[Mission] Parasite

En étendant ses sens psychiques en direction de la créature qui s'élançait en direction des X-men, Jean parvint finalement à entrer en contact avec la conscience de cette chose.

A cet instant là, la rousse eut l'impression de basculer dans un autre plan, se retrouvant une nouvelle fois dans ce décor obscure et énigmatique, balayé par des vents gémissants, comme lorsqu'elle avait sondé l'esprit de la jeune Nani. Le vieux chef indien lui aurait sans doute dit qu'à présent, elle marchait dans le monde des esprits ... et il aurait sans doute eu raison.

D'une main, la mutante saisit sa chevelure, la torsadant entre ses doigts en une unique mèche cuivrée épaisse, qu'elle maintint pour l'empêcher d'être malmenée par les bourrasques. Alors, progressant dans ce décor étrange, la télépathe repéra au loin un groupe d'individus. Prudemment, elle s'approcha d'eux, ne tardant pas à reconnaître des créatures similaires à celles qui les avaient attaqués dans la forêt. C'était une scène ... étrange, loin de ce à quoi Jean avait assisté dans les bois. Etendues au sol, gisaient trois formes vaguement humaines et vaporeuses, deux d'entre elles plus éthérées que la troisième, comme si elles étaient sur le point de disparaître. Elles étaient disposées en un cercle, et chacune de ces formes semblaient connectées à l'une de ces créatures cauchemardesques qui les avaient attaqués, ces dernières formant un second cercle à l'intérieur du premier. Les deux affiliées aux corps les plus évanescents, ressemblant parfaitement à la chose qui s'était précipitée sur Rémy et elle. Celle liée à la forme vaporeuse la plus consistante, paraissait beaucoup plus chétive, presque atrophiée par rapport aux autres. Un instant, le regard de Jean s'attarda sur cette silhouette étendue au sol ... cette dernière avait quelque chose de familier pour la rousse.

Une main tenant toujours sa chevelure, l'autre se porta alors sur ses lèvres, lorsqu'elle murmura ce qui devint une évidence pour elle à ce moment précis.

« Nani ... »

Aucun doute, cette silhouette éthérée et de forme vaguement humaine qui était étendue sur le sol ... c'était l'écho psychique de Nani dans ce plan de l'esprit. Et elle était reliée à l'une des créatures, la plus chétive. Non ... elle était plus que reliée. Une nouvelle évidence pour Jean lorsqu'elle observa par la suite, les deux autres formes éthérées, presque dissipées. Les autres malades de la réserve, ceux plus profondément atteints et déjà inconscients ... ils étaient sur le point de disparaître ... au profit de ces choses. Ces créatures étaient en train de dévorer leur énergie psychique !

Jean se força alors à rester calme. Elle ne devait pas céder à la panique ... encore moins dans ce monde. Se donnant du courage, la rousse approcha alors, ne semblant même pas perturber les trois créatures. L'attention de ces dernières était tournée vers le centre du cercle qu'elles formaient, et où se trouvait ... une sorte de graine ?

Au milieu de ce groupe hétéroclite, se trouvait un objet ressemblant à une énorme noix, et qui semblait pulser de manière régulière, émettant en rythme un rougeoiement ... comme un battement de cœur. Tendant lentement une main en direction de la curieuse graine, Jean retint son geste au dernier instant, se souvenant d'un détail.

La veille, l'un des indiens avaient été emporté par ce mal étrange ... une quatrième victime. Alors ... où était la quatrième créature ?

Devinant aisément ce qui lui arriverait dans les prochaines secondes, Jean n'hésita plus un seul instant, tendant les doigts pour parcourir le dernier centimètre qui la séparait de la graine et entrer en contact avec celle-ci, alors qu'elle sentait une mâchoire se refermer dans son dos. Outrepassant la douleur, se contentant simplement de pousser un hurlement, elle libéra dans la noix une puissante décharge télépathique, dans l'espoir d'oblitérer cette dernière.

Dans le monde réel, l'attaque mentale sembla affectée chacune des créatures, prises alors de convulsions.

« Attention au quatrième ... », murmura Jean dans un souffle, alors qu'elle revenait à elle, avant de s'écrouler.

Suivi du combat:

La douleur était violente et parcourait tout son corps. Victor avait mal mais il ne comptait pas lâcher, ce n’était pas dans son style. Autant mourir comme un homme, la tête relevée tel un capitaine de navire qui sombre avec son bateau que de jouer les faibles. La plante ne ressentait aucune émotion et le mutant commençait à perdre patience.

Toutefois, sa ténacité fut récompensée au bout de deux minutes lorsque son adversaire fut pris de spasmes. Au début, ce fut léger et bref. Rien de vraiment exploitables et utiles mais plus le temps passait, plus ces tremblements étaient violents et rapprochés. C’étaient LE moment où il fallait se concentrer et frapper au moment opportun. Au prix d’un immense effort, Dents de Sabre se releva de toute sa hauteur et attendit le prochain tremblement de son adversaire. Le spasme fut assez puissant et il dégusta aussi mais la plante commençait à relâcher son étreinte, il sauta alors en l’air et propulsa des deux pieds la bestiole. Il retomba sur ses pattes et s’aperçut que les mains de la plante avaient été arrachées et étaient restées dans ses bras. Les membres étaient raides, durs comme du bois et cela lui donna une idée. Il les retira, courut vers la chose et l’empala dans un gros arbre. La chose ne pouvait bouger et Creed de défoula et lui lacérant la tête et le corps avec ses griffes. La peau de la bête partait en lambeau, on aurait dit des confettis. Il termina son œuvre en lui plantant dans la tête une branche qui trainait.

