[Mission] Le Bosquet de Frigga

Thor était revenu, comme promis. Il lui avait présenté une bataille, comme convenu. D'abord, comme la première fois, Jörmungand avait refusé, offusqué à l'idée d'avoir été observé tout ce temps.
《 Je me devais de m'assurer que tu ne redeviennes pas le monstre que tu es, s'expliqua à peine le Dieu.

— Ça t'aurais bien aidé pourtant.. Pour ta petite gué-guerre, répondit venimeusement le serpent.

Il avait boudé, maugréé, puis, sans trop savoir comment ils en étaient arrivés là, Mug avait finit par accepter.

Il se voyait donc là, au camp Àsgardien, à suivre son oncle entre les Ases qui ne connaissaient rien de son identité. Encore heureux, autrement nombreux étaient ceux qui lui auraient fait la peau plutôt qu'une armure. Le serpent n'avait pas coutume des cuirasses, mais pour éviter le pire il étaut prêt à essayer bien des choses. Il fût recouvert, au cours de son voyage autravers des tentes, de parties métaliques aux couleurs Ases. À la fin, son oncle le dévisagea, l'œil étrange. Il devait jauger son look, pour sûr. Pourtant, lorsqu'il ouvrit la bouche, ce fût pour lui indiquer qu'il pouvait prendre la tente à leurs côtés pour passer la dernière nuit avant la bataille, puis, lui signifiant qu'ils se reveraient demain, il s'en alla, laissant le serpent complètement à la ramasse.

D'une inspiration, essayant brièvement de se rappeller ce qui l'avait conduit ici, Mug entra sous les tissus. L'endroit n'était pas bien large, mais agréable. Un lit simple, avec un bureau étroit, une chaise, un tapis pour recourir la terre meuble, un miroir, une malle... Un petit endroit bien plus sympa que l'ancien appart de Mug. Curieux, il se retrouva au centre de la pièce, glissant ses doigts sur le bois du bureau. Se regard sombre se posa alors sur la glace et il s'approcha, intrigué pas le reflet qu'il y voyait.

D'abord, il ne se reconnu pas. L'armure qu'il arborait achevait de masquer les vestiges de sa frêle silhouette de clochard. Sa chevelure, qu'il avait pour nouvelle habitude de laver n'y manquait pas aujourd'hui non plus. Son regard noir et sévère n'avait plus rien avoir avec celui du vieil ivrogne d'autre fois.

Non, il fût bien surpris de se trouver l'allure d'un véritable soldat. D'un guerrier Ase, qui plus est. Il s'y sentait presque imposteur cependant, sachant que dès qu'il l'enlèverait pour dormir, il ne saurait le remettre sur ses épaules. Adressant un dernier coup d'œil au guerrier dans le miroir il se détourna, la nuit serait longue. Mieux vallait ne pas la rallongée avec des bons sentiments.

***

Il n'avait pas vraiment dormi.
Puis le soleil s'était levé, sans attendre le sommeil du serpent. Pourtant, il ne se sentait pas accablé par la lourdeur de la fatigue. Non, l'appréhension prenait bien trop de place. Il entendait les autres s'activer dehors et, pour ne pas être à la traîne, il avait enfilé le costume. Nouant un lacet de cuir au creux de son bras droit, il eût un sursaut quand une femme entra sous la tente. Les yeux écarquillés, il n'eût le temps de ne rien dire que l'Ase lui indiquait déjà ce qu'elle voulait. Il était réclamé. Il déglutis en silence.

Par Frigga.

Il acquiessa, puis lorsqu'elle ressortis, il se passa nerveusement la langue sur les lèvres. Merde. Il n'était pas assez con pour croire qu'elle ne savait pas qui il était. Il était bien petit dans ses souliers lorsqu'il se présenta à la tente royale.

D'une inspiration il entra.
La première chose qu'il vit, au milieu de toute la beautée des lieux, ce fût le visage parfait et cristalin de la Déesse Reine. Son regard poignant se posa bien vite sur le serpent monde qui, après quelques pas, cessa de bouger. Contre toutes attentes, ce ne fût pas elle qui l'intimida, mais un tout autre regard - très noir - qu'il connaissait bien. Arrogant, il lui offrit un beau sourire. Il n'avait pas eût l'occasion de la revoire depuis longtemps et, à son air, il comprennait qu'elle avait quelque chose contre lui désormais. Sans doutes cette histoire avec Thor. Quelle grande gueule celui-là, vraiment.

