Je crois que j'avais eu suffisamment de surprises pour la soirée. Et même pour le mois à venir, en fait. Eh, je suis peut-être tolérant pour un Humain lambda sans pouvoirs, mais bon Dieu, il ne faut pas trop pousser mémé dans les orties non plus ! Bon, posons les choses deux minutes. Je suis à présent en couple avec un mutant, mais ce n'est pas tout, puisqu'il se trouve que le mutant en question vient du futur. De l'an 2080, même. Oh oh... Très bien, j'avais eu mon quota de révélations pour un moment. Non pas que ça ne m'intéresse pas, bien au contraire, je le trouvais absolument passionnant et d'autant plus avec ce que je venais d'apprendre, mais... Un peu de tranquillité et de banalité, ça faisait du bien parfois, non ? Enfin, en tout cas c'était mon avis.
Heureux et ronronnant dans les bras de Billy, je restais blotti contre lui sans bouger d'un pouce. Sa présence avait quelque chose d'apaisant, et de sécurisant. Je pouvais sentir son coeur battre dans sa poitrine, tout comme la chaleur de son corps contre le mien, et son odeur qui me parvenait très nettement. Je tiquai légèrement quand il lâcha un "c'est donc pour ça". Euh... Ca impliquait qu'il se soit trouvé près de chez moi en pleine nuit, et... M'avait-il surveillé ? Ou bien plus loin encore, était-il déjà entré chez moi à mon insu, invisible ? ... Non non non, il fallait que je me sorte ça de la tête. Billy n'aurait jamais fait une chose pareille. Entrer chez moi sans que je le sache, j'entends. Parce que passer sous la fenêtre de ma chambre au beau milieu de la nuit... Ca pouvait arriver, ça. Après tout, j'habitais devant une rue très passante...
Un sourire étira mes lèvres, avant qu'un léger rire ne m'échappe. Il voulait me protéger, hein ? Disons que contre l'obscurité et l'eau, il n'y avait pas grand chose à faire... Mais l'intention était là, et ça me touchait. Je lui rendis son baiser avec douceur, glissant une main sur son nuque, l'autre sur sa hanche. J'aurais bien voulu ne plus bouger de là. Ce n'était pas possible, je le savais bien, mais bon sang, ce que ça aurait été agréable...
Bon sang, mais c'était une manie chez Billy de me surprendre comme ça ou quoi ? Par réflexe, je m'étais accroché à lui, avant de le fixer d'un air quelque peu contrarié... Un air contrarié que je perdis bien vite. Il venait de me dire qu'il m'aimait. Et mieux que ça encore -si si, c'est possible- il l'avait dit en Français. Entendre ces simples petits mots prononcés dans ma langue maternelle avait sur moi un effet... Comment dire... Particulier. Hum. Oui, disons ça... Et ce même si son accent était loin d'être parfait. Amenant une main sur la nuque de mon petit-ami, je l'attirai contre moi pour l'embrasser passionnément, ma main libre se glissant sous son tee-shirt. La suite ? Hum... Eh bien, pour faire simple : des vêtements ont volés, et à mon avis on a réveillé les voisins. Mais pour une fois que ce n'est pas l'inverse, hein... Ils ne vont pas venir se plaindre.
Billy n’avait pas prévu que parler français ferait un tel effet à Rick – et dire qu’il n’était pas peu fier était un euphémisme. Il n’avait pas pensé que tout irait si vite, comme il n’avait pas osé espérer quelques égards amoureux lorsqu’il avait franchi le pas de la porte. Oh mais, il n’allait pas s’en plaindre ! Tout au contraire. Il se demandait juste pourquoi Rick lui avait passé un Tee-shirt si c’était pour le lui enlever si vite – bien que Billy l’ai rapidement imité et qu’ils ne s’étaient pas arrêtés à leur haut. Il n’y avait plus qu’eux qui comptaient, le monde n’était plus que facultatif alors qu’ils se perdaient l’un dans l’autre avec volupté, le sang bouillant d’une passion brûlante et depuis trop longtemps retenue. Tant pis pour le reste – Ammy, le voisinage… Surtout le voisinage, quand leurs lèvres s’abîmaient dans le désir.
