Confession d'une NON-accro au shopping [pv Ez] /!\ osé

I

l manque presque de s’étouffer avec son sandwich. Ce n’est pas malin aussi de manger sur le dos et j’attends tranquillement qu’il finisse sa gorgée pour voir si ça va mieux. Apparemment, il se remet très facilement de ses émotions et y va même de sa petite blague. Cela me fait rougir légèrement à cause de la façon qu’il a de me dire les choses et je peux que détourner pour regarder ailleurs. J’observe les arbres autour de nous, puis le ciel : je me sens comme hors du temps, dans une bulle et c’est agréable. Je bois de nouveau quelques gorgées et sourit. C’est comme si tout le stresse de la ville disparaissait entre ces arbres, là où la nature reprend ses droits. Je suppose qu’il vient ici quand il a besoin de décompresser. J’ai du mal à m’imaginer qu’il soit le genre à venir se réfugier ici mais je suis contente de partager ce petit coin là avec lui alors je me contente de sourire doucement. Je regarde le sandwich et de voir, Ezekiel manger avec tant d’appétit, me donne envie de mordre dedans aussi mais je ne suis pas tant décidée. C’est vrai qu’avec mon petit gabarit, je peux bien manger mais j’ai juste la sensation que je n’arriverais pas à avaler ce genre de repas. Je l’écoute me dire que je suis un boulet… C’est pas totalement faux mais je ne sais pas ce qu’il essaie de faire comme blague et je reste complètement interloquée.

- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?

Je fronce les sourcils, finalement je vais peut-être manger un petit morceau. Je décortique déjà le pain et grignote de petits morceaux sans grande faim. J’essaie en vain de comprendre ce qu’il essaie de me dire mais je tourne en rond et j’ai beau me gratter la tête, non je ne vois pas. Remarque c’est peut-être mieux de ne pas toujours tout voir avec lui. Je finis ma boisson et mange un morceau de sandwich, non… je n’ai décidément pas faim et je soupire faiblement. Je considère juste que je suis réellement un fardeau quand il profite de mes paroles, pour les retourner contre moi. Je me mets alors à râler.

-Ah ça suffit ! Tu sais bien que ce n’est pas ce que moi je voulais dire.

Je lui tends mon hot-dog, le visage tout rouge et lui dit qu’il peut le prendre s’il a encore faim car je n’ai pas d’appétit. Je finis par m’allonger dans l’herbe aussi et me concentre sur les nuages qui défile. Je vois des dragons, des étoiles et des visages. Je rigole toute seule et attrape le bras du mutant. Le calme de cet endroit me plaît mais m’endort aussi. Je pose ma main gauche dans l’herbe.

- Tu es à ce point désespéré, Ezy, pour me faire des blagues pareilles ? Tu sais j'ai pas oublié le cinéma que tu m'as fait au magasin...

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L

a gêne que j’éprouve à ce moment est sans doute à son apogée et je reste le visage tourné vers ailleurs pour retrouver une couleur normale. Je n’ai même pas la possibilité de lui dire quoi que ce soit car je suis devenue soudainement muette et seul son « c’est pas grave » fait un peu retomber toute la chaleur  qui s’accumule pour moi au niveau du visage. Je n’ose pas le regarder tout de suite : je n’ai pas le réflexe de penser à ce genre de choses légèrement osées mais me dire ça me fera forcément réagir de la sorte. L’histoire du boulet et du canon, on va oublier aussi et je me demande s’il est sincère quand il dit qu’il prend en fait des vacances. Enfin ce sont d’ailleurs des vacances un peu forcées vu qu’il se retrouve à s’occuper de moi en fait. Disons que je veux bien croire que  ça l’amuse un peu m’enfin c’est un peu perturbant de passer d’une vie tranquille sans personne et de passer soudainement à deux personnes dans le même appartement. Lui qui ne passe pas trop de temps en général chez lui, ça fait trois jours, qu’il y reste. C’est comme si je le retenais de me laisser seule dans son logement, ça me gêne. Comme de l’entendre dire tout ça. Non, il n’est pas à moi : on dirait qu’on parle d’un objet et non plus d’un homme. Je ne vais pas lui apposer une étiquette d’appartenance, il fait ce qu’il veut de sa vie. J’attends de me remettre de mes émotions avant d’évoquer la scène lors du shopping. Je le vis essayer de se faire passer pour innocent et je me tourne alors finalement vers lui. Je ne suis pas crédule et fronce les sourcils.  Ce n’est pas avec ce visage qu’il arrivera à m’attendrir cependant il laisse bien vite la place à un sourire qui ne me dit rien qui vaille. Je ne remarque que tardivement son manège mais je me fais quand même avoir et reçoit du ketchup dans le cou. Je pousse un petit cri.

