[Terminé] ► The Sabertooth Squirrel & the Wolf [PV : Azraël J. Vehuelson]

« The Sabertooth Squirrel & the Wolf ║ Azraël & Leif »

Parfois, je me demande si je n'aurais pas des tendances suicidaires. J'avais perdu plus d'un ami à cause de la Grande Purge, et pourtant je m'obstinais à traîner dehors bien après le couvre-feu. Un de ces quatre j'allais terminer abattu comme un chien dans une ruelle, ou bien en cobaye dans un laboratoire de je ne sais quelle ville... Rien de franchement rassurant ni enviable. De quoi me faire tenir à carreaux. Mais non, pensez-vous ! J'avais -semble-t-il- un fichu instinct qui me poussait à me mettre en danger pour tenter de venir en aide aux autres Mutants. Ces derniers n'étaient pas toujours pleins de gratitude, d'ailleurs, c'était à se demander pourquoi je risquais ma peau... Mais enfin. Tâchons de ne pas nous égarer.

Actuellement, je traversais Central Park sous ma forme animale, à pas de loup (c'est le cas de le dire). Je prenais garde à progresser autant que possible sous le couvert des arbres, afin de me faire aussi discret qu'une ombre. Il faisait nuit depuis plusieurs heures, et à en juger par les odeurs que je pouvais percevoir, la milice ne traînait pas trop loin de ce coin-là...
Ceci étant dit, je n'étais plus bien loin de chez moi non plus. Encore quelques petits efforts, et je pourrais m'effondrer dans mon lit, histoire de prendre un repos bien mérité.

Mais ça... Ce n'était manifestement pas pour tout de suite. A l'autre bout du parc, j'entendis tonner quelques brefs coups de feu. Mon pelage tout entier se hérissa à ce seul son, et chaque muscle de mon corps se banda. Tendu comme un arc, aussi immobile qu'une statue, j'observais les alentours avec soin. Je hais profondément les pistolets et autres fusils. Jamais je ne toucherai à un de ces objets de malheur. Ce sont les armes des faibles d'esprit. Lorsqu'on veut tuer, ne serait-ce que par respect pour son adversaire, on se doit de pouvoir le sentir mourir sous ses coups. Je n'ai tué que trois ou quatre personnes au cours de ma vie, mais toujours de mes propres crocs et griffes. On m'a élevé avec certaines valeurs, moi. Non mais oh.

Un coup de feu supplémentaire me tira de ma pseudo léthargie. C'était quasiment du suicide, mais... Je ne pouvais pas laisser l'un de mes frères Mutant se faire tirer comme un lapin. Ni une ni deux, je filai vers la source de ces bruits, affreux à mes yeux. Il fallait que je fasse vite, sans quoi je n'allais trouver qu'une flaque de sang et des empreintes de bottes incrustées dans le sol... Ce que je ne voulais absolument pas.

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Ma course fut aussi rapide que discrète. ... Ou tout du moins, jusqu'à un certain point. Au loin, je pouvais avoir un aperçu on ne peut plus clair de la situation. Une sorte d'écureuil à dents de sabre courait comme un dératé pour échapper à un petit groupe de cette foutue milice. Si je me fiais à mon odorat, qui me trompait très rarement, il ne s'agissait pas d'une simple bestiole un peu étrange... Mais ce n'était pas un Mutant non plus. Allons bon... Ceci dit, ce n'était pas le moment de se poser des questions.

Sans hésiter, j'allongeai mes foulées, accélérant le rythme. Je ne tardai pas à rejoindre le rongeur, et avec une précision presque chirurgicale, je le saisi dans ma gueule, fermement mais tout en restant un minimum délicat. Bestiole récupérée. A présent, il fallait semer ces espèces de cow-boys de bas étage qui me couraient après. Et pour ça, j'avais ma petite idée... Il fallait juste que je maintienne mon avance pendant quelques minutes encore.
Autrement dit, un véritable jeu d'enfant. A la première occasion, je disparus entre les fourrés, louvoyant habilement entre les arbres, sans perdre de vue mon objectif. Afin d'être sûr de ne pas pouvoir être pisté, je posais le plus possible les pattes sur les surfaces les plus dures, ce qui limitait au minimum les empreintes que je laissais derrière moi.

