[Event] Un conte de Noël : futur

Ft. @Phillip Coulson et @Peter Parker

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« Logan. » souffle Natasha en dévisageant le mutant qui surgit de l’obscurité. Les marques du futur altèrent légèrement son apparence, et l’une de ses mains n’est plus, remplacée par une homologue de métal. Elle détourne les yeux de son ami et mentor seulement au moment où il vocifère un nom qui suspend sa respiration. C’est James qu’elle s’attend à voir, bien entendu. Mais c’est une jeune femme qui fend les ombres. Le cœur de la russe manque un battement. Et met très longtemps à reprendre son éternelle activité. Ou bien est-ce le temps qui semble s’arrêter, alors que Natasha découvre les iris bleutées de James, sur un visage aux traits mélangeant subtilement les siens à ceux de son amant, encadré de boucles dont le feu ne fait écho qu’à celui qui orne sa popre tête ?

Son corps a beau être immatériel, une nausée purement mentale serre la gorge de Black Widow. « Je… » Natasha Romanoff ne balbutie pas. Jamais. Et pourtant, aujourd’hui les mots lui manquent. Elle ne parvient pas à se dire que c’est réel. Ou que ça le sera. Mais le destin est cruel, sa logique implacable. Car rares sont les personnes en qui elle aurait placé une confiance aveugle et tous ses espoirs pour prendre soin de sa fille. Encore plus rares celles qui auraient fait ça pour elle.

Les paroles de l’Esprit sont lointaines. Très lointaines. Tout comme celles de Coulson. Natasha, qui jusque là gardait les yeux rivés sur l’endroit où le duo a disparu, semble sortir de sa torpeur lorsque la réflexion de Phil reste en suspens. Et au milieu de ce tumulte de sentiments, c’est la colère, réponse sans doute trop humaine pour elle, dont on attendrait un calme olympien même après une telle révélation, qui prend le dessus. A ce moment précis, elle se fiche pas mal de la différence de couleurs entre le trio de corps flottants. Elle ne l’a même pas remarquée.

Mais elle n’est pas assez stupide pour s’en prendre à un Esprit visiblement en mesure de séparer son âme de son corps. Quand bien même elle serait une partie de la solution à leur problème. C’est donc d’une voix aussi calme que glaciale qu’elle s’adresse à l’Esprit. « Vous êtes en train de me dire, » elle s’approche de la sombre entité, « que je dois avoir un enfant. Quelque chose que je ne suis pas en mesure de faire. Quelque chose qui m’a été arraché sans qu’on me demande mon avis il y a plus d’un demi-siècle. Pour que cet enfant vive l’enfer de perdre sa famille et l’envoyer à l’abattoir ? » Douce, fantastique ironie.

Ft. @Phillip Coulson et @Peter Parker

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Elle toise l’entité de son regard de glace, pour mieux déguiser le trouble qui promet de la hanter pour les années à venir. Cette chose… ne comprend pas. Natasha a envie de planter ses ongles dans le visage inexistant de l’Esprit en l’entendant parler de cadeau. Personne ne comprend. Pas même Peter qui, plein de bonnes intentions, lui offre une aide qu’elle sera peut-être assez faible pour accepter. Un jour.

Elle a fait la paix avec tout ça il y a tant de décennies. A décidé qu’elle n’était pas faite pour être mère. De fermer son cœur à cette perspective pour que jamais cette idée ne lui traverse l’esprit, pour que jamais elle ne ressente de regret. Elle ne veut pas d’enfant. Quelle place aurait-il dans ce monde, dans sa vie ? Elle n’a rien à offrir.

Et pourtant, ces plus de soixante-dix ans de certitude et de résignation se verront un jour balayés. Et il lui faudra alors embrasser le destin de sa propre progéniture, tout comme celui de ses amis. Le sien.

Elle se hait d’avance.

Natasha manque de peu d’ouvrir la bouche pour ordonner à l’Esprit de la ramener à son corps. Espère presque qu’il ne s’agit que d’un stupide cauchemar. Mais, bon petit soldat qu’elle est, elle ne laisse pas son tempérament de feu prendre le dessus alors que Peter se voit à son tour révéler le rôle qu’il jouera dans ce futur. On dirait que lui aussi va voir besoin d’aide finalement. Bien que très concentrée sur la colère et le désespoir qu’elle s’efforce de museler, l’espionne ne peut que remarquer combien le jeune homme est perspicace lorsqu’il pose ses questions. Elle écoute ensuite Phil, qui finit par poser la question fatidique pour lui.

La gorge nouée, elle ajoute « Et le reste des Avengers actuels. » Si elle se doute déjà de la réponse, elle veut tout de même l’entendre.

Ft. @Phillip Coulson et @Peter Parker

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Frustration. Celle qui accompagne le deuil d’une vie que Natasha n’a pas encore vécue, avant même que la perspective de celle-ci ne l’effleure. Qui accompagne aussi une chose que peu de gens sur cette Terre possèdent. La conscience de ce que leur propre futur leur réserve. Que peut-on faire avec ce genre d’informations ? Pour une fois, la russe ne sait comment traiter tout ce qui vient de lui être révélé. Son cœur est meurtri, déchiré. Gonflé de douleur et de rage à tel point qu’elle ne se sent plus capable de se contenir. A deux doigts de cracher à l’Esprit des Noëls Futurs qu’il peut bien aller se faire foutre, lui et ses cadeaux. Mais quelque chose l’empêche de franchir le pas. Peut-être est-ce le fait que l’Esprit lui-même ne puisse rien n’y changer ; qu’il ne soit qu’un simple messager. Rien ne pourra altérer ce fichu futur, du moins pas dans ces deux grandes lignes principales : Peter en tant que leader des Avengers, et sa propre fille – Barnes, bordel de merde – porteuse de l’étendard d’un peuple libéré d’Ultron.

Natasha se contente donc de bouillonner dans le silence le plus complet, incapable d’écouter un mot de plus de l’entité et de ses compagnons d’infortune.

Enfin, enfin, l’entité les libère. Le temps d’un battement de cils, Natasha se retrouve projetée de nouveau dans la réalité qui est la sienne. Elle manque de peu de basculer de son siège alors qu’elle se jette vers l’avant pour attraper son téléphone portable. Ses doigts fébriles cherchent le numéro de Phil, trébuchant sur l’écran tactile. Elle veut s’assurer que ce qu’elle vient de vivre était bien réel. Mais il l’a devancée, réalise-t-elle en lisant les quelques mots de l’agent qui s’encquiert de son état. L’écran devient flou, soudain. Le souffle court, Natasha se surprend à fondre en larmes, et repose son téléphone.