- Berk, Ezy !

Je m’apprête à me redresser et m’essuyer le cou du revers en essayant de voir si je peux trouver une serviette  mais je n’ai pas le temps de m’asseoir qu’Ezekiel est passé à l’action et ouvrant, grand les yeux de surprise, je tressaille. Qu’est-ce qu’il lui prend soudainement ? Je pousse un cri quand je sens sa bouche sur ma gorge et plaque mes mains sur son torse en me tortillant légèrement. Des frissons parcourent toute mon échine et j’ai soudainement la chair de poule. J’essaie de m’esquiver jusqu’à ce que finalement cette expérience se transforme en un baiser durant lequel je glisse une main dans ses cheveux et m’y accroche. Je m’accroche à lui avec une force impressionnante : dans l’histoire, c’est moi la désespérée et c’est moi qui ai besoin d’amour. Je renie ce sentiment avec honte et pourtant je l’ai tellement bloqué, qu’il en ressort différent. Je me sens toujours aussi embarrassée par nos rapprochements et je me comporte comme une adolescente qui découvre les différentes facettes de ces jeux sensuels. Je sens des bouffées de chaleur me monter au visage et finalement, je me surprends à pincer sa lèvre doucement entre mes dents. Bah on parlait bien de mordre avant… mais je n’assume pas mon action et mes yeux fuient son regard.

-euh… je… désolée…

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P

longée dans des sentiments qui me dépassent, je ne réfléchis pas vraiment à ce que je fais. Parfois les conséquences peuvent être importantes car je ne suis pas sûr d’en assumer le tout. Ce que je viens de faire, je ne l’assume pas et me rétracte mais j’ai un peu plus confiance en Ezekiel qu’auparavant : il est sans doute capable de comprendre que je ne suis pas guérie totalement de mes frayeurs malgré ce que je ressens. Je reste gênée et je ne sais pas comment me comporter par la suite mais sa main fait glisser une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et il ne se moque pas, il sourit juste. Je n’ai pas eu besoin d’en dire plus, il a réussi à cerner le souci de lui-même. Je me relève doucement, m’accrochant à sa main et me laisse réconforter. Soulagée, je contrôle un peu mieux mon embarras et quand je m’assois de nouveau, je suis calme, apaisée. Les angoisses qui se réveillaient au moindre contact trop rapproché sont moins violent qu’avant. Je n’ai plus « mal », je le repousse plus avec ce regard effrayée. Je suis moins sauvage. Je crois qu’il est capable d’apprivoiser ma peur, de l’adoucir. C’est étrange car je ne le vois pas spécialement comme un homme patient et pourtant, il vaut mieux l’être dans ces circonstances.
Je le regarde manger le sandwich que j’ai délaissé. Je n’ai toujours pas l’envie de déjeuner. Je crois que tout cela me chamboulait bien trop pour que j’aie faim. Je le vis observer les nuages un instant et s’écrier quelque chose qui me paru être du chinois. Le mot Hulk existe-t-il dans notre langue ? J’avais beau essayer de visualiser le fameux nuage, impossible de comprendre. Il réalisa alors ce qu’il venait de me raconter. Non, je ne connais pas Huk mais apparemment c’est une personne. Il possède un drôle de nom quand même. Et pourquoi est-ce que j’aurais du être au courant de son existence. La ville est si grande, moi bien petite et les gens si nombreux. Et quand bien même il serait connu, en vivant dans les égouts, je ne vois pas grand-chose. Par contre, le mot Avenger, ça je l’ai entendu. Des gens en ont parlé, dans les bars que j’ai fréquentés. Je n’ai pas bien saisi de qui ils s’agissaient mais cela à beaucoup fait jaser ce jour là. Entre des gens qui les considéraient comme des héros et d’autres comme des personnes dangereuses. Tout cela s’était terminé en baston générale et moi je m’étais éclipsée délicatement en récupérant pas mal de porte feuilles au passage.

- Euh non… Je ne me tenais au courant que par les quelques informations que j’arrivais à entendre mais comme les gens disent bien ce qu’ils veulent, c’est difficile de faire la différence entre légende et réalité.

