Petite visite nocturne [pv: Rosanna]

Elle sourit à l’annonce de sa capitulation : c’était préférable après tout et bien évidemment elle n’allait pas énumérer les potentiels films que la jeunette pourrait se faire, ça n’aurait rien d’une conversation correcte. En tout cas, ça avait le mérite de lui laisser le sourire aux lèvres. Pendant longtemps, elles avaient grandi séparément, elles n’avaient pas du tout le même âge il faut dire mais Rosanna avait laissé sa sœur de côté à cause de ses parents. Elle leur téléphonait, parfois elle envoyait un mail et discutait sur skype avec la fillette mais elle le faisait pour se donner bonne conscience, pour avoir l’impression d’être une sœur. C’était pitoyable, n’est-ce pas … ? Ce n’est pas qu’elle n’appréciait pas l’enfant, c’est qu’elle supportait mal l’éducation qu’on lui donnait et de la voir marcher comme une automate aux moindres mots de sa mère. Même son père avait changé d’attitude et elle le savait, il y a parfois des moments où elle aurait eu envie de gifler sa propre sœur. Elle avait déjà suffisamment porté sur le dos cette éducation trop stricte pour voir les dégâts sur la plus jeune. Elle aurait pu dire quelque chose mais au final, elle avait abandonné la gamine sans lever le moindre petit doigt. Elle n’avait rien à dire, non ? C’était ses parents responsables de l’éducation de leurs enfants. Elle n’avait pas à leur reprocher… elles leur devaient le respect et pourtant, elle avait voulu parfois. Elle n’en avait jamais parlé et quand ses parents ont eu cet accident, bien évidemment, elle a été terriblement triste de leur perte mais elle avait l’impression que Kendra était libre. Cruelle vision, non ? Surtout pour quelqu’un qui se montre tout aussi stricte et fermée que ces géniteurs ont pu l’être… Enfin le mal était déjà fait de toute façon et sa cadette avait payé sa différence malheureusement. Plus Rose essayait de rectifier le tir et plus sa sœur lui en voulait. Elle n’était pas douée dans son rôle de sœur mais elle essayait de la soutenir au mieux. Si jamais il y avait le moindre souci, elle était au moins présente. Rose avait eu la chance d’avoir eu droit à plus de souplesse, ça l’avait sauvée et aussi… elle s’était cassé la figure suffisamment brutalement pour se relever avec la force de continuer. Elle soupira un peu d’avoir pensé à tout cela et préféra se replonger dans la mise en forme du poisson.

Visiblement ça demandait d’être extrêmement délicat dans les gestes. Déjà qu’elle était un danger public avec un couteau, même en s’entraînant elle doutait qu’elle puisse être aussi attentive à ne pas charcuter le pauvre animal, heureusement déjà mort. Le poisson ça lui rappelait la pêche… et cet ennui mortel d’attendre qu’une proie morde à l’hameçon. C’est ennuyant, il n’y a absolument rien à faire et je ne vois pas comment on peut considérer cela comme un sport. A moins que remonter la ligne soit considérer comme une prouesse phénoménale mais honnêtement ce n’est rien du tout quand on a un peu de force et qu’on garde son calme. Le seul autre moment fort, c’est de mettre un asticot vivant sur ce petit objet de métal à la forme d’un crochet… si on est cruel ça peut-être très marrant mais Rosa ne pouvait pas s’empêcher de se dire que ça ferait tout drôle à un pêcheur de se faire trouver le ventre dans un crochet et d’être noyé dans le simple but d’attraper une grosse proie. Très lucratif comme idée : à proposer une prochaine fois. Enfin elle n’allait pas parler de ça maintenant avec son patron, elle préféra continuer sur la lancée de la cuisine et terminer par une question des plus bizarres. Là d’où il vient ? Elle l’observa curieusement et après une brève pensée là-dessus, sourit. Il avait posé le couteau à côté pour répondre : c’est vrai qu’elle lui posait des questions alors qu’il faisait autre chose. Elle s’en voudrait si il se coupait parce qu’elle l’avait distrait. Manquerait plus que ça. Donc c’était devenu une habitude surtout de se nourrir que de poiscailles. Pourquoi pas !

