[Mission] Attilan-catraz

Fronçant les sourcils dans une expression d'inconfort, Jean commençait à reprendre connaissance. Une terrible migraine lui mettait les méninges à vifs, doublée de nausées. Par réflexe, elle porta une main sur son front avant même de chercher à ouvrir les yeux. Sa joue était comme endolorie. Rapidement, elle en comprit la raison. Elle était allongée à même un sol froid et métallique, si bien que tout son corps lui semblait engourdi. Péniblement, elle se redressa, finissant par se caler assise le long d'un mur. En face d'elle, Ororo reprenait également peu à peu connaissance. De toute évidence, elles étaient dans une cellule de détention.

Que s'était-il passé ? Elle l'ignorait. La dernière chose dont elle se souvenait, c'était qu'avec Ororo, elles étaient montées à bord d'un véhicule de transport attilan, prenant le chemin de la cité volante pour s'entretenir avec le souverain des lieux. Hank avait fait des découvertes dans son enquête sur la brume Terrigène. D'après lui, l'un des composants de la bombe qui avait explosé ce soir là, provenait d'Attilan. Puis, durant le trajet, tout était devenu noir. Ce mal de tête, ce blackout, cette détention ... aucun doute. Elles étaient tombées dans un piège, droguées pour ensuite être emprisonnées.

Une désagréable sensation à la base de sa nuque l'invita à glisser une main à ce niveau. Et rapidement, la rousse put détecter la présence d'une sorte d'élément électronique greffé sur sa peau. Et maintenant qu'elle y prêtait plus attention, Jean ne ressentait pas la présence de sa partenaire à ses côtés ... un inhibiteur de pouvoirs. Ceux qui les avaient mises là, savaient parfaitement à qui ils avaient à faire et n'avaient rien laissé au hasard.

« J'imagine que quelqu'un ne veut pas que l'on s'entretienne avec le roi Boltagon, partagea-t-elle avec son amie. Ce serait le meilleur scénario possible en tout cas. »

Toujours harcelée par cette migraine ainsi que par ses nausées, Jean ne se laissa pas pour autant abattre, commençant déjà à observer l'architecture de la cellule dans laquelle elles se trouvaient. Trois murs plein, un éclairage provenant d'un plafonnier et une sorte de champ de force donnant sur un couloir parcouru d'autres cellules, toutes inoccupées. Avec précaution, Jean effleura la surface du champ de force de la main, mais se résigna rapidement en sentant quelque chose de comparable à un coup d'électricité.

« Et le pire des scénarii ?, demanda Ororo.

- Que ce soit le roi lui-même qui ne souhaite pas cet entretien et qui cherche à nous faire taire. »

Cela faisait des mois que Hank bataillait ferme pour trouver l’origine de toute cette affaire. Il ne cessa d’enquêter, suivant de nombreuses pistes, parfois en frôlant, voir dépassant, la légalité. Les preuves commencèrent à s’accumuler et, bien vite, la culpabilité des inhumains devenait évidente. Leur application était évidente et la prise de position de Hank, d’il y a quelques mois, risquait de causer préjudice aux mutants dans le futur.

Avec toutes ses informations en main, Hank alla aussitôt prévenir Charles, plus pour la forme que pour réellement l’informer. Le génie savait déjà que le professeur était au courant de ses recherches et de ses avancées. Malgré son empressement à faire pression sur les inhumains, Hank avait tout de même su trouver la sagesse de prévenir le chef des X-men. Celui-ci prit alors les décisions qui s’imposaient.

Ce fut ainsi que les x-mens et les inhumains allaient enfin se rencontrer. Cependant, les circonstances de cette rencontre ne satisfirent guère Hank. La discussion aurait lieu à Attilan, terrain potentiellement ennemi. De plus, ils envoyèrent un de leur propre vaisseau de transport. Cette situation n’était guère enthousiasmante. Une occasion parfaite pour un coup fourré…

En effet, Hank eut raison sur ces pressentiments. Au bout de 24 heures, tout contact avec les deux émissaires disparut. Deux amies chères à Hank venaient d’être portées disparues. Elles n’auraient jamais du y aller. C’était lui qui avait fait toutes les recherches. C’était son enquête, sa responsabilité. S’il leur était arrivé quelque chose, Hank se le reprocherais surement pendant un long moment. Enfin, long était relatif. Si jamais Logan apprenait que Hank avait été, encore, indirectement responsable d’un danger pour son amour, le génie pouvait facilement finir en tapis.