Il préféra ne rien dire, de toutes façon il n'y avait pas le temps. Sans s'enfoncer dans quelconque plateries, Frigga les dépêcha, lui, Amora et un mortel, aux Jardins de la Reine pour une mission. Mug n'ayant pas le cœur de refuser - ou le droit? - il se laissa vite embourber dans les dangers de la reprise du sanctuaire de la reine. Amassant son courage en silence, il fût téléporté à Àsgard par la magicienne en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire.

Ici, le temps était bien beau malgré l'hiver éternel qui régnait sur le monde. Mug avait rarement mit les pieds aux jardins, ne rêvant pas particulièrement de s'y perdre. Et pourtant le voilà qui était là, les deux pieds dans la magnificence de dédale  magique de Frigga. Il porta à peine un regard à Amora qui le maudit - habitué à sa brusquerie.

Alors qu'ils évoluaient dans les jardins, le serpent portait un regard inquisiteur aux recoins. À ses oreilles, il pouvait entendre des murmures de voix qui, chaque fois qu'il regardait, se taisaient abruptement.
Bien conscient des envoutements des lieux, Mug gromela, contrarié. Il détestait la magie. Elle ne lui apportait jamais rien de bon.

Pourtant, il essaya de ne pas lui porter trop d'attention. Bien vite, malheureusement, une effluve magique le fit stopper net. En une fraction de seconde, ses pupilles se dilatairent, son teint blêmit et une grosse goûte de sueur roula le long de sa tempe. Le souffle haché, il regarda Amora qui, enfin, la senti elle aussi.

La magie du Jotünheim. Voilà ce qu'elle avait ressentie. Mug lui, en savait bien plus long.

Visiblement paniqué, il murmura audiblement : " Putain j'ai rien à faire ici", puis portant un regard complètement ébranlé sur ses compagnons, il ajouta en un souffle :

" Je suis désolé... "

D'un éclair, son regard s'alluma d'un vert émeraude juste avant de s'éteindre.

Là où se tenait Jörmungand le grand une seconde auparavant, il ne resta plus que le vide.

Dans l'Ether, la monde avait un visage bien différent. La réalitée, si près, presque tangible, se glissait derrière un voile comme d'une cascade. Les éclats de voix résonnaient comme si ils étaient sous l'eau alors que les seuls bruits qui n'étaient pas sourds étaient ceux que faisait lui-même le serpent. Le silence était d'une lourdeure telle que même sa frêle respiration semblait vacarme.

Il pouvait même entendre les battements de son propre cœur lui raisonner entre les tympans jusqu'à lui en donner la nausée. Il avait fuit. Mais même la honte n'osait pas venir remplacer la peur qui le hantait.

Sa mère.

Celle qui lui avait donné corps et pouvoir. Elle seule qui s'était battue autrefois pour lui. Celle qui avait essayer de le prévenir de sa chute. Voilà une décénie qu'il ne l'avait pas revue et au moins un siècle avant cela. Il s'était plût à croire qu'elle ignorait sa condition humaine. Alors maintenant ?

Comment oserait-il se montrer vêtu de sa peau de mortel, arborant les traitresses couleures Ases ? Il aurait pût vomir ses incontrôlables émotions dès cet instant.

Il ne pouvait se résoudre à aller à la rencontre du regard givré et accusateur de sa génitrice. Aussi, il tourna les talons, bien pressé de rentrer, quitte à abandonner son poste et sa mission.

Mais ce fût sans compter son échec lamentable face au dédalle magique de la Reine Frigga. À force de comprendre qu'il était prisonnier, il alla même jusqu'à courir, s'épuisant au passage en cédant à la panique.

Non.

Non, non, non, non, non !!

Il s'était arrêté subitement, dérapant sur la chaussée quand, devant lui, il vit s'allonger vers le ciel la silhouette cristalline de Angrboda. Flanquée de soldats, face à l'Enchanteresse et son horrible adjudant, son regard était immuable. Inatteignable, invulnérable. Nul doute qu'il ne pouvait que s'agir d'elle.

Le serpent s'était figé devant l'irréaliste tableau de Hulk qui s'attaquait aux Jotuns. Alors que les éclairs émeraudes d'Amora fendant l'air, tous semblaient on ne peut plus occupés. Sauf Jörmungand qui, pétrifié de terreur, n'osait même dévier le regard de sa mère, terrifié à l'idée de voir ses yeux de glace s'arrêter sur lui, même caché dans l'Ether.