- Oh d’accord… je crois que je me lasserais de plats trop répétitifs !

Après elle ne s’attendait pas à ce qu’il réponde à sa dernière question, elle aurait du éviter de dire des choses pareilles. Cela semblait l’avoir surpris et elle-même se serait bien taper la tête du plat de mal si elle avait pu. Ce ne sont pas des questions que l’on pose comme ça mais elle avait parfois des instincts comme cela. Elle aurait préféré qu’il zappe complètement ce petit décalage de sa part. Encore pire, il venait de lui retourner la question. Elle ne l’avait pas vu venir celle-là. Est-ce qu’elle allait bien ? Actuellement oui, de toute façon quand on a de la compagnie on ne peut pas se permettre que ça aille mal. C’est comme quand on est au boulot.

- … Oui, bien entendu ! Désolée, ça m’arrive parfois, ne cherchez pas à comprendre.

Elle put sourire vraiment sincèrement et avec gentillesse. Elle se demanda juste pourquoi il l’avait détaillé de haut en bas ainsi mais il sembla parti pour reprendre son « boulot » du soir et elle, elle glandait en somme. Très horrible sensation : rester à ne rien faire. Surtout que plus la soirée pourrait avancer et plus elle avait tendance à s’éveiller. C’est pour ça qu’elle profitait souvent des soirs pour aller courir, pour apprendre de nouvelles choses ou pour se sociabiliser en faisant croire qu’elle allait courir mais ça… elle l’avait pas dit à la cadette. Tout ça pour dire qu’elle avait envie de faire quelque chose mais quoi ? Elle ne pouvait absolument pas l’aider ! Le voilà le souci. Elle le regarda bizarrement et ce fut par réflexe uniquement, quand il lui tendit un morceau de saumon. Goûter ? Oui, pourquoi pas, elle n’avait jamais mangé de poisson cru. Cuit en général et encore ses parents n’en avaient jamais cuisiné car il n’en était pas friands et Kendra était une adepte du steak haché et du poulet. Pire… elle adorait les nuggets, un truc que Rose avait en horreur. Elle prit donc le morceau de poisson en le remerciant et goûta. C’était assez étrange mais elle aurait cru que ce serait bien plus visqueux et au final, c’était sympathique. Oui… elle n’avait testé avant.

- Ben… ça me change, c’est bon le saumon, même quand c’est cru… Vous avez bien fait de venir dis donc ! avait-elle conclu avec un sourire un peu réservé pour le coup.

Oh elle n’aurait vraiment pas du lui demander s’il allait bien car pendant ce temps où elle avait repensé à toute sa famille, il n’avait pas dit un seul mot et quand elle avait relevé la tête, elle avait cru le sentir perdu dans les siennes. Impossible de savoir à quoi il pouvait bien songer mais elle n’avait pas envie de le savoir perdu dans le passé. On ne sait jamais les blessures que l’on peut rouvrir chez les gens et Rosanna avait parfois le don de mettre le doigt pile dessus en demandant au mauvais moment, si tout allait bien. Typiquement stupide. Elle devait évincer ce moment d’égarement et c’est avec un grand sourire qu’elle effaçait le reste. Parlons poisson, c’était tellement plus sain comme discussion : elle avait prit le morceau de saumon et ce simple geste sembla le ramener peu à peu à lui. Il la regardait droit dans les yeux alors elle l’observa en supposant qu’il comptait dire quelque chose. Il s’excusait ? Dire que ce serait plutôt à elle de s’excuser : de le laisser faire la cuisine et de lui poser des questions qui l’embarrassent. Cependant, même si elle garda un air posé et enjoué, sa gorge se noua a ses propos. Bizarrement, elle se sentit mal pour lui : une soirée normale… ça s’en était une pour lui ? à bien y réfléchir, il lui avait dit qu’il avait longuement été seul et elle se demandait si du coup, il avait des gens qu’il côtoyait en dehors de sa famille. Quoi qu’on en dise, même si les amitiés sont parfois superficielles pour certains, ça fait toujours du bien de pouvoir être entouré. Elle aurait bien voulu se montrer plus aimable avec lui mais le fait qu’il soit son patron la freinait dans son comportement. Elle se retint de poser sa main sur son bras avant qu’il reprenne le couteau. Elle ne montra pas cela non plus. Dans un sens, elle n’avait pas trop aimé le voir débarquer chez elle mais au fond, elle ne lui aurait pas claqué la porte au nez. Il était le bienvenu. Elle ne le dirait pas, elle répondrait plus basiquement.