Charles prit une décision : envoyer une autre équipe pour sauver la première. Les « heureux » élus furent Hank, qu’il ne donna guère le choix au professeur, Scott, choix judicieux vu ses compétences de stratège et Jake. Le dernier choix était quelque peu insolite pour le mutant simiesque. Il était vrai qu’il n’avait guère eu le temps de parler au nouveau venu des x-mens, mais il savait qu’il lui manquait de l’expérience. Cette mission n’était guère des plus évidentes et, d’après ses connaissances, Jake n’avait pas encore participé à de réelles missions. Kurt, Kitty, Colossus même, auraient pu être un meilleur choix. Mais Jake avait peut-être de quoi surprendre Hank. Quoiqu’il en soit, Hank se sentait responsable de la sécurité de ses deux partenaires. Il savait qu’il ne pouvait y aller seul, mais savoir qu’ils allaient mettre leur vie en jeu pour sa quête, cela ne l’enchantait guère.

Malgré tout, il ne protesta pas. Charles, et aussi Jean, lui avaient rappelé une chose essentielle. Il avait beau prendre cette quête pour la sienne, il était aussi un x-men. Cette quête n’était pas seulement une affaire personnelle. C’était littéralement une mission vitale pour toute la race mutante et la protection de la cause mutante était l’un des fondements de l’institut. Ce n’était sa quête, c’était la quête de tout le monde.

Ce fut ainsi que les trois hommes se retrouvèrent à bord du X-jet. Scott était aux commandes de l’appareil pendant que Hank surveillait les radars. La fonction invisibilité avait du bon. Lorsque les premiers signaux des balises GPS de leur collègue furent trouvés, Hank en tint informer l’équipe. Avant l’atterrissage, Hank leur tendit une oreillette à chacun, qu’il puisse rester en contact. La mission allait pouvoir commencer

En entendant des bruits de pas en provenance du couloir qui jouxtait leur cellule, Jean releva la tête, dans l'attente de pouvoir apercevoir le nouveau venu. Ce dernier ne tarda pas à ce montrer. Un type d'apparence banale, voire même avec des traits légèrement ingrats, un regard noir, tout comme ses cheveux, et surtout, un air narquois sur le visage. Derrière lui se tenaient plusieurs hommes d'armes pour l'escorter, et sans doute veiller à sa sécurité.

Avec une satisfaction non feinte, il annonça aux prisonnières devoir annuler leur rendez-vous avec le souverain de la cité, allant même jusqu'à révéler que ce dernier n'avait de toute manière, jamais eu connaissance de la visite des deux mutantes. A ces mots, les sourcils de Jean se froncèrent. Tout ceci n'était donc qu'un piège, visiblement orchestré par cet individu, qui à l'en croire, n'était nul autre que le frère du roi. Mais pourquoi organiser une telle rencontre ... ou plutôt, un tel enlèvement ?

« Laissez-moi deviner, répondit Jean, vous ne tenez pas à ce que votre frère soit informé du fait que le Terrigène utilisé lors de l'attentat provient d'Attilan, c'est bien ça ? Pour la simple et bonne raison que vous êtes celui qui est le fournisseur. »

Peu à peu, certaines pièces du puzzle trouvaient leur place dans l'esprit de la rousse. L'inhumain qui se trouvait devant elle, agissait de toute évidence dans le plus grand des secrets, et dans la clandestinité la plus absolue. Il était le fournisseur de la terrible substance. Restait à savoir à qui il avait fourni cette matière première, ainsi que les raisons qui avaient pu motiver ce qui ressemblait de plus en plus à de la trahison envers le trône de cette cité.

« Tout finit toujours par se savoir ... en avez-vous seulement conscience ? », le mit-elle en garde.

Une embuscade. Evènement typique qui ne faisait plus autant d’effet au vétéran qu’était Hank. La question n’avait jamais été si, mais quand. Et l’heure était venue. Très vite, les tirs plurent sur les trois X-men. Très vite, au sein de ce vieux bâtiment, un échange de combats allait procéder. Des trois, aussi surprenant que cela pouvait être, ce fut le petit nouveau qui commença à donner des ordres. Sans une seconde à perdre, Jake lança des boules de feu de ses mains. Utilisation ingénieuse de ses pouvoirs. Il n’hésita pas un instant à donner des ordres à ses compères. Au moins, il savait agir en situation de détresse. Malgré son plan bon, le mutant aux poils posa sa lourde patte sur l’épaule de Scott l’empêchant d’agir.