Il s’était bien défoulé mais il n’était pas venu seul dans cette forêt. Il rejoignit alors les X Men et usa de son flair pour retrouver leurs pistes. Une fois à leur niveau, il ne vit que Jean et il se rapprocha d’elle. Son pouls était rapide et c’était comme si elle émergeait d’une transe. Il rapprocha sa main et voulut lui demander comment elle allait mais il se reprit au dernier moment. Ce geste le surpris lui-même mais il se concentra sur la situation.

_ Comment ça un quatrième …

Il ne put finir sa phrase que la belle rousse s’écroula. Au dernier moment, il l’a rattrapa par le col de sa veste et accompagna sa chute. Il l’a porta et l’adossa contre un rocher. Puis, lui tournant le dos, il fléchit les genoux, sortit les griffes et attendit près à toute éventualité.

Jet de dés:

Il y avait effectivement une dernière bestiole, comme avait prévenu Jean, qui arrivait. La bête rampait à quatre pattes et s'approchait de plus en plus vite. D'instinct, Creed se mit entre Jean et son adversaire, se planta bien sur ses appuis et le fixa. La plante prenait de l'élan et il devina son attaque. Il resta quand même sur ses gardes mais son instinct ne le trompa pas. La bestiole sauta en l'air pour atterrir de plein fouet sur Dents de Sabre mais il se décala d'un pas sur le côté au dernier moment et l'attrapa en lui enfonçant ses griffes dans la gorge. Il resserra son étreinte et couru en direction d'un grand chêne. Là, il plaqua son ennemi contre l'arbre, mit sa jambe gauche sur ce qui lui servait de pieds et dit :
 
_ Je vais te défoncer la gueule.

Et il le fit. Il lui tapa au niveau du visage si fort et avec tant de violence et de rapidité que sa tête ne résista que trois minutes. Une mine satisfaite se dessina sur son visage et sa main commença à cicatriser durant le temps qu’il rejoigne Jean. LeBeau arriva peu de temps après et remercia le Canadien :

_ OK. Je te laisse souffler 10 minutes mais ensuite je vous raccompagne à votre Jet. On a fait pas mal de barouf et j’ai un mauvais présentiment sur la région. En plus, vous avez bien dégusté.

Une fois les 10 minutes passées, Victor souleva Jean et la porta sur son épaule en la soutenant par la taille. Les trois mutants marchèrent au travers de la forêt pour rejoindre le camp. Ensuite, trois indiens prirent le relais et firent les premiers soins aux 2 mutants. Dents de Sabre saisit l’occasion et s’éclipsa rapidement. Avant de partir, le chef du village vint lui demander des explications sur les évènements passés. Creed s’en tint au strict minimum et partit comme il était venu.

Encore déstabilisée par sa rencontre avec cette conscience énigmatique, Jean était toujours désorientée, incapable de faire la part des choses entre le monde réel et le plan de l'esprit. Eblouie par les rayons de lumière qui filtraient entre les branches des arbres et la vue encore brouillée, elle porta une main en visière au dessus de ses yeux, tout en titubant légèrement. Soudain, alors qu'elle était prise de vertiges, ses jambes se dérobèrent sous elle, mais dans sa chute, elle fut rattrapée par quelqu'un. Une silhouette aux larges épaules de ce qu'elle put voir. Sa mise en garde partagée avec cet individu au sujet du quatrième monstre, la rousse sentit alors qu'on la soulevait de terre. Ne résistant pas, elle se laissa faire, se lovant contre le torse de cette personne.

Finalement, elle sentit qu'on la déposait au sol, lui offrant un support sur lequel s'adosser. L'esprit toujours embrumé, elle discerna vaguement des formes et des silhouettes en mouvement. C'était comme s'il y avait une bagarre ... comme si elle reconnaissait cette façon de se mouvoir ... de se battre. « Logan ? », murmura-t-elle d'une voix groggy. Mais avant de connaître l'issue de cet affrontement, ou même d'être en mesure de reprendre ses esprits, Jean, au contraire, sombra dans l'inconscience.

Ce fut la voix du Professeur résonnant tel un écho se répétant dans sa tête qui réveilla la rousse. Se redressant brusquement, elle réalisa qu'elle avait été installée sur l'un des lits de camp qui avaient été déployés sous la tente médicale de la réserve. Regardant autour d'elle, Jean chercha Charles, mais ne trouva que Gambit, le médecin du comté et Tyee Windwhistler, le vieux chef de clan. Visiblement, après avoir perdu connaissance, elle avait été ramenée ici. Quant au Professeur, sans doute avait-il gardé un œil sur elle depuis l'Institut, agissant à l'aide du Cerebro pour stabiliser sa psyché.

Toujours assise sur le lit de camp, Jean adressa un sourire rassurant au Cajun, tout en replaçant une mèche de cheveux roux en arrière. Se redressant légèrement, elle chercha du regard Victor, sans parvenir à le trouver. Sans doute s'était-il déjà éclipsé. A croire que c'était sa signature.

Ramenant ses jambes vers elle, Jean les enlaça, avant de venir poser son menton sur ses genoux. Fronçant les sourcils tout en fixant le bout du lit, elle venait de se souvenir ... de se rappeler de ce qu'elle avait vu ... de ce qu'elle avait senti. Le Professeur devait déjà être au courant, et ne manquerait sans doute pas de vouloir en discuter avec la mutante. Ce qui contrôlait ces créatures étaient toujours là ... quelque part. Peut-être pas dans ces bois, surement pas même, mais quelque part ailleurs. Jean avait eu l'aperçu d'une conscience primitive vaste et imposante ... quelque chose qui devait appartenir à une créature bien plus grosse que tout ce que la rousse avait déjà pu voir au cours de sa vie.

Et son simple souvenir suffisait à faire frissonner Jean d'effroi.