- Oh ne vous en faites pas, c’est moi qui n’aurait pas du vous enquiquiner avec cette question sotte ! Et bah au moins ça vous en fera une, ça fait pas de mal de temps en temps. Une petite pause !

Elle constata qu’il souriait de nouveau mais elle aurait juré que celui-ci n’était pas des plus sincères et volontaire. Oh ben, il faisait tout de même des efforts alors c’était appréciable. Rosa s’éloigna quelques instants, parce que rester immobile commençait à la rendre nerveuse et alla récupérer les tasses et les boîtes à thé de tout à l’heure. Elle se glissa doucement dans la cuisine. Déposant les tasses dans l’évier, elle rangea les boîtes à proximité pour pouvoir y accéder rapidement. Elle retourna sur les tasses et ouvrit le robinet pour commencer à nettoyer les petits récipients en faisant attention à ne pas déranger son invité. Il avait décidé de se lancer sur un sujet de conversation qui la fait sursauter et elle n’aimait pas spécialement donner les raisons de sa colère envers les mutants. Elle omettait toujours un passage important, elle répondait donc toujours la même chose mais comme elle lui en avait déjà légèrement parlé lors de l’entretien d’embauche qu’elle avait fait, elle chercha un moyen de mieux exprimer son ressenti. Elle finit de nettoyer les tasses et chercha le torchon qui se trouvait … ah juste à côté de lui. Elle attendrait pour les essuyer parce qu’elle avait peur qu’il se coupe si elle l’ennuyait. Elle se trouvait derrière lui alors ça pouvait surprendre. Elle sortit doucement de la pièce et retourna s’installer face à lui. Les mutants…Elle soupira. Pas facile de dire qu’on ne le supporte pas, parce qu’au fond nous sommes « racistes » ?

- Parce qu’avoir des dons n’excuse pas que d’autres doivent en subir les conséquences. Quand ils ne contrôlent pas, ils blessent ou tuent des gens qui n’ont parfois innocents. On leur pardonne sans punir leur crimes alors que ce sont des homicides involontaires… Personne ne devrait être au dessus des lois…

Elle s’arrêta et grimaça. Mais il n’y avait pas que ça… L'inconnu nous fait toujours un peu peur. Le monde change et être totalement sans défense dans un monde qui a toujours été le nôtre, c'est dur à avaler. On a l'impression d'en être évincé injustement. Elle n'aimait pas non plus faire partie des victimes alor elle préférait trouver un moyen de se battre.

- Je… je n’aime pas savoir que je ne maîtrise pas la situation. Pour moi les choses doivent être ordonnées, contrôlées et non pas anarchiques. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais c’est ma vision des choses. .