Le mutant ouvrit doucement les yeux. Il prit quelques secondes avant de se rappeler où il était. Et qu’il n’avait pas rêvé. Rick avait un bras en travers de son torse, sa tête reposant sur lui. Billy se retenait doucement contre lui. Il tourna légèrement la tête, enfouissant le bas de son visage dans les boucles rousses en refermant les yeux. Quelle heure était-il ? Il s’en fichait, au fond. Heureusement que le pâtissier ne travaillait pas aujourd’hui. En tout cas, la nuit avait été chassée par quelques rayons de soleil, et la respiration paisible de son petit-ami – et son délicieux parfum – apaisaient Billy et le firent doucement sourire. Il se serait bien rendormi. Mais le fait était qu’il était bien réveillé, même s’il traînait au lit – le calme et la douceur de ce matin le ravissait. Il finit par rouvrir les yeux pour observer Rick dormir. Avec un sourire tendre, il caressa sa joue du bout des doigts et bougea doucement pour sortir du lit en essayant de ne pas le réveiller. Ses yeux s’arrêtèrent sur la lampe de chevet, qu’il éteignit avec un regard amusé, puis il se pencha au-dessus du lit pour déposer un rapide baiser là où il le pouvait sur le visage de Rick. Il sortit de la chambre enfila son boxer dès qu’il l’eut retrouvé.
« Eeeeh, salut ma belle… » fit-il d’une voix encore rauque en se penchant pour cajoler la chienne.
Le mutant hésita quelques instants devant la porte de la chambre. Il avait envie de prendre une douche, mais il ne voulait ni réveiller Rick, ni avoir à trouver une serviette tout seul. Et puis, il avait faim. Il hésita une seconde de plus avant de se diriger vers la cuisine. Peut-être ne savait-il pas faire de pâtisseries, mais il était plutôt doué quand il s’agissait de pancakes. Il allait faire ça, fouillant un peu les placards pour trouver ce qu’il fallait. Avec un sourire satisfait, il se lava les mains jusqu’au coude avant de commencer à cuisiner, mélangeant farine, sucre et pincée de sel, avant de faire un petit puis dans la pâte pour y casser les œufs, y ajouter le beurre et y verser le lait, petit à petit, avant de bien mélanger le tout pour en faire une pâte homogène. Il recouvrit le saladier avec ce qu’il trouva pour laisser la pâte reposer. En patientant, il en profita pour ranger un peu le bazar qu’ils avaient laissé la veille, ramassant et pliant rapidement les vêtements, reposant et arrangeant les coussins sur le canapé… Il alla laver les tasses – et la vaisselle, tant qu’il y était – avant de retourner dans le salon pour ouvrir les fenêtres et laisser le soleil et un filet d’air frais pénétrer dans l’appartement. Enfin, après cela, il retourna à ses pancakes, la pâte ayant assez reposée.
Billy chantonnait joyeusement « Can’t take my eyes off of you », faisant cuir les pancakes dans la poêle en même temps que quelques petits pas de danse de temps à autre. Lorsqu’Ammy cessa subitement de l’observer en remuant la queue pour filer dans la chambre, il pensa que son français – à lui – n’allait pas tarder à débarquer, aussi fit-il couler le café, posa le tout sur un plateau et alla le déposer sur la table. Il leva le regard vers Rick avec un sourire lorsqu’il émergea enfin de la chambre, et alla l’enlacer brièvement en déposant un rapide baiser sur ses lèvres.
« Hello dearie » souffla-t-il dans un sourire.
Il n’avait pas besoin de réfléchir comment faire avec Rick ; il n’avait jamais réellement réfléchi d’ailleurs, préférant pour lui spontanéité et sincérité. Et c’était reposant, appréciable, différent du monde hypocrite que représentait le Queen’s – malgré tout l’amour et la fierté qu’il ressentait pour son hôtel. D’un autre côté, quand on voyait les personnes, fussent-elle riches et célèbres, qui y prenaient une chambre, Billy ne pouvait que les accueillir avec un grand sourire. La dure loi de la politique.
« Bien dormi ? » demanda-t-il en repoussant quelques mèches rousses derrière l’oreille de son petit-ami.
