Ma gorge était si nouée qu'elle me lui faisait mal alors que je faisais de mon mieux pour étouffer mes larmes dans l'oeuf.
Echec critique, évidemment. Pitoyable, j'étais pitoyable. Je détestais pleurer, merde, mais j'étais une boule de nerf à tous point de vue, des hauts, des bas, en mode surf. J'entendais déjà Erika de ma tronche à gorge déployée ( avant ou après avoir envoyer son poing dans la tête de Johnny, ça dépendait de son humeur ). Mon sweat m'apportait une fausse impression de réconfort, tout doux et peluche contre ma peau. J'avais perdu ma peluche trois squats plutôt, alors que j'étais rentrée pour trouver la purge en train de fouiller mon nouveau chez-moi. Tablette et sweat, voilà tout ce que j'avais sur moi. Et je m'étais habituée à mon confort au Baxter, j'avais presque espéré avoir un chez-moi. Presque. Là je me sentais soudain très seule, sans mes soeurs, sans ma peluche, sans toit sur la tête et abandonnée.
Ma bouille froissée par le chagrin se tourna vers Johnny, et je clignais des yeux, surprise. Les larmes coulèrent sur mes joues, trace brûlante d'infamie. Grah. Je détestais cette sensation et levait le bras pour essuyer mes joues vite fait bien fait - non, pas émotive, pas du tout, aucun souci de sautes d'humeur. Il y a cinq minutes je nageais dans le réseau comme un poisson dans l'eau et là... là j'avais juste envie de me blottir contre le grand dadais qui m'avait fait pleurer.
Parce que ce fut ça, mon réflexion totalement idiot lorsqu'il me rattrapa, entravant mon bras avant que j'ai eu le temps de sécher mes larmes. Je me blottis contre lui alors qu'il me prenait dans ses bras. Grand, réconfortant, un petit cocon de chaleur dans lequel j'avais bien envie de me glisser. De me terrer, parce que la Purge avait fait son oeuvre sur mes nerfs. J'étais fière à bras, mais un poil moins solide qu'Erika quand même, j'avais grandi dans une famille de merde, mais une famille. La solitude et l'abandon ne m'était pas habituel, et les propos de Johnny m'avait touché. Comme les miens l'avaient atteint, apparemment. On était un beau duo de bras-cassés tiens.
« La Purge nous rend tous dingue. Je suis désolé. Je ne t’ai pas mis dehors, je… Tu peux rester. Tu irais où, hein ? C’est dangereux, et… Le Baxter Building est bien trop grand pour moi tout seul, il y a bien assez de place pour nous deux. En plus, Herbie m’en voudrait de jeter sa nouvelle amie dehors et… Je m’en voudrais aussi. Alors… Reste, s’il te plaît ? » J'enfouis mon nez dans son t shirt, bien au chaud entre ses bras alors qu'il continue à parler, me laissant aller contre lui un instant. Je me calme, j'arrête de trembler comme une feuille pitoyable.
"J'peux ?"
Je relève le minois vers le blond et un sourire flotte sur mes lèvres, d'abord hasardeux, puis grandiloquent, grandiose, grand comme l'ego du fantastique. La joie circule à nouveau dans mes veines, côte à côte avec l'energie débordante que me transmet Herbie, pas tout à fait déconnectée de mon réseau personnel. Je peux rester ? Je n'ai plus peur du dehors, de la Purge ou de dormir dehors, en tant que confrériste je commence à être rôdée. Mais la solitude et l'absence de wifi m'effrayent terriblement. Je suis bien mieux entre ses deux bras dorés et musclées avec l'odeur du café qui me chatouille les narines et le wifi qui titille mes synapses. Comme compagnie, j'ai vu pire - littéralement, vous seriez surpris de savoir combien les rats ont proliféré dans New York depuis les premiers massacres - et ... j'adore la place. Vraiment. Je lève le menton pour déposer un baiser sur la joue de mon petit camarade. Avant de m'écarter d'un bon de chevreuil, les mains dans les poches de mon sweat, et prêt à courir à la salle de bain comme une gamine.
"Si Herbie et moi voulez bien de moi...je peux aller à la douche ?"
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Gasmask