[Mission] Legacy of M

Petit pépin, réaction démesurée : ces images résumaient bien le caractère de Polaris. Enveloppée d’objets métalliques, elle observait le combat qui se déroulait sous ses yeux. C’était époustouflant : Wanda, Lexie, Victor, Mystique en Cavalier d’En Sabah Nur. Tous l’impressionnaient. Tous l’intimidaient.


En quelque sorte. Tremblante, l’échine dorsale détrempée de nervosité et d’une terreur à en couper le souffle au plus brave des soldats, Lorna observa le dénouement du combat d’un œil malin, distant. Lorsque les assauts de Lexie et Victor plantèrent Mystique dans ce jardin de poubelles et de métaux, la vue de la scène commença à s’améliorer.


Enfin. Presque. Mystique surgit des débris : accompagnée de la promesse de gagner la guerre, considérant cette bataille comme un petit détour dans sa route vers le succès en tant que Cavalier de la Pestilence. Lorna regarda, encore.

Se remémorant la vue de son propre visage dédoublé lui donna la nausée, mais pas autant que la suite des événements. Dans l’ombre de la mutante à la chair topaze, la gamine aux longues boucles vertes, tellement emmêlées que les parfums du bourbon et de la nicotine s’y dissimulaient encore, hurla à plein poumons :


« Menteuse!?! Ordure! »


Avant de tomber à genoux. Lorna n’avait plus l’habitude de traîner dans des combats. Ça lui rappelait l’Institut Xavier. Ça lui donnait des pensées parasites et assez désagréables. Doucement, la mutante posa ses avant-bras sur son corps frêle dont l’alimentation était aussi rare que précieuse.


L’électromagnétisme de la jeune femme commença à se matérialiser, plongeant son être dans une aura émeraude. Son visage semblait épris de pensées dépassées, étriquées dans une vision obstinée et saugrenues des éléments qui l’entouraient.


Enragée, défoulée, l’ancienne amante du Magnétisme jeta un coup d’œil à Wanda et Pietro qui vinrent supporter leur père : Magneto. C’était ça le problème de Lorna, de Polaris et tous ses surnoms inutiles. Le problème, c’était Magneto. Et s’il crevait là, ou dans quelques jours du sang-poison bizarre de Mystique-Cavalière de la Pestilence, c’était ringard. Pourquoi?


Parce qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de lui donner de la haine, de la vengeance, de l’attachement si son cœur s’ouvrait un tant soit peu. Non. Rien. La seule tranche de sa vie qui lui avait permis d’entrevoir Magneto se concluait par la perte, la maladie imminente ou pire encore. Elle n’osait pas l’imaginer. Ça la déchirait de l’intérieur.


« C’est de ma faute. »


Soudain, Lorna regardait les blessures du Maître du Magnétisme. Pétrifiée par l’éventualité de perdre ce rival fantôme qui avait hanté toute sa carrière d’apprentie justicière et de mutante, Lorna osa se relever et marcher d’un pas lent et fier vers l’élément amer de leur victoire : un Magneto vulnérable.


Lorna répéta ses mots quelque fois, passant une main nonchalante dans sa chevelure de plus en plus verdâtre. De sa taille à son crâne, la mutante laisse l’appel du métal la conquérir. La culpabilité la gagna au point de la ruiner : elle manqua de s’effondrer, avant de ramper une fois, deux fois, jusqu’à atteindre le semblant du profil du Maître du Magnétisme.


Au final, Lorna referma ses poings devant elle en songeant à Mystique, à chaque fibre de son être. À chaque gouttelette de sang qui traînait sur ces lieux nouveaux. Lorna regarda Magneto. Espionna son profil peu glorieux, appuyé sur le métal du bâtiment avec sa blessure énigmatique. Lorna se concentra : ses mains se crispèrent, ses hurlements stridents s’élevèrent.


Elle tenta de reculer le flux sanguin de Magneto, et seulement lui. Elle tenta de ramener à elle les métaux présents dans le sang du Cavalier de la Pestilence. Lorna rappela l’éclat de métal à elle, mais elle ne put en deviner le pôle magnétique. La jeune mutante trembla sous l’effort : était-il réel ou fictif?

Qu’importait, Lorna s’effondra bien assez tôt. C’était plus puissant que son orgueil : ce désir de s’identifier à Magneto. Elle devait tenter quelque chose, même si cela ne donnait absolument rien.

S'en était fini.
Le cavalier d'Apocalypse était parti en laissant le doute et la crainte dans l'esprit des combattants. Tout le monde se rapprochait lentement d'Erik pour se renseigner sur son état de santé. Ses trois enfants l'encadraient et Lorna tenta d'extraire le métal présent dans son paternel. L'effort était proportionnel aux blessures et il lui fallait réellement des soins. Victor s'avança vers Wanda et, tout en la toisant de sa hauteur, lui dit:

_ Tu veux le sauver ? T'as qu'a demander à ton pote Strange. Il était chirurgien, il saura le guérir ou il saura où le faire soigner.

Devant les mines abasourdies des trois rejetons, Creed s'expliqua :

_ Je suis sérieux. On ne peux pas l'amener à l'hôpital du coin car ils n'ont pas les moyens de le soigner et aucun de nous n'est médecin. En revanche, les Avengers le peuvent. Alors, il ira certainement en prison, mais il sera soigné.
Je vous laisse le soin de prendre la bonne décision, je me tire.

Et Dents de sabre s'en alla. Il quitta la pièce pour atterrir sur le parking extérieur. Là, il prit quelques secondes pour souffler un peu et décider de la suite des évènements. Il réfléchit à ce qu'il venait de dire. En pesant le pour et le contre, il ne regrettait pas ce qu'il avait dit et il commença à marcher pour rejoindre la civilisation.

L'état de santé de Magnéto ne le réjouissait pas mais il y avait autre qui l'inquiétait. Les cavaliers d'Apocalypse. En Sabah Nur avait à sa botte Mystique, Wolverine et dieu sait d'autre. Quelque chose se préparait et ça allait être énorme, il le savait, son flaire ne le trahissait jamais sur ce genre d'évènement.
Les seules interrogations qui le turlupinent étaient:

-Quand allait 'il se passer?
-Quel camp allait 'il choisir car il faut toujours choisir un camp?
-Et avait 'il bien fait de ne pas suivre Mystique?