Je finis par m'arrêter dans un coin désert, qui me cachait parfaitement des regards grâce à une végétation plus touffue que dans le reste du parc. Même si les miliciens avaient l'idée de venir fouiller dans les parages, je les entendrais de loin, et n'aurais aucun mal à déguerpir.
Prudemment, je déposai l'étrange boule de poils au sol, avant de la toiser curieusement.

- T'es bizarre, toi... Enfin bref. Ca va, rien de cassé ?

Normalement, non. Je suis plutôt délicat malgré la puissance que je peux déployer sous mon apparence de loup, faut pas croire.

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En tant que Mutant, je peux vous assurer que j'en ai vu, des trucs étranges, tout au long de ma vie. Mais ce genre de bestiole, c'était bien le première fois ! Mon flair m'indiquait qu'il n'était pas l'un de mes semblables, contrairement à ce que j'avais pu croire en volant à son secours. Non, il était autre chose.... La question qui se posait alors était... Qu'était-il exactement ? Et j'avais beau y réfléchir, je ne voyais pas cinquante solutions différentes. Les seuls êtres qui pouvaient avoir des pouvoirs, hormis les Anormaux dans mon genre, c'étaient les divinités. Enfin, ce que moi je considérais encore comme des divinités, et pas de simples extraterrestres venus d'on ne sait quelle monde. Restait à savoir s'il venait d'Asgard, Vanaheim, ou même Jötunheim... Bah, après tout, ça ne changerait pas grand chose à mon comportement face à lui, aussi étrange pouvait-il être !

Je ris légèrement à sa remarque. Le manger ? Allons bon ! Il n'y avait rien sur lui ! A mon avis, la fourrure et les os dépassaient de loin la quantité de chair que transportait son petit corps. Et puis de toute façon j'avais déjà fait un bon repas il n'y avait pas si longtemps. Chasser les écureuils, c'est pas mon truc, en plus. Trop mignonnes ces bestioles.
Intrigué, j'abaissai mon museau pour venir flairer d'un peu plus près mon drôle d'interlocuteur, ma queue balayant l'air dans mon dos sans que je m'en rende vraiment compte.

- Ceinture noire en arts martiaux, hein... Mouais. lâchai-je en mme reculant pour poser mon arrière-train au sol. On m'appelle Sköll. Et vous, c'est quoi votre nom ?

Juste par précaution, je préférais le vouvoyer. Pour peu qu'il soit aussi susceptible que Loki, hein... Je tiens à mon pelage.

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Bon, j'avoue, il arrive souvent qu'on me prenne pour une gentille peluche toute douce. C'est vrai que j'adore qu'on me câline -mais pas qu'on me brosse le pelage, ça vous oubliez si vous tenez à vos mains- et qu'on me papouille, mais beaucoup de gens oublient que je reste un loup. Le temps passant, j'avais de plus en plus la sensation d'être un animal piégé dans le corps d'un humain. Et encore davantage depuis quelques années. Vivre seul ne m'aidait pas vraiment à rester équilibré psychologiquement. A vrai dire, je pensais même que je risquais de devenir réellement instable, à un moment ou un autre. Ce qui m'effrayait le plus, c'est que je n'avais aucune idée du comportement qu'un pétage de plombs en règles risquait de me faire adopter. Si je me mettais à massacrer tout ce qui passe, j'étais bon pour terminer en superbe carpette au pied d'un lit ou devant une cheminée. Ce dont je ne voulais absolument pas, évidemment.

