Erik Lehnsherr | Magnéto

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Max Eisenhardt.

C'était son nom... Il y a des années. Des décennies. Presque un siècle. Un simple petit garçon polonais, né dans un village situé près de la frontière Slovène, et qui n'existera plus au sortir de la deuxième guerre mondiale (deuxième, et non seconde, car troisième guerre il y aura. Il y a déjà, en vérité). Voilà ce que Magnéto fut, jadis, avant que l'évolution naturelle ne fasse de lui un pionnier pour son peuple, pour ses frères et sœurs mutants. Né dans une famille juive à l'aune d'une ère de changements, Max perdra son père et sa sœur avant de réussir à échapper à une première rafle allemande. Sa mère décide de lui donner le nom d'Erik Lehnsherr, espérant brouiller les pistes ; peine perdue, pour les deux survivants, qui sont capturés peu après puis envoyés au tristement célèbre camp d'internement d'Auschwitz. C'est au sein de l'enfer du camp de concentration que le mutant s'éveille, déployant ses premiers champs magnétiques. D'emblée, l'armée allemande est intéressée par ces démonstrations de puissance, et conduisent des expérimentations sur le jeune juive. Sous couvert de la fausse identité du docteur Schmidt, un certain Sébastian Shaw prend la direction des opérations. À 12 ans, Max Eisendhardt n'est plus Erik Lehnsherr. Il devient un cobaye anonyme, un simple juif tatoué d'un numéro de série : "214782". Un nombre impossible à oublier.

En perdant la guerre, l'Allemagne Nazie se voit contrainte de relâcher ses prisonniers (du moins, ceux qui lui survécurent). Cobaye trop précieux pour être sacrifié, Max (qui ne souviendra jamais de ce nom trop peu porté) redevient Erik Lehnsherr, une entité à part entière. Enivré de liberté, mais surtout assoiffé de vengeance, son unique occupation d'homme libre sera, une fois majeur, de traquer, puis de tuer, chacun de ses bourreaux (Schmidt étant en tête de sa liste). Mutant de dix-huit ans, il apprendra sur le tas à remonter les pistes et à vivre dans un monde dépourvu d'oppression... Officiellement. Ne connaissant de ses dons que les facettes létales, sa vendetta personnelle se jalonnera de morts, mais également d'échecs, puisque Shaw restera hors de sa portée ; il n'est qu'un voyageur sans métier ni qualifications et abusant de ses pouvoirs pour gagner de l'argent lorsqu'un certain Charles Francis Xavier croisera sa route. Le professeur de génétique révolutionnera l'univers d'Erik, lui ouvrant les yeux sur des perspectives jusqu'alors ignorées, et le mettant au contact de leurs pairs mutants. Ensembles, ils se mettent en chasse contre Shaw, qui dévoilera finalement son appartenance à un mouvement pro-mutant : le Club des Damnés. Mutant lui-même, Sébastian s'avérera être un formidable adversaire néanmoins défait au bout du compte, et dont les idéaux, sans réellement coller aux convictions d'Erik, lui soufflèrent probablement les prémisses de sa future organisation. Lors d'une période douce qui restera gravée dans la mémoire des deux amis, l'union du télépathe et du maître du magnétisme fonctionnera, opérant des bonds prodigieux pour la compréhension et la découvert de ce phénomène nouveau qu'était l'apparition d'une nouvelle espèce. Cependant, souvent opposés dans leurs conceptions de l'avenir, les deux frères de cœur en vinrent à se séparer, marchant chacun de leurs côtés, avant que les circonstances ne les réunissent par la suite (à de multiples reprises) comme adversaires.

Parangon de symbiose, Charles Xavier fonda les X-men et leurs valeurs d'entente entre les humains et les mutants, tandis qu'à l'opposé, Erik, fort de son vécu du traitement réservé aux juifs ainsi que de ses rencontres avec Shaw et son Club des Damnés, entamait l'unification des mutants en une structure vouée à défendre l'Homo superior contre son cousin sapiens. Ennemis sur le papier, Charles et Erik ne s'affrontèrent jamais que par disciples interposés, l'un comme l'autre refusant de lever la main sur son ami (bien que la possession d'un casque, pour Magnéto, le prémunissant contre les incursions mentales, dut jouer dans ce pacte tacite de non-agression). Lors de ce schisme, Magnus reçut une lettre d'une ancienne conquête gitane, une certaine Magda, lui apprenant qu'il avait deux enfants : un fils et une fille. Persuadé que cette descendance ne pouvait être de race mutante, Erik émit une fin de non-recevoir, obligeant indirectement Magda à confier leurs jumeaux à sa sœur, Marya Maximoff. Ce n'est que bien plus tard que ses supposition s'avèreraient fausses.

Impulsée par un noyau dur d'adeptes hautement fidèles à leur charismatique meneur, la Confrérie devint un groupe actif de terrorisme dont les motivations, très explicites, se concrétisaient au-travers d'actes violents, dangereusement bien orchestrés, et généralement médiatisés. Fort heureusement, l'idéologie extrémiste de Magnéto ne put jamais complètement aboutir, grâce aux interventions des X-men. Multipliant les passes d'armes et les confrontations, les deux camps de mutants conclurent leur guerre fratricide par l'injection massive d'un remède inhibant l'activité du gène X, portion du génome responsable des facultés mutantes. Au terme de sa croisade, Erik subit donc bel et bien le sort qu'il craignait : la persécution basée sur son appartenance à une race pointée du doigt. Dépossédé de ce qui faisait sa force et sa dangerosité, on lui offrit une fin de vie sans saveur, car dénuée de sens. Vieil homme n'ayant jamais appris à vivre comme un sapiens, il redouta de mourir dans l'anonymat humiliant d'une dégénérescence progressive et inexorable.

Or, contre toute attente, il advint qu'une injection ne pouvait l'amputer de sa nature. À son ébahissement ses dons lui revinrent graduellement, chassant du même coups les ravages de l'âge de son organisme fatigué. Octogénaire, Erik conservait assez d'endurance et d'énergie pour en paraître vingt ans de moins. Déterminé à lacérer l'Humanité pour son effronterie, il reforma sous sa tutelle incontestable la Confrérie, menant ses frères et sœurs vers une guerre frontale. En conséquence directe, les mentalités évoluèrent dans le sens contraire à celui souhaité par Charles Xavier, amalgamant la Confrérie à tous les mutants, et considérant que tout humain doué de facultés représentait un danger. Traqués, comme l'avait prédit le survivant d'Auschwitz, les superior n'en devinrent que plus décidés à embraser le conflit pour qu'enfin disparaisse l'ennemi de leur race : l'Homo sapiens.