[Mission] Envie, rouillé, 17, aube ...

"Envie, rouillé, 17, aube ..."

Le temps n'est qu'une notion, mais il efface les blessures paraît-il. - Bastila

      Plus le temps passait, plus l’échec semblait dans le cœur de l’Asiatique émerger dans une horreur impression. Au fil des minutes, voire des secondes qui semblaient interminables, les corps de ses coéquipiers tombaient les uns après les autres. C’était injuste, comment des hommes prétendant faire partie de l’élite pouvait être battu par une gamine. Il n’y avait ici qu’un soldat de l’hiver et c’était lui qui devait être uniquement la menace. Et d'ailleurs, Bast se contenta seulement de cracher au sol en direction de la gamine à son énième provocation, afin de lui montrer qu’elle n’était rien d’autre qu’une merde dont elle ignorerait la valeur. Cependant, la colère faisait battre le cœur de l’Asiatique de fureur, alors qu’au même moment l’étrange bracelet autour de son poignet droit s’illuminait d’un bleuté bien plus luminescent que la normale, comme si ce dernier subissait soudainement une surchauffe ou une importante charge électrique. Mais une lueur bien trop faible pour attirer l’attention de quiconque, pas même celle qui la porte.
      Et pourtant, il aurait suffi de prêter un regard attentif pour aussi constater que les éléments autour de la jeune agente d’HYDRA commençait à s’émouvoir anormalement autour d’elle. Elle avait honte d’avoir été accompagné par de tel incapable au point d’être finalement insensible à leur mort brutale. Elle songea même que si l’un deux avait survécu, elle l’aurait très certainement exécuté elle-même pour avoir flanché devant une gosse à peine haute de trois pommes. Seul le soldat était à ses yeux dangereux, ce dernier arriva à l’empoigner par la gorge, malgré qu’elle avait tenté une esquive. Rapidité, force et Agilité... Oui, Bastila comprenait qu’il était vain d’échapper à un homme qui avait su esquiver lui-même les balles volant dans sa direction. Oui. Elle le voyait enfin le monstre qu’il était. Pourtant, tout en elle la poussait à vouloir le neutraliser. La fierté, la colère, le désir de combattre un adversaire plus fort qu’elle… Hiro avait réussi à lui transmettre la folie des guerriers en quête de gloire et de combat.

      La fureur dans son regard sans disparaître, exprima la folie mêlée à une forme d’orgasme étrange. Un sourire apparut sur son visage alors qu’elle était incapable d’émettre un son sous la pression de la poigne prête à détruite sa nuque. Elle ne ressentait aucune crainte, aucune hésitation pour autant. Elle était pour la première fois dans un état de transe, probablement issue de l’envie de ne pas tomber sans avoir emporté l’un d'eux. Car oui, si elle devait mourir, elle tuerait avant de devenir de la nourriture pour ver. Les secondes devenaient une éternité depuis la transe, tout était si long… Au point que le pigeon au-dessus d’elle qui survola la zone à tout hasard semblait comme piéger dans son mouvement, figé dans les airs. La poigne du soldat avait d’ailleurs cessé de se resserrer, sa respiration était silencieuse, comme si cette dernière avait aussi cessé. Bastila, les yeux portés vers le ciel, s’étonna de constater avec quelle clarté elle pouvait ressentir les battements de son cœur à travers tout son corps… À quel point elle pouvait sentir le flux de son sang à travers chacune de ses veines, ainsi que l’agitation de chacune de ses cellules.
     Une agitation qui ne lui était pas étrangère, alors plutôt que de tenter d’ignorer ce qui se passait, elle se laissait couler vers les abysses de toutes ses sensations. Oui. S’abandonnant un peu plus à cette transe soudaine et quelque part, grandement agréable. Fermant les yeux quelques instants durant cette traversée merveilleuse, cette odyssée extraordinaire, elle eut comme une sensation de flottement au point de ne plus sentir la poigne. Lorsqu’elle ouvrit les yeux de nouveau, elle se trouvait à l’endroit où elle était positionnée avant son esquive raté, en face d’elle se trouvait alors la gamine et la rouquine, immobile comme une image elles aussi. Tandis que le soldat, lui, était derrière Bast, le bras levé sur une poigne dont l’étreinte est vide d’objet. La douleur au cou avait disparu, et l’Asiatique n’eut guère le temps de s’étonner de sa situation alors que le temps reprenait son cours. Par réflexe, main sur le manche de son Katana, elle utilisa ce qui lui vaut son statut d’agent redoutable, la première technique au sabre du mouvement Tonnerre qu’Hiro lui a enseigné et qu’elle a inlassablement répété pendant des années : Ichi no Kata « Hekireki ».

      Dans un mouvement vif, son sabre quitta son fourreau pour rencontrer la chair du soldat. Si sa position, rendit son coup moins mortel et probablement inefficace, Bast s’en accommodait. Le coup avait simplement pour but d’éloigner l’homme qui se trouvait juste à quelques centimètres d’elle, les deux étant dos à dos au moment de l’attaque de l’Asiatique.