Décidément, le réveil était dur ce matin. D'ailleurs, je n'aurais pas su dire quelle heure il était. Pas même une approximation. Les yeux toujours clos, m'extirpant tant bien que mal d'un sommeil qui n'avait de toute évidence aucune envie de me laisser partir, je me mis à tâtonner sur le matelas d'une main... Pour ne trouver que du vide. Mais qu'est-ce que... ? Mes paupières daignant enfin se lever, je pus jeter un oeil sur ce qui m'entourait. A savoir, une moitié de lit vide. Pour un peu, j'en serais presque vexé... Enfin, non. J'étais vexé. Et un peu contrarié, je dois bien l'avouer. Et puis, tout à fait honnêtement, j'eus soudain peur que Billy ne soit non seulement plus dans le lit, mais surtout, plus dans l'appartement du tout. Et si je m'étais fait avoir, une fois de plus ? ... Noooon. Impossible. Pas avec Billy, c'était juste parfaitement impossible. Je pouvais lui faire confiance, j'en étais sûr et certain.
Je m'étirai donc en baillant un peu, pas pressé de sortir de sous les draps. Les souvenirs de la nuit passée me revenaient tout doucement, étirant mes lèvres d'un léger sourire. Franchement, je ne savais pas quelle mouche m'avait piqué, mais je n'allais pas m'en plaindre. Même si, effectivement, il aurait peut-être été plus raisonnable de patienter un peu avant d'en arriver là... Bah, de toute façon la vie est trop courte pour s'embarrasser de ce genre de détails ! N'est-ce pas ? Au bout d'une bonne dizaine de minutes à faire la marmotte dans mon lit, paressant comme pas permis, je finis par m'asseoir, passant une main dans ma tignasse rousse sérieusement en désordre. A cet instant, je fus attaqué. Vilement. Par ma propre chienne. Ammy, comme tout les matins, vint donc me souhaiter bonjour en me léchouillant joyeusement le visage, malgré mes protestations (encore moins énergiques que d'ordinaire). Je lui retournai les salutations en lui ébouriffant le pelage, puis me levai finalement. Avant de sortir de la chambre, j'attrapai un pantalon de jogging et un vieux tee-shirt que j'enfilai rapidement, histoire d'être décent. Non pas que j'ai encore quelque chose à cacher, vous me direz, mais c'était juste une question de... Bienséance ?
Eh, mais... C'est que ça sentait bon les pancakes, dans ce salon ! J'eus à peine le temps d'apercevoir un plateau posé sur la table que Billy m'enlaçait pour déposer un léger baiser sur mes lèvres. Rappelez-moi de ne plus jamais au grand jamais douter de cet homme. Mon homme. Je suis tombé sur une véritable perle rare, ce que la plupart des gens cherchent sans jamais le trouver. Certes, nous n'étions ensembles que depuis la veille, mais déjà je pouvais constater l'étendue de la tendresse qu'il avait pour moi. Au fond, je n'avais pas vraiment besoin qu'il me dise qu'il tenait à moi, ou qu'il m'aimait (même si c'est toujours appréciable, évidemment), mais le montrer comme il le faisait, ça me suffisait amplement. Souriant, je posai une main sur l'une de ses joues et lui retournai le baiser du bout des lèvres.
- Bonjour à toi aussi. J'ai bien dormi, oui. Hormis le fait que j'aurais préféré me réveiller dans tes bras, mais vu que tu as préparé le petit déjeuner, je peux pas vraiment t'en vouloir. répondis-je avec un doux sourire, avant de l'embrasser à nouveau, m'attardant un peu plus longtemps sur ses lèvres cette fois-ci. Je vais juste sortir Ammy avant de commencer à manger, toi tu n'as qu'à aller te doucher pendant ce temps, si tu veux. Les serviettes sont dans la commode juste à côté du lavabo, tu trouveras facilement.
Sur ces mots, je m'écartai de mon petit-ami pour retourner dans ma chambre passer des vêtements plus corrects que les vieilles fringues que je portais, attrapai la laisse de la chienne pour la lui passer au cou, et sortis de l'appartement en adressant un à tout de suite à Billy, grand sourire aux lèvres. Peut-être me faisais-je des idées, mais... Cette fois-ci, j'avais l'impression d'être tombé sur le bon.