C’est moi où il se sentait un peu confus d’avoir dit tout cela ? Il n’avait pourtant rien dit de mal et je ne vois pas ce qui le fait réagir ainsi. Peut-être parce que je ne sais pas autant de chose que lui et qu’il se sent embarrassé de ne pas pouvoir faire des références que je puisse comprendre. C’est vrai que j’ai un tel décalage avec la société que je ne dois pas avoir une conversation bien passionnante. En plus, niveau relations humaines, je ne peux pas dire que je sois très sociable non plus alors forcément ça n’aide pas. S’il compte évoquer des gens connus… je ne saurais rien dire.

- C’est… c’est quoi exactement un Avenger ? J’ai pas tout compris de ce que les gens racontent à ce sujet. En fait, tu as plein de choses à m'apprendre... culturellement parlant, bien sûr.

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ant de personnes dont il me parle et tant de choses que je ne comprends pas. Il a beau essayer de me faire un résumé de ce qu’il sait, je suis complètement perdue : mon cerveau refuse totalement d’assimiler de pareilles informations. Je ne peux néanmoins pas lui dire que je n’ai rien compris à tout ce charabia et à vrai dire, je ne sais pas si j’ai envie de lui poser d’autres questions sur des sujets similaires. Je fais donc semblant d’avoir compris l’essentiel en opinant de la tête et en souriant. J’ai déjà oublié les noms qu’il m’a cité et c’est peut-être mieux comme cela. Je reste embrouillée par tout cela au point de ne pas comprendre pourquoi Ezekiel me demande de ne pas faire. Je l’observe en fronçant les sourcils. Des écureuils ? Je cherche l’animal du regard mais j’ai du mal à voir où la créature se trouve jusqu’à ce que le mutant lui envoie un morceau de pain. La boule de poil marron orangé descend de son perchoir pour venir chercher la nourriture. À côté de moi, on aurait dit que j’accompagne un enfant émerveillé. Toujours aussi surprenant de voir comment il peut réagir à certains trucs. Ça me fait sourire de le voir s’amuser et s’attendrir pour une créature pas plus haute que trois pommes, et encore… C’est vrai que l’écureuil ne semble pas bien farouche puisqu’il s’approche sans se soucier de notre présence. Je l’observe en silence pour ne pas le faire fuir et ne pas gâcher le moment mais je ne suis pas aussi émue que mon compagnon devant la faune qui se promène dans Central Park. Aussi, je grimace quand il me tend un morceau de pain en me disant d’essayer. Je fais non de la tête. Je n’aime pas trop l’idée de voir l’animal se rapprocher encore plus, je n’aime pas spécialement les animaux et généralement, ils le savent. Ils le sentent et je n’ai pas envie de me faire mordre par les petites dents tranchantes de ce petit monstre sur pattes. Il a beau avoir une bouille « adorable », c’est un animal censé être sauvage. J’ai déjà vécu suffisamment en présence de rats pour me méfier de toutes ces petites bêtes, autant que les grosses. C’est pas que je ne veux pas lui faire plaisir… je regarde le morceau de pain.

- J’aime pas les animaux, tu sais.

Je n’ai jamais aimé ça. Ma voisine avait un chien quand j’étais petite : un gentil molosse qui adorait jouer à la balle avec les enfants, qui ne cessait de demander des caresses, qui était sociable avec tout le monde. Ma mère s’entendait bien avec notre voisine chez qui on allait parfois prendre le goûter après l’école et moi je restais dans le jardin à jouer tranquillement pendant que j’attendais maman et puis un jour, je ne sais pas pourquoi mais ce chien m’a mordu. Non, je n’ai rien fait. Je n’ai pas compris et les adultes non plus. Heureusement, ce n’était pas une grande morsure mais c’est resté dans mon souvenir. Je finis tout de même de balancer le bout de pain et grimace en voyant la bestiole venir plus près encore. Je replis mes jambes contre moi et observe l’écureuil qui a levé la tête vers nous et nous regarde fixement tour à tour. Cela me fait froid dans le dos. Il attend sans doute de voir s’il reste du pain et s’il peut gratter quelques morceaux encore. Je détache mon regard du rongeur et observe le mutant assis à côté de moi.

- Comment se fait-il que tu sois si… adouci devant des animaux ? Tu sais, on peut pas adopter cet écureuil…

Je me focalise sur cette bestiole qui… s’approche toute seule avec méfiance mais curiosité. C’est normal ça ? Je sens mes muscles se tendre naturellement : comment se fait-il qu’il n’a pas peur de nous ? Je serre mes jambes contre moi et fixe la boule de poil.