Son ancien élève suspendit son geste, observant son mentor. Il put voir la fin d’une réflexion sur son visage. Hank dit alors quelques mots.

« En haut. 1,6 cm. 2 heure. »

Scott releva les yeux et comprit. La structure du bâtiment était fragilisée et la distraction de Jake avait permis au génie de terminer ses calculs. Si Scott tirait selon l’épaisseur et la direction fournit par Hank. Le plafond allait s’effondrer en partie sur leurs opposants. Mais la moindre erreur pouvait aussi leur causer bien des dégâts. Cependant, Scott crut les yeux fermés en la parole de Hank et tira, créant une avalange de débris sur leurs opposants. Ca, avec les boules de feux de Jake, allait surement leur laisser un mauvais souvenir. Cependant, au vu de la constitution des inhumains, une telle attaque n’allait pas suffire à les vaincre. Hank courut donc vers les derniers rescapés pour leur montrer que leur capacité physique et intellectuelle n’était rien par rapport au travail d’équipe et aux talets des X-men. Les gens responsables de tout cela s’étaient fait des ennemis redoutables.

Spoiler:

Devant l'hypothèse que lui exposa Jean, le frère du roi ne nia pas les faits. De toute évidence, la rousse avait mis le doigt sur quelque chose. Et même s'il lui manquait encore plusieurs pièces du puzzle pour lui permettre de parfaitement comprendre les faits dans leur intégralité, ainsi que tout ce qu'ils impliquaient, ses soupçons se renforçaient de plus en plus.

Lorsqu'elle le vit contrarié alors que son garde lui transmettait une information, Jean lança un regard entendu avec Ororo. De toute évidence, il se passait quelque chose. Que n'aurait-elle pas donné pour avoir ses pouvoirs à cet instant précis ? Elle aurait alors obtenu toutes les réponses en une poignée de secondes !

Mais lorsque Maximus reporta son attention sur ses prisonnières, affichant de nouveau cet air suffisant et confiant, la rousse fut prise d'un doute. De toute évidence, il n'avait aucun intérêt à les garder en vie, surtout à présent qu'elles en savaient autant. Si elles ne trouvaient pas une solution rapidement, ou si personne ne venait à leur aide, alors c'en serait fini de toutes les deux.

A la première phrase de l'inhumain, Jean se sentit gagnée par une bouffée d'optimisme. L'Institut avait envoyé une équipe de secours. Tout n'était donc pas perdu. Pour autant, le prince ne semblait pas plus inquiet que cela. Soit il n'avait pas vraiment conscience de ce qu'une intervention des X-men impliquait ... soit il avait déjà un plan pour contrer cette tentative de libération. Et les propos qui suivirent semblaient plus en faveur de cette seconde hypothèse.

Aussitôt, aussi intriguée qu'inquiète par les derniers mots de Maximus, Jean reporta son attention sur sa partenaire.

« Ororo ? »

Cette dernière ne lui répondit pas, restant immobile, à fixer d'un regard vide le champ de force qui scellait leur cellule. Son visage, totalement inexpressif, était d'autant plus inquiétant. Finalement, Tornade se tourna vers la rousse, tel un automate dépourvu de conscience, et commença à l'attaquer, délivrant sur elle une série de coups. Ne souhaitant pas lui faire de mal, et comprenant qu'elle n'agissait pas de son propre chef, Jean se contenta de parer du mieux qu'elle le put les attaques qui lui étaient portées, esquivant les coups, ou les bloquant à l'aide de ses avant-bras.

« Ororo ! Arrête ! Tu n'es pas toi-même ! C'est moi, Jean ! », tenta-t-elle de la raisonner.

Alors que cette attitude de défense avait conduit Jean dans le fond de la cellule, Maximus abaissa le champ de force, permettant à Ororo de sortir de cette prison, avant que la barrière ne soit réactivée. Se précipitant dessus, Jean frappa la surface irisée de ses poings, tout en voyant Tornade partir en compagnie des gardes du prince.

« Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! »