[Event] Strange's Things - Chapitre 1

Le sucre à l'excès ... le graillon ... les additifs et autres édulcorants chimiques réchauffés ... voilà bien des odeurs de nourriture midgardienne qui auraient tôt fait de donner la nausée à Amora. Avaient-ils seulement conscience du mal qu'ils se faisaient en ingurgitant ces horreurs ? Et le pire, c'était qu'ils le faisaient volontairement ... pire ... avec bon cœur. Décidément, cette espère était bien navrante sur certains points.

Et que dire de cette mascarade ? Ces festivités grotesques et bruyantes, sans aucun raffinement. Au moins, sur Asgard, ils avaient l'art de faire la fête et de s'amuser ... enfin, du temps où Asgard abritait encore son peuple.

Si l'Enchanteresse se retrouvait ici, à traverser ce quartier en pleine effervescence, c'était simplement parce que le chemin le plus court pour se rendre à son rendez-vous d'affaire passait par cette kermesse. D'un pas pressé et assuré, elle fendait la foule dans son tailleur complet d'un vert sombre et profond, les talons de ses bottines hors de prix claquant sur le bitume comme pour donner le rythme.

Mais alors, elle ralentit le pas ... intriguée. Elle n'était pas sûre d'avoir bien entendu. A présent, elle marchait lentement, à l'affût de ces quelques notes qu'elle avait cru entendre. C'était impossible ... pas ici.

Et pourtant, une nouvelle fois, cette berceuse parvenait à ses oreilles ... une ritournelle de son enfance ... une suite de notes surgit de son passé ... originaire d'Asgard. La curiosité piquée à vif, la magicienne tendit d'avantage l'oreille, remontant lentement en direction de cette musique nostalgique ... jusqu'à arriver devant une attraction. Laissant un billet au forain qui en gardait l'entrée, Amora franchit le pas ... pour se retrouver dans une étrange pièce. Un méli-molé de miroirs lui faisait face, lui revoyant son reflet sous divers angles. Et cette comptine dont les notes ne cessaient d'être jouées. D'un pas prudent, l'asgardienne s'avança, dérivant parmi les glaces, effleurant la surface de ces dernières du bout des doigts, se surprenant parfois à trouver un obstacle là où elle imaginait un passage, ou au contraire, découvrant une opportunité là où elle avait cru voir une impasse. Elle était seule, avec ses multiples clones.

Spoiler:

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris le temps de... Hé bien, juste de profiter un peu, de passer un bon moment, loin des combats et des responsabilités. En cette soirée d'automne, j'étais bien content de voir toute cette agitation dans les rues. Les enfants couraient en rigolant, les couples se tenaient la main en se baladant, les groupes d'amis se mettaient au défi sur certains stands. Qui arrivera à faire tomber le plus de cannettes? Qui arrivera à tirer le mieux à la carabine? Au moins, je n'étais pas trop dépaysé, beaucoup de ces jeux avaient franchis les époques. Le...punching-ball électronique par contre... Mais ça aurait fait un malheur, j'en étais sûr.

Vêtu d'une simple chemise et d'un blouson en cuir marron, d'un jean et de baskets blanches, j'avais également mis une casquette foncée. Pourquoi? Simplement parce qu'on me reconnaissait encore trop facilement, et j'avais vraiment envie de juste passer un moment agréable, en tant que Steve Rogers et non Captain America. Le "déguisement" tenait bon jusque là. Et puis, les gens aussi venaient pour s'amuser, pas pour scruter leur entourage. Ils ne s'attendaient de toute façon sûrement pas à me croiser ici.

Puis je l'entendis. Cet air, cette...comptine peut-être? Je ne sais pas pourquoi, mais elle m'intriguait légèrement. Beaucoup même. En fait, je devais savoir d'où ça venait, ce que c'était. Mes pas - et mon ouïe surtout - me conduisirent dans un palais des glaces. Un palais des glaces. Vraiment? Si ça avait été de la glace au sens gelé du terme, j'aurais cru à une mauvaise blague. Une fois à l'intérieur, je me retrouvais nez à nez avec moi-même. Moi-même...partout. Ce n'était pas ça qui allait me perturber. Mais après deux trois surprises, un passage bloqué, un autre caché, je me rendis compte que quelque chose clochait. Oui, quelque chose ne tournait pas rond, contrairement à moi qui tournait...en rond.

- Hé oh? Il y a...quelqu'un? lançais-je.

Spoiler:

L'Enchanteresse se figea, observant interdite ses multiples reflets. Quelqu'un venait d'appeler. Une voix d'homme. Puis, se fut au tour d'une femme de lui répondre. Visiblement, Amora n'était pas seule en ce lieu ... et de toute évidence, ces deux autres individus étaient également égarés.