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es efforts, je peux en faire de temps en temps, surtout si ça ne me demande que de prendre sur moi. Là, en l’occurrence, je ne crains pas grand-chose. C’est juste que je n’aime pas les animaux et que je n’aie pas envie de me faire mordre donc pas un danger de grande envergure à l’horizon. Je balance donc le morceau de pain et me recroqueville dans ma position protectrice en espérant que l’écureuil ne soit pas tenté de s’approcher plus encore. Heureusement, lançant un bout de nourriture plus loin, Ezekiel l’éloigne de nous. C’est vrai que même s’il le voulait, on ne peut décemment pas prendre un animal sous notre aile car on ne pourrait pas s’en occuper correctement. Tant mieux pour moi dans un sens mais dommage sans doute pour lui qui à l’air d’apprécier la compagnie de ces petites choses. Je regarde la bestiole s’éloigner tandis que le mutant se lève et me tend la main. Aller faire un tour ? Oui… pourquoi pas. Je ne vais pas dire que je trouve ça passionnant comme activité mais c’est toujours mieux que de rester planter ici à observer la faune et la flore paisiblement. Je prends sa main et me lève, je ne fais pas trop attention à sa blague : il m’a déjà dit la même chose dans un autre contexte. Ça ne me surprend donc pas plus que cela.  Sortant du lieu où nous étions tranquillement installés, je suis les pas d’Ezekiel, regardant à droite et à gauche, je marche lentement. Autour de nous il n’y a pas énormément de mondes mais les gens se promènent le sourire aux lèvres. Ils ont l’air de bien profiter de leur journée. Je me demande ce qui peut les rendre si joyeux. Je me tourne vers mon camarade qui regarde par terre. Non mes  jambes en fait. Je tire une mèche de ses cheveux en clamant un « hé » bien sonore. J’en ai un peu zappé sa question à laquelle je commence à réfléchir. C’est vrai que je n’ai plus le stress de devoir faire attention à mes moindres actions, de faire attention aux gens autour de moi et aussi à vivre dans un lieu insalubre. Je ne dis pas néanmoins que je n’ai pas d’autres choses qui me stressent à la place : la société actuelle, ma relation avec lui et les autres mutants.  La société, pas besoin de faire un dessin. Mon compagnon… c’est délicat : il est un peu un protecteur, un tuteur, le frère de mon ex psychopathe et je « sors » avec lui. Très troublant. Les autres mutants, j’ai peur de les croiser parce que même si certains ne sont pas un danger, je doute de tomber sur des alliés uniquement et sans pouvoir de défense, c’est effrayant.

- C’est vrai que c’est un poids en moins dans mon esprit. Ça me change…

Je suis peut-être un peu moins sans vie qu’auparavant également. Disons que je déborde de vitalité quand je dois me défendre de quelque chose mais sinon, dans les moments courants, je suis un zombie. J’erre sans but, c’est encore un peu le cas… C’est seulement parce qu’il me tire de force de ma léthargie que j’avance peu à peu. Je ne suis pas faite pour être solitaire, personne ne l’est. On n’est pas « programmé » comme cela ! C’est pour cela que je me suis éteinte ? Parce que je n’avais plus ces étincelles : des connaissances, des rencontres, plus ou moins puissantes. Je souris un peu à cette idée. J’ai eu peur de cela, si violemment, que je ne veux plus voir de personnes. Pourtant je suis contente de me tenir là avec lui. Il est tellement…

- … Merci Ezy

Je ne l’ai pas remercié une seule fois aussi sincèrement. Ce n’est pas dans mes habitudes sauf que personne n’a jamais été dans ce cas. Il ne me connaît que par le biais de Matthias et malgré le fait que je lui ai fais subir le coma, il ne devrait pas avoir plus qu’une basique reconnaissance à mon égard. Il ne devrait pas s’être attendrie pour une gamine de 8 ans sa cadette et je l’ai vu n’avoir aucune pitié pour les autres. Oui, je suis une consœur mais ça n’explique pas ce qu’il éprouve à mon égard n’est-ce pas. C’est sa vie que je bouleverse alors je peux au moins faire un effort pour sortir de ma coquille et être un peu plus polie. Après tout, je suis un peu sous son charme.

- Et toi, ça t’ajoutes pas du stress ?  

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