E lle n’avait pas spécialement mâché ses mots mais elle restait posée tout de même même si le sujet avait tendance à réveiller la part moins gentille de son caractère. Elle n’avait cependant pas envie de laisser une simple discussion prendre le dessus. Elle ne voyait pas le mal à en discuter avec son patron mais elle n’avait pas spécialement envie non plus de lui raconter toute sa vision des choses. En fait pour tout dire, elle n’aimait pas vraiment parler de choses qui touchaient à sa vie, ses avis : en bref, elle n’aimait pas dévoiler qui elle était. En partie, toujours cette réticence sur le fait qu’il était son chef et qu’ainsi, elle n’avait pas à lui dire quoi que ce soit mais ce n’était pas tout à fait ça. Elle avait trop bien compris qu’il aborderait souvent des discussions autres que le travail, elle n’y couperait pas. Et puis… elle oubliait ce qu’elle avait déjà lu de mépris dans son regard et quand ce n’était plus que de la curiosité alors elle se braquait intérieurement moins sur les sujets. Désormais ça l’embarrassait légèrement moins mais elle éludait tout de même toujours une partie de ses réponses. Comme actuellement : elle ne lui avait pas tout dit et il mit le doigt en plein dessus si bien qu’elle en fut déstabilisée.  Oui son parler droit et sa vision des choses avaient été affectés par son ancien boulot parfois ce travail lui manquait mais pas pour l’ambiance, juste parce que c’était un peu plus dynamique. Enfin elle ne regrettait pas. Elle était très bien aujourd’hui. Non… elle était mieux. Elle lui sourit mais effectivement il se mêlait souvent de ce qui ne le regardait pas : elle sourit mais elle doutait qu’il soit réellement désolé. N’est-ce pas ? Est-ce qu’elle allait lui répondre : après tout, elle n’était pas obligée, elle ne lui devait rien. Tant qu’elle ne lui mentait pas, elle trouvait cela correct. Elle se mordit la joue avant de choisir ce qu’elle allait dire. De toute façon, il y avait certaines choses qu’elle ne pouvait pas dire, comme si les mots ne pouvaient pas sortir et comme si elle se refusait à y penser. Non même quand elle tentait de revoir ces images, elle n’y parvenait pas, comme une barrière.

- En effet. Les mutants possèdent des pouvoirs qui parfois ne sont pas possible à contrer pour une humaine comme moi. Je n’ai pas envie d’être passive… encore moins victime. Je ne peux pas vraiment vous donner de réponse plus complète.

« Le reste, je ne peux pas vous le dire. » Elle n’y arrive pas, elle ne sait même pas l’énoncer pour soi-même. Etrange non ? Elle le laissa s’occuper du riz, elle aurait bien du commencer à mettre un semblant de table en place après avoir fait la vaisselle mais si elle n’arrêtait pas de bouger, elle allait peut-être lui donner mal au crâne alors elle se contenta de laver les tasses puis se calma et s’assit de nouveau. Et puis comme elle ne bougeait plus de son siège, elle commença à avoir vraiment faim, surtout à force de regarder ce poisson. Elle ne pu que commencer à passer ses doigts sur le rebord du comptoir tout en ne perdant pas pour autant le fil de la conversation.  Ah effectivement, elle n’était pas tellement plus en faveur des Avengers : tous dans le même panier. Ils détruisaient beaucoup pour des « supers héros ». Elle ne les connaissait que de noms et certains plus que d’autres mais pour ce qui est de les considérer comme des défenseurs, pas question de compter sur elle. Il lui parla de Thor… elle fronça les sourcils et réfléchit : ah oui… la brute blonde et les histoires de mythologie. Elle en avait entendu parler  de ce type mais elle ne l’avait jamais considéré comme un Dieu. Elle n’était pas du genre à croire en des régents divins mais en revanche oui un alien, ça ressemblait bien plus à cela. Est-ce que son patron avait une quelconque croyance, foi ? Vu sa façon de parler, elle hésitait mais il savait qu’elle, non. Elle réfléchit à ses mots. C’était un dialogue étrange mais elle pouvait répondre à peu près aisément.

