, j’oserais remettre les pieds dans ce genre d’endroit. Il faudra m’y traîner sans possibilité de fuite. Je me penche pour agripper mon relooker par les bras et le relever aussitôt en lui demandant d’éviter de se faire remarquer, sinon il pourra toujours courir pour que je dorme de nouveau avec lui. Oui c’est une « menace » et c’est très lâche de ma part. Et s’il s’avise d’utiliser ces pouvoirs pour contourner cet ultimatum, je serais moins conciliante. Je recule un peu et me regarde dans le miroir : franchement, je ne m’y fais pas. Voilà que j’ai encore attiré la vendeuse qui commence à me toucher les épaules et la taille pour ajuster le vêtement en me disant que ça me sied à merveille. Je regarde Ezekiel en serrant les dents, prise en sandwich entre les deux. J’essaie d’articuler sans dire à voix haute de faire quelque chose mais je ne sais pas s’il comprend. Je sens mes muscles se contracter violemment et si je me retourne, elle se mange mon poing dans la figure. Je déteste qu’on me tripote comme ça sans se soucier de savoir si ça me dérange ou non. Je murmure cette fois :

- Fais quelque chose ou je la tues !

Elle ne va quand même pas me faire ça pour chaque tenue. Je fais signe au mutant du regard que je compte bien essayer tout ce qu’il voudra s’il me débarrasse de ce pot de colle. Est-ce qu’il comprend au moins tout ce que je lui dis. Mon regard devrait en dire long et je prononce tout au ralenti. Promis, je ferais des efforts mais si je me met en colère, on va devoir sortir d’ici.

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