Menace Antique
"La mutation. C'est la clé de notre évolution. C'est elle qui nous a permit de passer du stade d'être unicellulaire à l'espèce dominante sur notre planète. Le processus est long, et demande des générations. Mais tous les deux ou trois cents mille ans l'évolution fait un bon en avant." J'entends ces phrases dans ma tête. La voix qui les prononce est celle de Charles Xavier. Mais lentement, elle s'estompe. Disparait. Je suis complètement coupé de mon environnement. Plus de sorcières, plus de Speedy, plus de Victor. Je suis quelque part où la température est idéale, où mon corps, mon âme, même, baigne dans une lumière réconfortante et chaleureuse.
Quand enfin, je capte un son, c'est celui de la voix du Héraut, l'envoyé du premier Mutant, dont le destin est de "nous" délivrer de l'oppression humaine. Lentement, j'ouvre les yeux, visage impassible. Je fais demi-tour pour faire face à nos assaillants. Car oui, je suis désormais l'un des Cavaliers d'Apocalypse.
Le surplus d'énergie ... Je ne m'y suis pas encore habitué. Il m'a fallu des semaines pour adapter mes sens à ma mutation secondaire. Là ... C'est comme si j'avais passé ma vie entière la tête dans un bocal, et qu'enfin, je sortais la tête de l'eau. J'ai une conscience quasi-totale du monde qui m'entoure. Le bruissement du vent dans les feuilles. Les serres des oiseaux se resserrant sur les branches d'un arbre à trois mètres de nous.
Juste que ... Je ne sais pas. C'est toujours ce surplus d'énergie qui m'incommode. C'est comme si le rayonnement lumineux cherchait à s'extraire de mon corps. D'ailleurs, alors que je regarde le dos de mes mains, je vois ma peau commencer à se craqueler, comme une sorte de mue. Et de chaque "sillon", la lumière s'échappe. Comme un être vivant cherchant à s'échapper de sa chrysalide pour devenir quelque chose de plus abouti, de plus puissant, de meilleur.
C'est là, que je remarque que plusieurs de nos adversaires étaient partis. Il n'en restait qu'une. En train de faire des petites gestes, des petites lumières.
- C'est maintenant qu'elle se décide à être utile pour quelque chose, elle ?Je pense simplement à voix haute. Et je commence à grimacer car cette énergie qui bouillonne en moi ne semble que demander à s'échapper. Est-ce une mutation nouvelle ? Mon instinct qui me pousse à agir ? Je ne sais pas, mais je me lance.
Dans un hurlement animal, les bras en croix, je laisse l'énergie consumer la surface de ma peau. Je la laisse d'échapper dans une immense vague pulsante. La puissance qui s'en dégage est telle, qu'elle balaie sans difficulté l'ultime assaut de notre dernière adversaire. Tant et si bien qu'en rien le Héraut fut atteint par cette attaque désespérée.
Désespérée, mais aussi plutôt dénuée de classe, de subtilité et encore une fois : d'efficacité. A croire que certains n'ont pas leur place sur un champ de bataille. Que des esprits égarés peuvent croire que le fait que l'on soit ennemi permet toutes les bassesses. Même l'odeur est repoussée. Plus une trace de ce manque de respect évident pour celui qui vient transmettre la parole presque divine du premier Mutant.
Nous voici seuls, lui et moi.
Je me retourne donc vers lui, voyant son linge noir immaculé. Comme si la bataille passée n'avait pas eu lieu. De mon coté ? J'écoute. Je sens. Cette odeur délicate qui se dégage des arbres de cette région de mon pays natal. Que c'est agréable.
Je regarde mes poings et fais jaillir mes griffes. Ce ne sont plus des bouts d'os difformes. Non, nous sommes sur quelque chose de plus ... "parfait".
Parfaitement lisse.
Parfaitement équilibré.
Parfaitement fait pour taillader la roche et l'acier.
Parfaitement adapté pour celui qui doit donner la mort.
Parfaitement approprié pour celui qui est devenu la Mort.
- Que faisons-nous, maintenant ?En guise de réponse, l'Héraut déploie sa cape, dans laquelle il m'enveloppe. Et nous quittons alors ce lieu quasi-sacré où le premier des généraux d'Apocalypse a vu le jour.