- Tout à fait. Trop imprévisibles, indisciplinés et dangereux. Ils ne font confiance qu’à eux-mêmes, se font passer pour des héros mais souvent ce sont eux qui déclenchent les ennuis. Thor, vous dites… D’autres vies ailleurs ? Je veux bien y croire mais cela ne me fera pas appeler ces personnes des dieux. Vous trouvez cet homme arrogant ? Quel homme de pouvoir ne l’est pas ? C’est juste que c’est d’autant plus dangereux quand cette personne a trop de pouvoir sans savoir le contrôler. C’est le cas avec les mutants aussi… Bah tout le monde à ses faiblesse, ce Thor est certainement possible à arrêter mais allez savoir comment. … Je ne veux pas être médisante, je ne veux pas dénigrer ce que je suis mais… les humains sont inférieurs en terme de force, de pouvoirs. Il serait stupide de ne pas reconnaître qu’on est fragile mais c’est pour cela qu’on se bat et puis… ça ne veut pas dire que nous sommes mentalement inférieur. Nous avons les capacités pour la réflexion.

Rosanna tourna doucement les yeux vers l’extérieur : oui elle avait choisi des moyens extrêmes, ce n’était pas toujours ce qu’il y a de plus glorieux mais elle défendait un point de vue et à force de payer les pots cassés de tous ces êtes anormaux… ils devaient bien agir et non pas subir.  Elle grimaça, elle avait ressenti une pointe de douleur au niveau de la tempe et se massa inconsciemment. Elle devrait aller s’occuper d’essuyer la vaisselle mais alors qu’elle allait descendre du haut tabouret devant le bar, il l’interrompit et s’en chargea aussitôt si bien qu’elle en resta bouche-bée.

- Vous savez que vous n’êtes pas là pour faire les corvées… ? Je pouvais le faire.

Rosanna était rassurée que la réponse soit plus claire et lui suffise. De toute façon, elle n’aura pas vu quoi ajouter vis-à-vis des mutants. Elle avait dit ce qu’elle pensait d’eux et sa façon d’envisager les événements. La conversation n’aboutirait pas tellement plus mais elle aurait pu lui demander ce qu’il en était pour lui, ce qu’elle ne fit pas. Elle ne le faisait jamais parce que ce n’était pas spontané. Généralement quand elle le faisait c’était hypocritement pour faire la conversation avec des gens qu’elle n’estimait pas spécialement. Peut-être était-ce un peu impoli de ne pas le faire avec lui mais elle n’avait pas vraiment envie de connaître sa réponse. Non pas parce que ça l’ennuyait mais surtout parce que certaines personnes n’ont pas forcément vécu des histoires très joyeuses quand ils sont du parti semblable au sien et elle ne voulait pas éveiller des histoires qu’elle n’avait pas à entendre. Ne serait-ce que les souvenirs sont durs. Et puis après tout la discussion semblait tourner autour des aliens désormais et il semblait avoir envie de parler de ce thème un peu plus. Tout cela avait même l’air de le faire rire et bizarrement, cela déclencha en elle un petit sourire malicieux qu’on lui voyait rarement car elle le retenait presque toujours. Elle passa une main dans ses cheveux et écouta ce qu’il avait à dire à propos de tout cela. Alors c’était donc cela ? Il avait envie de pousser un coup de gueule à propos de ce gars –ci et cherchait quelqu’un qui ne le porte pas en haute estime ? Pourquoi pas, ç a fait parfois du bien de s’exprimer comme on veut sans se dire qu’on va être jugé par autrui. Il évoqua cependant quelque chose qui me fait plisser le front et réfléchir : tiens c’est vrai, il y avait d’ailleurs cet homme avec lui. Un homme brun plus fin de carrure comme on le décrivait et on lui avait effectivement parlé de cette histoire de prisonnier qui avait été ramené sur sa terre. Alors ces deux là étaient de la même famille, enfin par adoption :ah oui elle avait zappé ce petit détail sur le coup. Mais qu’est-ce qu’ils sont venus foutre ici si c’est pour retourner chez eux une fois après  avoir tout dévasté ? Franchement, qu’ils s’occupent de régler leurs querelles familiales chez eux : la terre n’est pas un terrain de jeu. C’est déjà suffisamment le bordel cette planète, pas besoin d’y ajouter des extra-terrestres. Quoi ? La jeune femme chercha son regard pour voir s’il disait ça sans blaguer.  Elle préféra ne pas répondre tout de suite, sinon elle serait désagréable et il ne méritait pas qu’elle lui parle mal évidemment.

