Bien sûr, ça ne se refusait pas une boisson chaude après un moment pareil et c’est donc bien deux tasses qu’elle du remplir en contrôlant ses tremblements. Elle y parvint en s’appliquant et du revenir vers le canapé avec tout autant de précaution qu’au départ. Elle refit un petit voyage avant de s’asseoir sur le canapé, histoire de déposer ce qu’il fallait sur la petite table basse. Elle avait déjà plongé son sachet dans l’eau chaude et regardait les couleurs se diffuser petit à petit et colorer l’eau avec une petit sourire amusé. Sans savoir pourquoi, cette image de volutes l’apaisait doucement comme quelque chose d’hypnotique. Elle était tranquillement assise à côté de lui désormais mais elle ne parla pas tout de suite car il semblait plongé dans ses pensées. Allez savoir à quoi il pouvait bien réfléchir ? Elle ne voulut pas tout de suite le déranger mais il était évident qu’elle ne parviendrait pas longtemps à maintenir le silence car cela la mettrait vite mal à l’aise. Elle soufflait sur sa boisson, mélangeait méthodiquement le breuvage avec sa cuillère, comme si ça le rendrait meilleur. Rosanna en but une gorgée avant de finalement lui adresser la parole et apparemment le retour à la réalité fut légèrement brusque pour lui. N’attendant pas une réponse immédiate de sa part, elle souffla encore et but entièrement sa tasse cette fois. Toute chose avait une fin, non ? La soirée pour elle semblait toucher à cette fin puisqu’elle doutait de pouvoir rester éveillée éternellement. Elle avait tout de même des limites. Elle reposa doucement sa tasse sur la table basse en soupirant et passa sa main sur son œil droit avant de se réinstaller un peu dans le canapé. Elle se tourna vers lui pour voir s’il comptait dire quelque chose ou non avant qu’elle ne se décide à se lever. Tout ce qu’elle constata c’est qu’il bu sa boisson très rapidement et elle l’observa un léger étonnement. Son sourire en coin ne la rassura pas spécialement mais elle n’avait pas trop le temps de s’inquiéter de la raison qu’il avait passé un bras dans son dos et que déjà, elle avait envie de râler. Ce fut pire encore quand il glissa son second bras sous ses jambes qu’elle avait justement dépliées pour pouvoir se lever et aller dans sa chambre. Elle n’avait même pas eu le temps de lui faire remarquer qu’elle détestait qu’on la porte dans ses bras que déjà il se trouvait debout. Elle n’était ni trop vieille, ni handicapée pour marcher jusqu’à son lit et pourtant elle avait l’impression que c’était le cas… Elle avait naturellement durci son regard, par réflexe.
- Jore, arrêtez ça !
Pour le coup, elle lui avait parlé comme à un enfant fautif, la touche de respect en plus. Peut-être par réflexe d’utiliser ce genre de phrases quand elle s’adressait à Kendra. C’était sorti comme un réflexe parce qu’elle aimait bien avoir les pieds sur terre ou bien contrôler ce qu’il se passer et là, ce n’était ni le cas de la première proposition ni celle de la seconde. Elle se sentait légèrement vexée aussi dans un sens, sans doute encore son histoire de fierté. Une fierté qui se manifestait parce qu’elle était chez elle. Elle acceptait de se montrer docilement respectueuse mais qu’on la porte, elle le prenait … plutôt mal. Elle se doutait bien que ce n’était pas méchant de sa part, que c’était sans doute une façon de jouer encore aussi, elle se contenta juste de lui faire cette « remontrance » sans pour autant bouger, ni lui donner de coup. De un, elle n’avait pas envie de tomber – il était grand quand même – et de deux, pas de quoi se montrer violente pour autant. Elle atterrit en douceur sur son lit et le regarda s’installer à ses côtés sans gêne. Elle lui tourna le dos, les pieds pendant dans le vide, sur le côté du lit. Elle défit le drap et se glissa dedans sans lui dire un mot. Une fois dessous, elle en profita pour retirer la nuisette et se faisant du bord du drap une sorte de vêtement, elle se redressa en position assise, l’écoutant. Elle leva les yeux au ciel : incomparable avec le boulot effectivement.
- Le travail, c’est totalement différent, incomparable. Enfin au lieu de vous vanter, et si vous alliez éteindre les lumières Milord !
Elle décrocha une main de son drap et le poussa doucement à se lever en lui faisant un immense sourire. Puis elle cala son oreiller derrière elle et se cala tout contre en observant Jore de ses yeux. Le fait de repenser au boulot désormais lui faisait bizarre. On parlait de deux choses distinctes. En franchissant le seuil de cette maison, elle retournerait dans un sentiment plus raisonnable. Ce serait donc parfait ainsi.
- Et vous comptez rester ici pendant que je dors, parce que vous ne semblez pas fatigué et vous ne m’avez pas clairement donné de réponses ?
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