Plissant son regard et aiguisant ses sens, l'asgardienne cessa de prêter attention à ces images que les miroirs lui renvoyaient. En fond sonore, cette mélopée de son enfance continuait d'être jouée. Cette musique n'avait rien à faire ici, ce qui trahissait de toute évidence une cause surnaturelle. Cette comptine n'était pas de ce monde ... pire encore. Personne ne l'avait plus jamais rejouée depuis l'enfance de l'Enchanteresse ... une part de sa vie nimbée de mystères. Personne, pas même sur Asgard hormis de rares individus, ne connaissait cette partition. Personne !

Fermant les yeux, Amora se concentra, renforçant son esprit, sondant les environs à la recherche de variation mystique ... Quelque chose ne tournait pas rond ici. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ce fut pour apercevoir un reflet qui n'était plus le sien. Un homme, blond, à la carrure athlétique, en blouson de cuir marron et en jeans. De toute évidence, il ne l'avait pas encore vue. Préférant rester encore en retrait, l'Enchanteresse tenta de faire un pas en arrière ... se retrouvant dos à un miroir. Pourtant, elle aurait juré qu'il n'était pas là quelques secondes plus tôt.

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J'avais connu des moments stressants dans ma vie. Rien que la guerre, c'est pas vraiment le climat le plus sain qui soit. Mais l'ambiance qui régnait dans cet endroit était bien plus oppressant que tout ce à quoi j'avais été confronté. Cette musique, cette sorte de comptine ne s'arrêtait plus et gagnait même en vitesse. J'avais beau aller à droite, à gauche, retourner sur mes pas, je ne trouvais même plus l'entrée, alors la sortie... Quelqu'un répondit à mon appel. Une voix de femme sur ma gauche. Ou...ma droite? Bon sang, même ça je ne pouvais plus le distinguer. Et puis, était-ce vraiment une voix de femme? Est-ce que je n'avais pas aussi entendu un homme? Ou alors cela provenait de la comptine.

Je ne savais pas. Je ne savais plus. Et je restais soudain immobile au milieu de mes reflets, réfléchissant. Enfin, je réfléchissais, pas les reflets, bien qu'ils me reflétaient aussi... Bref, arrête de te perdre dans ces jeux de mots Steve, ça ne te ressemble pas. Esprit logique et analytique, trouve une solution pour sortir d'ici. Je pourrais briser les miroirs tout simplement. Mais le gérant ne verrait sans doute pas cela d'un très bon œil. Mettre une marque distinctive sur chaque miroir pour voir où je suis déjà passé. Non, je n'avais rien sur moi pour faire ça. J'entendis alors un léger claquement suivi d'un petit bruit sourd derrière moi. Me retournant vivement, je tombais nez à nez avec une femme en tailleur vert. Un peu rassuré de savoir que je n'étais pas seul, j'esquissais un sourire en me dirigeant vers elle.

- Salut. C'est vous que j'ai entendu appeler? Si vous savez où est la sor...aïe!

Un miroir. Encore. En plein visage. Mais ce n'était pas possible, elle était pourtant devant moi! Je me retournais. Personne. Non, cette femme se tenait bien devant moi et pourtant mes doigts effleuraient maintenant la surface lisse et glacée du miroir.

- Euh... Vous êtes réelle? Ou ça fait partie de l'attraction? Non vraiment, j'aimerais savoir là.

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Malgré la prudence de l'asgardienne, l'homme l'avait aperçue ... elle ou l'un de ses reflets. Comment savoir ? Rien dans cet environnement ne permettait à Amora d'avoir du contrôle ... tout ici semblait inexorablement lui échapper.

Mais à présent qu'elle était repérée, prendre d'avantage de précaution pour tenter de dissimuler sa présence n'était plus utile. Qui plus est, il semblait évident que ce type était tout aussi paumé qu'elle dans cette attraction, comme en attestaient ses questions.

Se concentrant, l'asgardienne se força à faire abstraction de la mélopée, qui à présent gagnait un rythme de plus en plus perturbant et glauque. Elle devait se focaliser sur l'homme qui était piégé avec elle, ainsi qu'à cette autre femme qu'elle avait entendu un peu plus tôt.

« Non ... ce n'était pas moi. Manifestement, il y a une troisième personne avec nous, déclara-t-elle avec un ton neutre. Et ... pour votre gouverne ... je suis tout aussi réelle que vous pouvez l'être. »

Commençant à perdre patience, l'asgardienne croisa les bras devant elle, tout en observant le reflet de l'homme à qui elle s'adressait. Fronçant les sourcils, intriguée, elle reporta son attention sur le côté ... sur l'un de ses propres reflets. Elle avait une drôle de sensation. Comme si ... comme si l'image n'avait pas suivi son propre mouvement.

Et cette fois encore, alors qu'elle avait pivoté la tête, elle avait également eu la certitude de déceler un décalage dans le mimétisme gestuel de son image. Minée par ce constat, Amora décroisa les bras sans même s'en rendre compte, les laissant finalement pendre de chaque côté de son corps ... observant cette fois-ci sans le moindre doute cet effet visuel de décalage sur chacun de ses reflets.

« Il faut qu'on sorte d'ici », annonça-t-elle d'une voix qui dissimulait à peine ses craintes.

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