- Vous ne devez pourtant pas être le seul à penser cela, la population est très divisée au fond. Je doute que cet événement n’ai pas soulevé pas mal de vagues dans l’amérique d’ailleurs. Du foutage de gueule ?... Quel charmant langage monsieur, mais c’est … bien résumé. Tout cela me dépasse. C’est tellement abusé !

Elle n’avait pas eu le temps de se lever, elle avait juste répliqué parce qu’elle n’appréciait pas trop d’avoir des invités qui en font plus qu’elle mais c’était trop tard. Elle se tendit à sa remarque : quoi ? Son geste l’avait tout simplement trahi. Cette douleur, cela lui arrivait parfois sans qu’elle en comprenne la source. C’était plus régulier depuis quelques temps mais en général, elle finissait par la voir disparaître ou sinon elle prenait un cachet. Elle rit donc un peu mal à l’aise à cette réflexion. Elle n’aimait pas qu’on voit ce genre de geste et qu’on y prête attention. Allons, les gens n’y font pas gaffe d’habitude.

- … Oui mais ça ne fait pas de moi une handicapée!

Non ? Elle poussa une mèche derrière son oreille et toucha distraitement son front : tant qu’elle n’avait pas de fièvre, ce n’était pas important. Elle le laissa finir sa cuisine tandis qu’elle descendait doucement de son siège.Elle sursauta un peu quand il posa ses mains sur le bar et pesta intérieurement. Elle devenait nerveuse sans raison maintenant… De l’alcool… bah bien sûr qu’elle en avait, elle avait juste du le planquer pour qu’une certaine demoiselle ne finisse pas par faire un coma éthyllique : cette gamine tournait mal. Très mal. Elle le trouvait de plus en plus à l’aise dis donc : à croire que ce n’était plus le même que celui qui avait sonné à sa porte au départ. Elle lui tourna le dos, s’éloignant de ce qui aurait du être un bar et arriva jusqu’à une autre pièce, condamnée normalement. Elle n’était pas alcoolique mais elle avait toujours des gens de son entourage qui aimait boire et puis… encore une histoire de famille.

- Quel genre d’alcool buvez-vous ? Je… hum, je dois avoir de tout. Je serais ravie de continuer à discuter mais c’est vrai que j’ai un peu faim. Oh vous devez avoir des trucs à grignoter genre apéro dans le petit buffet beige ! Je vous autorise à fouiller bien sûr. Alors dites moi ?

Elle avait beaucoup de mal à tenir une conversation sur un sujet aussi sensible : en partie aussi parce qu’elle n’avait pas toujours les informations en main. Depuis son arrivée aux États-Unis, elle s’était certes habituée à la vie selon les américains mais certains détails lui échappaient parfois et elle avait beau prendre parti pour certaines idées, elle n’était pas une fouineuse. Elle avait en effet constaté des dégâts que New York avait subis avec ces aliens et ces avengers, et puis ces histoires de mutants… et cela lui suffisait déjà pas mal pour se faire une opinion. Elle se renseignait quand elle trouvait cela vraiment nécessaire. Concernant les organismes et leur trafic gouvernementaux … tout cela finirait par se retourner contre eux s’ils jouaient sur les deux plans ! Et parfois on préfère ignorer les grandes lignes d’ailleurs. Elle ne voulait pas tellement en savoir plus pour l’instant ce n’était pas nécessaire. Elle n’en était pas encore rendue là et elle n’avait pas envie de penser à toutes ces affaires politiques ce soir. Et puis avec ce mal de crâne, elle ne serait pas spécialement apte à trop creuser toutes ces suggestions complexes. A ce sujet, elle pensait sincèrement à aller faire un tour dans sa pharmacie si tout cela ne s’arrangeait pas mais elle ne s’en faisait pas vraiment puisqu’elle n’avait pas d’autres symptômes qu’une simple douleur à la tête. Rosanna leva cependant les yeux au ciel à sa remarque : oh il n’avait aucun souci à se faire, elle n’était pas en sucre. Elle se demanda pourquoi cela le souciait autant et elle aurait presque pu se moquer de son comportement si elle n’avait pas été autant surprise par son comportement. Elle le fixa étrangement quand il posa ses doigts sur son front. Ma parole, il avait l’air sérieux en fait. Rien de bien grave, en effet, ça arrive souvent ce genre de petites souffrances. Son « je suppose » la fit par contre beaucoup rire. Oui, il ne pouvait pas vraiment savoir après tout, il n’était pas médecin mais il avait cette façon dramatique de lui parler qui l’amusait beaucoup. Toujours la même chose : « ne vous inquiétez pas », « ne craignez rien » ou « ne vous en faites pas ». Pourquoi toujours chercher à la rassurer ou bien le contraire ? Rose ne s’en faisait pas en tout cas mais elle trouvait cette attitude étrange : elle ne lui montrait pourtant pas autant d’inquiétudes, ni de fragilités. Et soudain, elle pensa qu’effectivement son sursaut l’avait peut-être induit en erreur. Elle sourit gentiment.