Mais enfin... Tout ça pour dire que non, je ne suis pas une peluche toute douce. Il y a aussi un fauve qui sommeille, là quelque part, et il arrive plus souvent qu'on le pense qu'il se réveille. Mes instincts de chasseur ne sont pas du chiqué, vous pouvez me croire. Et lorsque j'ai décidé de tuer, je n'abandonnerai pas tant que la proie que je me suis désigné tient encore debout. Question d'honneur de loup.
Alors, dieu ou non, cet espèce d'illuminé à poils longs devrait se méfier. Parce que même si je sais pertinemment que je ne fais pas le poids face à lui, je devrais tout de même être en mesure de le blesser un peu. Ne serait-ce que quelques morsures, ou coups de griffes. Ca suffirait à ce que je sois satisfait de moi, quand bien même je devrais finir six pieds sous terre. J'ai ma petite fierté, oui.

En tout cas, mon nom de code semble l'amuser... Allez, ne te vexe pas, Leif. Après tout, lui est un écureuil au regard de dégénéré à grandes quenottes, alors chacun sa croix, comme disait l'autre. Et puis au moins on pouvait pas me reprocher un manque de goût quant à mon choix. Le grand nord c'était ma culture, et je ne voyais absolument pas en quoi on pouvait en rire. Mais enfin...

Euuuuh... Okay. Au moment où je m'apprêtais à lui répondre, l'écureuil avait laissé place à un homme dans une sorte d'explosion de paillettes. Et nu l'homme, je vous prie. Evidemment, sinon ce n'est pas drôle, pensez-vous ! ... Et pas mal fichu du tout, en plus de ça... Ah non, hein ! On se ressaisit, Leif ! Je sais que ça fait moment que le calme plat côté vie sexuelle, mais faut pas pousser mémé dans les orties non plus ! Surtout que le gugusse devant moi, aussi sexy pouvait-il être, était un dieu. Et ça, je préférais éviter d'y toucher... J'ai un instinct de survie, vous voyez.

Un sourire lupin s'esquissa sur mes babines, tandis que je ne pouvais pas d'un poil, le derrière toujours vissé au sol.

- Alors là, vous allez être d'une discrétion à toute épreuve pour rentrer chez vous, aucun doute !

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C'est avec une certaine admiration que je toisai Azraël alors qu'il usait de magie pour se constituer de quoi être un minimum décent. De la glace. Venait-il de Jötunheim, était-il un Géant des Glaces ? Possible... Cependant, son odeur semblait indiquer autre chose. Certes je n'avais jamais vu de Jötun, mais je pensais que ce genre d'êtres auraient une odeur plus prononcée, le genre glacial et presque... Bestial, vous voyez ? D'ailleurs, Azraël était son véritable nom ou juste un prénom d'emprunt pour se donner un genre ? Etonnamment, je ne pensais pas. Qui adopterait un pseudonyme pareil ? ... Mouais, j'ai rien dit, ç'avait l'air d'être le genre du gugusse en face de moi.

Son sourire charmeur ? Aucun effet sur moi. Enfin, presque aucun. J'ai l'habitude qu'on me fasse de l'oeil, sans vouloir me vanter, je suis plutôt bel homme. Le problème c'est qu'en général ce sont des femmes qui tentent des approches, et dans 80 ou 90% des cas, je préfère les hommes. Parce que non, le destin avait décidé que naître Mutant ce n'était pas suffisant, fallait qu'en plus j'ai de sérieuses tendances à basculer dans l'homosexualité. Quand on est maudit, hein... Attention, je n'ai honte d'aucune de ces deux choses, qu'on s'entende bien ! C'est juste que parfois, je me demande ce que ça fait de vivre comme n'importe quel citoyen lambda... Enfin bref.

A sa question, je répondis en premier lieu par un haussement d'épaules, avant de me lever pour finalement reprendre forme humaine. Je n'aime pas des masses qu'on me regarde de haut... Et puis moi je suis habillé, bande de pervers.

- Il n'y a rien que vous puissiez faire, en fait. Et puis je n'interviens pas dans ce genre de situation en espérant obtenir quelque chose en retour.

Trop bonne patte ? Possible... Mais au moins, je n'avais rien à me reprocher. Et je me dis que mes parents seraient fiers de moi, s'ils savaient. Ca aide toujours à rester sur le droit chemin.