Donc la magie, ça c’était vrai. L’enchanteresse pouvait jeter des sorts tels que cette bulle de silence et cela m’amusa beaucoup même si je n’aimerais guère avoir cette femme comme ennemie. La magie est tellement vaste que c’est difficile de la contrer. Déjà je trouvais certains mutants trop dangereux mais la sorcellerie, je n’avais jamais croisé quelqu’un qui s’en servait et j’étais surprise. Néanmoins ce petit tour me permettait de discuter sans la moindre inquiétude avec cette femme et c’était un atout considérable. Je racontais comme je le pouvais ma rencontre avec Ezekiel mais c’était la première fois que j’évoquais cette étrange retrouvaille et je n’étais pas des plus à l’aise avec cette histoire. C’était la période durant laquelle je vivais encore dans les égoûts et quand nous nous sommes vus, j’étais apeurée, affaiblie, sauvage et il faut dire qu’Ezy n’est pas le type le plus rassurant qui soit. Je ne savais pas comment, d’un point de vue extérieur, pouvait être perçue ce que je racontais mais je ne pu m’empêcher de sourire à la remarque sur l’opportunité qu’offrait l’idée de faire les poches. C’est vrai qu’en y réfléchissant bien, si je n’étais pas très sociable au fond certaines de mes rencontres étaient liées au vol. Il faut dire que c’est un réflexe chez moi parfois, je n’arrive pas toujours à m’en empêcher.
- Maintenant que tu le dis, j’y repense et tu n’as pas tort. Je ne l’aurais jamais croisé si je n’avais pas tenté de lui faire les poches et nous ne nous serions sans doute pas parlé si je n’avais pas dérobé quelque chose dans ce fameux magasin.
Si ce n’est par le plus grand des hasards, pourquoi cette femme aurait-elle voulu faire ma connaissance. Je n’avais aucun intérêt à passer au Burlesque auparavant et je n’étais qu’une jeune femme perdue dans New York, quelle importance pour les autres. Au fond, je n’existais qu’aux yeux des autorités s’ils arrivaient à faire le rapprochement mais sinon… pour personne d’autres. Aujourd’hui, les choses ont changées : le monde est moins stable et bien plus dangereux mais je suis pourtant moins seule qu’au départ. J’avais violemment saisi l’enjeu entre les mutants et la Purge par contre, l’arrivée des « Dieux nordiques» sur Terre, ça je ne saisissais pas trop. Apparemment, pour celle avec qui je discutais c’était parce qu’elle avait été exilée mais elle n’était pas la seule ici n’est-ce pas ? Alors combien pouvait-il être ? Je me montrais curieuse d’en apprendre plus à ce sujet et ce fut ma question. Brooklyn était grand et un poignée à côté ce n’était rien mais déjà pour moi c’était trop parce qu’Amora avait beau être aimable, qu’est-ce qui me prouvait que les autres l’étaient ? J’avais déjà ma petite idée sur le sujet également. Je regardais autour de moi : combien ici se doutait que se trouvaient parmi eux des créatures autres que les mutants ? Ils étaient tellement occupés à glousser devant le spectacle, à boire et à étaler leurs richesses pour se donner plus d’importance que les autres. Et combien d’entre eux serait effrayé par cette possibilité ? Je préférais boire un verre que de trop y réfléchir. Moi aussi je n’étais guère rassurée à cette idée.
- Oui ce n’est pas beaucoup comparé aux habitants en réalité mais je suis assez surprise de me dire que certains sont ici sur terre en fait.
Pour tout dire, je n’avais rien contre, tant que cela ne m’apportait pas de souci dans la vie. Dans le cas contraire, je ne serais pas trop partante pour me dire que des extraterrestres viennent se mêler à notre vie. Est-ce que la magie est leur seul don ou bien doit-on en croire les récits extravagants et là… c’est vraiment impressionnant. Observant le spectacle comme un arrière plan, j’écoutais attentivement la question que me posa la gérante et bloquait dessus. Oui je m’étais très mal expliquée précédemment en fin de compte mais quand on connait l’histoire cela paraît évidemment alors que ça ne l’est finalement pas. Si j’avais eu peur d’Ezekiel encore à l’heure actuelle, je serais retournée me planquer dans mes égouts. Il aurait fallu qu’il me séquestre pour me retenir et je ne suis pas du genre à obéir gentiment si je n’y vois aucun intérêt. Et de toute façon, je sais crocheter les serrures… donc non si je reste auprès de lui, c’est que je l’ai choisi. Mes cauchemars sont toujours présents mais lui les apaise un tant soit peu. Quant aux secrets on en a tous, on décide simplement de les cacher ou de jouer franc jeu. Je la trouvais un peu maligne de me poser cette question sur le moment. J’avais spontanément prononcé le premier mot de mon discours :
- Non !!! … Oh non, je n’ai plus peur de lui. J’étais effrayée parce que je le connaissais pas et je le confondais trop avec un autre mais je n’ai aucune raison d’avoir peur de lui. Je n’ai pas tant de secrets et je ne crains pas qu’il les dévoile.
Non, de ce côté-là ce n’est pas lui que je crains. Des secrets, je ne pense pas en avoir des masses mais le seul qui pourrait être un danger à ce propos c’est le télépathe. Quant à Ezekiel, c’est plutôt à lui que je fais des cachotteries car je veux le protéger. Il ne sait même pas que je suis au Burlesque en ce moment. Il n’aurait pas voulu que j’aille ou pas seule en tout cas alors je ne devais rien lui dire. Je changeais de position sur mon siège. D’ailleurs il faudrait que je sache… mais pas maintenant. Certains sujets ne s’abordent pas comme cela. Elle chercha donc que demander en premier et tout ce qu’elle trouva à dire c’est :
- Vous avez vraiment été exilée de votre royaume pour vous retrouver ici ? J’avoue ne pas avoir tout compris de cela.
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