- Oui, je sais, je vais m’en remettre. Il y a pire qu’un simple mal de crâne.

S’étant détournée, elle avait entreprit de sortir l’alcool, évitant donc de penser à cette pointe au crâne mais elle était devant l’emplacement et elle sentit la douleur s’évanouir brusquement. Elle fronça les sourcils, surprise de se remettre si rapidement : d’habitude ça durait quand même plus longtemps que ça, même quand c’était temporaire. Au moins, elle n’aurait pas besoin de médicaments : il faudrait que ce soit plus souvent si court. Elle regarda les bouteilles et soupira :un truc sans bulles… oui ben ça ne l’aidait pas tant à choisir parmi ce qu’elle possédait. Eh bien dans ce cas, elle prendrait ce qui lui tombait sous la main. Par contre, il, n’en ratait pas une et il venait de parfaitement cibler la raison de ce rangement spécial. Elle ferma ce coin et remarqua qu’il avait parfaitement su trouver un récipient pour les chips et des verres. Bonne mémoire, on pourrait limite croire qu’il s’était imprimé les lieux dans l’esprit. Même son ami tournait deux fois avant de retrouver le bon tiroir ou la bonne porte de placard.

- Vous ne vous plaindrez donc pas pour le choix : Whisky, saveurs fruités et vanillés. Ça vous ira quand même ? Sinon je vous laisse aller voir par vous-même. Malheureusement, … hum oui Kendra… elle aime bien embarquer des bouteilles pour des soirées entre amis. Je vous accorde que je ne fais pas une très bonne « grande sœur ».

Elle posa la bouteille sur la table et comme elle comptait se servir un verre quoiqu’il choisisse, elle l’ouvrit. Elle l’observa doucement : au départ, elle n’aimait pas vraiment lui parler de sa sœur mais elle ne comptait pas mentir à sa question et elle posait des barrières qui ne servaient à rien. Il avait croisé la jeune femme tout à l’heure en venant ici, ils avaient parlé des études de la jeune femme et il la savait muette. C’était trop tard pour ne pas s’immiscer : il avait déjà réussi à creuser une place. Je lui demandais donc si je lui servais un verre ou s’il préférait un autre alcool. Les Avengers, ce qu’elle savait d’eux ?

- Je ne suis là que depuis deux ans, je n’ai pas spécialement vu ces personnes et je n’ai pas trop envie d’ailleurs de croiser leurs routes. Je connais certains de noms et les quelques informations que j’ai entendu à leurs sujets. Je vous avoue m’être plutôt penché sur les mutants que sur ces individus. Qu’est qui vous intéresse à leur sujet ? Les avez-vous vus alors ? Vous me posez des questions mais vous parlez rarement n’est-ce pas ? Est-ce que cela vous dérange à ce point ?